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honneurs ou à l'ignominie; la loyauté a souvent pour compagne la misère; mais elle laisse une mémoire sans tache et garantit une place au ciel. (A. DE CHESNEL.)

VIE (Prov). Un proverbe qui était trèsestimé des épicuriens, et que l'on attribue à Néoclès, frère d'Epicure, est celui-ci : Cache ta vie. Mais Plutarque s'indigna contre cette maxime, destructive, selon lui, de tous les intérêts sociaux, et il écrivit contre elle un traité tout entier. Toutefois, et malgré l'opinion du célèbre historien, l'expérience a suffisamment prouvé qu'une existence tout à fait à part, dans la retraite, est celle qui offre le moins de danger, d'amertume, atténdu qu'elle n'excite point l'envie. Il faut donc, outre l'adage de Néoclès, croire à cet autre d'Ovide et de Descartes: Vivre caché, c'est vivre heureux, » Bene qui latuit, bene vixit.

On dit aussi, pour signifier qu'il est sage, de ménager son bier de manière à en jouir longtemps: Il faut faire vie qui dure. C'est dans le même sens que Pythagore employait ce même symbole: Ne mettez pas au feu le fagot entier » Integrum fasciculum in ignem ne mittito. Enfin, pour exprimer dans certains cas la prévision ou l'espérance, on fait usage de cet autre proverbe: Qui vivra,

verra.

VIEILLES FILLES. Il arrive quelquefois que, malgré les qualités les plus recommandables et l'éducation la plus soignée, une fille ne trouve pas à se marier. Če fait est assez rare, mais enfin il se présente. Nonseulement il est des hommes dont l'affection n'est excitée que par les charmes du physique; mais le plus souvent encore, ils placent en première ligne, dans le choix d'une épouse, le plus ou moins de fortune qu'elle apporte à la communauté, et la richesse est bien loin, on le sait, d'être la compagne du mérite personnel. Lorsque ce cas advient, il est beaucoup de femmes que l'obligation de rester fille rend maussades et acariâtres avec leur famille et les étrangers, ou jalouses de leurs sœurs, si celles-ci, plus heureuses, ont trouvé des établissements. Cette conduite dépose, non-seulement contre le cœur de celle qui s'en rend coupable, mais encore contre l'éducation qu'elle a reçue. Si elle avait su se pénétrer des vrais principes de la religion, elle ne se montrerait point envieuse, mais résignée, bien convaincue que quelle que part qui lui fût faite par le destin ici-bas, rien ne saurait être changé pour elle aux félicités que le ciel réserve aux âmes pieuses, et que le bonheur enfin se rencontre dans toutes les positions de la vie, lorsque l'on a confiance en Dieu, lorsqu'on remplit, avec zèle et amour, les devoirs nombreux que la famille et la société imposent à chacun de leurs membres.

VIEILLESSE. C'est une triste chose que la vieillesse on a beau se trouver paré d'une vénérable barbe blanche ou d'une chevelure argentée ondulant sur les épaules; se tenir encore droit en approchant de la centaine; voir se multiplier ses petits en

fants; être à même de raconter un millier d'histoires, et posséder enfin une foule d'avantages, dont les romanciers composent des chapitres et les poëtes des hémistiches, c'est chose triste, nous le redisons encore, que d'approcher de plus en plus de son dernier soleil, et de tomber dans cet état de seconde enfance, qui vous rend tant de soins nécessaires, qui oblige votre faiblesse à rechercher des appuis, lesquels vous font encore trop souvent défaut ! Enfin si de nombreuses infirmités ne vous accablent pas, il s'en rencontre toujours une pour le moins qui. vous rappelle à chaque instant le déclin de votre existence. C'est alors surtout que la piété compense tout ce qui nous délaisse, tout ce qui fuit; seule elle nous aide à supporter le poids de l'âge et des souffrances; et lorsque nos derniers pas dans la vie d'icibas sont des pas chancelants, elle nous fait entrevoir, au terme du court trajet qui nous reste à parcourir, une nouvelle voie où nous nous redresserons, et cela avec des forces qui ne failliront plus. Cette dernière période de la vie ressemble à l'oasis que le voyageur atteint après de pénibles efforts, au port où le nautonnier aborde après avoir été battu par la tempête. C'est une existence à part qui se dépouille en partie des vanités de ce monde, et se prépare aux béatitudes célestes.

