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à travers les nuages dont l'injustice et la chicane cherchent à l'obscurcir, pour arracher à l'imposture le masque de l'innocence, pour discerner l'innocence malgré l'embarras, la frayeur ou la maladresse qui semblent déposer contre elle, pour distinguer l'assurance de l'innocence d'avec l'audace du coupable; pour connaître également et concilier l'équité naturelle et la loi positive; pour faire céder l'une à l'autre, suivant l'intérêt de la société, et par conséquent de la justice même.

Faut-il moins de qualités dans l'orateur, pour éclaircir et présenter l'affaire sur la quelle le juge doit prononcer, pour diriger les lumières du magistrat et quelquefois les lui fournir? car je ne parle point de l'art criminel d'égarer la justice.

Quel discernement, quelle finesse de discussion n'exige pas l'art de la critique !

Quelle force de génie ne faut-il pas pour imaginer certains systèmes qui peut-être sont faux, mais qui n'en servent pas moins à expliquer des phénomènes, constater, concilier des faits, et trouver des vérités nouvelles?

Quelle sagacité dans les sciences pour inventer des méthodes qui prouvent l'étendue des lumières dans les inventeurs, et dont l'utilité est telle, qu'elle guide avec certitude ceux mêmes qui n'en conçoivent pas les principes?

Cependant plusieurs de ces philosophes sont à peine connus; il n'y a de célèbres que ceux qui ont fait des révolutions dans les esprits; tandis que ceux qui ne sont qu'utiles restent ignorés. Les hommes ne méconnaissent jamais plus les bienfaits, que lorsqu'ils en jouissent avec tranquillité.

La gloire du bel esprit est sentie et publiée par le commun des hommes, qui sont jusqu'à un certain point en état d'en concevoir les idées, et qui se sentent incapables de les produire sous la forme où elles leur sont présentées: de là naît leur admiration. Au lieu que les philosophes ne sont sentis que par des philosophes, ils ne peuvent prétendre qu'à l'estime de leurs pairs; c'est jouir d'une considération bien bornée.

Mais pourquoi entrer dans un examen détaillé des occupations qu'on regarde comme appartenant principalement à l'esprit ? Il y en a beaucoup d'autres qu'on ne range pas ordinairement dans cette classe-là, et qui n'en exigent pas moins.

Doutera-t-on, par exemple, qu'il ne faille une grande étendue de lumières pour imaginer une nouvelle branche de commerce, ou pour en perfectionner une déjà établie ?

On avouera sans doute qu'on ne peut pas refuser l'esprit à ceux qui se sont illustrés dans les différentes carrières dont je viens de parler, mais on dira qu'il n'en faut pas beaucoup pour y marcher faiblement. Pour réponse à cette distinction, il suffit d'en faire une pareille, et de demander quel cas on fait de ceux qui rampent dans la littérature; on va jusqu'à l'injustice à leur

égard, en les estimant moins qu'ils ne le méritent.

On fait encore une objection dont on est frappé, et qui est bien faible. On remarque, dit-on, qué plusieurs hommes se sont fait un nom dans les arts, ou dans certaines sciences, quoiqu'ils fussent incapables de toutes les autres choses auxquelles ils s'étaient d'abord inutilement appliqués; et que', loin d'être en état de produire le moindre ouvrage de goût et d'agrément, à peine atteignent-ils au courant de la conversation. Dès là on prend droit de les regarder comme des espèces de machines dont les ressorts n'ont qu'un effet déterminé.

Mais croit-on que tous ceux qui se sont distingués dans le bel esprit eussent été également capables de toutes les autres productions, et des différents emplois de la société? Ils n'auraient peut-être jamais été ni bons magistrats, ni bons commerçants, ni bons artistes. Sont-ils bien sûrs qu'ils y auraient été propres ? Ce qu'ils ont pris chez eux pour répugnance sur certaines occupations, pouvait être un signe d'incapacité autant que de dégoût. N'y aurait-il point d'exemples de beaux esprits distingués qui fussent assez bornés sur d'autres articles, même sur ce qui paraît avoir le plus de rapport avec l'esprit, tel que le simple talent de la conversation, car c'en est un comme un autre? On en trouverait sans doute des exemples, et l'on aurait tort d'en être étonné,

Pour faire voir que l'universalité des talents est une chimère, je ne veux pas chercher mes autorités dans la classe commune des esprits; montons jusqu'à la sphère de ces génies rares, qui, en faisant honneur à l'humanité, humilient les hommes par la comparaison. Newton qui a deviné le système de l'univers, du moins pour quelque temps, n'était pas regardé comme capable de tout par ceux mêmes qui s'honoraient de l'avoir pour compatriote.

