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Un torrent ne ravage les campagnes, que lorsqu'on ne lui creuse pas un lit. (Fox.) On doit toujours, et partout, commencer par le commencement, tandis qu'on ne cherche partout et toujours que la fin.

(GOETHE.)

On court après l'esprit, on dédaigne le bon sens, et sans lui pourtant il n'y a pas de bonheur durable. Le bon sens va droit au but. Il ne s'amuse pas en route; il n'est ni sensible ni timide: il est positif, se rend compte des choses, les analyse, les voit telles qu'elles sont et agit raisonnablement. Le bon sens a autant de puissance que la science; il a l'instinct du vrai; il est ennemi des paradoxes, des théories; il prend la vie au sérieux; il exerce un contrôle surtout ce qui l'entoure; il admet des opinions au point de vue de l'intérêt général et du bonheur de tous. Le bon sens ne fait pas de raisonnements philosophiques d'une haute portée; il ne s'enfonce pas dans les profondeurs de la métaphysique; il croit simplement à Dieu et à une autre vie; i comprend que Dieu ne peut pas être injuste envers l'homme, et que le législateur des mondes qui a créé de si belles lois, ne peut pas avoir créé le monde pour un but injuste et immoral. Il y a des jours où notre bon sens s'en va dans la fiole d'Astolphe, on dirait qu'il a déserté le logis: c'est lorsque l'homme est fasciné par les passions. Ce temps-là ne dure pas: l'homme bien organisé rentre promptement dans les conditions normales de la vie. Il est difficile que T'homme qui écoute la voix du bon sens ne se fasse pas une position à peu près heureuse dans le monde. (DE MÉRICLET.)

BONTÉ. Ne se pas fâcher quand il le faut, c'est fomenter le péché. (S. BERNARD.)

1. Nul ne mérite le titre de bon, s'il n'a pas la force et la hardiesse d'être méchant : toute autre bonté n'est le plus souvent qu'une paresse ou une impuissance de la volonté.

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2. Rien n'est plus rare que la véritable bonté; ceux mêmes qui croient en avoir, n'ont d'ordinaire que de la complaisance ou de la faiblesse. (LA ROCHEFOUCAULD.) On doit être bon de telle manière, que les autres n'en prennent pas occasion d'être mauvais. (DE VERNAGE.) La douceur qui vient de la pusillanimité ou de l'indolence, n'est point bonté. Pour être bon, il faut savoir ne l'être pas toujours. (AMELOT DE LA HOUSSAYE.) BOSSUS (Prov.). Afin de prémunir contre les dangers d'une mauvaise cuisine, vieux proverbe dit: Veau mal cuit et poulets crus, font les cimetières bossus.

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BOTTES (Prov.). On dit de celui qui s'est enrichi par des moyens illicites: Il a mis du foin dans ses bottes. Tels étaient autrefois la plupart des traitants, certains officiers ministériels, e tutti quanti.

BOUCHON (Prov.). On donne ce nom dans les provinces de France, à un, faisceau de branches d'arbres qui sert d'enseigne aux cabarets, et de là est venue ce proverbe: A bon vin il ne faut pas de bouchon. Les anciens, qui faisaient usage du lierre en pareil cas, disaient: Vino vendibili suspensa hedera nihil opus est.

BOURGEOIS. L'air bourgeois, dit La Rochefoucauld, se perd quelquefois à l'armée; mais il ne se perd jamais à la cour.

BOURGEOISIE. Selon le docteur Véron, la bourgeoisie est, en politique, un élément trop mobile, trop capricieux, trop facile à intimider ou à duper, pour qu'un gouvernement puisse trouver en elle un appui résistant, intelligent et durable.