Respecte les cheveux blancs; cède le pas à la vieillesse, et ne lui dispute jamais les honneurs qui sont dus à cet âge vénérable. Aie pour le sage vieillard tous les égards que tu aurais pour ton père.

(PHOCYLIDE.)

Le bon sens et la bienséance veulent que les manières changent suivant les âges. La puérilité dans un vieillard est aussi ridicule que, dans un enfant, la prétention à des manières accomplies. (VARRON.)

Que servent à tel homme quatre-vingts ans passés dans l'inaction? ce n'est pas avoir vécu, mais avoir traversé la vie; ce n'est pas être mort tard, c'est avoir été mort trèslongtemps. C'est par les actions, et non par la durée qu'il faut mesurer la vie.

(SÉNÈQUE.)

Dieu fait grâce à ceux à qui il soustrait la vie par le menu. C'est le seul bénéfice de la vieillesse. La dernière mort en sera d'autant moins pleine et nuisible, elle ne tuera plus qu'un demi ou un quart d'homme.

(MONTAIGNE.)

Tout le monde souhaite de vivre longtemps, mais personne ne veut passer pour vieux, à cause sans doute des imperfections qui rendent les vieillards ou dégoûtants ou à charge aux autres. Avec tout cela un âge honorable est la couronne d'une vie vertueuse, et les cheveux blancs d'un vieillard sans reproche, sont des lauriers dont le temps le couronne. Tout vieillard qui mène une vie bienséante à son âge, mérite le respect. (OXENSTIERN.)

1. Les vieillards aiment à donner de bons préceptes, pour se consoler de n'être plus en état de donner de mauvais exemples...

2. Peu de gens savent être vieux. 3. La vieillesse est un tyran qui défend, sous peine de la vie, tous les plaisirs de la jeunesse. LA ROCHEFOUCAULD.)

1. La plus grande partie des incommodités de la vieillesse ne vient ordinairement que du mauvais usage qu'on a fait de sa jeunesse.

2. La vieillesse ne rend pas les hommes plus prudents ou plus sages: ils sont au contraire souvent plus fous alors, qu'ils n'étaient étant jeunes, parce que les défauts de l'esprit croissent comme ceux du corps.

(DE VERNAGE.)

C'est un plus grand chagrin pour les femmes de savoir qu'elles deviendront vieilles, que pour les hommes de l'être.

(AMELOT DE LA HOUSSAYE.)

Que de faiblesses honteuses les enfants remarquent souvent dans leurs pères ! Qu'un vieillard avec des préjugés et des vices de soixante ans, est un censeur ridicule des fautes de la jeunesse! La seconde enfance qui termine la vie, est en effet quelquefois moins sage que celle qui la commence. Devenus impuissants pour le vice, nous préchons la vertu; forcés de renoncer à plaire, nous voulons instruire. Nous débitons notre morale d'un front austère; mais tandis que nous réprimandons les erreurs du jeune homme, il nous voit des défauts bien plus choquants que les siens, et qui ajoutent à la difformité de la vieillesse. (YOUNG.)

1. On n'est guère jaloux de sa préséance, quand on ne la doit qu'à sa vieillesse.

2. Il n'est point d'un homme sage de paraître aux yeux du monde, lorsqu'il est devenu la proie de la vieillesse. On lui fait grâce si on le supporte. Tous les égards qu'on a pour lui sont des railleries ou des faveurs. Les honnêtes gens ne l'insultent pas, mais ils s'applaudissent de leur bonté quand ils le plaignent. C'est un triste personnage que celui d'exciter la compassion. (L'abbé PRÉVOST.)

Qui n'a pas l'esprit de son âge, de son age a tout le malheur. (VOLTAIRE.)

