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avoit prédit que le fien devoit tomber mais par Jésus-Chrift, qui avoit affuré que celui-ci fubfifteroit toujours; quelle entreprise!

Comment les prédicateurs prêcheront-ils, s'écrioit faint Paul dans fon épître aux Romains, s'ils ne font envoyés ( a ) ?

neur,

Nul ne doit, ajoutoit-il dans fon épître aux Hébreux, s'attribuer à lui-même l'honmais feulement celui qui y eft appellé de Dieu comme Aaron (b). Mais voici des hommes dans des principes bien différens ils prêchent & ils s'attribuent l'honneur fuprême de renverfer par leur voix & par leur fouffle, le trône de Pierre que Jéfus-Chrift avoit fondé de fes propres mains, en affurant qu'il dureroit toujours; ils prétendent même d'en élever d'autres cependant qui le croiroit? ils ne font envoyés par perfonne.

II. En effet ils n'ont aucune efpece de miffion, & le fait eft inconteftable.

Ce n'eft pas l'église catholique, dans le fein de laquelle ils étoient nés, qui les a envoyés pour prêcher une doctrine oppofée à la fienne: au contraire, elle leur a dit, vous prêchez mal, & elle les a ex

communiés.

a) Rom. 10. 15.

En fortant de cette églife, ils ne fe font pas réunis à d'autres fociétés, pour remonter par elles plus haut qu'ils ne le pouvoient par eux-mêmes.

Jésus-Chrift n'a apparu à aucun d'eux pour leur donner fa miffion, & ils ne s'en font pas même vantés.

Ils n'ont fait aucune espece de miracles. Comment pourroient-ils donc prouver que Dieu les a envoyés?

Ce font des hommes qui, parce qu'ils prétendent favoir bien le droit & les prin cipes du gouvernement, veulent être les magiftrats du roi que dis-je ? fes chanceliers, fes miniftres, & gouverner à leur gré fes états, en changer la conftitution, en bouleverfer toute l'administration, par leur propre & feule autorité, fans aucunes provifions du prince.

III. Mais dès que Luther & Calvin n'ont eu aucune miffion de Dieu, ni par conféquent aucun droit de fonder la prétendue réforme, ceux qu'ils ont prépofés après eux, n'ont eu aucun droit de la gouverner; Luther & Calvin n'ont pu leur transmettre une autorité, une miffion qu'ils n'avoient pas eux-mêmes.

Il faut obferver que Luther n'étoit pas évêque, mais fimple prêtre, & que cependant, fuivant l'ordre hiérarchique éta bli par les apôtres & conftamment fuivi

depuis leur tems jufqu'à préfent, fans qu'on puiffe citer aucun exemple contraire, les feuls évêques dans l'églife catholique, ont pu donner le caractere de miniftre, & que nul n'en a eu les pouvoirs qu'en vertu della miffion de Jésus-Christ, à lui tranfmife par l'impofition des mains des évêques.

Ce qui eft encore bien plus remarquable, c'eft que Calvin n'étoit pas même prêtre & c'eft un fait reconnu : cependant c'est lui qui a établi de fon chef l'église de Geneve & plufieurs autres.

Il est donc démontré que Luther, Calvin, tous leurs difciples, ainfi que tous ceux qui ont gouverné depuis eux & qui gouvernent actuellement les églifes proteftantes, n'ont point été envoyés par Jésus-Chrift pour remplir ce miniftere.

LE PROTESTA N T.

Je ne fais, Monfieur, que vous répon dre; je ne vois pas ce que nos miniftres peuvent opposer à vos raisons : mais cependant ils ne font pas demeurés muets; les controverfiftes catholiques n'ont pas manqué de les preffer fur un point fi important. Je ferois bien curieux de favoir ce qu'ils ont répondu.

LE DOCTEUR.

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Les fociniens, afin de se mettre tout d'un coup au large fur cette difficulté accablante, ont avancé que pour exercer les fonctions de pafteur de l'églife, il suffisoit d'en avoir le talent; que ces ordinations ces impofitions des mains, fi fcrupuleufement observées depuis le temps des apôtres, n'étoient pas des cérémonies néceffaires, ou que fi elles avoient été autrefois néceffaires, elles ne l'étoient plus.

Les réformés établis en France, n'avoient fu imaginer qu'une miffion extraordinaire, & c'eft ainfi qu'ils l'exprimerent dans l'article 31 de leur profeffion de foi Nous croyons que nul ne doit s'ingérer de fon autorite propre, pour gouverner l'églife, mais que cela fe doit faire par élection, autant qu'il eft poffible & que Dieu le permet; laquelle exception nous ajoutons notamment, parce qu'il a fallu quelquefois, même de notre temps, auquel l'état de l'églife étoit interrompu, que Dieu ait fufcité des gens d'une façon extraordinaire, pour dreffer l'églife de nouveau, qui étoit en ruine & défolation (a).

Beze dit auffi, au colloque de Poiffy, qu'il faut tenir la vocation de leurs auteurs pour extraordinaire, & qu'il n'y avoit point alors d'ordre eccléfiaftique dans l'églife.

(a) Bible de Geneve de 1685, à la fin.

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Le fynode de Gap, tenu en 1603, ordonne à toutes les églifes réformées de France, de s'en tenir à l'article 31 de leur confeffion de foi, que je viens de citer.

Enfin quelques miniftres plus modernes ont ofé avancer avec Dumoulin, que leurs réformateurs & leurs pasteurs avoient eu une miffion ordinaire.

Mais il est aisé de réfuter ces trois fyftêmes.

I. Le principe des fociniens renverse évidemment tout bon ordre, ouvre la porte au fanatifme le plus infensé, & introduit dans l'églife la confufion la plus étrange. Il ne pourroit aboutir qu'à anéantir tous les dogmes du chriftianifme, au gré de celui qui crieroit le plus haut, fans que perfonne eût le droit de lui impofer filence.

Mais où les fociniens ont-ils pris que l'ordination qui étoit autrefois néceffaire, ne l'eft plus aujourd'hui, où trouveront-ils à fixer l'époque d'un tel changement?

II. Le systême de la miffion extraordinaire que les proteftans ont attribuée à leurs réformateurs, produiroit à-peu-près les mêmes défordres; car fi quelqu'un peut s'attribuer une miffion extraordinaire fans en donner des preuves, tout autre homme pourra également dire qu'il eft

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