BOURGES (Prov.). César assiégeait cette ville, défendue par Vercingétorix, chef gaulois. Celui-ci ayant ordonné une sortie, en confia le commandement à Asinius Pollio; mais cet officier se trouvant malade, se fit remplacer par un lieutenant. Les Gaulois furent ramenés par les Romains jusqu'aux portes de la ville, où Asinius se fit alors transporter sur une chaise pour ranimer le courage des soldats qui, en effet, repoussèrent à leur tour les Romains. On conserva le souvenir de cet officier qui avait assisté au combat sur une chaise; mais on finit par confondre Asinius avec Asinus, ce qui a fait croire et dire que les armes de Bourges sont un âne assis sur une chaise. De là aussi le proverbe: Figurer les armes de Bourges, qu'on applique à quelqu'un qui se prélasse sur une chaise ou dans un fauteuil.

BOURRACHE. L'école de Salerne avait consacré à cette plante ce distique proverbial:

Cardiaque, inspirant une aimable folie
La bourrache nous dit : point de mélancolie.

BRAS (Prov.). On dit proverbialement: Jeter la pierre et cacher le bras, pour exprimer l'action de quelqu un qui fait le mal d'une manière si dissimulée qu'on ne le soupçonne pas. Jadis on faisait usage aussi, dans le même sens, de cet autre proverbe : Fait de vilain, jeter la pierre et cacher la main.

BRUIT (Prov.). Pour peindre les gens qui parlent beaucoup et travaillent peu, on dit d'eux: Plus de bruit que de besogne; ou bien: Plus de paroles que d'effet. Les Italiens ont aussi ce proverbe : La plus mauvaise roue d'un charriot fait toujours le plus de bruit.

BUISSON CREUX (Prov.). Lorsqu'on veut exprimer que quelqu'un n'a pas rencontré ce qu'il espérait, on dit qu'il a trouvé buisson creux, locution empruntée des chas

seurs.

CALENDRIER GREC (Prov.). On dit, proverbialement, renvoyer au calendrier grec, pour désigner une époque illusoire, ou une époque à laquelle on ne sera pas plus avancé qu'au point d'où l'on part. C'est calendes grecques qu'il faudrait dire. Cette expression vient de ce qu'il n'y a pas de jour dans l'année que les Grecs aient nommé calendes: Celles-ci étaient le premier jour du mois chez les Romains.

CALOMNIE. Un calomniateur, dit l'abbé Prévost, est capable des derniers crimes. CAMELOT (Prov.). Le camelot était une sorte d'étoffe dont on faisait jadis un grand usage, et l'on disait alors, proverbialement, de quelqu'un qui avait contracté de mauvaises habitudes: Il est comme le camelot, il a pris son pli.

CANCAN (Dicton.) Le célèbre Ramus avait attaqué, dans une grammaire, la manière dont, à son époque, on prononçait le latin; mais la réforme qu'il proposait ne convint point à la Sorbonne, qui décida, par exemple, que la lettre Q se prononçerait comme le K et que l'on dirait kankan, au lieu de quamquam. Il naquit de cette querelle un acte arbitraire dont la répression fut soumise au parlement, devant lequel on plaida, de part et d'autre, avec la plus grande chaleur, et où le mot kankan fut cent fois répété. Il en résulta que lorsqu'on voulut ensuite quaJifier une discussion bruyante et ayant peu de fondement, on la désigna sous le nom de kankan ou cancan. Aujourd hui, on désigne par le même nom les contes malveillants et calomnieux qui sont le fruit de la sottise et de l'oisiveté. Faire des cancans, c'est se rendre coupable d'une mauvaise action.

CAPACITÉ. En général, dit La Beaumelle, on exige trop de talents pour les petits emplois, et on en exige trop peu pour les grands.

CARACTÈRE. L'esprit chagrin est de tous les génies le plus mauvais. (A BRUYERE.)

On dit d'un homme qu'il n'a point de caractère, lorsque les traits de son âme sont faibles, légers, changeants; mais cela même fait un caractère, et l'on s'entend bien là-dessus. (VAUVENARGUES.)

