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yeux pour voir les défauts des autres, et d'être aveugles sur les nôtres.

(Guillaume PENN.)

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Nous vivons avec nos défauts comme avec les odeurs que nous portons: nous ne les sentons pas, elles n'incommodent que les autres. (M DE LAMBERT.) Si l'on pressentait la peine qu'il y a à se corriger, on n'en aurait point à se garantir de ses défauts. (STANISLAS.)

I faut se corriger toujours, et même la veille de sa inort. (M GEOFFRIN.)

1. Un défaut est rarement isole, ni un ridicule non plus.

2. Avouer un défaut, c'est éviter qu'on nous le reproche. (A. DE CHESNEL.) Chacun de nous, dans le monde, fait son petit cours de diplomatie: on cache ses défauts et on se montre toujours de son beau côté. Personne n'avoue les secrets de sa toilette et de son esprit. Il en est des défauts de l'esprit comme des infirmités du corps on les cache soigneusement. L'imperfection est une des lois de la nature humaine; nous sommes des êtres incomplets; cela devrait nous rendre tolerants. Loin de là, nous cherchons toujours à mettre en relief les défauts d'autrui, et à faire rentrer les nôtres dans l'ombre. Personne ne s'y trompe, chacun devine à peu près la valeur de son voisin. (DE MÉRICLET.)

On corrige plutôt les défauts des autres en les souffrant avec patience, qu'en les reprenant avec orgueil. (Maximes chrétiennes.) DÉFIANCE. 1. Plusieurs enseignent à tromper par la trop grande crainte qu'ils ont d'être trompés. Leur défiance excessive justifie en quelque sorte ceux qui la trompent.

2. La défiance fait presque toujours naître l'infidélité. (SÉNÈQUE.)

1. Ce qui nous empêche d'ordinaire de faire voir le fond de notre cœur à nos amis, n'est pas tant la défiance que nous avons d'eux, que celle que nous avons de nousmêmes.

2. Quelque défiance que nous ayons de la sincérité de ceux qui nous parlent, nous croyons toujours qu'ils nous disent plus vrai qu'aux autres. (LA ROCHEFOUCAULD.)

Je ne trouve point de honte à être trompé; j'en trouve beaucoup à se défier de tout le imonde. Etre trompé, c'est payer le tribut qu'on doit à l'humanité. Le sage peut l'être une fois; la seconde fois c'est l'imprudent qu'on trompe. La honte de la première tromperie est toute à celui qui la faite; celui qui l'essuie ne partage que la seconde. Mais se défier de tout le monde, c'est donner mauvaise opinion de son cœur; car, ou l'on juge des autres par soi-même, ou l'on se croit seul homme de bien quel orgueil! César disait J'aime mieux périr une fois que de me défier toujours. (DESMAHIS.)

1. On est souvent trompé par la confiance; mais on se trompe soi-même par la défiance.

2. Les méchants se mettent en garde et es sots aussi. Les bons et les gens d'esprit,

jamais Les méchants croient lire dans les yeux qu'on les a devinés, le sots se méfient de tous ceux à qui ils trouvent de la supériorité. Les hommes bons ou spirituels ont assez bonne opinion des autres pour s'en croire aimés. (Le prince DE LIGNE.)

Nous avons une défiance timide de la providence de Dieu dans les affaires temporelles, et, pour l'affaire du salut, nous avons une confiance téméraire en sa miséricorde. (Maximes chrétiennes.)

DÉGOUT. Quand le dégoût que nous avons pour le monde, dit l'auteur des Maximes chrétiennes, n'est pas un effet de la grâce, mais de l'orgueil et de l'amour-propre, il nous ramène bien à nous-mêmes, mais il ne nous conduit point à Dieu,

DEGUISEMENT. Selon La Rochefoucauld, nous sommes si accoutumés à nous déguiser aux autres, qu'enfin nous nous déguisons à nous-mêmes.

DÉLICATESSE. Nous avons souvent pour les autres, écrit madame de Sévigné, des délicatesses qu'ils n'ont pas pour eux-mêmes.

