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« Cet important recueil, dit M. Rémusat, renferme des ob>servations d'éclipses du soleil, de la lune, et des satellites » de Jupiter, le catalogue des étoiles orientales, beaucoup de » détails curieux sur les années, les mois, les jours et les heu>> res de la Chine et le catalogue des noms chinois, des étoiles » et des constellations. >>

Un compte-rendu très-bien fait de cet ouvrage se trouve dans les Mémoires de Trévoux. Nous leur empruntons l'extrait suivant :

« Les noms chinois des étoiles font du ciel une carte de la » Chine. Ils ont donné à ces astres les noms des dignités de la cour, des magistratures, des villes, des fleuves de la Chine, > des animaux qu'on y voit, et si on en croit leurs fables, les » 28 constellations, qui partagent le ciel, sont 28 héros chinois >> changés en astres 1.

Nous ferons observer ici que ce n'est pas la carte de la Chine mais la carte de l'ancien monde que les Chinois ont conservée dans ces noms des étoiles. Car, à coup sûr, ceux qui ont inventé les caractères chinois n'avaient encore ni héros, ni histoire locale. Ce sont les grands faits primitifs qui y sont renfermés.

Nous ajoutons que M. l'abbé Perny a donné ce même catalogue des étoiles, mais en y joignant les caractères chinois. 5. Sinensis imperii libri classici sex etc., in-4o, Pragæ 1711.

<«< Jamais les livres de Confucius et de ses disciples, selon » M. Rémusat, n'ont été aussi bien entendus, ni aussi complétement expliqués qu'ils le sont dans l'ouvrage du P. Noel. » Mais ce mérite est balancé par un défaut grave: en voulant » être partout clair et intelligible, il devient le plus souvent » diffus, profixe et embarrassé; il a presque toujours mêlé > aux phrases courtes, substantielles du texte les gloses ou les » définitions des commentateurs. Aussi le mérite du style ori▷ginal a-t-il complétement disparu depuis sa version. Ce n'est >> plus ni la gravité énergique de Confucius, ni la spirituelle » malignité de Mencius, c'est la lourde et indigeste latinité » d'un scolastique du moyen âge... Le texte est noyé dans

1 Mém. de Trévoux, avril 1712, p. 699.

» des phrases latines qui ne finissent pas et dans un jargon » qui ressemble à celui des mauvais prédicateurs 1. »

Le jugement de M. Rémusat paraît trop sévère. Le P. Noël a expliqué lui-même sa méthode de traduction dans les termes suivants: a En traduisant les textes de ces livres j'ai suivi deux » méthodes: Lorsque j'ai vu qu'il n'yavait aucune difficulté ou » ambiguité dans les paroles, je me suis astreint aux sens ⚫ plutôt qu'aux mots eux-mêmes, pour ne pas être obscur. Au » contraire quand il pouvait y avoir quelque difficulté à cause › des sens ambigus des mots chinois et en quelque sorte obsD curs, alors je me suis plus astreint à traduire les mots » mêmes, tels qu'ils sont, qu'à rendre leur sens tout à fait » clair, de peur d'être plus clair que le texte 2. »

Cet ouvrage a été traduit en français par l'abbé Pluquet en 7 vol., in-12, le texte y est encore plus délayé que dans le latin. Le Mencius et l'Immutabile medium existent dans la bibl., de Bruxelles avec le texte chinois en regard.

6. Philosophia sinica, cognitionem primi Entis, ceremonias erga defunctos et Ethicam juxta Sinarum mentem complectens, in-4°, Praga 1711.

« Cet ouvrage trop peu lu, dit aussi M. Rémusat, contient » pourtant un grand nombre de principes remarquables et de » particularités intéressantes (ib.) » Mais il lui reproche d'avoir trop voulu présenter les objets sous le jour le plus favorable aux Chinois. Et en effet, comme ses confrères, il a appliqué aux Chinois actuels ce qu'il fallait restreindre aux anciens Chinois.

7. Historica notitia rituum ac ceremoniarum Sinicarum in colendis parentibus ac benefactoribus defunctis, ex ipsis Sinensium authorum libris desumpta, de speciali licentia SS. D. N. Clementis papæ XI. In-4o de vi-91 pages, Praga 1711.

Les PP. Backer doutent si cet ouvrage ne fait pas partie du précédent, ils n'ont pas lu la préface qui dit: « Si quelqu'un › désire plus de choses sur cette matière, qu'il voie le traité > des cérémonies des Chinois à l'égard des défunts, ou le 2o traité » de Philosophia sinica. »

8. Doctrinæ sinica brevis indagatio: mss. de la Bibliothèque de Paris; ignorée des PP. Backer,

1 Rémusat, Nouv. mél. asiat. t. 11, p. 252.

• Dans Historica notitia, p. 2.

9. Opuscula poetica, in 4° partes distributa: 1.Vita J.-C. sub nomine divini amoris. 2. Epistolæ marianæ. 8. vita S. Ignatii. 4. Tragœdiæ. 5. Comedia Cocus videns (voir le compte rendu dans le Journal de Trévoux décembre 1717 p. 1974).

10. Theologiæ summa seu compendium, etc., Coloniæ, 2 volumes, in-f 1732. C'est un abrégé de Suarez, de Lessius et de Sanchez.