On réforme les actes, mais on ne change point le caractère. (A. de ChesnEL.) CARACTÈRE. (Prov.). Un proverbe turc dit Crois, si tu veux, que des montagnes ont changé de place; mais ne crois pas que les hommes puissent changer de caractère.

CAREME. Le carême est bien court, dit Franklin, pour ceux qui doivent payer à Pâques.

CAREME (Prov.). On dit proverbialement d'une chose qui se présenté à propos: Elle arrive comme murée en carême; et d'une qui ne saurait manquer d'avoir lieu en certain temps: Elle vient comme mars en carême.

CARON (Dicton). On sait que, dans la

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mythologie grecque et romaine, Caron était le nocher qui, dans sa barque, passait les ombres qui avaient à franchir le Styx et l'Achéron, fleuves de l'enfer. Autrefois, on faisait usage de ce dicton: Et de Caron pas un mot, pour signifier qu'on s'occupait d'une foule de choses en oubliant la principale; et one faisait dériver d'un dialogue de Lucien, intitulé: Caron ou le contemplateur. L'auteur nous montre d'abord Caron exprimant sa surprise de ce qu'aucun des mortels qui entrent dans sa barque n'est exempt de verser des larmes. Désireux de s'éclaircir sur la cause de cette singularité, il vient faire une apparition sur la terre, et y prend pour guide Mercure qui, après avoir entassé plusieurs montagnes, les unes sur les autres, le conduit au sommet de cet amas, et lui fait découvrir de là tout l'univers, avec le spectacle des hommes qui s'y agitent de toutes parts. Le fils de l'Erèbe et de la Nuit, remarque très-bien que ceux-ci accumulent des richesses, que ceux-là sont à la poursuite des honneurs, que d'autres n'éprouvent que la soif des combats, et surtout que le plus grand nombre ne songe qu'à se procurer des plaisirs de toute nature. Caron, presque révolté de tout ce dont il est témoin, s'écrie alors, en reprenant le chemin de sa barque: << Dieux ! qu'est-ce que la pauvre humanité ! rois, lingots, sacrifices, combats, et de Caron pas un mot ! »

CASSE (Prov.). On emploie quelquefois le proverbe suivant vis-à-vis d'une personne à qui l'on refuse de faire ce qu'elle désire: Si c'est du grès, on vous en casse. Suivant Duchat, le mot grès ferait allusion. ici à celui de grec, parce qu'avant la Renaissance, il était d'usage, lorsqu'on rencontrait du grec dans une lecture publique, de dire: Græcum est, non legitur; « C'est du grec, on vous en passe. »

CATIMINI (Prov.). Mot composé de l'adjectif catus, circonspect, et de la finale mini, commune à plusieurs autres mots fabriqués à plaisir. On dit proverbialement de quelqu'un dont les actions ont lieu sans bruit, qu'il agit en catimini.

CATON. On nous a conservé les conseils suivants donnés par ce sage à son fils. 1. Honore Dieu.

2. Aime tes parents.
3. Considère tes proches.
4. Respecte ton maître.

5. Conserve ce qui t'a été donné.
6. Salue volontiers,

7. Cède à tes supérieurs

8. Sois indulgent envers tes inférieurs. 9. Soigne tes affaires. 10. Sois retenu. 11. Sois exact.

12. Fais des lectures.

13. Garde dans ta mémoire ce que tu as lu. 14. Aie soin de ta famille.

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52. Souffre la loi que tu as faite.