DEMAIN (dicton). Une expresson qui nous vient des anciens, et que l'on emploie fréquemment, lorsqu'on ne veut pas être distrait du plaisir auquel on se livre, est celleci: A demain les affaires. Nous rappellerons, en laissant parler Montaigne, quelle est l'origine de ce dicton, que l'on rencontre d'ailleurs dans l'histoire des Thébains : « Plutarque fait le conte d'Archias, tyran de Thèbes, qui, le soir avant l'exécution de l'entreprise que Pélopidas avait faite de le tuer, pour remettre son pays en liberté, il lui fut écrit par un autre Archias, athénien, de point en point ce qu'on lui préparait; et que ce paquet lui ayant été rendu pendant son souper, il remit à l'ouvrir, di sant ce mot, qui, depuis, passa de proverbe en Grèce A demain les affaires. Un sage homme peut, à mon opinion, pour l'intérêt d'autrui, comme pour ne rompre indécement compagnie, ou pour ne discontinuer une autre affaire d'importance, remettre à entendre ce qu'on lui apporte de nouveau; mais pour son intérêt ou plaisir particulier, même s'il est homme ayant charge publique, pour ne rompre son plaisir, voire ni son sommeil, il est inexcusable. »

Les Espagnols, dont presque tous les actes s'accomplissent avec lenteur, c'est-àdire avec réflexion, font aussi un usage fréquent de cette phrase sacramentelle: Veremos manana : « Nous verrons demain. »

DEMOCRATIE. La meilleure démocratie est celle qui ressemble le plus à la monarchie. C'est ce que dit Platon. C'était quelque chose d'approchant lorsqu'après les journées de juillet, en 1830, Lafayette disait au peuple, en lui montrant un roi : Voilà la meilleure des républiques.

M. Emile de Girardin a écrit : « La démocratie veut-elle arriver? veut-elle être le travail, le progrès, la liberté; ou veut-elle être la bataille, la victoire, la révolution? Telle est la question que doit se poser la démocratie, instruite par l'expérience de trois

révolutions, qui toutes trois ont avorté. Pourquoi ont-elles avorté toutes les trois? parce qu'elles sont arrivées brusquement avant terme, moins comme des effets que comme des accidents, plutôt comme des explosions que comme des solutions, devançant ce qu'elles auraient dû suivre l'instruction populaire et le bien-être universel. >>

DENTS (Prov.). Pour exprimer le mensonge le plus effronté, on fait généralement usage de ce proverbe : Mentir comme un arracheur de dents. Pour qui connaît en effet les parades, les affiches, les prospectus et les réclames de ces charlatans, on ne doit trouver aucune calomnie à la comparaison. Les anciens disaient Mentir comme un poëte. On emploie aussi ce dicton: Faire de Talchimie avec les dents, ce qui signifie qu'on remplit sa bourse aux dépens de son estomac. Enfin, tenter une chose impossible se rend par un autre proverbe : Autant vaudrait essayer de prendre la lune avec les dents.

DÉPENDRE (Prov.). Pour faire connaître que l'on a quelqu'un entièrement à sa dévotion, on dit de lui: Il est à moi à vendre et à dépendre. Ce dernier mot était jadis le synonyme de dépenser.

DESESPOIR. L'abattement est souvent pire que sa cause; il met le comble à nos maux en nous ôtant les moyens d'y remédier. (DUCLOS.) C'est bien peu connaître les chances de la fortune, que de s'abandonner an désespoir. (DE BUGNY.)

DESIRS. Imposons à nos désirs de se soumettre à la raison; qu'ils soient toujours tranquilles, et que jamais ils ne portent trouble dans notre âme. C'est de là que résultent la sagesse, la constance et la modération. (CICERON.) Veux-tu que tes désirs aient toujours leur effet? ne désire que ce qui dépend de toi. (EPICTÈTE.) Il est plus aisé d'éteindre un premier désir, que de satisfaire tous ceux qui le sui(LA ROCHEFOUCAULD.)

vent.

1. Si l'on savait borner ses désirs, on éviterait bien des maux, et l'on se procurerait beaucoup de biens.

2. La trop grande passion qu'on fait paraître pour les choses que l'on désire, empêche souvent de les obtenir. Il y a des choses qu'il faut mépriser en apparence, pour les avoir plus facilement. (DE VERNAGE.)