1. Les âmes tendres s'éloignent d'ellesmêmes en vieillissant; les âmes dures s'en rapprochent.

2. L'âge rend indulgent sur le caractère et difficile sur l'esprit. (M DE NECKER.) La gloire des jeunes gens est leur force, et la dignité des vieillards est leurs cheveux blancs. (X.)

La philosophie s'est donné bien de la peine pour faire des traités de la vieillesse et de l'amitié, parce que la nature fait toute seule les traités de la jeunesse et de l'amour. (D'ALEMBERT.)

Lorsque vers son déclin le soleil nous éclaire,
L'éclat de ses rayons n'en est point affaibli :
On est vieux à vingt ans, si l'on cesse de plaire,
Ce qui plaît à cent ans, meurt sans avoir vieilli.
(DEMOUSTIER.)

Je suis toujours triste, parce que je suis vieux. Restez jeune, il n'y a que cela de bon.. (CHATEAUBRIAND.)

On est moins tolérant pour les goûts qu'on n'a plus. (Casimir DELAVIGNE.)

Dans la vieillesse, on n'attend rien du monde, parce qu'on n'a rien à lui offrir: on le regarde comme moins important, à mesure qu'on y devient moins important.

(Me Pauline GUIZOT.)

La vieillesse est bien plus respectable dans ceux qui supportèrent les peines que leur causa notre enfance et celles aussi que leur causa notre jeunesse ; dans ceux qui contribuèrent de leur mieux à nous former l'esprit et le cœur. Ayons de l'indulgence pour leurs défauts, et montrons nous généreux dans l'appréciation des peines que nous leur coutânes, de l'affection qu'ils placèrent en nous, de la douce récompense qu'ils trouvent dans la continuité de notre amour. Non, celui qui se consacre avec des sentiments élevés à l'éducation de la jeunesse, n'est point suffisamment récompensé par les aliments qu'on lui fournit si justeinent en retour. Ces soins paternels et maternels ne sont pas d'un mercenaire; ils anoblissent celui qui en fait habitude; ils accoutument à aimer, et donnent le droit d'être aimé. (SILVIO PELLICO.)

Je me soucie peu des fats; mais j'aime les confidences de ceux qui, même en vieillissant, gardent encore un peu de la chaleur de leurs jeunes années. C'est là où je trouve l'homme. (SAINT-MARC GIRARDIN.)

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Il est de ces moments que jamais on n'oublie,
Quelque vieux que l'on soit, quand l'âme se replie
Sur les souvenirs d'autrefois.
(Mme Mélanie WALDOR.)

1. Lorsque les vieillards ne vivent pas sous le toit de leurs enfants, ils sont fréquemment exposés, et surtout les femmes, à l'intrigue, à l'extorsion des domestiques ou des étrangers qui les entourent, et quelquefois même à celles de parents adroits qui se procurent ainsi une part qu'ils n'auraient pas obtenue, s'ils n'eussent eu recours à des moyens condamnables. Il est d'autant plus difficile de se soustraire aux piqûres de ces sangsues familières, qu'elles exploitent avec un art infini les faiblesses des personnes qu'elles veulent dépouiller, et que les attentions accordées par elles à un chien, à un chat, à un perroquet, suffisent quelquefois pour les mettre en mesure de spolier en partie les héritiers légitimes.

2. La vieillesse a moins de larmes que le jeune âge. C'est que celui-ci apprend la douleur, tandis que l'autre a usé les peines

de la vie.

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leur applique ce proverbe : Il n'est pas vieux, mais il se souvient de loin; dans le second, on leur dit L'amour sied bien aux jeunes gens, et déshonore les vieillards. On se moque encore d'eux en leur répétant qu'ils sont plus amoureux que les autres, parce que le bois sec brûle mieux que le vert; on donne enfin à la vieillesse ce conseil plein de bon sens, qu'il faut devenir vieux de bonne heure, si on veut l'être longtemps, ce qui signifie que, pour jouir d'une meilleure santé sur le déclin de l'âge, il faut ménager ses forces dans la saison où l'on jouit de toute sa vigueur. Ce dernier proverbe se trouve dans Cicéron: Mature fias senex, si diu velis esse.

