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53. Règle les désirs ae ton cœur, et tu triompheras de toutes choses.

54. Ne méprise jamais un conseil avant d'y avoir bien réfléchi.

55. Méfie-toi des petites dépenses.

56. N'envie pas le bien d'autrui tu te priverais du repos que le bien que tu possèdes peut te donner.

57. Ne sois ni servile ni insoumis : ce sont deux excès contraires.

58. Honore la femme, mais redoute les séductions de sa beauté, et plus encore les séductions de ton cœur.

59. Si tu es atteint par l'adversité, travaille pour vivre et sans rougir.

60. Quel que soit ton mécontentement, aie toujours un langage convenable, poli, qui te maintienne dans ton droit.

61. Pardonne à ceux qui te veulent du mal. Le Sauveur a dit : « Pardonnez, non pas sept fois, mais soixante et dix fois sept fois.» (Matth. xvIII, 22.) C'est-à-dire sans limite. 62. Ne te méfie point de tes forces et marche ferme tant que tu pourras.

63. Rends à tes parents les soins que tu as reçus d'eux dans ton jeune âge. C'est une dette que tu paies et que tu apprends à tes enfants à acquitter à leur tour envers toi.

64. Pardonne au coupable, et continue à respecter sa famille, si elle n'a point pris. part à la faute,

65. Mets de toi-même un terme a ton élévation, afin que ta chute soit moins lourde, si tu dois tomber.

66. Ne sois point avare, mais épargne sans cesse pour tes vieux jours, et compte le moins possible sur autrui.

67. Ne crois jamais à un temps constamment serein: l'orage se déclare au moment où on ne l'attend pas, et il est sage de se prémunir contre lui.

68. Que ton mécontentement n'ait jamais Le caractère de l'injure.

69. Ne méprise jamais le conseil ni le service d'un plus petit que toi.

70. N'écoute en aucun cas celui qui te conseillerait de porter une main criminelle sur ton semblable.

71. Ne redoute point l'homme qui fait du bruit, mais bien celui qui demeure toujours calme.

72. Sois modéré même dans la bonté, afin de rendre les regrets moins fréquents.

73. Tu es maître de livrer ton secret, mais jamais celui qu'on t'a confié.

74. Ne néglige jamais l'occasion de faire un heureux: tu paies ainsi ta dette à la société, et tu prépares le bien de ta destinée future.

75. Mélie-toi de la louange : elle est à l'usage du flatteur, du menteur, de celui qui veut nuire.

76. Promets peu, et fais le plus qu'il dépend de toi pour être utile.

77. Evite le serment: il engage presque toujours plus qu'on ne veut, plus qu'on ne peut et plus qu'on ne devrait.

78. Si tu es bienveillant avec tous dans la prospérité, il est à croire qu'on le sera aussi avec toi si l'adversité vient à t'accabler.

79. Quand tu reproches un défaut à autrui, tu en as peut-être plusieurs qui l'emportent sur celui-là.

80. Prends garde que les armes que tu veux diriger contre les autres ne se tournent contre toi-même.

81. Plus tu chercheras à te faire remarquer par tes qualités, plus tu exciteras l'euvie. Fais de ton mieux, mais ne cherche pas à briller.

82. Ne tente point à rien obtenir par la force: ce que la volonté accorde est le plus doux à conserver.

83. Ne loue dans la femme que ce qui est louable, afin qu'elle reste digne de tes éloges. 84. Tu peux chercher à conduire la fortune, mais n'ambitionne pas de la maîtriser. 85. Méprise l'homme orgueilleux qui a honte de pleurer.