Guillaume III, qui se connaissait en hommes, étant embarrassé sur une affaire politique, on lui conseilla de consulter Newton. Newton, dit-il, n'est qu'un grand philosophe. Ce titre était sans doute un éloge rare; mais enfin, dans cette occasion là, Newton n'était pas ce qu'il fallait, il en était incapable, et n'était qu'un grand philosophe.

Il est plus que vraisemblable que, s'il eût appliqué à la science du gouvernement les travaux qu'il avait consacrés à la connaissance de l'univers, le roi Guillaume n'eût pas dédaigné ses conseils.

Dans combien de circonstances, sur combien de questions le philosophe n'eût-il pas répondu à ceux qui lui auraient conseillé de consulter le monarque: Guillaume n'est qu'un politique, qu'un héros, qu'un grand roi.

Le prince et le philosophe étaient également capables de sentir les limites de leur génie au lieu qu'un homme d'imagination regarderait comme une injustice d'être ré

cusé sur quelque mauere que ce pût être. Les hommes de ce caractère se croient capables de tout; l'inexpérience même fortifie leur amour-propre, qui ne peut s'éclairer que par des fautes, et diminuer par des connaissances acquises.

Les plus grandes affaires, celles du gouvernement, ne demandent que de bons esprits; le bel esprit y nuirait, et les grands esprits y sont rarement nécessaires. Ils ont des inconvénients pour la conduite, et ne sont propres qu'aux révolutions; ils sont nés pour édifier ou pour détruire. Le génie a ses bornes et ses écarts; la raison cultivée suffit à tout ce qui nous est nécessaire.

Si, d'un côté, il y a peu de talents si décidés pour un objet, qu'il eût été absolument impossible à celui qui en est doué de réussir dans toute autre chose, on peut, d'un autre côté, soutenir que tout est talent, c'est-à-dire en général, qu'avec quelque disposition naturelle on peut, en y joignant de l'application, et surtout des exercices réitérés, réussir dans quelque carrière que ce puisse être. Je ne prétends avancer qu'une proposition génerale, et j'excepte les génies et les hommes totalement stupides; deux sortes d'êtres presque également rares.

On voit par exemple des hommes qui ne paraissent pas capables de lier deux idées ensemble, et qui cependant font au jeu les combinaisons les plus compliquées, les plus sûres et les plus rapides. Il faut nécessairement de l'esprit pour de telles opérations; on dit qu'ils ont l'esprit du jeu. Mais s'il n'y avait aucun jeu d'inventé, croit-on que ces joueurs si subtils eussent été réduits à la seule existence matérielle? Cet esprit de calcul et de combinaison aurait pu être appliqué à des sciences qui leur auraient peut-être fait un nom.

Les circonstances décident souvent de la différence des talents. C'est ainsi que le choc du caillou fait sortir la flamme en rompant l'équilibre qui la retenait captive.

Ce qui est beaucoup plus rare que les grands talents, c'est une flexibilité d'esprit qui saisisse un objet, l'embrasse, et puisse ensuite se replier vers un autre, qui en pénètre l'intérieur avec force, et qui le présente avec clarté. C'est une vue qui, au lieu d'avoir une direction fixe, déterminée, et sur une seule ligne, a une action sphérique. Voilà ce qu'on peut appeler l'esprit de lumière: il peut imiter tous les talents, sans toutefois les porter au même degré que les hommes qui y sont bornés; mais s'il est quelquefois moins brillant que les talents, il est beaucoup plus utile.

