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XXIV: le purgatoire eft une invention fortie de la boutique de fatan? Il faut plaindre leur ignorance; mais peut-on excufer leur té

mérité ?

III. Mais la raison seule ne montre-t-elle pas que l'existence du purgatoire est une conféquence néceffaire des vérités fondamentales du chriftianisme?

L'ame eft immortelle : celle du pécheur qui meurt dans la difgrace de Dieu par le péché mortel eft féparée de lui pour toujours & abymée dans les enfers: mais toutes celles qui fortent de ce monde fans péché mortel, doivent-elles être admifes fur le champ à la gloire du paradis?

Rien de fouille ne peut y entrer, fuivant le témoignage de l'écriture (a), & ce n'eft pas dans ce royaume de Dieu qu'on peut faire pénitence; cependant des ames à qui le péché mortel a été pardonné, ne doiventelles pas fouvent y être encore foumises?

Vous avez reconnu, Monfieur, que Dieu prefcrivoit pour ces péchés pardonnés une mesure de peines temporelles à expier; mais j'ajoute à tout ce que je vous ai dit à cet égard cette réflexion bien frappante.

Quelle différence immenfe entre les ames à la mort, même entre celles qui

(a) Apocal.

échappent à l'enfer ! & comment le juste juge pourroit-il les traiter toutes, au moment qu'elles paroiffent devant lui après la mort pour être jugées, avec une entiere égalité ?

Deux hommes meurent en même tems, l'un a toujours mené la vie la plus pure, la plus pénitente, & Dieu lui a de plus ménagé pour le fanctifier davantage les humiliations, les perfécutions, les maladies, les croix de tous les genres les plus accablantes: l'autre au contraire, a vécu dans les délices, les fuccès, les félicités du monde, & a toujours été plongé dans l'abyme de tous les vices: chaque jour multiplioit fur lui des péchés fans nombre, des crimes, des forfaits, comme auffi des fautes vénielles à chaque moment: cependant par un coup merveilleux de la grace du Tout-Puiffant, il fe convertit fincérement à Dieu, & muni des facremens de la fainte églife, auffi-tôt après les avoir reçus il expire.

Quoi! il n'y aura entre eux aucune différence, ils entreront au ciel l'un à côté de l'autre, ils verront Dieu fur le champ tous les deux, & ce voluptueux converti ne fera jamais aucune pénitence pour fes péchés mortels innombrables, pour fes péchés véniels plus multipliés encore, dont

péché mortel? Cette égalité entre deux ames fi différentes fera-t-elle mefurée fur les regles de la juftice exacte & rigoureuse que Dieu fuit à l'égard des hommes après leur mort?

Il faut donc néceffairement reconnoître une jufte mesure de peines temporelles à acquitter en punition des péchés, après la mort, par ceux qui ne l'auront pas acquittée en cette vie.

LE PROTESTAN T.

Je ne vois rien à répondre, Monfieur, à ce que vous venez de me développer; l'existence du purgatoire me paroît établie ttès-folidement par l'écriture, la tradition & la raison.

Mais c'eft fur le troifieme point, qui concerne les indulgences, que j'ai fur-tout besoin d'inftruction; j'en ai entendu parler quelquefois à nos miniftres avec mépris, & je n'ai pas trop compris ce qu'ils vouloient dire.

LE DOCTEUR.

Je vais vous expofer nettement à cet égard la doctrine catholique, & vous verrez que cette expofition fimple fuffira pour en montrer la vérité.

I. Il faut diftinguer quant au péché la coulpe & la peine, la coulpe du mot latin

culpâ,

culpa, c'est le péché lui-même en tant qu'il rend l'ame coupable, qu'il la met dans la difgrace de Dieu & la retient habituellement dans cet état, jufqu'à ce qu'il lui foit remis. La peine, c'eft la punition que le péché mérite peine éternelle de l'enfer pour le péché mortel; peine temporelle, tant pour le péché mortel remis, que pour les péchés véniels, & cette peine eft plus ou moins forte, fuivant le nombre & l'énormité de ces péchés divers.

II. La rémiffion de la coulpe du péché & des peines éternelles s'appelle abfolution; elle eft donnée par le facrement de pénitence: la peine temporelle eft acquittée par les pénitences qu'impofent les miniftres de ce facrement, par les prieres, les aumônes & les autres œuvres fatisfa&toires que font les pénitens, ou elle eft remise par les indulgences qu'accorde l'églife.

III. On appelle donc indulgence, la rémiffion faite par l'églife des peines qu'elle a impofées, ou qui font dues d'ailleurs à la juftice de Dieu par les pécheurs; rémiffion que l'église ne leur accorde qu'en leur impofant certaines oeuvres pieufes.

İV. Cette église a en effet reçu de JésusChrift deux pouvoirs, l'un de remettre la coulpe du péché & fa peine éternelle, ainfi qu'on le voit par ces paroles de JéfusChrift, les péchés feront remis à ceux à qui

péché mortel? Cette égalité entre deux ames fi différentes fera-t-elle mefurée fur les regles de la juftice exacte & rigoureuse que Dieu fuit à l'égard des hommes après leur mort?

Il faut donc néceffairement reconnoître une jufte mesure de peines temporelles à acquitter en punition des péchés, après la mort, par ceux qui ne l'auront pas acquittée en cette vie.

LE PROTESTAN T.

Je ne vois rien à répondre, Monfieur, à ce que vous venez de me développer; l'existence du purgatoire me paroît établie très-folidement par l'écriture, la tradition & la raison.

Mais c'eft fur le troifieme point, qui concerne les indulgences, que j'ai fur-tout besoin d'instruction; j'en ai entendu parler quelquefois à nos miniftres avec mépris, & je n'ai pas trop compris ce qu'ils vouloient dire.

LE DOCTEUR.

Je vais vous expofer nettement à cet égard la doctrine catholique, & vous verrez que cette expofition fimple fuffira pour en montrer la vérité.

I. Il faut diftinguer quant au péché la coulpe & la peine, la coulpe du mot latin

culpá,

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