53. Parle peu à table.

54. Applique-toi à suivre la justice. 55. Livre-toi volontiers à l'amour honnête. CAUSES FINALES. « Si l'intelligence, dit M. de Mériclet, n'eût pas présidé à la création, comment l'homme, en supposant qu'il eût été créé par les milles chances du hasard, aurait-il pu trouver une compagne dans les conditions les plus accomplies de reproduction? Comment le hasard aurait-il pu produire l'échelle tout entière de la création, à commencer par le plus infime insecte jusqu'à l'éléphant? Est-ce que le hasard pourrait ainsi manipuler la nature? Vous admettez que la matière a cette puissance, vous admettez aussi que ses forces sont aveugles et sans intelligence, pourquoi ne produit-elle plus de germes nouveaux? Mais si Dieu n'eût pas animé l'homme de son souffle divin, la matière aurait-elle produit l'intelligence? Il suffit de décomposer la machine humaine pour y découvrir les traces d'un plan tout y est admirablement arrangé, et tout avec un but de prévoyance et d'utilité. Pouvez-vous

croire que le hasard a créé un cœur avec la faculté d'aimer et de prier; une bouche avec la faculté de parler; un œil et la faculté de voir; un cerveau et la faculté d'aller chercher Dieu dans les profondeurs du ciel, de le bénir de ce qu'il a permis que nous puissions admirer le magnifique ta bleau du monde! Allez un jour dans l'étroit sentier du champ de blé, examiner des épis; voyez cette légère pellicule qui les enveloppe, les longues barbes qui les protégent: c'est pour les garantir de l'action desséchante du soleil. Voyez ce pampre vert qui s'étend sur les pommes de terre : c'est afin de conserver l'humidité nécessaire pour les faire promptement grossir. Voyez la noix et l'amande sous l'écorce qui les protége? Qui a garanti les épis? Quí a enveloppé cette amande? Qui a posé une paupière sur l'œil de l'homme pour le défendre de l'éclat du soleil ? N'est-ce pas Dieu, un être intelligent? Peut-on le nier, en présence de tant de preuves de prévoyance et de bonté. >>

M. de Mériclet aurait pu ajouter : « Oh philosophes orgueilleux? après le spectacle que vous avez incessamment sous les yeux, que vous seriez ineptes, si vous n'étiez dé mauvaise foi! Que vous seriez à plaindre, si vous n'étiez coupables! que vous seriez dignes de courroux, si cet être miséricordieux dont vous vous efforcez en vain d'attaquer la puissance, ne demeurait, comme tout ce qui est fort, calme en présence de votre délire! L'homme vous accablerait de son mépris ou de sa colère: Dieu n'éprouve aucun ressentiment et vous livre à la conscience qu'il a mise en vous. >>

CAVALIER (Prov.). Pour exprimer qu'un homme habile est propre à beaucoup de choses, on dit : Bon cavalier monte à toute main.

CEINTURE DORÉE (Prov.). C'était la coutume, au x siècle, de se donner mutuellement à l'église le baiser de paix, au moment où le prêtre qui disait la messe prononçait ces paroles: Que la paix du Seigneur soit toujours avec vous. La reine Blanche, épouse de Louis VIII, se trouvant un jour placée près d'une courtisane, reçut d'elle ce baiser de paix et le lui rendit, car le costume de cette fille semblait annoncer une femme de bonne condition. Afin qu'un pareil scandale ne se reproduisit pas, on rendit une ordonnance qui défendait aux femmes de mauvaise vie, de porter des robes à queue, des collets renversés, et surtout une ceinture dorée. Comme cette ordonnance fut généralement violée, les femmes honnêtes s'en consolèrent en disant: Bonne renommée vaut mieux que ceinture dorée.

CÉLÉBRITÉ. Un roi, dit Marmontel, qui aura passé sa vie à entretenir dans ses états l'abondance, l'harmonie et la paix, tiendra peu de place dans l'histoire. On dira de lui froidement: Il fut bon; on ne dira jamais Il fut grand.