Les talents sont ou deviennent personnels à ceux qui en sont doués, ou qui les ont acquis par l'exercice; au lieu que l'esprit de lumière se communique, et développe celui des autres hommes. Cet esprit même qui semble appartenir uniquement à la nature, a presque autant besoin d'exercice pour se perfectionner que les talents. Les gens doués de cet esprit ne peuvent pas fignorer, quelque modestes qu'ils soient;

la modestie n'est et ne peut-être qu'une vertu extérieure. Mais si la présomption les gagne, s'ils viennent à s'exagérer leur esprit, ou prenant leur facilité à s'instruire pour les connaissances mêmes, leur prévoyance, leur sagacité pour l'expérience, ils tombent dans des bévues plus grossières que ne font les hommes bornés et appliqués. L'esprit est le premier des moyens, il sert à tout et ne supplée presque à rien.

Dans l'examen que je viers de faire, mon dessein n'est assurément pas de dépriser le vrai bel esprit. Tout peut, à la verité, être regardé comme talent, ou si l'on veut comme métier. Mais il y en a qui exigent un as.. semblage de qualités rares, et le bel esprit est du nombre. Je prétends seulement que s'il est dans la première classe, il n'y est pas seul; que si l'on vent lui donner une préférence exclusive, on joint le ridicule à l'injustice; et que si la manie du hel esprit augmente, ou se soutient longtemps au point où elle est, elle nuira infailliblement à l'esprit.

C'est contre l'excès et l'altération du bien qu'on doit être en garde; le mal exige moins d'attention, parce qu'il s'annonce assez de Jui-même; et, pour finir par un exemple qui a beaucoup de rapport à mon sujet, ce serait un problème à résoudre, que d'examiner combien l'impression a contribué au progrès des lettres et des sciences, et combien elle y peut nuire. Je ne veux pas m'engager dans une discussion qui exigerait un traité particulier; mais je demande simplement qu'on fasse attention que si l'impression a multiplié les bons ouvrages, elle favorise aussi un nombre effroyable de traités sur différentes matières; de sorte qu'un homme qui veut s'appliquer à un genre particulier, l'approfondir et s'instruire, est obligé de payer à l'étude un tribut de lectures inutiles, rebutantes, et souvent contraires à leur objet. Avant que d'être en état de choisir ses guides, il a épuisé ses forces.

Ainsi le plus grand service que les sociétés littéraires pourraient rendre aujourd'hui aux lettres, aux sciences et aux arts, serait de faire des méthodes, et de tracer des routes qui épargneraient du travail, des erreurs, et conduiraient à la vérité par les voies les plus courtes et les plus sûres. (DUCLOS.)

BELLEMENT (Prov.). Pour exprimer que lorsqu'on a faim, on ne saurait manger doucement, un vieux proverbe dit : Qui a faim ne peut manger bellement.

BERTHE (Prov.). C'était la mère de Charlemagne, et son occupation la plus habituelle consistait à filer du lin destiné à fabriquer des ornements d'église. De là quelques écrivains ont employé et emploier t encore cette phrase pour désigner une époque reculée où régnait la simplicité: A temps que Berthe filait.

BESACE (Prov.). On dit d'un mari trop occupé d'épier sa femme: Il est jaloux comme gueux de sa besace. On fait usage aussi de ce proverbe Au plus pauvre la besace. BESOGNE (Prov.). Pour exprimer que

:

c'est déjà beaucoup que d'avoir mis un travail en œuvre, on dit proverbialement : Besogne commencée est à moitié faite.

BIBLIOTHEQUE. On trouve dans Sterne cette spirituelle pensée : « Dans le monde, vous vous trouvez exposé aux caprices du premier venu; dans une bibliothèque, le génie est soumis aux vôtres. »

BIBLOT OU BIMBELOT (Prov.). Sorte de jouet construit de telle manière, que de quelque façon qu'on le pose, il se replace de lui-même sur ses pieds. On s'est alors avisé de dire d'un homme qui sait en toute occasion se tirer d'affaire: Il se trouve toujours sur ses pieds comme un biblot.

BIEN. 1. On fait souvent du bien pour pouvoir impunément faire du mal.

2. Nous aimons mieux voir ceux à qui nous faisons du bien, que ceux qui nous en font. (LA ROCHEFOUCAULD.) L'occasion de faire des heureux est plus rare qu'on ne pense; la punition de l'avoir manquée est de ne la plus trouver. (J. J. ROUSSEAU.) Tout bienfait accordé aux hommes, est un acte de religion envers la divinité.

