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Après le décès de vos proches, difoit ce même pere, vous affemblez les pauvres, vous conjurez les prêtres de prier eux (a).

S. Ambroife qui mourut dix ans avant S. Chryfoftôme fit les oraisons funebres des empereurs Théodofe & Valentinien; il offrit pour eux le facrifice & pria pour le repos de leurs ames, ainfi qu'il l'avoit fait à l'égard de fon frere Satyre, & dans la lettre qu'il écrivit à Faustin, à l'occasion de la mort de fa fœur, il dit, il ne s'agit pas de verfer des larmes, mais de faire des prieres & d'offrir le facrifice pour fon ame.

S. Jérôme loue Pammachius de ce qu'au décès de fon époufe il avoit fait d'abondantes aumônes pour le foulagement de fon ame, fachant, ajoute-t-il, ce qu'enfeigne l'écriture, que comme l'eau éteint le feu, de même l'aumône efface le péché.

Mais S. Auguftin, fur-tout, parle fi fouvent du purgatoire & de la priere pour les ames des défunts, fpécialement dans l'ouvrage qu'il a fait fur ce fujet, intitulé de curá pro mortuis, que les fondateurs de la prétendue réforme & Calvin en particulier, en font expreffément convenus; car leur témoignage non feulement fur le fentiment de S. Auguftin à cet égard, mais encore fur celui des peres qui l'avoient

précédé, étant plus décifif que tous les textes de ces anciens auteurs, je me borne à présent à vous rapporter ceux des chefs les plus fameux des fectes proteftantes.

Auguftin & Chryfoftôme, dit Zuingle, difent que la coutume de prier pour les morts eft venue des apôtres; de quoi je m'étonne fort. Mais fi la chofe eft entiérement comme ils le difent, je ne penje pas que les apôtres fe foient montrés indulgens au regard de quelques-uns, touchant la priere pour les morts, finon en confidération de leur infirmité (a).

C'est une maniere de régler la prédication des apôtres bien peu digne d'eux.

Quant aux peres, dit Pierre martyr, je n'ai autre chofe à dire, fi ce n'eft qu'ils ont été pour la plupart enclins & portés à accorder le purgatoire (a).

Mais les témoignages multipliés de Calvin font encore plus précis.

C'eft la très-ancienne obfervance de l'églife, dit-il, de prier pour les défunts.... il y a plus de 1300 ans que cet ufage eft établi, [ c'est-à-dire, dès le deuxieme & troisieme fiecle] & moi, je leur demande à mon tour, fur quelle parole de Dieu, fur quelle révélation divine il eft fondé. En cela, ces an

(2) de, cin, Cor: Ch. 3, fol. 83-
(a) Zuing. de can. Miffæ, tom. 1, fol. 136.

ciens fe font trompés, & en conféquence je foutiens qu'il ne faut pas les imiter.

Ils le faifoient pour foulager leur douleur.... c'eft que des chrétiens eurent honte de ne pas montrer pour leurs défunts des fentimens & des foins que montroient les païens mêmes,

Mais la plus légere prudence fuffit, ajou te-t-il, pour reconnoître que tout ce tout ce qu'on lit à ce sujet chez les anciens eft accordé aux ufages du tems & à la fottife du vulgaire : ils ont été, j'en conviens, entraînés dans l'erreur, parce qu'une crédulité inconfidérée prive fouvent les hommes de fens.

Et pour donner enfuite un exemple illuftre de cette condefcendance aux erreurs vulgaires.

Auguftin, dit-il, rapporte dans le livre de fes confeffions que Monique fa mere l'avoit prié avec beaucoup d'ardeur de faire mémoire d'elle à l'autel, en célébrant les myfleres après fa mort; c'étoit un defir de vieille femme pour lequel fon fils par une affection naturelle ne fe régla pas fur l'écriture, voulant le faire trouver

bon aux autres.

Auffi fon livre, du foin qu'on doit avoir des défunts, eft fi froid que fa feule lecture doit éteindre toute la chaleur du zele infenfé qu'on pourroit avoir pour le foulagement des défunts.

Je conviens au refle, que les anciens auteurs eccléfiaftiques ont regardé les prieres pour

les morts comme des œuvres de piété; mais il faut fe régler fur l'écriture (a).

Mais ne font-ce pas là des infultes faites bien gratuitement à Ste. Monique, à S. Auguftin & à toute l'antiquité chrétienne, jufqu'aux apôtres : ce font tous, fuivant Calvin, des hommes qui fe trompent, entraînés par une fotte crédulité; lui feul eftil donc un ange infaillible?

Ecoutons-le lui-même, cet Augustin, & voyons dans fes autres ouvrages s'il parle par complaifance pour fa vieille

mere.

Il eft hors de doute, dit-il, que les morts font fecourus par les prieres de la Ste. églife, par le facrifice falutaire, par les aumônes diftribuées à leur intention, afin que Dieu les traite avec plus de miféricorde, que ne mériteroient leurs péchés; car l'églife obferve par toute la terre, le tenant de la tradition des peres, qu'il foit fait mémoire au facrifice de ceux qui font morts dans la communion du corps & du fang de Jésus-Chrift, & facrifice foit offert pour eux; mais je dis pour ceux qui ont tellement vécu que les œuvres de piété puiffent leur être utiles après leur

mort.

que ce

Que les chrétiens rendent donc à leurs proches décédés les honneurs de la fepulture, qu'ils

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Leur faffent conftruire des tombeaux.... mais qu'ils aient encore bien plus de foin de faire pour eux plus abondamment des prieres, des offrandes, des aumônes, parce que ce font ces œuvres faintes qui aident véritablement leurs ames (a).

C'est ce qu'il répete en d'autres termes, mais toujours avec la même énergie, dans ce livre célebre qui paroît fi froid à Calvin.

De nos jours, des docteurs catholiques pourroient-ils parler de ce point de croyance en termes plus exprès? Ici la tradition eft donc auffi formelle que l'écriture, & l'églife grecque eft d'ailleurs conftamment d'accord avec la latine.

Je vous le demande à préfent, Monfieur, après ce concours fi conftant, fi uniforme de l'écriture & de la tradition pour établir le purgatoire & l'utilité de la priere pour les morts, que peut-on penfer de ce texte de Calvin, le purgatoire est une pernicieuse invention de fatan, qui détruit les mérites de la paffion de Jésus-Chrift, fait une injure atroce à la miféricorde divine, & eft contraire à la foi (b)?

Comment les calviniftes ont-ils ofé inférer dans leur confeffion de foi cet article

(a) Aug. ferm. 172. de verbis Domini.

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