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devoirs, & fans cela il n'y aura pour vous ni fainteté ni falut.

Et fi nous jetons à préfent les yeux fur les fociétés de la prétendue réforme, quel contrafte y trouverons-nous! quels fondateurs! quelle doctrine! quel gou

vernement!

I. D'abord quels fondateurs ?

Ce n'eft point, Monfieur , pour leur infulter que je me vois forcé de mettre ici fous vos yeux les traits les plus inconcevables. Je les tirerai de leurs propres écrits, ou de ceux de leurs difciples. Luther fut le premier, & quel éclat ne firent point fa préfomption, fes empor. temens, fon incontinence !

Dans fon livre contre Henri VIII, roi d'Angleterre, il ofe dire dans l'enthou fiafme le plus fingulier, que les princes & les papes ne font pas dignes de dénouer les cordons de fes fouliers.

« Vous êtes fort émus, dit-il dans fa réponse à Cochleus, << de ce que je dis » que l'homme eft juftifié par la foi » feule (a). Si un papifte s'en fcandalife, » je dis qu'un papiste & un âne c'est la » même chofe. La feule raifon que j'ai » à en donner, c'eft qu'ainfi je le veux, » ainfi je l'ordonne, que ma volonté ferve

(a) Luth, op. t. 2, resp. ad Cochi,

» de raifon. Je veux être libre, ajoute-t-il » ailleurs (a), & ne m'aftreindre à au» cune autorité, ni de concile, ni de » puiffance, ni d'univerfité, ni de pon» tife. Je prétends au contraire foutenir »hardiment tout ce qui me paroîtra » vrai, foit que je le puife dans un au»teur hérétique, foit que je le tire d'un » auteur catholique, que quelque concile » que ce foit le condamne ou l'approuve. »

Ses emportemens contre les papes vont jufqu'à la fureur. Il n'eft pas poffible de lire ce qu'il en a dit, fans être faifi d'étonnement. << Si on pend, dit-il (b), les » larrons aux gibets, fi on punit par le » glaive les brigands & les hérétiques, » pourquoi n'attaquons-nous pas de tou>> tes nos forces ces cardinaux, ces papes, » & toute cette racaille de la Sodome ro» maine qui ne ceffe point de corrom» pre l'églife de Dieu ? Pourquoi ne la» vons-nous pas nos mains dans leur fang? Ceffez de faire la guerre au Turc, jufqu'à ce que le nom de pape foit ôté » de deffous le ciel : qu'on ôte la vie à cet » homicide romain.

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» Le раре eft un loup poffédé du ma»lin efprit; il faut s'affembler de tous les

(a) T. 1. p. 298.

» villages, & de tous les bourgs contre » lui. Le pape eft fi plein de diables, qu'il » en crache, qu'il en mouche (a). »

Ainfi s'exprimoit le fondateur de la réforme, qui néanmoins fe vantoit d'être l'envoyé de Dieu. Mais ce qu'il y eut de plus fcandaleux, ce fut fon incontinence. Il avoue (b) que pendant qu'il étoit religieux dans l'églife romaine, il avoit châtié fa chair par les jeûnes, les veilles, les prieres; qu'il avoit obfervé la chafteté, la pauvreté, l'obéiffance. Mais à peine eutil quitté cette églife, par des motifs qui n'avoient pas pour principe la fainteté, que toutes ces pratiques, fur-tout la continence, lui parurent impoffibles: c'eft ce qu'il ne rougit pas d'avancer dans fon fcandaleux fermon fur le mariage. « Comme » il n'eft pas, dit-il, dans ma puiffance de » n'être pas du fexe mafculin, il ne l'eft pas » non plus de me paffer de femme, il m'eft » encore plus néceffaire d'en ufer que de » boire, de manger, de me moucher (c). »

Il ajoute dans le même fermon, que « fi » la femme légitime ne veut pas fe rendre, on peut appeller la fervante (d). Il en vient au point de foutenir « que les » femmes perdues font plus agréables à

(a) Adverfùs papatum, p. 451.

(b) Luth. t. 5. in cap. I. ad Gal. p. 190.
(c) T. 5. Serm. de Matrim. p. 119.
(d) Ibid. p. 129.

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» Dieu que les filles qui font des vœux » de religion; qu'une femme enceinte » d'un enfant, même illégitime, peur fe glorifier que fes œuvres font agréables » à Dieu, parce qu'elle porte un fruit qui >> eft l'ouvrage de fes mains, & parce que » cette parole de Dieu croiffez & multi» pliez, autorife ses actions (a). »

C'eft d'après ces principes, que quoique prêtre & religieux, il époufa Catherine de Borée, auffi religieufe, & ce fut par fon confeil qu'en 1523, Leonard Coppen & huit autres religieux, enleverent, le vendredi faint, neuf religieufes du même monaftere. Il fit à fa louange un difcours où entr'autres chofes il dit: « On vous blâmera, mais moi je dis que » vous êtes un heureux raviffeur, comme » Jésus-Chrift l'a été fur la terre lorfqu'il >> enlevoit au prince du monde, par fa » mort, fes armes, & qu'il le menoit » captif à fa fuite. C'eft ainfi que vous avez >> enlevé ces ames miférables de la prifon » de l'humaine tyrannie; ce que vous » avez fait très-à-propos à Pâque au »tems auquel Jéfus-Chrift a tiré les ames » des liens de la captivité (b). »

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Ses défordres firent tant d'éclat, que malgré l'intérêt de la caufe commune,

(a) T. 5. édition de Wirtemb. p. 125.

(b) Hift. Ecclef. Nat. Alexandri, t. 6. p. 101.

Calvin écrivit en ces termes : << Luther eft » plein de grands vices, plût à Dieu qu'il » eût foin de réprimer fon incontinence, » & qu'il eût travaillé plus férieusement » à fe vaincre. »

,

autre

Cependant Calvin lui-même fondateur, avoit auffi fes taches & fes défauts. Il étoit plein de fiel & d'orgueil; 'eft pourquoi Bucer, luthérien très-zélé, difoit qu'il étoit comme un chien enragé infecté de l'envie de médire.

Melanthon, autre difciple de Luther, difoit de Calvin, qu'il étoit vindicatif & fanguinaire, que fous un air modefte il cachoit un orgueil fecret & un grand amour de lui-même.

En effet, on eut lieu d'être fort furpris quand on vit Michel Servet condamné à être brûlé vif, par ordre de Calvin, pour caufe de religion; car fuivant le principe de Calvin, chacun doit régler fa foi fur l'écriture, interprétée fuivant fes propres lumieres, & par conféquent Calvin ne pouvoit faire un crime à Servet de ce qu'il prétendoit qu'il ne voyoit pas dans la fainte écriture la trinité des perfonnes divines.

Zuingle, qui commença à prêcher trois ans après Luther, imita fon maître, & quoique prêtre il fe maria. Il avouoit ingénument fon incontinence, & conve

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