CELESTIN. (Prov.). On rapporte qu'autre

fois, à Rouen, les moines du couvent des Célestius étaient exemptés de payer l'entrée de leur vin, à condition que l'un d'eux, marchant en avant de la charrette, ne manquerait pas de faire une espèce de saut, en passant devant l'hôtel du gouverneur. Un jour, que celui-ci se trouvait à une fenêtre pendant que le religieux acquittait cette singulière redevance, et ce religieux ayant fait sa cabriole avec une agilité inaccoutumée, le gouverneur ne put s'empêcher de s'écrier Voilà un plaisant célestin! Dépuis lors cette exclamation passa en proverbe pour désigner quelqu'un dont la gaité allait un peu trop loin.

CENSEURS. Un de nos brillants écrivains a défini comme suit ces censeurs moroses qui viennent incessamment, ainsi que la chouette, troubler votre tranquillité par leurs sinistres accents: « Il y a des gens qui ont le triste avantage de voir clairement le malheur des autres et de le prédire avec une joie malicieuse, pour se consoler d'être étrangers aux biens et aux maux des vivants; momies qui ont des sentences écrites sur parchemin à la place du cœur, et qui mettent leur gloire à étaler leur fatal bon sens et leur raison impitoyable à défaut d'affection et de bonté. »>

CERNOIR. (Prov.). Sorte de couteau dont on fait usage pour cerner les noix. On dit d'une personne qui à force de changer la destination d'un objet le réduit presque à rien, qu'elle fait de l'arbre d'un pressoir, le manche d'un cernoir.

CHAGRIN. Il y a autant de folie à se rire de tout, qu'à se chagriner de tout. (DE VERNAGE.) Entreprendre de consoler celui qui veut être inconsolable, c'est lui disputer la seule consolation qui lui reste. (X.)

ni larmes.

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Il est des gens si sensibles, qu'ils nous affligent de leurs propres douleurs. (M DE NECKER.) Il est des chagrins qui n'ont ni plaintes, (M COTTIN.) CHAMPAGNE (Prov.). Les foires de cette province étaient autrefois très-renommées, comme celles de Troyes, de Reims, de Provins, etc., et l'on disait alors d'un homme qui ignorait beaucoup de choses utiles: I ne sait pas toutes les foires de Champagne.

CHAMPENOIS ET MOUTONS (Prov.). Thibault, comte de Champagne, avait rendu un édit qui établissait que chaque troupeau de cent moutons paierait, en entrant dans les villes, une certaine taxe. Pour se soustraire à cet impôt, les bergers imaginèrent de ne compter que quatre-vingt-dix-neuf moutons au plus pour composer le troupeau entrant; mais Thibault ayant eu connaissance de ce subterfuge, décida qu'à l'avenir le berger compterait pour un mouton. C'est ce qui a donné naissance à ce proverbe : Quatre-vingt-dix-neuf moutons et un champenois font cent bêtes.

CHANDELEUR (Prov.). On dit proverbialement A la chandeleur les grandes douleurs,

pour exprimer que c'est l'époque des grands froids.

CHANDELLE (Prov.). On employait autrefois ce proverbe pour peindre une personne ménagère en bagatelles: Brûler une chandelle d'un liard, à chercher une épingle dont le quarteron ne vaut pas un denier. On dit encore, à peu près dans le même sens : Ménager de bouts de chandelles: enfin, les Italiens ont aussi ce proverbe Fermer le fausset et laisser couler le bondon.

CHAPON (Prov.). Pour exprimer qu'un cadeau en amène communément un autre; on dit proverbialement: Qui chapon donne, chapon lui vient.

CHARBONNIER (Prov.). François I s'étant égaré dans une partie de chasse, arriva de nuit chez un charbonnier qui lui donna asile. Cet habitant de la forêt ne se doutait pas qu'il se trouvait en présence du roi ; mais quoiqu'il vit que son hôte était un grand seigneur, il n'en conserva pas moins la meilleure place qu'il y avait à table, en disant simplement au prince: Charbonnier est maître chez soi. Quelques-uns rattachent cette anecdote à Henri IV.