11. Poème sur la naissance du Dauphin, composé trois semaines avant sa mort en 1729.

12. Il a laissé aussi un Traité sur l'art dramatique.

Décision de la S. Congrégation de la Propagande sar les traditions primitives des Chinois.

Il convient de mettre ici ce que Rome a décidé sur ces graves questions.

Dans le célèbre mandement de 1693, où Mgr Maigrot, évêque de Conon, tranche si hardiment les questions des rites chinois, il est dit:

<< Considérant en 6. lieu, qu'on publie de vive voix et par » écrit de certaines choses qui induisent les simples en erreur, » et qui leur ouvrent le chemin à la superstition, comme par > exemple:

.

» Que la philosophie dont les Chinois font profession, si on Dciens l'entend bien, n'a rien de contraire à la foi chrétienne; > Que par l'expression Tay kieles plus sages des an» ont voulu définir Dieu, cause première de toutes choses ;

» Que le culte que Confucius a rendu aux Esprits a été plutôt » un culte politique que religieux;

Que le livre que les Chinois appellent Y-King est un » abrégé ou une somme d'une excellente doctrine sur la physi» que et sur la morale;

> Toutes lesquelles propositions et autres semblables; nous » défendons expressément de publier dans tout notre vicariat, » comme étant fausses, téméraires et scandaleuses 1. »

Or que répondit à cela la Congrégation dont Clément XI a validé les réponses ? Le voici:

a La Sacrée Congrégation a répondu : Qu'elle ne pouvait rien » dire de fixe ni de certain à l'égard des propositions énoncées » par ce 6' article, sans avoir eu auparavant une lumière et une

1 Voir tout ce mandement dans Mémoires pour Rome, t. 1, p. 169 et le texte, p. 178. Ia-12 1709.

> connaissance plus étendue qui lui serait nécessaire par rap>> port aux choses qui y sont contenues. Qu'en attendant, il » faut donner la commission à M. le Patriarche d'Antioche » (M. de Tournon) de statuer là-dessus et de régler, selon la »prudence que Dieu lui a donnée, ce qu'il jugera le plus con» venable à l'intégrité de la religion catholique et au salut des » âmes, après qu'il aura entendu les évêques et les vicaires apos» toliques, aussi bien que les missionnaires les plus éclairés de D ces pays-là 1. D

Or, averti par cette sage réserve, Mgr le Patriarche n'a convoqué sur ce point ni évêques, ni missionnaires, et plus rien n'a été statué sur cela.

Quand donc nous trouvons plus ou moins de concordance entre les opinions de Confucius ou des anciens Chinois, et les croyances bibliques; quand nous disons avec le P. Prémare qu'il y a dans les livres chinois des vestiges des dogmes primitifs, nous disons une chose essentiellement permise et vraie 2.

Tel est l'état de la question, en sorte que, lorsque nous recherchons dans les caractères de ces livres chinois les restes seuls des traditions primitives, nous sommes dans les limites posées par les Congrégations romaines.

A. BONNETTY.

Voir la réponse de Rome à ce mandement ibid. p. 231 et 243.

? Voir des détails plus étendus dans Annales t. xix, p. 207 (3o série.)

NOUVELLES ET MÉLANGES.

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ITALIE. ROME. Ouvrages mis à l'index. - Par décret de la Congrégation de l'Index approuvé par le St-Père, le 6 février 1874, ont été condamnés les ouvrages suivants :

Die Verfassung der Kirche, etc. - De la constitution de l'Eglise au siècle des apôtres, par un historiographe catholique. Nordlingen 1873.

· Breve corso di storia di Venezia, condotta sino ai nostri giorni, a facile istruzione popolare etc., autore P. Guis. Cappelletti. Venezia 1872.

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Geschichte der Stadt Rome, elc. Histoire de Rome au moyen-âge, depuis le 5° siècle jusqu'au 16° siècle, par Ferd. Gregorovius t. VIII. Studgard 1870. Ouvrage condamné dans l'original allemand et dans toute autre langue.

Das Vaticanische Dogma etc. Le dogme du Vatican sur l'Episcopat universel et sur l'infaillibilité du pape relativement au Nouveau-Testament, par Joseph Langen, en 3 parties, Bonn 1871, 1872, 1873.

Union générale dans le clergé séculier du sacerdoce et du mariage, par l'abbé Caillet, Meulan, 1873.

La infallibilità pontificia e la libertà; pensieri critici d'un filosofo pratico; Napoli 1873.

BIBLIOGRAPHIE,

LES TRADITIONS DU GENRE HUMAIN, ou la révélation primitive de Dieu chez les Gentils; œuvre de Henri Lucken, traduite de l'allemand en italien, avec la permission de l'auteur sur la 2o édition, t. 1; Parme, typog. Fiaccadori 1874; in-8° de 552 p. prix 2 fr. 75.

Tel est l'ouvrage annoncé par la Civiltà cattolica qui le fait suivre de l'analyse suivante:

Le docteur Lucken, après avoir pendant 15 ans recueilli les plus antiques traditions et légendes des peuples, et les avoir toutes coordonnées sous certains points de vue principaux, pour les faire accorder ensemble et en déduire les justes conséquences de leur valeur, publia en 1856 la 1re édition de l'ouvrage que nous annonçons ici. La conséquence dernière de son travail et de

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