86. Aie toujours des égards pour ceux que le mérite élève au-dessus de toi,

87. Mets-toi à ta place, quelle qu'elle soit, sans la moindre honte, et ne te fais pas plus grand que tu n'es.

88. Si tu cherches à te rendre agréable, que ce soit sans fadeur et sans bassesse. 89. Sois plutôt infidèle que rusé. 90. Ne porte jamais tes espérances au-delà de ce qui peut s'accomplir dans la sphère où tu vis. (Extrait de divers recueils.) CONSIDERATION. Ce que nous appelons la considération, et ce qui l'est en effet dans nos mœurs actuelles, se gradue en proportion du plus ou moins de fortune qu'un homme étale. Celui qui ne dépense que vingt-cinq mille francs par an est bien moins considéré que celui qui en dépense cent. La considération, parmi les gens du monde, s'attache donc au rang, aux emplois, et surtout aux richesses. Il n'en est pas de même parmi les savants, les artistes et les gens de lettres : ils se considèrent entre eux en proportion des connaissances, du talent et du mérite, pourvu toutefois que la jalonsie ne les divise pas, ce qui est très-rare. De ce que la considération s'attache particulièrement aux emplois et aux richesses, il s'ensuit qu'un intrigant heureux et un fripon adroit visent évidemment à la considération et doivent finir par être des hommes très-considérés. (VIGÉE.)

CONSOLATION. Peu de chose nous console, parce que peu de chose nous afflige. (PASCAL.)

Le moyen le plus sûr de se consoler de tout ce qui peut arriver, c'est de s'attendre toujours au pire. (DE VERNAGE.)

CONSTANCE. Il y a deux sortes de constances en amour, dit La Rochefoucauld: l'une vient de ce que l'on trouve sans cesse dans la personne que l'on aime de nouveaux sujets d'aimer; et l'autre vient de ce que l'on se fait un honneur d'être constant.

CONTENTEMENT (Prov.). Quand on veut peindre la tranquillité qu'assure une vie modeste, tranquillité préférable aux tourments qui accoinpagnent l'ambition, on dit : Contentement passe richesses.

CONTES BLEUS (Dicton). Vers la fin du

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1. On ne nous contredit fort souvent que pour nous engager à découvrir nos secrets, ou pour tirer quelque explication qui, dans la suite, nous est nuisible.

2. En matière de science, la contradiction est souvent utile, parce qu'elle sert à réveiller l'attention de celui qui parle, ce qui l'ablige d'expliquer la vérité d'une manière plus claire et plus solide. (DE Vernage.)

C'est une allure qui n'est pas rare chez les grands hommes de contredire une partie d'eux-mêmes pour se développer davantage : ils ont débuté par le contraire de leur mission, et c'est en la niant avec éclat qu'ils commençaient par la trouver. Les puissantes natures sont longues à se dérouler; on ne les perce pas d'un seul coup-d'oeil; elles ne s'épuisent pas vite; sachez les attendre à l'occasion et à l'œuvre, à leur convenance et à leur opportunité; elles vous étonneront par des manifestations imprévues et par des forces accablantes. (LERMINIER.)

CONVERSATION. 1. La conversation est la fille du raisonnement.

2. La conversation doit être aisée comme le vêtement.

3. Comme la conversation est l'exercice ordinaire de la vie, il y faut une extrême circonspection. (Balthasar GRACIAN.)

Une chose qui fait que l'on trouve si peu de gens raisonnables et agréables dans la conversation, c'est qu'il n'y a presque personne qui ne pense plutôt à ce qu'il veut dire, qu'à répondre précisément à ce qu'on lui dit. Les plus habiles et les plus complaisants se contentent de montrer seulement une mine attentive au même temps que l'on voit dans leurs yeux et dans leur esprit un égarement pour ce qu'on leur dit, et une précipitation pour retourner à ce qu'ils veulent dire; au lieu de considérer que c'est un mauvais moyen de plaire aux autres, ou de persuader que de chercher si fort à se plaire à soi-même, et que bien écouter et bien répondre est une de plus grandes per

fections qu'on puisse avoir dans la conversation. (LA ROCHEFOUCAULD.)

1. La conversation doit être aisée et pleine de retenue. Pour y réusssir, il faut bien écouter, répondre à propos, et ne point contredire.

2. C'est une folie que de tont condamner, ou de tout approuver. L'un et l'autre est un effet de la passion et de l'ignorance de celui qui parle.