Les personnes âgées qui se trouvent peu disposées à apporter du changement dans leurs habitudes, répondent en général à ceux qui leur donnent des conseils à ce sujet Je suis trop vieux pour me corriger. Ce proverbe est rappelé par Me de Sévigné, dans le passage que voici : « Je viens de recevoir le livre de l'abbé Nicole ; je voudrais en faire un bouillon et l'avaler. Il est écrit pour bien du monde; mais je crois qu'il n'a eu véritablement que moi en vue. Ce qu'il dit de l'orgueil et de l'amour-propre, qui se trouvent dans toutes les disputes et que l'on recouvre du beau nom de vérité, c'est une chose qui me ravit. Vous savez que je ne puis souffrir que les vieilles gens disent Je suis trop vieux pour me corriger. Je pardonnerais plutôt aux jeunes gens de dire : Jesuis trop jeune. La jeunesse est si aimable, qu'il faudrait l'adorer, si l'âme et l'esprit étaient aussi parfaits que le corps. Mais quand on n'est plus jeune, c'est alors qu'il faut se perfectionner et tâcher de regagner par les bonnes qualités ce qu'on perd du côté des agréables. Il y a longtemps que je fais des réflexions, et, par cette raison, je veux tous les jours travailler à mon esprit, à mon âme, à mon cœur et à mes sentiments; voilà de quoi je suis pleine. »

VIERGES (Prov.). Pour peindre l'inconstance d'un homme très-ardent dans ses galanteries, on dit qu'il est amoureux des onze mille vierges.

VIGILANCE. Trop de vigilance, dit Bacon, amène le sommeil: prévoir les malheurs avant le temps, et vouloir les parer de si loin, c'est manquer son coup, les précautions ne portent pas.

VIGNE (Prov.). Les Espagnols ont au sujet de cette plante, les proverbes sui

vants.

1. Casa labrada, vina plantada: maison bâtie, vigne plantée.

2. Casa de padre, vina de abuclo: maison du père, vigne de l'aïeul.

3. Casa en canton, vina en rincon : maison en coin, vigne en recoin.

VILAIN (Prov.). Avant la révolution de 1789, on appelait proverbialement savonnettes à vilain, les charges qui s'achetaient et qui donnaient la noblesse. On disait aussi autrefois d'un roturier qui se faisait noble de son autorité privée : Il n'y a point de plus belles armoiries que celles d'un vilain, il prend

DICTIONN. DE LA SAGESSE POPULAIRE.

celles qu'il veut. Pour exprimer qu'un avare qui se met en dépense le fait avec profusion, on emploie cet autre proverbe : Il n'est chère que de vilain. Enfin, pour signifier qu'en obligeant un méchant, on s'expose à ce qu'il vous rende le mal pour le bien, tandis qu'en lui inspirant la crainte on le tient dans le respest, on dit: Graissez les bottes à un vilain, il dira qu'on les lui brûle; ou bien encore: Õignez vilain, il vous poindra ; poignez vilain, il vous oindra. Dans son roman de la Rose, Guillaume de Lorris, parlant des flatteurs, ajoute qu'ils louent les gens en face.

Et par doulces paroles oygnent;
Mais après de leurs flèches poignent
Par derrière jusques à l'oz

Et abaissent des bons les loz.

VILLE GAGNÉE (Prov.). On dit à une personne qui se réjouit de la disgrâce qui arrive à une autre: Ne croyez pas encore ville gagnée.

VIN (Prov.). Tout propriétaire éprouve une grande estime pour le vin qu'il récolte, mais il est fort rare que les étrangers accordent le même amour à ces produits domestiques; aussi les gourmets ont-ils créé un proverbe: Du vin du crú que Dieu nous garde! On éprouve la même défiance pour le concert d'amateurs et pour ce qu'on appelle: diner à la fortune du pot.

VIN ET LAIT (Prov.). On emploie fréquemment le proverbe qui suit, quand il s'agit de boire, ou du lait avant du vin, ou du vin après du lait: Vin sur lait, c'est souhait; lait sur vin, c'est venin. Cela signifie, rigoureusement, qu'au sortir de l'enfance où l'on ne boit que du lait, on désire faire usage du vin; tandis que ceux qui boivent habituellement du vin ne sont condamnés à ne prendre que du lait qu'autant qu'ils se trouvent en proie à une maladie.

