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Cependant en définitive tous ces aveux ne fignifient plus rien, & le facrement de pénitence eft aujourd'hui, au moins chez les calvinistes, entiérement abrogé.

Combien y a-t-il de facremens de l'églife dans l'églife chrétienne, dit-on dans le grand catéchifme de Geneve de M. Ofterwald (a)?

Notre Seigneur Jésus-Chrift n'en a inftitué que deux, qui font le baptême & la fainte cene.

Y a-t-il beaucoup de cérémonies de l'églife chrétienne, lit-on dans le petit catéchisme (b) non, toute la religion chrétienne eft fort fimple, &c. & ces deux catéchismes ne parlant que du baptême & de la cene, ne difent pas un feul mot du facrement de pénitence.

Mais comment accorder ici les réformés actuels avec les anciens, & Dumoulin avec lui-même ?

A la faveur des équivoques, Calvin avec fes deux facremens communs à l'églife, fe laiffoit bien la liberté d'en admettre de particuliers, & il vouloit retenir le facrement de l'ordre; mais enfuite ce facrement a difparu: il en a été de même de celui de la pénitence. Dumoulin a imaginé ces quatre confeffions à Dieu, au public, au pafteur, & à l'offenfé,

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au

moyen de quoi quand il fe voyoit obligé de reconnoître la néceffité de la confeffion, il fe réservoit la liberté de ne l'entendre plus alors que de la confeffion faite à Dieu.

Auffi avoit-il dit, la parole de Dieu nous obligeant à confeffer nos péchés aux pafteurs de l'églife, ne nous oblige pourtant point à leur confeffer tous les péchés mortels dont nous pouvons nous fouvenir, ainfi qu'on l'enfeigne & qu'on le pratique en l'églife romaine: Dieu n'a point impofe ce joug au peuple (a).

Voici donc dans le vrai le fyftême des prétendus réformés : Jésus-Christ a donné aux pafteurs le pouvoir de remettre les péchés; cependant les pécheurs ne font pas obligés à recourir à eux au moins pour tous les péchés mortels; il peut leur fuffire de s'en confeffer à Dieu.

Mais ce fyftême n'est-il pas manifeftement faux ?

1o. Tout péché mortel lie l'homme, lui fait perdre l'état de grace, l'exclut du ciel & le voue à l'enfer, jufqu'à ce qu'il lui foit remis.

Dès-lors ne doit-il pas defirer ardemment d'en avoir la rémiffion & faire tout ce qui eft en lui pour l'obtenir ?

Jefus-Chrift a établi pour cette rémiffion

(a) Nouveauté du pap. pag. 157. Bouclier, pag. 24.

un moyen; par-là même le pécheur n'eftil pas obligé d'y recourir pour deux raifons évidentes?

La premiere, qu'il ne peut pas lui être permis de rifquer fon falut, en négligeant le feul moyen établi par Jéfus-Chrift pour le lui procurer, c'eft-à-dire, pour obtenir la rémiffion de fes péchés dès qu'il a eu le malheur d'en commettre de griefs; car ce divin maître n'en a point établi d'autre pour cette fin que le facrement de péni

tence.

La feconde, que fi l'on pouvoit obtenir par quelqu'autre voie la rémiffion des péchés & le falut, fans recourir à ce moyen, quoiqu'on le puiffe, cet établiffement fait par Jéfus-Chrift deviendroit inutile; alors perfonne n'y auroit plus recours, parce que ce recours coûte à la nature; ainfi dans le fait il fe trouve aboli chez les prétendus réformés, quoiqu'en aient dit leurs premiers chefs. Ce pouvoir des clefs feroit donc dans l'églife de Jéfus - Christ fans exercice & fans effet.

que

2o. Si on eft obligé de foumettre à ce pouvoir quelques péchés mortels, mais non pas tous, qui fera avec affurance ce difcernement? ce feront les plus griefs qu'on craindra le plus de déclarer, & cependant oferoit-on prétendre que ce

obtiendra plus facilement le pardon de Dieu lui-même, fans en faire l'aveu à fes miniftres?

3o. Au moins, alors, traitant immédiatement avec Dieu, faudroit-il avoir des difpofitions plus parfaites de repentance & de ferveur, qu'en recourant au pouvoir des clefs qui a toujours fans doute quelque efficacité: eh, qui fera donc affez téméraire pour se promettre ces difpofitions, fur-tout quand il ne voudra pas s'humilier en recourant au pouvoir donné par Jésus-Chrift à ses miniftres ?

LE PROTESTAN T.

Monfieur, ces raifons font bien frappantes, & d'ailleurs quelles refsources ne doivent pas trouver des pécheurs toujours fi foibles, fi fouvent ignorans! quelle force, quelles confolations dans les corrections, les lumieres, le zele, la charité, les avis des miniftres de Jéfus-Chrift! & n'en feroit-ce pas affez pour établir la néceffité de recourir à eux dès que ce font eux que ce divin Sauveur a voulu rendre les dépofitaires de fes droits fuprêmes ?

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Mais, Monfieur cette confeffion fecrete faite à l'oreille d'un pafteur a-t-elle toujours été en ufage dans l'é

glife, comme elle l'eft aujourd'hui dans l'église romaine?

LE DOCTEUR.

Oui, Monfieur, avec la différence néanmoins, non pas de doctrine, mais de difcipline feulement & d'ufage qu'a néceffairement exigé la diverfité des tems & des circonftances..

Depuis le premier fiecle jufqu'à nous les miniftres de Jéfus-Chrift ont exercé le pouvoir de remettre ou de retenir les péchés, & pour cet exercice les pécheurs ont eu recours à eux.

C'est un fait conftant, établi par les textes des peres & des conciles, dont Bellarmin & les autres théologiens fcolaftiques ont fait d'amples recueils.

Dans les premiers fiecles les grands crimes étoient bien peu communs parmi les chrétiens, l'églife impofoit pour eux de fortes pénitences, fouvent publiques, & elle différoit quelquefois leur abfolution jufqu'à la mort du pénitent.

Alors les confeffions fecretes étoient plus rares, parce que l'on péchoit moins, que d'ailleurs la rigueur des pénitences & la longueur des délais de l'abfolution imprimoient plus de crainte, qu'enfin la

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