3. Il ne faut pas trop expliquer les choses lorsqu'on a affaire à des gens d'esprit. On ne doit leur parler qu'à demi-mot. Un signe est souvent capable de leur faire connaître ce que nous voulons leur dire : lorsque cela ne suffit pas, on doit demeurer dans le silence. (DE VERNAGE.)

1. L'humeur plaît plus dans la conversation que l'esprit, et la douceur que la science.

2. La complaisance de faire paraître l'esprit des autres dans la conversation, est le véritable secret de faire admirer le sien aux autres. (AMELOT DE LA HOUSSAYE.)

Celui que vous aurez laissé parler longuement sans l'interrompre, ne manquera pas de vous tenir pour une personne d'esprit et de sens. (A. DE CHESNEL.)

Il se mêle ordinairement dans les conversations les plus saintes, uncertain levain d'orgueil et de vanité qui en empêche tout le fruit. (Maximes chrétiennes.)

CONVOI DE LIMOGES (Dicton). On emploie cette phrase pour désigner des politesses trop cérémonieuses et des révérences sans fin. On prétend qu'autrefois, dans la ville de Limoges, il était d'usage de pousser la courtoisie jusqu'à reconduire un visiteur à la porte de son propre domicile; et comme celui-ci se croyait obligé, à son tour, de revenir sur ses pas avec celui qui l'avait ainsi accompagné, le cérémonial se prolongeait d'une manière outrée. On appela cette manie ridicule Convoi de Limoges.

COQ (Prov.). Pour exprimer qu'une femme ne doit pas parler à la place ou plus haut que son mari, ou bien encore qu'il ne lui appartient pas de gouverner le ménage, on dit proverbialement: La poule ne doit pas chanter devant le coq. Dans les contrées pyrénécunes, on voit souvent ce proverbe inscrit sur la plaque de cuivre qui orne le front des mulets; et on y lit même cette variante : Malheureuse est la maison où la poule chante et le coq se tait.

COQ-A-L'ANE (Dicton). On appelle ainsi une méprise qui se produit dans la conversation, ou deux choses opposées qui y sont amenées simultanément, sans qu'il y ait le moindre rapport entre elles; comme, par exemple, si une personne faisant l'apologie d'un coq, parlait tout à coup d'un dne, dont il n'était nullement question dans le sujet entamé.

COQUE Prov.). Afin de faire comprendre qu'on ne peut rien obtenir sans peine, les Latins disaient : Qui nucleum esse vult, frangit nucem; et nous répétons après eux: Qui veut manger la noix, doit en casser la coque.

COQUETTERIE. 1. La coquetterie est le

fond de l'humeur des femmes, mais toutes ne la mettent pas en pratique; parce que la coquetterie de quelques-unes est retenue par la crainte ou par la raison.

2. Les femmes croient souvent aimer, encore qu'elles n'aiment pas. L'occupation d'une intrigue, l'émotion d'esprit que donne la galanterie, la pente naturelle au plaisir d'être aimées et la peine de refuser, leur persuade qu'elles ont de la passion lorsqu'elles n'ont que de la coquetterie.

(LA ROCHEFOUCAULD.) La coquetterie, c'est le papillonnage du vice. (A. de Chesnel.) COQUIN. Un coquin, dit Théophraste, est celui à qui les choses les plus honteuses ne coûtent rien à dire ou à faire, qui jure volontiers, et fait des serments en justice autant qu'on lui en demande; qui est perdu de réputation; que l'on outrage impunément; qui est un chicaneur de profession, un effronté, et qui se mêle de toutes sortes d'affaires.

COR (Prov.). On dit appeler à cor et à cri, lorsqu'on se trouve dans l'obligation de recourir à plusieurs moyens pour se faire entendre, ou bien qu'on réclame la présence de quelqu'un avec impatience, Ce proverbe vient d'un terme de vénerie : lorsqu'une meute est séparée durant une chasse, on la rassemble au moyen d'un cor et des cris des piqueurs.

CORDE (Prov.). Sous Louis XI, les supplices les plus ordinaires employés pour les inalfaiteurs, étaient la corde ou la pendaison, et le sac dans lequel on les enfermait pour les jeter à la rivière. De là est venu ce proverbe Gens de sac et de corde, pour désigner les bandits de tout genre.