VIOLENCE. Les violences qu'on nous fait, dit La Rochefoucauld, nous font souvent moins de peine que celles que nous fai sons nous-mêmes.

VIOLENCE (Prov.). Pour exprimer que les formes, en toutes choses, sont les meilleurs moyens pour arriver à ce qu'on veut obtenir, on dit: Mieux vaut douceur que violence.

VIOLON (Dicton). On dit de quelqu'un qui supporte les charges d'une chose qui profite à un autre, qu'il paye les violons.

VIVACITE. La vivacité qui augmenté en vieillissant, ne va pas, selon La Rochefoucauld, loin de la folie.

VOCATION. On dit, et cela est vrai jusqu'à un certain point, que les vocations sc manifestent dès l'enfance. Raison de plus alors pour surveiller davantage ces penchants précoces pour telle ou telle profession, pour tel ou tel art, puisqu'ils peuvent être, non-seulement opposés aux projets que les parents ont formés, mais encore porter atteinte à la dignité qui se rattache à quelques positions sociales. Ainsi, il est incontestable qu'une famille qui occupe un certain rang dans le monde et qui destine,

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par exemple, son fils à la magistrature, serait fort contrariée de voir ce fils épris du métier de comédien ou de danseur. Il est difficile, sans doute, de réprimer les instincts qui portent quelques organisations vers telle ou telle culture intellectuelle, manuelle ou autre; mais on y parvient cependant, en s'y prenant de bonne heure et en appelant en aide la puissance de l'amourpropre. On obtiendrait en général, nous n'en disconvenons pas, plus de perfection dans la pratique des choses, si l'on abandonnait chaque nature à sa propre tendance pour le choix d'un état; mais de cette liberté résulterait d'un autre côté une sorte de désordre social, puisqu'il pourrait advenir qu'une masse d'individus éprouvassent à la fois la même prédilection pour telle ou telle carrière, et que les autres voies fussent alors au dépourvu d'exploiteurs.

VOISIN (Prov.) On dit de l'homme de chicane qui demeure près de soi: Bon avocat mauvais voisin, parce qu'en effet le sac à procédure est enflé de moyens nuisibles même contre des bagatelles. Pour exprimer aussi que quelqu'un d'adroit ne commet guère de faute à l'entourage de son foyer, il y a cet autre proverbe: Un bon renard ne mange point les poules de son voisin; et l'on dit aussi, en plaisantant: N'ayez point de voisins, si vous voulez vivre en paix avec

eux.

VOLER (Prov.). Afin de signifier qu'il est prudent de ne point s'engager, sans des garanties, dans une affaire importante, on dit proverbialement, qu'il vaut mieux voler bus, de peur des branches.

VOLONTÉ. Nous avons, dit La Rochefoucauld, plus de force que de volonté, et c'est souvent pour nous excuser à nousmêmes, que nous nous imaginons que les choses sont impossibles.

VOLTAIRIANA. 1. Si la fougue d'une passion fait commettre une faute, la nature rendue à elle-même sent cette faute.

2. Il n'y a point de plaisir sans bienséance. 3. Rien n'est plus long que le temps, puisqu'il est la mesure de l'éternité; rien n'est plus court, puisqu'il manque à tous nos projets. Rien n'est plus lent pour qui attend, rien de plus rapide pour qui jouit.

4. Lo hasard va souvent plus loin que la prudence.

5. L'honneur est le désir d'être honoré. Avoir de l'honneur, c'est ne rien faire qui soit indigne des honneurs.

6. Pauvres humains que nous sommes, que de siècles il a fallu pour acquérir un peu de raison!

7. Il me semble qu'il n'y a pas de véritablement grand homme qui n'ait un bon esprit.

8. La société dépend des femmes. Tous les peuples qui ont le malheur de les enfermer sont insociables.

9. Ce monde est un vaste amphithéâtre où chacun est placé au hasard sur son gradin. On croit que la suprême félicité est dans les degrés d'en haut: quelle erreur!