L'espérance a presque la même force que la foi. Le désir est le père de la puissance: quiconque désire fortement, obtient.

(CHATEAUBRIAND.) Ce qui nous empêche souvent d'exécuter nos bons desseins, c'est que nous ne faisons pas réflexion qu'il est aussi aisé à Dieu de nous faire faire de saintes actions, que de nous inspirer de saints désirs.

(Maximes chrétiennes.) DESPOTISME. Le despotisme le plus grand a toujours une limite qu'il ne peut franchir, un côté faible qu'on peut attaquer: c'est

comme le talon d'Achille. (A. DE CHESNEL.) DESSERRE (Prov.). On dit qu'une arme à feu est dure à la desserre, quand le ressort qui fait mouvoir le chien ne se débande pas aisément. Par extension on emploie ce prove: Etre dur à la desserre, pour exprimer l'avarice.

DESTINÉE. En toute occasion, dit Epictète, sois prêt à suivre la destinée que l'a imposée la Providence. Quand tu t'obstinerais à lui résister, il faudrait toujours la suivre malgré toi.

DETTES. Nos années, nos dettes, nos ennemis, sont toujours eu plus grand nombre que nous ne croyons. (M DU DEFFANT.)

me

1. Le second vice est de mentir, le premier est de s'endetter. Le mensonge monte à cheval sur la dette.

2. Pensez-vous bien à ce que vous faites lorsque vous vous endettez ? vous donnez des droits à un autre homme sur vous.

3. L'emprunteur et le créancier sont deux esclaves: l'un du prêteur, l'autre du débiteur. Ayez horreur de cette chaîne; conservez votre liberté et votre indépendance. (FRANKLIN.)

DETTES (Prov.). On dit proverbialement: Le chagrin ne paie pas les dettes, ou bien : Cent heures de chagrin ne paient pas un sou de dettes. Mais il faut saisir le sens moral de ces proverbes ils ne signifient pas qu'il faille se rire de ses obligations; mais bien s'imposer le travail pour se mettre à même de les remplir honorablement.

DEVOIRS. Tous les devoirs se mesurent par les rapports qui lient les hommes entre eux. C'est ton père? Ton devoir est d'en prendre soin, de lui céder, de souffrir ses réprimandes. Ton frère t'a fait une injustice? remplis tes devoirs envers lui, et ne considère pas ce qu'il a fait, mais ce que tu dois faire, et ce que la nature exige de toi. (EPICTETE.)

C'est souvent faute d'être éclairé sur ses devoir que l'on y manque.

(Le prince DE LIGNE.) DEVOIRS. (Prov.). Au moyen âge, l'esprit chevaleresque imposait le dévouement absolu pour Dieu, le prince, l'honneur, une femme et l'amitié. Aussi le gentilhomme disait-il alors: Fais ce que dois, advienne que pourra.

DEVOTION. Toute dévotion est fausse, qui n'est point fondée sur l'humilité chrétienne et la charité envers le prochain. Ce n'est souvent qu'un orgueil de philosophe, qui croit, en méprisant le monde, se venger des mépris et des mécontentements qu'il en (LA ROCHEFOUCAULD.)

a reçus.

Il n'y a rien qui soit plus capable de décrier la véritable piété, qu'une dévotion mat réglée, bizarre et incommode. La vertu la plus pure n'est pas incompatible avec la civilité et les bienséances. (DE VERNAGE.)

DIABLE (Prov.). On dit généralement d'une chose qu'on s'est procurée par des moyens condamnables, que le bien mal acquis ne profite pas. Mais nos pères avaient encore ces proverbes Du diable vint, au

diable retourna; puis: Ce qui est venu de pille pille, s'en va de tire tire.

DIABLE A QUATRE (Prov.). Dans les mystères ou comédies religieuses qui se jouaient au xv siècle, on introduisait toujours des diables, afin d'effrayer les pécheurs; mais dans les petites pièces il n'en paraissait que deux, tandis qu'on en montrait toujours quatre dans les grandes. Comme ce dernier nombre augmentait le tapage infernal, on disait alors faire le diable à quatre, pour annoncer une représentation à grand

vacarme.