CHARDON (Prov.). Cette plante forme les armoiries de la ville de Nancy, avec cette legende: Non impune premor: « On ne s'y frotte pas impunément. Charles le Téméraire, duc de Bourgogne, ayant été défait devant cette place, le 5 janvier 1477, les habitants, faisant alors allusion à leurs armoiries, ne manquèrent pas de répéter avec orgueil Qui sy frotte s'y pique. Cette phrase est devenue proverbiale, et s'applique dans une foule de cas.

CHARITÉ. L'une des vertus les plus éminentes qui puissent distinguer l'homme, et le rendre digne de l'avenir que Dieu réserve à ses élus, est sans contredit la charité, puisqu'elle a pour but d'amoindrir les privations auxquelles le pauvre est soumis ici-bas. Pour êire toujours profitable, cette charité réclame une sorte de discernement dans la manière dont elle est exercée; mais lors même qu'elle donne à reprendre sous ce rapport, elle n'en est pas moins agréable au Tout-Puissant, parce qu'ici l'intention seule est la preuve incontestable du sentiment religieux qui domine dans l'âme du bienfaiteur. Soyons donc charitables aussi souvent que nous trouvons l'occasion de l'être, et que nous en avons la faculté; et ne considérons que comme chose secondaire l'étude de la meilleure règle de répandre les bienfaits.

Si vous avez beaucoup, donnez beaucoup; si vous avez peu, donnez peu, mais donnez toujours. (TOBIE.)

1. Donne au mendiant, reçois l'exilé dans ta maison, sois le conducteur de l'aveugle, tends la main à celui qui tombe, secours l'homme abandonné. Tous les hommes boi-vent à la coupe des maux.

2. Ne dis pas au malheureux de revenir demain donne-lui à l'instant même. Si tu ne peux rien lui donner, ne le rebute point.

150 Ne sois pas pour le pauvre un créancier ri- nière: Tirer les écrevisses de leur trou avec goureux. (PHOCYLIDE.) la main du voisin. Enfin le chat fait encore Celui qui ferme l'oreille au cri du pau- les frais des proverbes suivants : vre, criera lui-même, et il ne sera pas entendu. (SALOMON.)

Aimons les autres comme nous-mêmes; mesurons les autres par nous, estimons leurs peines et leurs jouissances par les nôtres; quand nous leur souhaiterons ce que nous désirons pour nous-mêmes; quand nous craindrons ce qui fait le sujet de nos propres craintes, alors nous suivrons les Íois de la véritable charité. (CONFUCIUS.) Tourne ton cœur vers le pauvre, et paie ta dette. (S. AMBROISE.) Le soulagement des hommes souffrants est le devoir de tous et l'affaire de tous. (TURGOT.)

Si chacun faisait le bien qu'il peut faire sans s'incommoder, il n'y aurait point de malheureux parmi les hommes. (DUCLOS.)

Je pense que le meilleur moyen de faire du bien aux pauvres n'est pas de les mettre à l'aise dans leur pauvreté, mais de les tirer hors de cet état. (FRANKLIN.)

N'attristez point le cœur du pauvre, qui est déjà accablé de douleur, et ne différez pas de donner à celui qui souffre.

(L'Ecclésiastique.)

Celui-là est vraiment grand qui a une grande charité. (Imitation de Jésus-Christ.) La charité sanctifie les actions les plus communes, et l'orgueil corrompt les plus sublimes vertus. (Maximes chrétiennes.)

CHARITÉ (Prov.). Nos pères disaient : Qui tôt donne, deux fois donne, d'après cette pensée de Sénèque : Bis dat qui cito dat. Ils employaient encore ce proverbe Petit présent trop attendu n'est point donné, mais bien vendu. Faire attendre celui qui a besoin a fait au contraire écrire à Ausone : Gratia quæ tarda est, ingrata est gratia.