CORDE D'OCNUS (Prov.). Ocnus était un Grec, dont la femme était aussi paresseuse et de mauvaise humeur qu'il était laborieux et doux. Un peintre célèbre, nommé Polygnote, qui était souvent témoin de ce qui se passait dans ce ménage mal assorti, s'avisa de représenter Ocnus tressant une corde de jonc, et ayant près de lui une ânesse qui mangeait cette corde à mesure qu'elle se faisait. On dit depuis lors d'une fainéante unie à un mari travailleur, qu'elle ronge la corde d'Ocnus.

CORDELIERS (Prov.). C'était autrefois un ordre de religieux mendiants. On disait alors, en parlant d'une chose dont on s'acquittait en prières et en remerciments : Payer en monnaie de cordelier.

CORINTHE (Prov.). Pour peindre la difliculté qu'il y a d'obtenir certaines choses, on dit proverbialement : Tout le monde ne va pas à Corinthe, ce qu'on trouve ainsi exprimé dans Horace :

Non cuivis homini contingit adire Corinthum, (Hor,. Epist. 1, 17.) Suivant Strabon, ce proverbe avait pris naissance de la situation formidable de la citadelle de cette ville ou Acro-Corinthe; mais d'autres auteurs prétendent qu'il faut le rapporter aux sommes énormes que la courtisane Laïs, l'une des merveilles

corinthiennes, exigeait de ses adorateurs. CORPS-SAINT (Prov.). Sous le pape Jean XXII, il s'était établi, sur presque tous les points de la France, des espèces de bureaux dans lesquels se vendaient les indulgences et les grâces que répandait la cour de Rome, et que tenaient, dans lesdits bureaux, des usuriers des plus mal famés, On appelait ces misérables des cahorsins ou caoursins, parce que Jean XXII était de Cahors. A la mort de ce pape, le peuple se rua sur les caoursins, que les officiers du roi ne surent mieux protéger alors qu'en les enlevant pour les emprisonner. De là le proverbe: Enlevé comme un caoursin, et d'où est venu par corruption : Enlevé comme un corps saint.

COSTUME. Le costume, dit Buffon, appar tient à l'homme, il fait partie du caractère, comme le style fait partie de la pensée

COUCHER (Prov.). On dit à ceux qui se disposent à faire, dé leur vivant, l'abandon total de leur fortune: Il ne faut pas se déshabiller avant de se coucher. Les Espagnols s'expriment à ce sujet, d'une façon beaucoup plus claire, en ces termes : Qui donne le sien avant de mourir, qu'il s'apprête à bien souffrir.

COULEURS (Prov.). On dit de celui qui, malgré son ignorance, veut prononcer sur certaines choses: C'est un aveugle qui juge des couleurs. Ce proverbe ne manque pas de justesse; toutefois, il est des aveugles qui peuvent, à ce que l'on croit, juger des couleurs, et voici comment on cherche à l'établir dans le Journal des Savants du 3 septembre 1685 : « Les couleurs, dit le P. Regnault dans ses Entretiens de physique, ne sont dans les objets colorés que des tissus de parties propres à diriger vers nos yeux plus ou moins de rayons efficaces avec des vibrations plus ou moins fortes. Il ne faut qu'une nouvelle tissure de parties, pour of frir à la vue une couleur nouvelle. Le marbre noir réduit en poudre blanchit, et l'écrevisse en cuisant passe du vert au rouge, etc. Il y a sur une montagne de la Chine une statue qui présente un phénomène de la même espèce elle se colore diversement selon les diverses variations de l'atmosphère, et elle marque ainsi le temps comme un baromètre. Ce changement dans les couleurs n'arrive qu'autant que les corps acquièrent une nouvelle disposition des parties; et comme un tact bien exercé suffit pour faire reconnaître et faire apprécier cette nouvelle disposition, il s'ensuit qu'il n'est pas impossible à un aveugle de juger des couleurs. >>

COURAGE. Ce n'est pas seulement les armes à la main et sur le champ de bataille, qu'on peut donner des marques d'un courage que rien ne peut abattre; c'est aussi sur le lit de douleur. (SÉNÈQUE.)