DIEU. Les dogmes religieux nous enseignent quelle est l'essence de Dieu, ses attributs et sa grandeur. Nous apprenons pourquoi il règne en nous par intuition, avant même que l'on nous ait fait connaître son omnipotence. Mais nous ne saurions définir Dieu avec nos idées propres, nos idées vulgaires; car il n'est permis à l'homme de se rendre compte des choses qu'autant qu'il peut les comparer à d'autres choses ou les soumettre à des règles mathématiques. Or, Dieu échappe à cet ordre d'investigations. Mais lorsque l'amour pour le Tout-Puissant est sincère, actif, on trouve en soi des termes plus ou moins dignes, plus ou moins sympathiques, pour exprimer cet amour et l'adiniration dont on est rempli.

(N.)

Que tes premiers respects soient pour la Divinité; tes seconds pour tes parents.

(PHOCYLIDE.)

Révère la divinité, c'est ton premier devoir. (PYTHAGORE.) Embrasser en imagination l'étendue de la terre et tant d'oeuvres magnifiques, innombrables, le bel ordre de l'univers; tout cela peut-il vous sembler l'ouvrage d'un aveugle hasard ? (SOCRATE.)

Dans une bataille, ceux qui craignent le plus les dieux sont ceux qui craignent le moins les hommes. (XENOPHON.)

Dieu nous a donné deux ailes pour aller à lui: l'amour et la raison. (PLATON.)

1. Il n'est point de peuple si sauvage, si barbare, qui, même en ignorant ce qu'il faut penser de Dieu, ne sache qu'on doit croire à son existence; et l'idée de Dieu est pour l'homme comme un souvenir et une recon naissance de son origine.

2. La beauté de la création, l'ordre majestueux des corps célestes, nous obligent d'avouer qu'il existe un Etre éternel et puissant, nous forcent à le reconnaître et à l'admirer. (CICERON.)

Le ciel, la terre, la mer, la lumière et la vie, l'intelligence et les arts; tous ces dons de la nature sont les dons de la Divinité, auteur de la matière et cause première de toutes les causes. Ne dites donc pas : Je n'ai rien reçu de Dieu, j'ai tout reçu de la nature. Mortel ingrat! cette nature qui nous a tout donné, n'est-ce pas Dieu lui-même? Et Vous attribuez à la nature les biens dont vous jouissez, au lieu de les rapporter à Dieu ! Vous déguisez le nom de votre bienfaiteur pour déguiser votre ingratitude, et vous n'êtes que plas ingrat. (SÉNÈQUE.)

Dieu est celui qui tient l'être de soi-même, et de qui les autres le tiennent; qui n'engendre point et qui n'est point engendré, et à qui rien n'est semblable dans toute l'étendue des êtres. (МАНОМЕТ.)

Vouloir ce que Dieu veut, c'est la seule science qui nous met en repos. (Malherbe.) L'impossibilité où je suis de prouver qué Dieu n'est pas me découvre son existence. (PASCAL.)

Ceux qui ont dit « qu'une fatalité aveugle a produit tous les effets que nous voyons dans le monde, » ont dit une grande absurdité; car quelle plus grande absurdité qu'une fatalité aveugle qui aurait produit des êtres intelligents? (MONTESQUIEU.)

1. Comme la crainte de Dieu est le commencement de la sagesse, aussi l'oubli de cette crainte salutaire est la source de tous les déréglements de l'homme.

2. Nous ne devons proprement craindre et aimer que Dieu, puisqu'il n'y a que lui malheureux. seul qui nous puisse rendre heureux ou (DE VERNAGE.)

La nature n'est autre chose que Dieu luimême, agissant ou selon certaines lois qu'a a établies très-librement, ou par l'application des créatures qu'il a faites et qu'il con(BAYLE.)

serve.

1. Les cérémonies religieuses ont partout quelque ressemblance et quelque différence; mais on adore Dieu par toute la terre.

2. L'univers prouve un Dieu, comme une horloge un horloger. (VOLTAIRE.)

1. Tenez votre âme en état de désirer toujours qu'il y ait un Dieu, et vous n'en douterez jamais. Ce qui nous intéresse, c'est que chacun sache qu'il existe un arbitre du sort des humains, dont nous sommes tous les enfants, qui nous prescrit à tous d'être justes, de nous aimer les uns les autres, d'être bienfaisants et miséricordieux, de tenir nos engagements envers tout le monde, même envers nos ennemis; qu'après cette vie il en est une autre dans laquelle cet Etre suprême sera le rémunérateur des bons et le juge des méchants.

