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Le 8 jour était le jour le plus solennel; c'était le jour de la Collecte ou de l'Assemblée, jour du Sabbat, où l'on devait lire le livre de la loi, devant tout le peuple et devant les étrangers.

«Et, il leur ordonna disant: Après sept ans, à l'année de la » rémission, à la solennité des tabernacles, tous ceux d'Israël » venant ensemble pour paraître en la présence du Seigneur »ton Dieu, au lieu qu'aura choisi le Seigneur, tu liras les pa» roles de celte loi devant tout Israël, qui écoutera, et tout le » peuple étant assemblé, tant les hommes que les femmes, les » petits enfants, et les étrangers qui sont au dedans de tes portes, >> afin que les écoutant, ils les apprennent, et qu'ils craignent » le Seigneur votre Dieu, et qu'ils gardent et accomplissent » toutes les paroles de cette loi 1. >>>

Que l'on fasse bien attention à cette institution et à ces paroles. Chez le peuple Juif seul, la loi, les sacrifices, tout le culte était public; point d'initiation secrète, point de mystères d'Eleusis, point de livres Sibyllins, point de culte nocturne de la Bonne Déesse, point de Caste sacerdotale conservant pour elle seule la connaissance de la vérité; la Loi, c'est-à-dire l'histoire du monde, et du rapport extérieur et positif de Dieu avec les hommes, était livrée à tous, juifs et étrangers.

Le Christ a conservé cette institution dans son état social: « Ce que vous avez entendu à l'oreille, prêchez-le sur les toits, » dit-il à ses disciples 2. » Et c'est là la preuve, comme le dit S. Paul, « que Dieu veut que tous les hommes soient sauvés, >> et qu'ils viennent à la connaissance de la vérité 3. »

Et en effet l'Eglise n'a point d'institution cachée, point d'initiation nocturne, point de monita secreta, point de francmaçonnerie. Son histoire c'est la Bible, son dogme le Credo, et son signe de fraternité le signe de la Croix.

Jésus dut partir le lendemain du Sabbat, avec la multitude des pèlerins, qui rentraient dans leur demeure; il suivit ceux qui demeuraient auprès ou au-delà du Jourdain, et arriva à Beth-Araba où se trouvait un Gué pour passer le fleuve, et où

1 Deut., XXXI, 10-12.

• Quod in aure audistis, prædicate super tecta (Matth., x, 27).

3 Qui omnes homines vult salvos fieri et ad agnitionem veritatis venire (1 Tim., II, 4).

Jean distribuait le baptême, prêchant la pénitence, et annonçant l'arrivée du Messie.

Il arrive, en effet, « mêlé à tout le peuple, qui était baptisé, » comme dit S. Luc 1, » et se présente à Jean pour être baptisé avec les autres.

<< Mais Jean le refusa, disant: C'est moi qui dois être haptisé >> par toi, et c'est toi qui viens à moi?-« Jésus répondant lui » dit: Laisse faire en ce moment; c'est ainsi qu'il convient que > nous accomplissions toute justice. » Alors Jean le laissa 2. »

Mais voici que les miracles commencent. Jésus va être reconnu positivement et extérieurement par Dieu le père, et reçoit ainsi de lui l'investiture de Fils de Dieu.

« Or, ayant été baptisé, Jésus sortit aussitôt de l'eau et voici » que les cieux lui furent ouverts et il vit l'Esprit de Dieu des»cendant, sous forme corporelle (Luc), comme une colombe, et ⚫venant sur lui, et demeurant en lui (Marc), et voilà une voix >> du ciel disant : Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je me » suis plu à moi-même3, et Jésus était alors commençant

>> environ 30 ans » (Luc).

VII. Retraite dans le désert; jeûne et tentation.

Matthieu Iv, Marc 1, Luc IV.

« Mais Jésus rempli de l'Esprit-Saint sortit du Jourdain et » aussitôt l'Esprit le poussa dans le désert, où il habitait avec » les bêtes. Et ayant jeûné 40 jours et 40 nuits, ensuite il eut » faim.» (Matth. IV, 1, 2.)