10. C'est n'être bon à rien, que de n'être bon qu'à soi.

11. Le courage n'est pas une vertu, mais une qualité commune aux scélérats et aux grands hommes.

12. Le seul moyen d'obliger les hommes à dire du bien de nous, c'est d'en faire. 13. Il faut du temps pour que les réputa. tions mûrissent.

14. Ce qui fait et fera toujours de ce monde une vallée de larmes, c'est l'insatiable cupidité et l'indomptable orgueil des hommes. depuis Thamas Koulikan, qui ne savait pas lire, jusqu'à un commis de la douane qui ne sait que chiffrer.

15. Les esprits faux sont insupportables; les cœurs faux sont en horreur.

16. La jalousie, quand elle est furieuse, produit plus de crimes que l'intérêt et l'ambition.

17. Quiconque sait très-bien gouverner une grande maison, peut gouverner un royaume. Cela peut paraître un paradoxe, mais certainement c'est avec le mêine esprit d'ordre, de sagesse et de fermeté, qu'on commande à cent hommes et à plusieurs milliers.

s'il n'y a une puissance unique. 18. Le gouvernement ne peut être bon

19. L'économie est une vertu dans le gouvernement d'un Etat paisible, et un vice dans les grandes affaires.

20. Les gouvernements sont comme les hommes: ils se forment tard.

citoyens, autant que pour les intimider. 21. Les lois sont faites pour secourir les

22. Les véritables conquérants sont ceux qui savent faire des lois. Leur puissance est stable. Les autres sont des torrents qui passent.

23. On n exige pas qu'un roi dise des choses mémorables, mais qu'il en fasse,

24. Tout roi qui aime la gloire aime le bien public.

25. Un roi absolu qui veut le bien, vient à bout de tout sans peine.

26. Il est à souhaiter qu'un roi aime les louanges; parce qu'il s'efforce de les méri

ter.

27. Les titres ne servent de rien pour la postérité le nom d'un homme qui a fait de grandes choses, impose plus de respect que toutes les épithètes.

28. Acheter la paix d'un ennemi, c'est lui donner de quoi faire la guerre.

29. Il est difficile de dire ce qui fait perdre les batailles.

30. Un général victorieux n'a point fait de fautes aux yeux du public, de même que le général battu a toujours tort, quelque sage conduite qu'il ait eue.

31. Le véritable but de la politique consiste à enchaîner au bien commun tous les ordres de l'Etat.

32. Il y a toujours dans les grandes affaires un prétexte qu'on met en avant, une cause véritable qu'on dissimule.

33. C'est beaucoup d'avoir réformé les

lois; mais la chicane n'a pu être écrasée par la justice.

34. Une seule manufacture bien établie fait quelquefois plus de bien à un Etat que vingt traités.

35. C'est la fantaisie des hommes qui met le prix à des choses frivoles; c'est cette fantaisie qui fait vivre cent ouvriers; c'est elle qui excite l'industrie, qui entretient le goût, la circulation et l'abondance.

36. L'argent est fait pour circuler, pour faire éclore les arts, pour acheter l'industrie des hommes qui le garde est mauvais citoyen. C'est en ne le gardant pas qu'on se rend utile à sa patrie et à soi-même.

37. Nul remède précipité ne peut suppléer à un arrangement fixe et stable, établi de longue main, et qui pourvoit de loin aux besoins imprévus.

38. Lorsqu'un Etat puissant ne doit qu'à lui-même, la confiance et la circulation suffisent pour payer.

39. La grande usure est la marque infaillible de la pauvreté.

40. A quoi est-on réduit, quand on veut approfondir ce qu'il ne faut que respecter? 41. C'est le sort du genre humain que la vérité soit persécutée dès qu'elle commence à paraître.

42. L'esprit de curiosité donné de Dieu à l'homme, cette impulsion nécessaire pour nous instruire, nous emporte sans cesse au delà du but, comme tous les autres ressorts de notre âme, qui, s'ils ne pouvaient nous pousser trop loin, ne nous exciteraient peutêtre jamais assez.