(THOMAS. Donnez : il est si doux de rêver en silence Aux larmes qu'on a pu tarir! (ED. TURQUETY.)

La bienfaisance n'est pas un enfant qui ait besoin de jouer avec le brocard et l'or: c'est une vertu; et si, pour secourir beaucoup, elle dépensait peu, les gens raisonquel-nables ne pourraient que la bénir davantage. (X.)

2. Le bien que nous avons reçu de qu'un, veut que nous respections le mal qu'il nous fait. (LA ROCHEFOUCAULD.)

Il est des hommes, mais en petit nombre, qui trouvent dans le bien qu'ils font, la récompense de celui qu'ils ont déjà fait.

(A. DE CHESNEL.)

BIEN (Prov.). Il y a des gens d'un trèsheureux optimisme qui, même au sein des plus grandes traverses, ne doutent jamais d'un retour favorable dans leur position, et c'est pour ceux-là qu'a été fait ce proverbe A force de mal tout ira bien.

BIENFAIT. Plaçons nos bienfaits sur ceux qui en ont le plus grand besoin. C'est à quoi l'on manque souvent. On s'empresse d'obliger ceux dont on espère le plus, et qui n'ont besoin de rien. (CICERON.)

1. Le devoir réciproque du bienfaiteur et de l'obligé, c'est que l'un oublie sur-lechamp qu'il a donné, et que l'autre n'oublie jamais qu'il a reçu.

2. Que les bienfaits se présentent sous les traits de la sensibilité, ou du moins sous ceux de la douceur, de la sérénité; que le bienfaiteur n'accable pas de sa supériorité celui qu'il oblige; qu'il ne s'élève pas audessus de lui; qu'il descende à son niveau, pour ne lui laisser voir que la bienveillance; qu'il dépouille son bienfait d'une ostentation importune; qu'il épie le moment favorable; qu'il paraisse plutôt saisir une occasion que soulager un besoin. (SÉNÈQUE.)

Les bienfaits ne sont agréables qu'autant qu'on croit pouvoir les payer des qu'ils vont trop loin, la haine prend souvent la place de la reconnaissance. (TACITE.)

Il est d'une grande âme de repousser les injures par les bienfaits. (CONFUCIUS.)

Une bonne action faite en ce monde reçoit sa récompense dans l'autre, de même que l'eau versée à la racine d'un arbre, reparaît en haut dans les fruits et dans les fleurs. (Doctrine bouddhique.) Un bienfait reproché tient toujours lieu d'offense. (RACINE.)

1. Souvent les bienfaits nous font des énnemis, et l'ingrat ne l'est presque jamais à demi; car il ne se contente pas de n'avoir point la reconnaissance qu'il doit; il voudrait même n'avoir pas son bienfaiteur pour témoin de son ingratitude.

BIGOT (Dicton.). Voici l'origine que Candem donne à ce dicton. Le duc Raoul on Rollon, recevant en mariage la princesse Gissa ou Gisèle, fille de Charles le Simple, roi de France, et avec elle l'investiture de la Normandie, refusa d'abord de baiser les pieds du roi, en signe de vasselage, à moins que le prince ne l'aidat à remplir cette obligation; et pressé de rendre hommage en la forme ordinaire, il répondit: No, bygod! c'est-à-dire non, par Dieu! De là le monarque prit occasion de l'appeler bigod ou bigot, nom qui passa dans la suite aux sujets du duc, et que depuis on a donné aux gens qui affectent une dévotion qui n'est pas dans leur cœur.

:

BISQUE (Dicton.). C'est le nom d'une pique de Biscaye, dont les colonels d'infanterie faisaient encore usage sous Charles IX, lorsqu'ils marchaient à la tête d'un régi ment. On disait alors prendre sa bisque, pour signifier qu'on se mettait en mesure.

BIZARRERIE. Il est dangereux de s'acquérir la réputation de bizarre, parce qu'il n'y a rien qui détruise tant la confiance qu'on pourrait avoir envers nous, et qui nous fasse plus regarder comme des gens avec qui il n'y a aucune mesure à prendre. La raison en est que le fondement de la confiance qu'on a en certaines gens, c'est qu'on les croit incapables de s'écarter de l'honnêteté et de la raison. Or, on a juste défiance des personnes bizarres, parce qu'elles se conduisent par des principes dé(NICOLE.)

raisonnables.