2. Le spectacle de la nature, si riche, si varié pour ceux qui reconnaissent un Dieu, est mort aux yeux de l'athée; et dans cette harmonie des êtres où tout parle de Dieu d'une voix si douce, il n'aperçoit qu'un silence éternel. (J.-J. ROUSSEAU.)

L'existence de Dieu, pour être reconnue, n'aurait besoin que de notre sentiment intérieur, quand même le témoignage universel des hommes, et celui de la nature entière, ne s'y joindraient pas. (D'ALEMBERT.)

Il y a un Dieu cela me suffit. La nature nous l'annonce, l'univers découvre les traces de sa puissance. Ces régions lumineuses où mille mondes brillants roulent dans leurs sphères, où mille soleils gardent un repos majestueux, sont remplis de la splendeur divine. Ces êtres innombrables qui, d'un pas toujours égal, et avec des rayons dont le temps n'affaiblit pas l'éclat, marchent dans un ordre réglé par des lois secrètes, sans jamais s'écarter de leurs orbites, c'est

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(HALLER.)

En remontant d'âge en âge jusqu'à l'origine du genre humain, on trouve la croyance de Dieu et d'une vie future établie chez tous les peuples. Sur cette croyance, unique sanction des devoirs, seule garantie de l'ordre et des lois, repose la société, qui s'ébranle dès qu'on y porte atteinte.

(L'abbé DE LAMENNAIS.)

La justice de Dieu a son aurore sur la terre et son midi dans le ciel; mais ce que je vois de l'aurore suffit pour m'enseigner le soleil. (SAINT-MARC GIRARDIN.) Chaque chose a son contraire; l'une est opposée à l'autre, et rien ne manque aux œuvres de Dieu. (L'Ecclésiastique.) DIPLOMATIE. La diplomatie, dit M. Capefigue, c'est l'indifférence, c'est le scepticisme en action, c'est le pays sans foi, sans. conviction, sans principes, où l'esprit déguisé et la conscience en cuirasse, vivent au jour le jour, dans l'intérêt du moment. DISCRETION. Si je croyais que ma chemise sût mon secret, je la brûlerais sur-lechamp. (CHARLES VIII.)

Un cœur sans secret, c'est une lettre ou verte. (Balthasar GRACIAN.) Trop et trop peu de secret sur nos affaires témoignent également une ame faible. (VAUVENARGUES.)

DISCUSSION. Les disputes au lieu d'éclairer les matières embarrassées, les rendent presque toujours plus obscures, plus difficiles, et embrouillent jusqu'aux choses les plus claires. (DE VERNAGE.)

Si l'on voulait disputer sur tout ce qui peut donner lieu à des disputes, on n'en finirait pas. (Guillaume PENN.) Quand les hommes éclairés disputent longtemps, il y a grande apparence que la question n'est pas claire. (VOLTAIRE.)

DISSIMULATION. La dissimulation est un certain art de composer ses paroles et ses actions pour une mauvaise fin.

(THEOPHRASTE.)

1. L'art de dissimuler est celui qui est du plus grand usage.

2. Couvre tou cœur d'une haie de défiance, aux espions de ta pensée.

3. Celui qui découvre domine.

(Balthasar GRACIAN.) On aime à deviner les autres, mais on à être deviné.

n'aime pas

(LA ROCHEFOUCAULD.) DOIGTS (Prov.). Chez les anciens, le symbole de l'unión ou de l'alliance était figuré par deux mains jointes. De là le proverbe: Etre unis comme les doigts de la main DONS. On ne doit accorder que fort diflicilement ce que l'on ne saurait ôter après l'avoir accordé. (DE VERNAGE.) Donner à ceux qui sont en faveur et en autorité, ce n'est pas libéralité, c'est trafic. (AMELOT DE LA HOUSSAYE.) DORE (Prov.). Pour désigner une vieille

femme qui outre sa parure afin de chercher à paraître plus jeune, il y a ce proverbe : A veille mule, frein doré. Madame de Sévigné disait sagement à ce sujet : « Quand on n'achète pas un visage neuf, les atours ne font pas un bel effet. »

DOS (Prov.). On dit d'un poltron: Mal est caché à qui l'on voit le dos. On entend par là que celui qui tourne le dos se donne la réputation d'un lâche, et s'expose ainsi à des attaques d'un autre genre.

