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pas besoin de nouvelle preuve), l'existence du purgatoire eft d'ailleurs clairement établie par l'écriture, la tradition & la raifon même.

I. Judas Macchabée, lifons-nous dans l'un des livres facrés qui portent fon nom, ayant recueilli dans une quête deux mille drachmes d'argent, il les envoya à Jérufalem afin qu'on offrit un facrifice pour les perfonnes décédées... C'est donc une fainte & falutaire pensée de prier pour les morts, afin qu'ils foient délivrés de leurs péchés (a).

Ce ne font pas fans doute les péchés mortels des défunts, dont les prieres des vivans peuvent obtenir la délivrance, puifque ces péchés les auroient précipités à jamais dans les enfers; mais ce font des péchés véniels, ou des péchés mortels pardonnés, c'est-à-dire, ce font les peines qui resteroient à fubir pour ces péchés divers, dont les prieres peuvent procurer la rémiffion.

Ici les prétendus réformés n'ont point trouvé d'autre réponse que de rejeter du nombre des livres facrés ces deux livres des Macchabées, malgré le confentement des églifes grecque & latine, qui les ont toujours reconnus pour canoniques.

S. Paul rend auffi témoignage de ce

(4) 2. Macch. 12, 43,

même ufage de faire de bonnes œuvres pour les morts: voici fes termes.

Autrement que feront ceux qui font baptifés pour les morts, fi les morts ne reffufcitent point, & pourquoi font-ils baptifes pour eux? (a) Les commentateurs ne s'accordent pas fur ce que pouvoit être ce baptême qu'on recevoit pour les morts; mais en quelque fens qu'on veuille le prendre il réfulte au moins de ces paroles de l'apôtre, que l'on faifoit alors des œuvres de religion pour les morts, & que par conféquent il en eft qui peuvent dans l'autre vie avoir befoin de ce fecours.

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Il est une multitude d'autres paffages par lefquels les anciens peres ont prouvé le purgatoire; par exemple le verf. 4 du ch. 4 d'Ifaïe, qu'Origene & S. Auguftin y appliquent, de l'aveu même des Centuriateurs de Magdebourg, du verf. 32 du chap. 12 de S. Matthieu, que S. Auguftin entend de même, des verf. 13, 14 & 15 du troifieme chap. de la premiere épître de S. Paul aux Corinthiens, qu'Origene, S. Cyprien, S. Bafile, S. Ambroife & S. Auguftin appliquent auffi au purgatoire, &c. On peut les voir au long dans le volume des controverfes de M. le cardinal de Richelieu (b)

(( Controv. 1. 4. ch. 6. pag. 642. 43. 44 & 45.)

II. Je pourrois vous renvoyer aussi à cet auteur célebre, qui rapporte enfuite jufqu'à la page 660, les textes des anciens peres qui ont tous exprimé cent & cent fois la croyance du purgatoire, & l'usage conftant de l'églife de prier pour les défunts, foit au tems de leur fepulture, foit enfuite tous les jours dans fa liturgie: mais vous ferez bien aife de voir leurs propres termes, ainfi je vais choifir quelques textes, au moins des auteurs des premiers fiecles.

Tertullien vivoit au fecond: il parle fouvent de la charité que les fideles avoient pour les défunts, de ce qu'ils faifoient pour leur obtenir du foulagement; louant fpécialement une veuve fidelle à ce qu'elle devoit à la mémoire de fon époux: Elle prie, dit-il, pour l'ame du défunt, elle offre des facrifices pour lui tous les ans ; elle prie Dieu de lui accorder un lieu de rafraîchiffement, & la participation à la réfurrection premiere (a).

Au troifieme fiecle S. Cyprien rappelle fouvent le purgatoire & la coutume des fideles de prier pour les morts & d'offrir pour eux le facrifice: Si quelqu'un, dit - il en traitant de certaines loix eccléfiaftiques, tranfgreffe ces loix, il eft ordonné qu'après

(a) Tert. lib. de Monogami,

fa mort le prêtre n'offre pour lui ni prieres ni facrifice (a).

En ce même fiecle Arnobe affure dans fes livres contre les gentils, qu'on prie dans les affemblées des chrétiens pour les fideles vivans & décédés.

Mais un texte de S. Bafile eft fi lumineux, que je vais vous le citer ici dans fon entier : Les fideles, dit ce pere, qui, comme de généreux athletes, auront courageu fement combattu toute leur vie contre leurs ennemis invifibles, feront examinés à la fin de leur vie, après qu'ils n'auront plus d'embûches à craindre. Alors s'ils font couverts de plaies, s'il fe trouve en eux quelques taches, quelques reftes, quelques veftiges du péché, ils feront retenus en captivité; mais s'ils font fans bleffure & fans péché, alors Jefus-Chrift les fera paffer à un doux repos, comme des foldats libres & invincibles (b).

Pouvoit-on exprimer plus nettement la différence qui fe trouve à la mort entre les juftes, dont les uns font admis auffi-tôt à la gloire du ciel, & les autres font détenus pour quelque tems en purgatoire?

.S. Epiphane, qui vivoit peu après S. Bafile, en combattant la doctrine d'Arius, met au rang de fes erreurs, non pas d'avoir

(a) Cypr. epift. 66.

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nié le purgatoire, qu'il reconnoiffoit, mais d'avoir avancé que nos prieres & nos bonnes œuvres pour les ames qui y font dé tenues étoient inutiles. Il ajoute qu'il n'y a rien de plus utile, de plus convenable, de plus admirable, que la pratique de prier pour les défunts, qu'il faut que l'église pratique ce que la tradition lui enfeigne (a).

Nous prions, difoit dans le quatrieme fiecle S. Cyrille de Jérufalem, pour tous les fideles qui font décédés parmi nous, perfuadés du grand fulagement que reçoivent les ames pour qui nous prions & offrons le redoutable facrifice de l'autel (b).

Au même ficcle, S. Jean Chryfoftôme parle du purgatoire & de la priere pour les morts dans plufieurs endroits de fes ouvrages: penfez, dit-il, par exemple donner du fecours à ce défunt que vous regrettez, non par d'inutiles larmes, mais par des prieres, par des aumônes, par des facrifices; car ce n'eft pas fans raison que dans la célébration des faints myfteres nous faifons mémoire des fideles défunts.... ne nous laffons donc point d'offrir pour eux des prieres à l'autel, car Jésus-Chrift y eft préfent comme victime offerte pour tous les péchés du monde (c).

(a) Epiph. lib. contra Arium.
(b) Cyril. catech. myftag.

Chryfoft, Homii. 14, in epift. 1. ad Cor.

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