CHARITÉ CHRÉTIENNE. « La charité, »> dit Guillaume Penn, « voit tout du meilleur côté, aussi bien les personnes que les choses. Elle n'espionne point, ne médit point; elle sait excuser les faiblesses, diminuer les fautes; donne la meilleure explication à tout; pardonne et rend service à tous. >>

CHARLATAN. « Tout le monde, dit Sénèque, fait le métier de charlatan. » Sénèque exagère ce serait trop triste pour l'espèce humaine.

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CHARRETTE (Prov.). Dans l'intention d'établir qu'il est plus difficile de diriger que d'être contraint de suivre, un proverbe dit : Il vaut mieux être cheval que charrette.

CHAT (Prov.). Pour exprimer qu'il est prudent de laisser en repos un ennemi dangereux, nous disons aujourdhui : Il ne faut pas réveiller le chat qui dort; mais nos pères employaient cet autre proverbe : Il ne faut pas courroucer la fée. Il est aussi un dicton qu'on applique aux gens qui s'emparent du Jabeur d'autrui pour en tirer un profit personnel, c'est celui-ci : Faire comme le singe, tirer les marrons du feu avec la patte du chat; ce que les Italiens figurent de cette ma

1. Jamais chat emmitoufflé (embarrassé) ne prit souris.

2. Chat échaudé craint l'eau froide. 3. Il est du naturel du chat, il tombe toujours sur ses pieds.

4. Quand les chats n'y sont pas, les souris dansent.

On dit également, pour faire comprendre qu'une chose est impossible: C'est le nid d'une souris dans l'oreille d'un chat.

CHAUD ET FROID (Prov.). On a l'habitude de dire, d'un homme déloyal qui fait métier d'approuver tour à tour l'opinion de chacun, qu'il souffle le chaud et le froid. Ce proverbe vient de cet apologue: Un satyre ayant donné l'hospitalité dans sa grotte à un voyageur, remarqua que celui-ci, après avoir soufflé sur ses doigts pour les réchauffer, souffla également sur sa soupe pour la refroidir. Il lui demanda la raison, et l'ayant reçue il mit son hôte à la porte en lui disant: « Je n'aurai jamais accointance ni amitié avec toi, puisque d'une même bouche tu souffles le froid et le chaud. >>

CHAUSSES (Prov.). Les religieux que l'on nommait Feuillants, devaient marcher nu-pieds d'après les conditions de leur règle. Toutefois, lorsqu'ils s'éloignaient dans la campagne, il leur était permis de se chausser. De là naquit ce proverbe : Va te promener, tu auras des chausses.

CHEMINÉE (Prov.). Les anciens, el surtout les Romains, avaient coutume de marquer d'une pierre blanche les jours heureux, et d'une pierre noire les jours malheureux, et c'était principalement sur la cheminée qu'ils traçaient leurs signes mné moniques. Depuis on a fait usage, lorsqu'une personne inattendue se présente tout à coup, de ce proverbe : Il faut faire une croix à la cheminée.

CHEMINÉE DU ROI RÉNÉ (Prov.). Réné, roi de Sicile et comte d'Anjou et de Provence, résidait surtout dans cette dernière souveraineté, où il se plaisait à mener une vie simple, telle que les poëtes nous peignent celle des bergers de Thessalie. Il faisait des chansons, composait de la musique et inventait des fêtes; mais ses occupations les plus chères étaient de cultiver des fleurs, de tailler les arbres, et même de garder un troupeau avec Jeanne de Laval, sa femme. Toutes ses habitudes étaient des plus modestes; il aimait à causer avec tout le monde; et l'on remarquait surtout qu'il allait fréquemment se chauffer au soleil, soit devant la porte de son palais, soit sur les places publiques, où il partageait cette douceur avec ses sujets les plus misérables. De là vint le proverbe : Se chauffer à la cheminée du roi Réné, pour exprimer qu'on se chauffe aux rayons du soleil.

CHENE (Dicton). Comme les anciens avaient l'habitude d'exposer quelquefois des enfants dans des grottes ou dans des creux d'arbres, on disait proverbialement de quel

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