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noit qu'elle l'avoit couvert d'infamie (a): auffi n'étoit-il pas févere dans fes principes, car il difoit qu'un païen qui auroit de la piété feroit chrétien, quand même il n'auroit jamais entendu parler de JéfusChrist.

Carloftad, archidiacre de Wittemberg, & l'un des principaux difciples de Luther, fe maria publiquement, & les prétendus réformés oferent célébrer la fête de ce mariage dans leur office divin. Il étoit trèsconnu de Melancton, homme d'un caractere doux & modéré. Or voici ce que Melancton écrivoit de Carloftad : « C'étoit » un homme brutal, fans efprit, fans » fcience, fans aucune lumiere du fens » commun, qui bien loin d'avoir quel»ques marques de l'efprit de Dieu, n'a » jamais fu ni pratiqué aucun des devoirs de » la civilité humaine; on voyoit en lui » des marques évidentes d'impiété; toute >> fa doctrine étoit ou judaïque, ou fédi» tieufe; il condamnoit toutes les loix >> faites par les païens, il vouloit que l'on » jugeât fuivant la loi de Moïfe, parce » qu'il ne connoiffoit pas la nature de » la liberté chrétienne. Il embraffa la doc

(a) Carnis ad libidinem certantem aflum in nobis fervere negare non poffumus, cùm hujus ipfius opera nos coram ecclefiis infames, reddiderint.

trine fanatique des anabaptiftes, auffi» tôt que Nicolas Bozéé commença à la » répandre dans l'Allemagne. Une bonne » partie de l'Allemagne peut rendre té»moignage que je ne dis rien que de » véritable. (a):

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Voilà cependant un des apôtres des églifes proteftantes. Beze, principal difciple de Calvin, & fon fucceffeur à Geneve, dont nous avons les poéfies, qui furpaffent l'indécence de celles d'Ovide & de Catulle, & qu'il appelle les ouvrages de fa jeuneffe, Juvenilia, après avoir vendu fes bénéfices, s'étoit enfui à Geneve avec fa Candide, jeune femme mariée qu'il avoit célébrée dans fes vers.

II. Si ce furent là les fondateurs de la prétendue réforme, quelle fut auffi leur doctrine? Au lieu de porter à la fainteté, elle en fape tous les fondemens.

Luther, Calvin & tous leurs disciples ont foutenu, dans les commencemens de leur féparation de l'églife romaine, que depuis le péché originel il n'est resté dans l'homme aucune liberté : or, ôtez la liberté, il n'y a plus ni fainteté, ni mérite, on pourra fe livrer à toutes fortes de crimes, & l'on aura le droit de ne fe pas croire coupable.

(a) Melancton in Epift. ad Freder. Miton.

Luther, pour s'expliquer d'une maniere plus énergique , a fait un livre qu'il a intitulé, non pas du libre arbitre, mais de l'arbitre efclave, de fervo arbitrio (a). Il dit que le libre arbitre eft dans l'homme un titre fans réalité, & que tout ce qui arrive & ce qui fe fait par les créatures eft l'effet d'une néceffité abfolue.

Calvin a toujours foutenu que les commandemens de Dieu font impoffibles: il le dit expreffément (b): « La loi de » Dieu eft impoffible, & je l'appelle » impoffible, en ce que l'ordre établi de »Dieu, & fon décret en empêchent l'exé»cution; » & lorfqu'on lui objecta ces paroles de Jéfus-Chrift: « Si vous voulez

entrer dans la vie éternelle, observez » les commandemens; » il eut l'audace de répondre que Jéfus-Chrift diffimuloit, & qu'il favoit bien que les commandemens de Dieu étoient impoffibles.

Luther mit « l'immortalité de l'ame au » rang des articles imaginés par les papes, » & tirés du fumier des décrets ro» mains (c). »

Calvin prétendoit que les enfans rece voient par le baptême la rémiffion de tous

(a) De ferv. arb. t. II. p. 112.

(c) Lutheri affertiones. t. II. article 7. p. 107.

I

leurs péchés, même de ceux à venir (a); 'ce que Beze fon difciple exprime en ces termes : « Quiconque eft arrofé du fang » de Jéfus-Chrift, eft délivré pour jamais » de fes péchés paffés & futurs (b).

Or, s'il en étoit ainfi, quel frein refteroit-il aux hommes pour arrêter les crimes?

Luther & Calvin ont tous les deux regardé comme un des principaux points de leur nouvelle doctrine, [& tout le monde le fait que l'homme eft juftifié par l'impu tation des mérites de Jéfus-Chrift, fans aucun changement intérieur de l'ame, & par la feule foi, quoi qu'il en foit des moeurs; que pour être fauvé il fuffit de croire fermement qu'on le fera, quand même on feroit d'ailleurs couvert de péchés. Calvin ajoute que la juftice une fois reçue eft ina miffible. A la vérité, qui nie une fois la liberté, peut tomber dans toutes ces erreurs, J'aurai occafion de les réfuter dans nos entretiens fuivans. Mais comment les allies ra-t-on avec la fainteté ?

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Luther difoit « qu'il favoit bien que le diable pouvoit prêcher l'évangile, faire les fonctions de miniftre & de pasteur, & adminiftrer les facremens (c). »

(4) Calvini inftitut. 1. 4. Ch. 15. §. 5. & in aatid, Conc Trid. p. 299.

(b) Beza in hab. c. X. v, I.

Lutherii affertiones. T. 7. P. 244

Calvin en paraphrafant le texte de l'apôtre, folutis doloribus inferni, a ofé avancer que Jéfus-Chrift fur la croix s'étoit livré au défefpoir, & avoit éprouvé quelque tems les tourmens des réprouvés. De tels blafphêmes s'accordent-ils avec la fainteté de la doctrine d'un envoyé de Dieu ?

III. Eh quelle réforme Calvin, fondateur de la fociété où vous avez été élevé, a-t-il faite ? Il a retranché les oeuvres de pénitence, les abftinences, les jeûnes de carême, & tout ce qui aidoit à domter les paffions, & à porter les hommes à la fainteté. Il a aboli la confeffion, c'est-àdire la reffource la plus efficace qu'il y ait pour la réformation des mœurs, par la néceffité où elle met les fideles d'examiner de bonne foi l'état de leur conscience, d'éclaircir leurs doutes, d'accuser leurs péchés fans déguisement, de les détefter, d'en faire pénitence, & de recevoir des avis falutaires pour les éviter à l'avenir. Il a retranché la plupart des facremens, le faint viatique & l'extrêmeonction qui fourniffent aux mourans de fi puiffans fecours, l'ordre, qui procure aux miniftres de l'églife des graces pour remplir dignement leurs auguftes fonctions le facrement du mariage, & en quelque

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