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queftion ce qui me reste à vous dire fur ce point de doctrine important & de grande étendue, puifque feul il en réunit plufieurs, & c'eft pourquoi il faut le remettre à un autre entretien.

*

DOUZIEME ENTRETIEN.

Néceffité d'une fatisfaction temporelle pour les péchés commis après le baptême. Accompliffement de cette fatisfaction dans l'autre vie, quand elle n'a pas été acquittée en celle-ci.

Relaxation que peut en faire l'églife par les indulgences.

Juftification du célibat des clercs, des vœux monaftiques, de l'ufage de la langue latine dans le fervice divin, & des diverfes cérémonies de l'églife.

LE DOCTEUR.

Vous me demandiez, Monfieur, pourquoi le facrement inftitué par Jésus-Christ pour remettre les péchés commis après le baptême, s'appelloit facrement de pénitence.

C'eft qu'outre la contrition intérieure, qui peut feule opérer dans l'ame du pécheur un retour à Dieu digne de fa Majesté, & la confeffion néceffaire pour mettre le miniftre de Jéfus-Chrift en état de connoître fi les péchés du pénitent doivent être remis ou retenus, il lui reste encore

une fatisfaction temporelle, une pénitence à accomplir pour ces mêmes péchés; & comme cette fatisfaction eft des trois parties du facrement la plus frappante, la plus fenfible, il en a retenu le nom.

Mais je vous ai dit que ce point de doctrine en renfermoit plufieurs, les voici :

1o. La néceffité d'une fatisfaction temporelle, ou pénitence pour les péchés commis après le baptême, même quand Dieu les pardonne.

20. L'accompliffement de cette fatisfaction dans l'autre vie pour ceux qui ne l'ont pas acquittée en celle-ci.

3o. La rémiffion que peut en faire l'églife par le pouvoir qu'elle a reçu de Jésus-Chrift.

Ces trois points font donc la fatisfaction due pour le péché, le purgatoire & les indulgences.

LE PROTESTANT.

Monfieur, c'eft le premier point, ce me femble, qu'il faut fur-tout bien établir: les deux autres en font une fuite: mais eft-il bien vrai que Dieu exige une fatisfaction laborieuse pour les péchés commis après le baptême? Nos miniftres s'élevent fort contre cette doctrine: je leur ai entendu dire plufieurs fois, que Jéfus-Chrift avoit

fatisfaction étant d'un mérite, d'un prix infini, c'étoit méconnoître ce mérite que de prétendre fur-ajouter nos fatisfactions aux fiennes.

LE DOCTEUR.

C'étoit bien auffi à la preuve de ce dogme capital, que je voulois, Monfieur, principalement m'arrêter; & d'abord je mets à la tête ce dogme fondamental du chrif

tianifme.

Jéfus-Chrift s'immolant lui-même, a offert à Dieu fon Pere, pour tous les péchés du monde, une fatisfaction d'un prix infini, par conféquént non-feulement fuffifante, mais furabondante, & toutes les fatisfactions que peuvent faire les hommes, n'ont de mérite auprès de Dieu que

par

leur union à celle de ce divin Sauveur. Ce principe eft reconnu des prétendus réformés, des catholiques & de tous les chrétiens.

Les prétendus réformés en concluent, que Jéfus-Chrift ayant tout payé, il ne refte plus aucune fatisfaction temporelle à acquitter par les pécheurs, quand leurs péchés leur font remis, & qu'ainfi la pénitence ne confifte que dans le changement & les difpofitions du cœur.

L'églife catholique au contraire a toujours enfeigné qu'outre la difpofition intérieure

intérieure de l'ame, qui eft la principale partie de la pénitence, la juftice de Dieu exige du pécheur, même en lui pardonnant, une fatisfaction extérieure ; qu'ainfi en lui remettant par le facrement de pénitence la peine éternelle due au péché, il ne le difpenfe pas d'acquitter des peines temporelles, dont il connoît feul & dont il détermine la mesure.

Or je dis qu'ici la vérité de la doctrine de l'églife eft invinciblement prouvée par l'écriture, la tradition & les raifons les plus fenfibles.

I. L'écriture eft pleine d'exemples de peines impofées pour des péchés pardonnés.

Adam peche, & Dieu lui pardonne; mais à quel prix? La terre, lui dit-il, n'ouvrira plus fon fein qu'arrofée par tes fueurs, tu mourras, & tu fouffriras jufqu'à ce que tu retournes dans la pouffiere d'où je t'ai tiré (a).

En effet l'harmonie des élémens eft interrompue, les faifons ne fe fuccedent que pour faire éprouver à l'homme infortuné divers genres de douleurs, livré au dedans, par des maux cruels, à de perpétuelles tortures, demandant au dehors à tout ce qui l'environne des fecours qu'il

(a) Gen. 3, 19.

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