On ne peut répondre de son courage, quand on n'a jamais été dans le péril. (LA ROCHEFOUCAULD.)

Le vrai courage est une des qualités qui supposent le plus de grandeur d'âme. J'en remarque beaucoup de sortes: un courage

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Quelque crime toujours précède les grands crimes.
Quiconque a pu franchir les bornes légitimes,
Peut violer enfin les droits les plus sacrés.
Ainsi que la vertu, le crime a ses degrés. (Racing.)

contre sa fortune, qui est philosophie; un courage contre les misères, qui est patience; un courage à la guerre, qui est valeur; un courage dans les entreprises, qui est hardiesse; un courage contre l'injustice, qui est fermeté; un courage contre le vice, qui est sévérité; un courage de réflexion, de tempérament, etc. (VAUVENARGUES.)

COURROIE (Prov.). On dit de celui qui se montre libéral du bien des autres, qu'il fait du cuir d'autrui large courroic. Pour exprimer aussi que les démarches d'un ami sont plus que l'argent qu'on offre, on fait usage de cet autre proverbe: Mieux vaut ami en voie, que deniers en courroie.

COURTISANS. L'équitation est ce qu'un jeune prince apprend le mieux, parce que son cheval ne le flatte pas. (PLUTARQUE.)

Les courtisans n'ont d'autre dieu que l'intérêt, d'autre idole que la fortune, d'autre moyen de réussir qu'une véritable et naïve impudence; ce sont des hommes avides, qui ne savent que recevoir, et envier tous ceux à qui l'on donne. N'espérez d'eux ni candeur, ni franchise, ni équité, ni générosité, ni bienveillance. Tordez-les, pressezles, ils dégouttent l'orgueil, l'arrogance et la présomption. L'honneur, la vertu, la conscience sont, à la cour, des qualités inutiles, on ne sait qu'y faire d'un homme de bien. (LA BRUYÈRE.)

Il n'y a point de bœuf dont le travail soit plus laborieux que celui d'un courtisan, ni de valet dont la servilité soit plus grande.

(A. DE CHESNEL.)

CRAINTE. 1. Le trouble des grandes craintes et des grandes douleurs tient quel quefois lieu de constance, par la confusion même qu'il répand dans l'esprit, et qui le fait agir avec une espèce d'emportement qui a toutes les apparences de l'insensibilité. 2. On ne s'avise guère d'aimer ce qu'on a une fois appris à craindre.

(L'abbé PRÉVOST.) CREDULITÉ. 1. C'est une grande faiblesse que de croire facilement, rien n'étant plus ordinaire que le mensonge.

2. On ne devrait point croire le mal, sans l'avoir bien examiné, ce qui ne se fait ja mais, les hommes étant naturellement paresseux et malins. (DE VERNAGE.)

Trouvez seulement trois personnes pour leur faire accueillir une absurdité, et celleci se présentera bientôt en un fait grave à la controverse d'un millions de gens.

(A. DE CHESNEL.) CRIME. Si la crainte du supplice et non l'horreur du crime, ne devait seule nous arracher aux forfaits et à l'iniquité, nul homme ne serait injuste, et les méchants ne seraient que des maladroits. (CICERON.)

Le plus grand supplice des crimes est en eux-mêmes; aussitôt qu'ils sont commis, dans le moment même où on les commet, ils reçoivent leur châtiment. (SÉNÈQUE.)

Haissez le crime dans les méchants; mais s'ils reviennent à la vertu, recevez-les dans votre sein, comme s'ils n'avaient jamais fait de fautes. (CONFUCIUS.)

Ceux qui sont incapables de commettre de grands crimes, n'en soupçonnent pas facilement les autres. (LA ROCHEFOUCAULD.)

Qu'on examine la cause de tous les relachements, on verra qu'elle vient de l'impunité des crimes, et non pas de la modération des peines. (MONTESQUIEU.)