BLAME. Peu de gens sont assez sages pour préférer le blâme qui leur est utile, à la louange qui les trahit.

(LA ROCHEFOUCAULD.) Il n'y a point de front humain qui puisse braver le blâme universel. (DE SERRE.) BLANCHISSEUSE (Prov.). On dit proverbialement de quelqu'un qui a du linge sale: Il porte le deuil de sa blanchisseuse.

BLE(Prov.). Pour exprimer que quelqu'un est surpris de manière à ne pouvoir échapper d'aucune part, un proverbe cit: Eine pris comme dans un blé.

BOEUF (Prov.). Il est des gens assez adroits

pour s'assurer un gros présent au moyen d'un petit. On dit de la ruse de ces habiles: Donner un auf pour avoir un bouf; ou bien, dans le même sens: Donner un pois pour avoir une fève. Enfin, Erasme cite ce proverbe latin: Pileum donat, ut pallium recipiat.

BOIS (Prov.) On a l'habitude de dire d'un homme propre à remplir un emploi, une mission: Il est du bois dont on les fait. Quelques-uns croient que ce dicton vient du proverbe grec qu'Apulée attribue à Pythagore et que les latins ont ainsi rendu : Non e quovis ligno fiat Mercurius

BOIS BRULE (Prov.). On faisait usage anciennement, pour exprimer qu'une chose était difficile à trouver, de ce proverbe : Chercher vache noire en bois brûlé. On dit encore, dans le même sens: Chercher une aiguille dans une bolte de foin.

BONHEUR. On dit généralement et non sans quelque raison, que chacun constitue son bonheur à sa guise; et en effet, ce qui fait le bonheur de l'un fait rarement celui de l'autre; tel le trouve dans la retraite, tandis que tel autre ne le rencontre que dans le tourbillon du monde; celui-ci n'est heureux qu'avec des habitudes simples, lorsque celui-là n'envie que les grandeurs: ce sont des contrastes sans fin. Il existe néanmoins une règle qui assure à tous ce bonheur tant envié, si pen goûté, si difficile à établir par des moyens artificiels; une règle qui offre les mêmes charmes à chacun de ceux qui veulent la suivre cette règle, ce bonheur ineffable; c'est l'amour de Dieu, c'est la religion. Avec la religion, il n'est point de douleurs, de pertes, de persécutions qui ne nous trouvent résignés; la religion nous. pénétre, dans la vie de chaque jour, d'une sérénité, d'un contentement que ne donnent ni les richesses, ni les grandeurs; elle nous garantit un avenir qu'aucunes passions de nos ennemis ue sauraient ni nous enlever, ni compromettre (N.)

Il y a des gens qui placent le bonheur dans les délices de la magnificence, et moi je crois que n'avoir besoin de rien, c'est la félicité de Dieu; qu'avoir besoin de peu de choses, c'est approcher de ce bonheur. (SOCRATE.) La félicité consiste dans la sagesse et la prudence la santé et des richesses dont on fait un bon usage, augmentent cette féli(ARISTOTE.)

cité.

:

1. Combien notre bonheur ne perdrait-il pas de ses charmes, si personne ne daignait s'en réjouir que nos malheurs seraient durs à supporter, sans un ami qui les ressentit encore plus vivement que nous-mêmes!

2. Le lâche, l'insensé, le méchant, ne peuvent être heureux; mais l'homme honnête, l'homme courageux, le sage, ne peuvent être misérables. L'homme ferme et vertueux ne se repent jamais d'avoir bien fait, quand il ne verrait pour prix de ses vertus, que les apprêts de son supplice. (CICERON.)

1. Les éléments du bonheur sont une boune conscience, de l'honnêteté dans les projets,

de la droiture dans les actions, de l'inditférence pour les biens qui dépendent du caprice du sort; de la liaison, de l'ensemble, de l'uniformité dans la conduite.

2. N'allez pas juger un homme heureux parce qu'il a une cour nombreuse. On se rassemble autour du riche comme au bord d'un lac, pour y puiser.