DOUBLURE (Prov.). Pour exprimer qu'avec les gens habiles on gagne rarement à se montrer rusé, on emploie ce proverbe : Fin contre fin n est bon à faire doublure. Les Italiens disent, dans le même sens : Dur contre dur ne fait pas bon mur.

DOUCEUR. Il n'y a, dit La Rochefoucauld, que les personnes qui ont de la fermeté qui puissent avoir une véritable douceur: celles qui paraissent douces n'ont d'ordinaire que de la faiblesse, qui se convertit aisément en aigreur.

DOULEUR. La violence de la douleur Ouvre un passage à la plainte. (VIRGILE.) La douleur du corps est le seul mal de la vie que la raison ne peut guérir ni affaiblir. (LA ROCHEFOUCAULD.)

L'homme qui ne connaîtrait pas la douleur, ne connaitrait ni l'attendrissement de l'humanité, ni la douceur de la commisération; son cœur ne serait ému de rien, il ne serait pas sociable, il serait un monstre parmi ses semblables. (J.-J. ROUSSEAU.)

Qu'importe que la voix soit vulgaire ou sublime? La douleur n'a qu'un cri qui sort du même abime. (Mme DESBORDES-VALMORE.)

DRAP (Prov.). Pour exprimer qu'en mesurant une chose, quelque longue qu'elle soit, on arrive toujours à sa fin, on dit: Au bout de l'aune faui le drap. C'est le quidquid extremum breve des Latins.

DROIT. Donnons avec noblesse, retirons sans dureté ce qu'on peut nous devoir. S'agit-il de vendre, de louer, de régler avec nos voisins les limites de nos possessions, dans toutes nos affaires enfin, montronsnous justes et faciles. Evitons les procès autant qu'on peut raisonnablement le faire, j'oserais même dire un peu plus qu'on ne le peut raisonnablement; car ce n'est pas seulement une générosité, c'est souvent un grand avantage de relâcher quelque chose de ses droits. (CICERON.)

La mesure du droit, c'est l'utilité; il varie selon les temps et les lieux. (TACITE.) 1. Il n'y a pas de droit contre le droit. 2. Un droit reconnu n'est rien, s'il n'est sous la sauvegarde d'une protection sufli(BOSSUET.)

sante.

Point de droits sans devoirs et point de devoirs sans droits. Le tort de notre ordre social est d'avoir mis d'un côté tous les droits, de l'autre tous les devoirs.

(MERCIER DE LA RIVIÈRE.) On abdique un droit, on n'abdique pas un devoir. (Le comte DE CHAMBORD.)

Les droits ne sont rien où n'est plus la force de les faire valoir. (GUIZOT.) Le droit est la plus dangereuse de toutes les armes, malheur à qui la laisse à ses ennemis ! (DE LAMARTINE.)

DUEL. Le duel est condamné par la religion, il n'y a donc pas à le défendre. Il est seulement à déplorer que, dans l'état de nos mœurs, un homme, dans certaines positions, comme le militaire par exemple, ne puisse se soustraire à un duel sans se déshonorer aux yeux du préjugé. Après cela, outre l'absurdité de se croire obligé de laver une injure par le sacrifice, soit de sa propre vie, soit de celle de son adversaire, il est à remarquer que, dans la plupart des combats singuliers, le champion du côté duquei se trouve le droit, est presque constamment victime, parce que celui qui fait le métier de spadassin est toujours aussi habile dans les armes qu'il est insolent. Et cependant, qu'on ne s'y méprenne pas ces fanfarons, experts à manier un fleuret ou un pistolet, sont le plus ordirainen:ent des laches dans tous les dangers où ils cessent de compter sur l'avantage que leur donnent

ECHOS DE LA PENSEE. 1. C'est une grande misère que de n'avoir pas assez d'esprit pour bien parler, ni assez de jugement pour se taire. Voilà le principe de toute impertinence.