Ce n'est point par la rigueur des supplices qu'on prévient le plus sûrement les crimes, mais par la certitude de la punition. (BECCARIA.)

1. La vie doit être un fardeau pour un méchant qui a une infinité de crimes à se reprocher. 2. Un crime entraîne presque tous les autres. (L'abbé PRÉVOST.) ... Qui connaît du ciel jusqu'où va la puissance? En vain le meurtrier croit braver sa vengeance, Par un signe éclatant s'il faut le découvrir, Les marbres vont parler, les tombeaux vont s'ouvrir: Il verra tout à coup, pour lui prouver son crime, Du cercueil ébranlé s'échapper sa victime. (Ducis.) Le crime n'est pas toujours puni dans ce monde; les fautes le sont toujours.

(CHATEAUBRIAND.)

Le crime ne peut jamais être un élément politique; le crime est la plus anti-nationale des choses humaines, puisque la société n'est et ne peut être que de la morale et do la vertu. (DE LAMARTINE.) Lorsque le crime devient un art, il faut que la justice devienne une science. (D'cмs.)

CRITIQUE. Quand un écrivain débute, je crois que, comme il faut bien se garder de le décourager par des critiques outrées, il ne faut aussi, pour l'animer, employer la louange qu'avec réserve. Loin de nous plaindre d'un lecteur qui ne se conforme pas toujours à nos sentiments, nous devrions tout à la fois et lui savoir bon gré de nous faire quelquefois ouvrir les yeux sur nos fautes, et nous applaudir de cette pensée, qu'un juge, assez éclairé pour démêler les endroits faibles de nos ouvrages, doit communément l'être assez pour y découvrir aussi ce qui peut mériter quelque éloge.

(L'abbé PRÉVOST.)

Le plaisir qu'on reçoit de la louange, n'est pas égal à la peine que fait la critique. On prend l'une pour un compliment, et l'autre pour une vérité.

(Le prince DE LIGNE.) Soyons modérés dans nos opinions, indulgents dans nos critiques, sincères admirateurs de tout ce qui mérite d'être admiré. Pleins de respect pour la noblesse de notre art, n'abaissons jamais notre caractère; ne nous plaignons pas de notre destinée: qui se fait plaindre, se fait mépriser. Soyons les défenseurs naturels des suppliants; notre plus beau droit est de sécher les larmes de l'infortune. Ne prostituons jamais notre talent à la puissance, mais n'ayons jamais d'humeur contre elle celui qui blâme

:

de là naquit le proverbe latin: Aut in ære aut in cute.

avec aigreur admirera sans discernement. (CHATEAUBRIAND.)

La critique révolte ou décourage les hommes de lettres. Cependant, si elle est juste, ils n'ont que du profit à en tirer; et si elle ne l'est pas, elle ne saurait leur nuire.

(A. DE CHESNEL.) CROCODILE (Prov.). On dit proverbialement larmes de crocodile, pour signifier celles d'un hypocrite, quoique nous ne sachions pas que le reptile en question ait recours à ce piége pour attirer sa proie.

CROIX (Prov.). Anciennement, on disait d'un homme qui consacrait son zèle au succès d'une affaire, qu'il baisait ses pouces en

croix.

CUISINE (Dicton). De nos jours on appelle trivialement les parasites des flaireurs de cuisine. Ce dicton vient des Grecs qui les nommaient aussi des flaireurs de fumée.

CUIVRE OU CHAIR (Dicton). On raconte qu'un juif ayant prêté une forte somme à un chrétien, avait posé comme condition expresse que le débiteur lui donnerait une livre de chair s'il ne remboursait pas l'argent au jour de l'échéance. Le chrétien, en effet, ne put payer, et le juif lui fit sommation d'avoir à exécuter la condition imposée et acceptée. L'affaire fut portée devant l'empereur turc Soliman. Après avoir entendu les deux parties, le prince remit un cimeterre entre les mains du juif et lui ordonna de couper lui-même au chrétien la livre de chair qu'il réclamait; mais il ajouta que s'il lui arrivait de ne pas couper exactement le poids convenu, il lui ferait aussi trancher la tête. Le juif, épouvanté d'une sentence aussi inattendue, renonça bien vite au droit qu'il avait invoqué ainsi qu'à sa créance, et

DANGER. C'est manquer d'esprit et de jugement, dit de Vernage, que de ne pas connaître le péril; c'est être stupide ou té méraire que de ne le pas craindre, et de s'y exposer d'une manière inconsidérée.