3. Il n'y a pas de bonheur pour celui quetourmente l'idée d'un bonheur plus grand. Considérez plutôt la multitude qui vous suit, que le petit nombre qui vous précède. (SÉNÈQUE.)

1. Le bonheur et le malheur vont d'ordinaire à ceux qui ont le plus de l'un ou de l'autre.

2. Ce qui fait le bonheur des uns, fait le malheur des autres. (Balthasar GRACIAU.)

Nous nous tourmentons moins pour devenir heureux que pour faire croire que nous le sommes. (LA ROCHEFOUCAULD)

Chacun fait consister son bonheur dans de ce qui est aimable, ou qui lui serait plus la possession de ce qu'il aime, et non pas avantageux. (DE VERNAGE.)

Nous cherchons notre bonheur hors de nous-mêmes et dans l'opinion des hommes. (LA BRUYÈRE.)

Le bonheur ne nous est guère sensible en cette vie, que par la délivrance du mal. Nous n'avons pas de biens réels et positifs; heureux celui qui voit le jour, dit un aveugle, mais un homme qui voit clair ne le dit plus. Heureux celui qui se porte bien, disent les malades, mais dès qu'ils ne le sont plus, ils ne sentent plus le bonheur de la santé. (NICOLE.)

beaucoup du caractère, on a raison; si on Quand on pense que le bonheur dépend ajoute que la fortune y est indifférente, c'est aller trop loin. Il est faux encore que la raison n'y puisse rien, ou qu'elle y puisse tout. (VAUVENARGUES.)

du bonheur, prouvent que nous ne le conLes nombreuses définitions qu'on a faites (M DE PUIZIEUX.)

naissons pas.

1. On risque beaucoup plus qu'on ne s'imagine à se priver de ce qu'on a cru longtemps nécessaire à son bonheur; parce que si le cœur trouve toujours aisément de quoi s'amuser, il ne se rencontre pas deux fois ce qui est capable de le rendre heureux.

2. La condition des hommes ne serait point à plaindre, s'ils savaient tirer parti de tout ce qui peut être utile à leur félicité. Ils se rendent malheureux volontairement par leurs injustices mutuelles, leurs jalousies, leurs haines, et tous les autres mouvements déréglés de leur âme. Supposez des hommes sans passions sur la terre, vous aurez une société de personnes heureuses. (L'abbé PRÉVOST.)

Le plus grand secret pour le bonheur, c'est d'être bien avec soi. Naturellement tous les accidents fâcheux qui viennent du dehors, nous rejettent vers nous-mêmes, et il est bon d'y avoir une retraite agréable; mais elle ne peut l'être, si elle n'a été préparée par les mains de la vertu. Il reste un

Sunait sur une chose dont on n est pas le naître c'est d'être placé par la fortune dans une condition médiocre.

(FONTENELLE.)

Le véritable bonheur est ennemi de la pompe et du bruit, et se plaît dans la retraite on peut dire qu'il naît de la jouissance de soi-même, aussi bien que de l'amitié et de la conversation d'un petit nombre de personnes choisies. Au contraire, le bonheur chimérique se plaît à vivre dans la foule et à s'attirer les yeux de tout le monde. (Le Spectateur.) Quand on a bien cherché le bonheur, on ne le trouve jamais que dans sa propre mai(VOLTAIRE) Le vrai bonheur coûte peu; quand il est cher, il n'est pas de bonne espèce.

son.

(CHATEAUBRIAND.)

L'irrésistible voix qui convie au bonheur,
C'est mieux que la vertu, l'innocence et l'honneur :
C'est le cri du ciel même entendu sur la terre!
(DE LAMARTINE.)

Quand nous avons été malheureux longtemps, le bonheur nous fait éprouver une sensation de doute, d'hésitation, qui ressemble à la frayeur. Nous craignons qu'il ne soit un nouveau piége que nous tend la fortune. (LA PRINCESSE DE SALM.) Si le bonheur suivait la proportion de nos privations ou de nos biens, il y aurait trop d'inégalité entre les hommes.

(DE SÉNANCOURT.)

Le bonheur est un bien que nous vend la nature, A n'est point ici-bas de moisson sans culture. (X.) 1. Les éléments du bonheur manquent moins souvent à l'homme que la sagesse nécessaire pour les mettre à profit.