C'est alors que Jésus éprouva, ce qu'éprouvent tous les hommes, les différentes tentations de luxure, d'ambition, et d'impiété. Notre siècle, qui a cessé d'être chrétien, ignore d'où viennent ces tentations. L'évangile apprend aux chrétiens qui en est l'instigateur, il l'appelle le Diable, Satan, et le Tentateur. Celui-ci, voulant savoir ce que c'était que ce Jésus, qui entrait en scène lui dit: « Si tu es le fils de Dieu, dis que ces pierres » se changent en pain. >>

Jésus, sans lui apprendre ce que Satan voulait savoir, ré

1 Luc, III, 21.

Matth.,, 15.

3 Hic est filius meus dilectus, in quo mihi complacui (Matth, I, 17).

pond: « Il est écrit dans la loi que l'homme ne vit pas seu»lement de pain mais de toute parole qui procède de la » bouche de Dieu 1. »

Le diable déconcerté l'emmène (et non pas l'emporte, apaλaμbáver) à Jérusalem. C'était probablement le jour de la grande fête des Lumières, qui avait lieu le 21 décembre, où tout le peuple était assemblé autour du temple, et là il lui renouvela sa curieuse question: « Si tu es le fils de Dieu,' »jette-toi en bas; car il est écrit: Il a chargé les anges de te » garder et de te porter sur leurs mains, de peur que ton pied » ne heurte la pierre2.» —Et Jésus lui ferma la bouche en lui » disant: «Il est encore écrit: Tu ne tenteras pas le Seigneur »ton Dieu3. »

Alors Satan repoussé ainsi le tenta par l'ambition et l'impiété: « Et il le conduisit, dit S. Luc, sur une haute montagne » et lui montra tous les royaumes de la terre et lui dit: Je te » donnerai tout cela si, te prosternant, tu m'adores. » — Mais Jésus indigné lui dit : « Arrière, Satan, il est écrit : Tu adoreras >> le Seigneur ton Dieu, et ne serviras que lui seul1.»

D

Et alors Satan vaincu se retira « pour un temps, dit S. Luc, méditant dès lors sa passion et sa mort. « Et les anges s'appro» chèrent et servirent Jésus. »

Ces paroles feraient penser que Jésus dut rester encore quelque temps sur la montagne de la Quarantaine; peut-être y resta-t-il pendant le mois de décembre et une partie de janvier, plus probablement il retourna en Galilée auprès de sa sainte mère. Quoi qu'il en soit, nous le retrouverons, vers la fin de janvier de l'année suivante, sur les bords du Jourdain auprès de Jean.

VIII. Portrait de N. S. Jésus-Christ.

Nous venons de voir agir Jésus. Il n'y a personne qui ne désirât connaître quelle était la forme humaine qu'a revêtue le Verbe, qui auparavant n'avait parlé que par la forme des anges, des patriarches et des prophètes. Malheureusement les

Deut. VIII, 3.

• Psaume xc, 11. 3 Deut. vi, 16.

4 Deut. vi, 13.

Évangélistes et les Apôtres n'en disent rien. Il ne nous en reste que deux Légendes fort peu authentiques, et que nos lecteurs seront cependant bien aises de connaître, parce que, quels qu'en soient les auteurs, elles conservent des traditions ou des croyances anciennes sur la personne du Sauveur.

La première, tirée d'un manuscrit de la bibliothèque d'léna, porte en tête :

« On assure que, au temps de César Octave, Publius Len» tulus, proconsul en Judée, sous le roi Hérode, écrivit aux » sénateurs romains la lettre suivante, qui fut trouvée plus » tard par Eutrope dans les annales de Rome. »

D'abord César Octave était mort depuis 16 ans, ce n'est pas à lui que cette lettre a pu être écrite. Ensuite il n'y eut point de Proconsul de ce nom en Judée à cette époque. Pilate succéda à Valérius Gratus en 26 et fut remplacé par Marcellus en 38, c'est-à-dire 5 ans après la mort du Christ. Mais on a dit un peu légèrement que Lentulus était un personnage fictif à cette époque. Nous venons de voir qu'à l'an 25 de J.-C., il y avait un consul du nom de Cossus Cornelias Lentulus, et qu'à l'an 26, il y eut aussi pour consul Cn. Cornelius Lentulus Gætulicus, son fils. Celui-ci fut même proconsul en l'année 28, mais ce ne fut pas en Judée. C'est en Germanie qu'il fut envoyé et c'est de là qu'il osa écrire à Tibère une lettre 2, presque insolente, dont nous parlerons.