DEBITEUR (Prov.). Autrefois, pour désigner un mauvais payeur qui cherchait à se libérer de ses dettes d'une manière telle quelle, on avait coutume de dire: Il paie en chas et en ras. Le mot chas signifiait une grange, et ras une terre en friche. C'est donc par erreur que quelques-uns écrivent en chats et en rats

DÉFAUTS. Je suis homme, et je ne prétends pas être exempt des défauts qui sont attachés à la nature humaine. (TERENCE.) Chacun trouvera en lui-même les défauts qu'il remarque dans les autres : les défauts des autres sont devant nous; les nôtres sont derrière. (SÉNÈQUE.)

1. On s'instruit aussi bien par les défauts des autres que par leur instruction. L'exemple de l'imperfection sert presque autant à se rendre parfait que celui de l'habileté et de la perfection.

D

CUPIDITÉ. Jamais la soif de la cupidité ne peut s'étancher, jamais elle n'est satisfaite; on est tourmenté par le désir d'augmenter ce qu'on possède; on l'est aussi par la crainte de le perdre. (Cicéron.)

1. Rien ne suffit à la cupidité; peu de chose suffit à la nature. Tout ce qu'elle a rendu nécessaire à l'homme, elle l'a rendu facile à trouver. Tont désir ultérieur est le cri du vice et non pas du besoin.

2. Il manque bien des choses à l'indigence; mais tout manque à la cupidité. Un homme cupide n'est non pour personne, il l'est bien moins pour lui-même. (SÉNÈQUE.)

CURE (Prov.). Nos pères, dont les mœurs étaient infiniment plus respectables que les nôtres, et qui avaient surtout une profonde vénération pour le foyer de famille et pour les devoirs religieux, disaient, en proverbe: Il faut faire carême prenant avec sa femme et Pâques avec son curé.

Pour exprimer la suffisance d'un ignorant qui a la prétention d'apprendre quelque chose à son maître, ils faisaient aussi emploi de cet adage C'est gros Jean qui remontre à son curé.

CURIOSITÉ. Il y a des gens qui, à force de trop interroger, font deviner leur pensée en voulant découvrir celle des autres.

(TACITE.)

La curiosité ne se rassasie jamais de savoir.

(PEREZ.)

Il y a deux sortes de curiosités. L'une d'intérêt, qui nous porte à désirer d'apprendre ce qui peut nous être utile; et l'autre d'orgueil, qui vient du désir de savoir ce que les autres ignorent. (LA ROCHEFOUCAULD.)

2. Nous n'avouons de petits défauts quo pour persuader que nous n'en avons pas de grands.

3. C'est une force d'esprit que d'avouer sincèrement nos défauts et nos perfections; et c'est une faiblesse de ne pas demeurer d'accord du bien ou du mal qui est en nous, 4. Les gens heureux ne se corrigent guè re: ils croient toujours avoir raison quand la fortune soutient leur mauvaise conduite. (LA ROCHEFOUCAULD.)

1. On ne condamne ordinairement dans les autres que ses propres défauts.

2. Il est inutile de reprendre les personnes qui ne veulent pas connaître leurs défauts, ou qui ne veulent pas les avouer. (DE VERNAGE.)

S'étonner des défauts d'autrui, c'est ignorance; s'en choquer, c'est présomption; les reprocher, c'est bêtise. (LA BRUYÈRE.)

Nous sommes très-enclins à censurer les autres, même d'une manière tranchante, et cependant nous ne saurions souffrir qu'ils nous donnent des avis. Rien ne découvre mieux notre faiblesse que d'avoir de si bons

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