à elle-même, et semble chercher à s'appuyer sur ses épaules. »Tu meurs, Hyacinthe, s'écrie Apollon tu péris dans ta premiere jeunesse ; je vois ta blessure et mon crime, ma douleur et mon forfait. On écrira sur ton tombeau que c'est ma main qui t'y précipita; je suis l'auteur de ton trepas; quelle est ma faute cependant? En serait-ce une d'avoir joué, et et de t'avoir aimé ? Que ne puis-je donner ma vie pour la tienne ou la perdre avec toi! Mais puisqu'une loi fatale me le défend, tu seras toujours avec moi; ton nom sera sans cesse dans ma bouche; ma lyre et mes vers ne s'occuperont que de toi. Tu deviendras une fleur nouvelle, tu porteras écrits sur tes feuilles les signes de mes regrets. Un tems viendra où un héros célebre sera changé en une fleur semblable sur laquelle on lira le commencement de son nom. the » Tandis qu'Apollon parlait ainsi, le sang qui répandu sur la terre en avait souillé le gazon, cessa d'être du sang, il en naît une fleur plus éclatante que la pourpre de Tyr. Elle prend la forme du lys, et l'on dirait que c'en est un si l'hyacinthe n'était pas rouge, et le lys argenté. Ce ne fut pas assez pour Apollon; car il fut l'auteur de cette métamorphose; il y traça ses gémissemens : et ces expressions de la douleur, aï, aï, sont gravées sur cette fleur. » Sparte ne rougit point d'avoir donné le Ajax. Voyez Liv. XIII. Ipsa sibi est oneri cervix, humeroque recumbit. 3 Reddere sed quoniam fatali lege tenemur, : Semper eris mecum, memorique hærebis in ore : Tempus et illud erit; quo se fortissimus heros Flos oritur; formamque capit, quam lilia si non Nec genuisse pudet Sparten Hyacinthon; honorque 1 jour à ce jeune homme; les honneurs qu'on lui rend dans cette ville durent encore de nos jours, et l'on y célebre sa fête toutes les années. » Qu'on demande au contraire à la ville d'Amathonte, si féconde en métaux, si elle voudrait avoir vu naître les Propétides, (7) ainsi que ces mortels dont le front était armé de cornes, et qui pour cela furent appellés Cérastes, (8) elle montrera toute l'horreur qu'ils lui inspirent. » Devant les portes de la ville de ces der niers, était un autel dédié à Jupiter hospitalier, autel couvert de leurs crimes. Les étrangers qui le voyaient teint de sang, pensaient d'abord qu'on y avait sacrifié des veaux naissans ou des brebis; on les détrompait en les immolant eux-mêmes. » Offensée de ces sacriléges, Vénus se préparait à quitter les villes et les campagnes de Chypre. Mais qu'ont fait ces lieux qui m'étaient si chers, dit-elle ? Quel est leur crime? Que les habitans éprouvent plutôt la peine de l'exil ou de la mort ou quelqu'autre, s'il en est une entre la mort et l'exil. Quelle peut être celle-là, si ce n'est un changement de figure. Pendant qu'elle hésite sur la forme qu'elle leur donnera, elle porte ses yeux vers leurs cornes; déterminée aussi-tôt elle les leur laisse, et les métamorphose en taureaux farouches. » Les Propétides, malgré ce châtiment, osaient cependant nier qu'elle fut. une divinité. Vénus irritée alluma dans leurs ames des feux n Durat in hoc ævi : celebrandaque more priorum At si forte roges fœcundam Amathunta metalli, Ante fores horum stabat Jovis hospitis ara, Lugubris sceleris : quam si quis sanguine tinctam Advena vidisset, mactatos crederet illic Lactentes vitulos, Amathusiacasque bidentes : Hospes erat cæsus. Sacris offensa nefandis Ipsa suas urbes, Ophiusiaque arva parabat Deserere alma Venus. Sed, quid loca grata, quid urbes Vel nece: vel si quid medium, mortisque, fugæque. Sunt tamen obscœnæ Venerem Propœtides ausæ Esse negare Deam: pro qua sua numinis ira impurs. Elles prostituerent à tout le monde leurs corps et leur beauté. Quand la pudeur les eut abandonnées, leur sang se durcit dans leurs veines, il resta peu de chose à faire pour les changer entiérement en rochers. Pygmalion (9) avait été témoin des excès auxquels elles s'étaient livrées. Dégoûté des femmes par les vices et par les faiblesses que ce sexe a reçus de la Nature, il vécut dans le célibat, refusant de prendre une compagne qui partageât sa couche. Cependant il travaille une piece d'ivoire, dont il fait une statue admirable. Il lui donne une beauté avec laquelle aucune femme ne peut naître, et prend de l'amour pour son ouvrage. Il représentait une jeune fille; on la croirait vivante, et prête à faire quelques mouvemens, si la pudeur ne l'en empêchait; l'art enfin était caché sous l'art même. » Pygmalion admire et reçoit dans son cœur des feux qui l'embrasent. Souvent il porte ses mains à cette statue pour s'assurer si c'est un corps ou de l'ivoire, et n'avoue point encore que ce soit de ce dernier. Il lui donne des baisers, et s'imagine qu'elle les lui rend, il lui parle, l'écoute, la touche légérement, croit sentir la peau céder sous ses doigts, et craint en la pressant trop de faire naître de la rougeur sur ses membres délicats. Tantôt il lui fait des caresses tantôt des présens, agréables aux jeunes filles ; ce sont des coquillages, de petites pierres, de petits oiseaux, des fleurs de couleurs variées des 2 |