43. Quand on m'aura dit comment notre volonté opère sur-le-champ un mouvement dans nos corps, comment le bras obéit à notre volonté, comment nous recevons la vie, comment nos aliments se digèrent, comment le blé se transforme en sang, je dirai comment nous avons des idées. J'avoue sur tout cela mon ignorance. Le monde pourra avoir un jour de nouvelles lumières; mais depuis Thalès jusqu'à nos jours, nous n'en avons point. Tout ce que nous pouvons faire est de sentir notre impuissance, de reconnaître un être tout-puissant, et de nous garder de tous systèmes.

44. On demande qui a mis des hommes en Amérique? Ne pourrait-on pas répondre que c'est celui qui y fait croître des arbres et de l'herbe ?

45. Si la vraie grandeur consiste à avoir reçu du ciel un puissant génie, et à s'en être servi pour éclairer les autres et soi-même, un homme comme Newton, tel qu'il s'en trouve à peine en dix siècies, est véritablement le grand homme, et les conquérants, dont aucun siècle n'a manqué, ne sont d'ordinaire que d'illustres méchants. C'est à ceJui qui domine sur les esprits par la force de la vérité, non à ceux qui font des esclaves par la violence; c'est à celui qui connaît l'univers, non à ceux qui le défigurent, que nous devons nos respects.

46. Il faut toujours que ce qui est grand soit attaqué par les petits esprits.

47. Le goût du merveilleux enfante les systèmes; mais la nature paraît se plaire dans l'uniformité et dans la constance, autant que notre imagination aime les change

ments.

48. Nous disséquons des mouches, nous mesurons des lignes, nous assemblons des nombres, nous sommes d'accord sur deux ou trois points que nous entendons, et nous disputons sur deux ou trois mille que nous n'entendons pas.

49. O métaphysique! nous sommes aussi avancés que du temps des premiers druides.

50. Faut-il que ce qui fait le plus d'honneur à l'esprit humain soit souvent ce qui est le moins utile. Un homme avec les quatre règles d'arithmétique, et du bon sens, devient un bon négociant, un Jacques Coeur, un Delmet, un Bernard; tandis qu'un pauvre algébriste passe sa vie à chercher dans les nombres des rapports et des propriétés étonnantes, mais sans usage, et qui ne lui apprendront pas ce que c'est que le change.

51. Il y a un point passé lequel les recherches ne sont plus que pour la curiosité. Ces vérités ingénieuses et inutiles ressemblent à des étoiles qui, placées trop loin de nous, ne nous donnent point de clarté.

52. Notre existence est un point, notre durée un instant, notre globe un atome. A peine a-t-on commencé à s'instruire un peu, que la mort arrive avant qu'on ait de l'expérience.

53. N'être point occupé et n'exister pas, est la même chose pour l'homme, Toute la différence consiste dans les occupations douces ou tumultueuses, dangereuses ou utiles.

54. Il ne se fait rien de grand dans le monde, que par le génie et la fermeté d'un seul homme qui lutte contre les préjugés de la multitude.

55. C'est le privilége du vrai génie, et surtout du génie qui ouvre une carrière, de faire impunément de grandes fautes.

56. Il y a très peu d'hommes vraiment originaux presque tous se gouvernent, pensent et sentent par l'influence de la coutume et de l'éducation. Rien n'est si rare qu'un esprit qui marche dans une route nouvelle; mais parmi cette foule d'hommes qui vont de compagnie, chacun a de petites différences dans la démarche, que les vues fines aperçoivent.

57. Quiconque a le genie de son art, passe bien vite et sans effort du petit au grand.

58. La gloire, comme dit Newton dans sa dispute avec Leibnitz, n'est due qu'à l'inventeur ceux qui viennent après ne sont que les disciples.

59. C'est dans les siècles les plus barbares que se sont faites les plus utiles découver tes. Il semble que le partage des temps les plus éclairés, et des compagnies les plus savantes, soit de raisonner sur ce que des ignorants ont inventé.

60. On n'a point de génie sans feu; mais on peut avoir du feu sans génie.

61. Ce mot, homme d'esprit, n'annoncs point de prétention, et le bel esprit est une

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