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» qu'on pourroit favoir quelle croyance » ils ont aujourd'hui fur la religion; mais » on ne fauroit s'affurer de celle qu'ils au»ront demain. En quel point de religion, » ces églifes qui ont déclaré la guerre au » pape, font-elles d'accord ensemble? Si » vous prenez la peine de parcourir tous » les articles, depuis le premier jufqu'au » dernier, vous n'en trouverez aucun qui » ne foit reconnu comme de foi par quel» ques-uns, & rejeté par les autres » comme impie. »

De ce défaut d'unité dans la croyance & dans le gouvernement, qu'eft-il arrivé? un défaut de fubordination & de difcipline, qu'ils ont déploré eux-mêmes. » L'autorité des miniftres eft entiérement » abolie, » écrivoit Capiton, ministre de Strasbourg, à Farel fon ami, «< tout se » perd, tout va en ruine. Il n'y a parmi » nous aucune églife, pas même une feule » où il y ait de la difcipline. Le peuple > nous dit hardiment: Vous voulez faire » les tyrans de l'églife qui eft libre; vous voulez » établir une nouvelle papauté. Dieu me fait » connoître le tort que nous avons fait » à l'églife, par le jugement précipité &

la véhémence inconfidérée qui nous a » fait rejeter le pape. Car le peuple ac» coutumé, & comme nourri à la licence,

» en détruifant la puiffance des papiftes, » nous avions détruit en même-tems toute » la force des facremens & du miniftere... » Ils nous crient: Je fais affez l'évangile, « qu'ai-je befoin de votre fecours pour trou» ver Jésus-Chrift? Allez prêcher à ceux qui » veulent vous entendre. »

Mais non-feulement les prétendus réformés n'ont entr'eux aucune unité de croyance: ils font encore de l'églife de Jésus-Chrift un affemblage monftrueux de fociétés, qui s'accablent mutuellement d'anathêmes.

Ils ont fouvent calomnié l'églife romaine, jufqu'au point de dire qu'elle étoit tombée dans l'idolâtrie, qu'elle étoit tom. bée en ruine & dans la défolation, qu'elle étoit plus fouillée que la récompenfe d'une prostituée que Dieu a défendu d'offrir dans fon temple. Ils ont dit que le pape étoit pire que le Turc, & cependant ils regardent l'églife romaine comme une portion de l'églife de Jésus-Chrift, & ils font convenus qu'on pouvoit fe fauver dans fon fein.

On fait que ce fut le principe qui frappa fur-tout Henri IV, & le ramena à l'églife catholique cette églife foutenant qu'on ne pouvoit être fauvé fans être de fes membres, & les proteftans reconnoiffant de leur côté qu'on pouvoit obtenir le

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falut en s'attachant à elle, ce prince, qui n'étoit point encore pleinement inftruit, fe réunit à l'église romaine, afin d'aller au plus fûr.

La conférence entre faint François de Sales & Théodore de Beze, mérite d'être rapportée ici. Le faint miffionnaire lui demanda d'abord, fi lorfque Luther & Calvin fe feparerent de l'églife romaine, ils pou voient s'y fauver. Beze répondit qu'oui. Ils ne devoient donc pas la quitter, répliqua le prélat; dès qu'on pouvoit s'y fauver, elle étoit l'églife de Jésus-Chrift, & il ne peut y avoir de bonnes raifons pour quitter l'églife de Jésus-Chrift. Alors Beze revenant fur fes pas, dit que non. Il n'y avoit donc plus d'églife de Jésus-Chrift fur la terre, reprit faint François de Sales, puifqu'en quittant l'églife romaine, Luther & Calvin ne fe font pas réunis à une autre fociété exiftante, mais en ont fondé une nouvelle. Enfuite il démontra à Beze qu'on ne pouvoit pas dire que l'églife de Jéfus-Chrift eût été anéartie, fans démentir fes promeffes, & que d'ailleurs fi l'églife catholique n'étoit plus l'églife de Jéfus-Chrift au XVI fiecle, à caufe des dogmes qu'elle profeffoit, il eût fallu en conclure que dès le V ou VI fiecle elle avoit ceffé d'être l'églife de JéfusChrift, puifque, fuivant Luther & Cal

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le V ou VI fiecle, & que par conféquent dès ce tems-là il n'y avoit plus d'églife de Jésus-Chrift fur la terre; ce qui feroit infoutenable.

Alors Beze demanda du tems pour préparer fa réponse: mais au jour convenu pour la donner, de petits enfans préfentés par leur jeune mere tinrent lieu de toute réponse, & rompirent les confé

rences.

Les prétendus réformés reconnoiffent donc que des fociétés oppofées à leur croyance, fur des points même importans, peuvent appartenir à l'église de Jéfus-Chrift. Ils l'ont même authentiquement déclaré dans votre catéchisme ordinaire, dreffé d'abord par le miniftre Burvald enfuite retouché, augmenté, & imprimé plufieurs fois, fpécialement à Geneve en 1770. A la fection 14 de la premiere partie, No. 62, page 74, on y fait cette demande : N'y a-t-il qu'une feule églife univerfelle? on répond: Non, puifque tous les fideles en quelque lieu qu'ils foient, ne compofent qu'une feule églife, dont Jésus-Chrift eft le chef. Il falloit d'abord répondre ainfi pour ne pas contredire ouvertement le fymbole des apôtres, & celui de Conftantinople.

Mais enfuite on anéantit l'unité de l'églife dans les deux queftions fuivantes.

Au No. 163, on fait cette demande : N'y a-t-il pas plufieurs églifes particulieres? on répond : Il y a plusieurs églifes particulieres qui n'ont pas toutes la même croyance ni les mêmes pratiques; mais fi elles reconnoiffent Jésus-Chrift pour leur unique chef, elles font toutes partie de l'églife univerfelle. On voit qu'ici on donne adroitement l'exclufion à l'églife romaine, qui révere le pape comme fon chef vifible. Mais que fera-t-on de l'église anglicane qui regarde le roi comme fon chef?

Enfin au N°. 164 on ajoute cette demande Les églifes particulieres font-elles toutes également pures? L'on répond: Non; il y a des églifes dont la croyance & les pratiques font mêlées d'erreur & de fuperftition.

Ainfi, fuivant la doctrine des proteftans, il n'y a qu'une feule églife, mais rien n'est préjudiciable à fon unité, finon d'avoir fur la terre un chef visible : les erreurs, la fuperftition & la diverfité de croyance n'y portent aucun préjudice. Eft-il poffible d'entendre un paradoxe plus infou

tenable ?

LE PROTESTAN T.

En quelque fens qu'on prenne l'unité, il est évident du moins qu'elle convient beaucoup mieux à l'églife romaine, qu'aux

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