2. Pour être heureux dans cette vie, il faut plus souvent se conformer aux goûts des autres que suivre les siens : quand ce n'est pas faiblesse c'est raison. (A. DE CHESNEL.)

BON MARCHÉ. Sterne définit ainsi celte erreur qui fait tant de dupes dans la société, en enrichissant tant de fripons: « L'achat d'une mauvaise marchandise dont on n'a que faire, parce qu'elle coûte moins cher qu'une bonne dont on a besoin. »>

BONNE FOI. Il faut dans la société de la candeur et de la bonne foi: il est honteux de caresser ceux qu'on bait ou qu'on méprise. (CONFUCIUS.)

Il est nécessaire de suspendre son jugement en plusieurs rencontres; mais on ne doit pas faire paraître au dehors' qu'on doute de la bonne foi de celui qui parle.

DE VERNAGE.) BONNE GRACE. La bonne grâce, dit La Rochefoucauld, est au corps ce que le bon sens est à l'esprit.

BONNET (Prov.). On dit d'une personne irascible qu'elle a la tête près du bonnet. Cela signifie que lorsque la chaleur monte au cerveau, elle devient plus grande encore quand un bonnet couvre le chef.

Le proverbe opiner du bonnet, vient de ce qu'autrefois, dans les couvents, tandis que les anciens opinaient de la voix, les jeunes

portaient simplement la main à leur coiffure.

On exprime que deux personnes partagent les mêmes opinions et les mêmes idées, en disant que ce sont deux têtes sous le même bonnet.

Enfin, pour dire que c'est tout un ou la même chose, on emploie cette locution: C'est bonnet blanc ou blanc bonnet.

BONNET VERT (Dicton.). Lorsque anciennement on disait d'une personne qu'elle portait le bonnet vert, cela signifiait qu'elle avait fait banqueroute. Du xu au xv siècle, le débiteur insolvable voulant faire cession de ses biens, devait se mettre en chemise dans la maison qu'il abandonnait, et là, ramassant une poignée de poussière, la jeter sur son épaule en prenant la fuite. De cette coutume vint le proverbe ironique : Etre riche par-dessus l'épaule. Dans quelques lieux aussi le cessionnaire s'asseyait nu, en public, sur une pierre au milieu de l'audience: puis il dût ensuite s'y présenter bumblenient et y dénouer sa ceinture devant les créanciers. Un arrêt du 26 juin 1582, remplaça ces formalités en prescrivant que le failli serait tenu de porter constamment un bonnet vert. Ceux qui subissaient cette marque infamante échappaient alors à l'emprisonnement, et ils ne pouvaient être arrêtés qu'autant qu'ils étaient rencontrés sans leur bonnet. C'est à cette coiffure que Boileau fait allusion dans ces vers de sa première satire :

Sans attendre qu'ici la justice ennemie L'enferme en un cachot le reste de sa vie, Ou que d'un bonnet vert le salutaire affront Fiétrisse les lauriers qui lui couvrent le front. Aujourd'hui, cette coiffure est, dans les bagnes, la distinction des condamnés aux travaux forcés à perpétuité.

BON SENS. 1. On est quelquefois un sot avec de l'esprit; mais on ne l'est jamais avec du jugement.

2. Le vrai mérite ne dépend point du temps, ni de la mode. Ceux qui n'ont d'autre avantage que l'air de la cour, le perdent quand ils s'en éloignent; mais le bon sens, le savoir et la sagesse rendent habile et aimable en tout temps et en tout lieu.

3. Il y a telle personne qui n'a point vu de livres, qui, avec son bon sens naturel, est plus savante pour les choses de pur raisonnement, que certains docteurs consommés dans l'étude des livres.

4. Le bon sens doit être l'arbitre des règles tant anciennes que modernes; tout ce qui ne lui est pas conforme est faux. (LA ROCHEFOUCAULD.)

Le bon sens n'exige pas un jugement bien profond; il semble consister plutôt à n'apercevoir les objets que dans la proportion exacte qu'ils ont avec notre nature, ou avec notre condition. Le bon sens n'est donc pas à penser sur les choses avec trop de sagacité, mais à les concevoir d'une manière utile, à les prendre dans le bon sens. (VAUVENARGUES.)

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