2. Les plus grandes choses n'ont besoin que d'être dites simplement : elles se gâtent par l'emphase. Il faut dire noblement les plus petites elles ne se soutiennent que par l'expression, le ton, la manière.

3. Les passions ne s'affaiblissent point d ordinaire pendant qu'on les suit et qu'on remplit son esprit d'idées qui les excitent. Pour les affaiblir, il faut faire en sorte que l'esprit s'y applique peu, qu'il en soit souvent distrait, et qu'il n'ait pas le temps de les satisfaire et de les sentir.

4. Il n'est pas si facile qu'on se l'imagine de plaire aux gens pour en venir à bout, il faut de l'adresse et du bonheur, surtout lorsqu'on ne veut point employer la flatterie.

5. Le moyen de plaire, ce n'est point de faire sentir sa supériorité, c'est de la ca

cher.

6. Le talent de plaire est de tous les talents, le plus désiré, le plus agréable, le plus indéfinissable. I emploie les vertus, les grâces, les ridicules, il fait valoir le mérite ou y supplée. La nature le donne, l'amour-propre le cultive, la sagesse même. ne le néglige pas..

7. Il ne faut jamais hasarder la paisanterie, même la plus douce et la plus permise, qu'avec des gens polis et qui ont de l'esprit.

8. La plus nécessaire disposition pour goûter les plaisirs est de savoir s'en pas

ser.

leur exercice et leur adresse habituels. Or, qui dit lâche, dit un être méprisable sous tous les autres rapports. (N.)

Le monde, tout injuste qu'il est, n'accusera point de lâcheté un officier qui évite les duels, si cet officier fait son devoir, dans l'occasion, pour le service de son prince et de sa patrie. On distingue aisément la poltronnerie d'avec la sagesse.

(L'abbé PREVOST.)

De tous les égarements de l'esprit humain, le plus inconcevable est ce zèle sanguinaire qui croit honorer Dieu, en donnant la mort à celui qui l'offense.

(M DE GENLIS.) N'est-ce pas l'opinion, dont l'ordre impitoyable Prescrit à deux amis un cartel effroyable, Pour un mot, pour un geste échappé sans dessein, Les force, par décence, à se percer le sein; Leur rend, par point d'honneur, le meurtre légitime, Et leur fait, en pleurant, égorger la victime.

(DELILLE.)

DUPERIE. Il n'y aurait que demi mal d'être dupe, si l'on n'était de plus calomnié par le dupeur. (M DE NECKER.)

E

9. Les plaisirs du monde sont trompeurs : ils promettent plus qu'ils ne donnent; ils nous inquiètent dans leurs recherches, ne nous satisfont point dans leur possession, et nous désespèrent dans leur perte.

10. La vraie politesse ne consiste pas à faire des compliments et des révérences, mais à dire et à faire des choses agréables à ceux avec qui nous vivons.

11. Les manières polies donnent cours au mérite et le rendent agréable; car il faut avoir de bien éminentes qualités pour se soutenir dans la politesse.

12. Un poltron peut être un fort honnête homme, tant qu'il n'occupe point la place d'un homme courageux, mais il ne doit pas la prendre; il ne lui est jamais permis de s'essayer.

13. Quelque variété qui paraisse dans le monde, on y remarque néanmoins un certain enchaînement secret et un ordre réglé de tout temps par la Providence, qui fait que chaque chose marche en son rang, et suit le cours de sa destinée.

14. Celui qui aura bien étudié le cours des affaires du monde, y sentira une puissance supérieure qui les conduit autrement que les hommes ne s'y attendent, ce qui les doit convaincre qu'ils servent seulement aux desseins d'une suprême puissance à qui la gloire des succès appartient.

15. C'est raisonner fort mal, dit Sénèque, que de raisonner contre la Providence, puisque ses ordres ne se peuvent changer.

16. De la plus douce raillerie à l'offense, il n'y a souvent qu'un pas à faire.

17. Il faut savoir douter où il faut ; assurer où il faut; se soumettre où il faut. Qui ne fait ainsi n'entend pas la force de la raison.

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