Le P. Xavier, qui cite cette lettre dans le singulier ouvrage persan, Miroir représentant la vérité, imprimé sous le titre Historia Christi persice conscripta simulque multis modis contaminata 3, dit résolument: « Lentulus, qui, avant Pilate, gouverna » Jérusalem, écrivit au Sénat*. » Nous ne savons où le P. Xavier a pris ce détail, faux d'ailleurs puisque avant Pilate le Christ ne s'était pas encore manifesté au monde.

Quant à Eutrope, les uns veulent que ce soit cet Eutrope, disciple d'Abdías, que l'on dit premier évêque de Babylone et Elle se trouve aussi dans la Biblioth. nationale, no 1716, 3158, 3159, 3282, 5530.

2 Tacite, Annales, 1. vi, c. 30.

3 In-4, Lugd. Bat. 1639. Ouvrage mis à l'index par décret du 4 juillet

1661.

4 Ouvrage cité p. 533.

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l'un des 72 disciples du Christ, auteur d'une Historia certami. nis apostolici, que cet Eutrope aurait traduite de l'hébreu en grec, et que Jules Africain aurait traduite du grec en latin1, les autres que c'est Eutrope, abréviateur de l'Histoire romaine de Trogue-Pompée, mort vers 390. Mais on ne trouve aucune trace de cette lettre dans son histoire. Il n'y a donc rien de certain.

Voici toutefois cette lettre:

IX. Lettre de Lentulus sur la personne de Jésus-Christ, « Un homme a apparu dans ce temps et vit encore, un » homme doué d'une grande puissance; son nom est Jésus>> Christ. Les hommes disent que c'est un prophète puissant; » ses disciples l'appellent le Fils de Dieu. Il rend la vie aux » morts, il guérit les malades de tout genre de inaladies et de » souffrances. Cet homme est d'une stature élevée et bien pro» portionnée; l'aspect de son visage est empreint de sévérité » et rempli d'expression, de sorte que ceux qui le voient sort » disposés à l'aimer et à le craindre à la fois. Sa chevelure, ti>> rant sur le roux, descend droite et sans plis jusqu'au bas des » oreilles, et de là tombe en boucles sur ses épaules et au>> dessous; au sommet de la tête ils sont partagés en deux » selon l'usage des Nazaréens. Le front est uni et pur, le visage » est sans tache, et une rougeur qui est cependant modérée le » décore. Son aspect est ouvert et agréable, le nez et la bouche » ne peuvent être exposés à aucune critique. Sa barbe, de la >> couleur de ses cheveux, se bifurque. Ses yeux sont bleus et >> extrêmement brillants. Il est formidable quand il répriman» de et qu'il reproche; lorsqu'il enseigne et qu'il exhorte, son » langage est caressant et aimable. Il y a une grâce admirable » mêlée de gravité dans son visage. Personne ne l'a jamais vu » rire, mais on l'a vu pleurer. Sa taille est allongée, ses mains » sont belles et effilées, ses bras gracieux. En s'exprimant il est » grave et mesuré, et il parle peu. Enfin, c'est le plus beau » des hommes 2. »

1 Voir la préface de cette Historia, in-4o, fol. Basle 1552 et non 1551, comme le dit M. Brunet dans la traduction qu'il en a donnée dans les Apocryphes de Migne, t. 11, p. 15; il se trompe aussi en disant que cette préface ne se trouve pas dans cette première édition de Basle.

⚫ L'authenticité de cette lettre, qui a été imprimée plusieurs fois, a été sou

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