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ques autres, croyez-vous d'avoir befoin d'un plus grand détail? voilà toute la subsrance de la doctrine catholique fur les indulgences, vous refte-t-il dans l'efprit quelque difficulté à cet égard?

LE PROTESTANT.

Non, Monfieur, je fuis fatisfait de tout ce que vous venez de m'apprendre fur les indulgences; je ne penfe pas d'avoir befoin, au moins à préfent, fur ce point, d'une inftruction plus étendue.

C'eft le facrement de pénitence, m'avezvous dit, qui remet feul la coulpe du péché & la peine éternelle qu'il mérite; les indulgences accordées par l'églife peuvent enfuite modérer les peines temporelles qui reftent à fubir après le pardon du péché.

C'est donc à ce facrement que je dois d'abord me difpofer de toutes mes forces, puifque c'est par lui feul que je pourrai rentrer en grace avec Dieu, & déja depuis quelque tems je prépare ma confeffion, que je defire avec ardeur de faire : j'efpere que vous voudrez bien, Monfieur, confommer votre ouvrage; & après avoir reçu mon abjuration, m'aider à faire, le mieux que je le pourrai, cette grande action, la plus importante de ma vie, pour ne plus enfuite offenfer ce Dieu de bonté qui me donne, en m'appellant à fa fainte

églife, une marque fi ineffable de fa pré

dilection.

Ce fera quand j'aurai eu le bonheur de terminer ma confeffion, que je vous de manderai vos avis fur les indulgences; je vous prierai de m'indiquer celles qui pourront être le plus à ma portée, afin de me fervir de cet utile fecours pour fuppléer à ma foibleffe & remplir avec plus de facilité la mesure de fatisfactions temporelles dont je ferai redevable à la justice de Dieu.

LE DOCTEUR.

Vous penfez jufte, Monfieur; je bénis Dieu de tout mon cœur des fentimens qu'il vous infpire, & je m'eftimerai heureux d'être fon miniftre auprès de vous pour les feconder.

LE PROTESTANT.

Vous me rendez en cela, Monfieur, le fervice le plus effentiel: permettez-moi de vous en témoigner ma vive reconnoiffance, mais il me reste encore une queftion à faire.

L'églife catholique a dans fon régime général certains établiffemens publics, comme les vœux monaftiques, le célibat des prêtres; elle emploie dans le service divin, dans l'administration des facremens,

des ufages particuliers, des cérémonies fingulieres. Je crois bien tous ces établissemens utiles & refpectables, puifque l'églife qui les autorise est toujours conduite par l'Efprit Saint: cependant nos miniftres les décrient, ils en font des fujets de raillerie. Je ferois bien aife de favoir, au moins en général, ce qu'il faut leur répondre.

LE DOCTEUR.

Il me fera très-aifé, Monfieur, de vous fatisfaire fur tous ces points.

Je ne m'étendrai pas fur ce qui concerne le célibat des prêtres & les vœux monaftiques: je vous en ai déja parlé dans notre quatrieme entretien, en traitant de la fainteté, qui eft un des quatre caracteres que les fymboles de la foi chrétienne attribuent à l'églife de Jéfus-Chrift, & je vous ai montré que ces établissemens facrés ont autant comblé de gloire l'églife romaine, que l'incontinence & les emportemens des auteurs de la prétendue réforme, qui les ont attaqués, les ont couverts de confufion.

Il eft conftant & reconnu que la continence a toujours été obfervée depuis les apôtres, par les miniftres de l'église latine, & que l'union conjugale leur a été interdite. Dès les fieçles les plus reculés, la

ferveur a infpiré à des fociétés nombreuses de pénitens, réunis fous des regles aufteres, de joindre à ce premier voeu de chafteté perpétuelle, ceux de pauvreté & d'obéiffance. Mais ces trois vertus fublimes font

hautement recommandées S. Paul, par

par

Jéfus-Chrift lui-même, comme d'excellens moyens pour arriver à la perfection évangélique.

Tous les fondateurs de ces ordres célebres, tels qu'un S. Martin, un S. Benoît un S. Bernard, & tant d'autres, ont été, dans les fiecles fuivans, des modeles de la plus haute fainteté, des hommes autorifés de Dieu par une multitude de prodiges. Si les fondateurs de la prétendue réforme ont déclaré qu'ils ne pouvoient plus garder la chafteté, qu'ils avoient cependant promife à Dieu & qu'ils avoient obfervée dans l'églife romaine, ces aveux n'ont affurément pas été en eux ou pour eux des fignes de fainteté & des marques d'une vocation célefte.

Ils ont enfuite blâmé & aboli en divers lieux les cérémonies dont l'églife a toujours accompagné le fervice divin, la célébration du faint facrifice & l'adminiftration des facremens; mais tout ce qu'ils ont ainfi condamné, n'eft-il pas facré, refpectable, digne de la majefté de l'Etre Suprême? fon culte n'exige-t-il pas un appareil

extérieur, un fpectacle qui frappe & qui inftruife? ne l'avoit-il pas prefcrit fous cette. loi où il avoit daigné déterminer lui-même la pompe des riches ornemens du grand prêtre, la forme des vêtemens des lévites, l'ordre des facrifices divers, cette multitude d'obfervances légales & de rits facrés?

En effet, tout ce qui tient à la religion ne doit-il pas être tiré hors du cercle des chofes du fiecle, des ufages ordinaires de la vie? L'homme ne fe prend-il pas par les fens, & ne font-ce pas les impreffions que font fur lui les objets extérieurs qui aident à réveiller fes fentimens, à élever fon ame?

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Les fouverains s'attirent les hommages de leurs fujets, & affermiffent leur fidélité par la fplendeur du trône; les magiftrats fe font refpecter des peuples par la majefté de leur extérieur. Ainfi les miniftres du Seigneur doivent exprimer la gloire de leur divin maître, la folemnité de ses fêtes, la différence des tems de joie, de pénitence, qu'elles ramenent chaque année, par les objets divers qu'ils mettent fous les yeux des fideles.

Vous en ferez vous-même, Monfieur, édifié, confolé, touché, quand vous aurez le bonheur d'être réuni à la fainte églife, & vous bénirez Dieu de lui avoir inspiré d'établir tout cet augufte cérémonial.

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