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Vous allez fans doute me parler de

l'ordre ?

LE DOCTEUR.

Nous avons fur ce facrement, plus clairement encore l'écriture, la tradition & même le confentement de plufieurs des chefs de la prétendue réforme.

I. Nous lifons dans les actes des apôtres (a), que les fept premiers diacres leur furent préfentés, qu'ils firent fur eux la cérémonie extérieure de prier & de leur imposer les mains; fonction réservée aux apôtres & enfuite aux feuls évêques leurs fucceffeurs, par un ufage qui n'a jamais été interrompu dans l'églife. L'Efprit - Saint ayant enfuite ordonné de lui féparer Paul & Barnabé pour les envoyer aux nations les apôtres jeunerent, prierent, & leur donnerent l'épifcopat par l'impofition des mains (b): modele qu'a toujours fuivi l'églife depuis, en faifant précéder les ordinations par le jeûne & la priere.

C'eft cette ordination à l'épifcopat que S. Paul rappelle à fon cher Timothée en ces termes: Je vous avertis de rallumer ce feu de la grace de Dieu, que vous avez reçu par l'impofition de mes mains (c); & encore:

(a) Act. 6, 6. (b) A&t. 13, 3.

Ne négligez pas la grace qui eft en vous, qui vous a été donnée, fuivant une révélation prophétique, par l'impofition des mains des prêtres (a).

Or il est évident que ce rit extérieur étoit un véritable facrement, puisqu'il conféroit la grace de Dieu, & même le S. Efprit, fuivant cette autre parole adreffée auffi par S. Paul à des évêques ordonnés par l'impofition des mains des apôtres : C'eft l'Elprit faint qui vous a établis évêques pour gouverner l'églife de Dieu (b).

II. Tous les premiers conciles, les plus anciens peres, parlent de l'ordination comme d'un facrement, & lui en donnent le nom: on peut voir leurs canons & leurs textes dans le premier tome du Traité de Vuitaffe, de ordine, depuis la page 17 jusqu'à la page 25.

Je ne vous citerai que ce paffage de S. Auguftin: il écrivoit contre les donatiftes, qui prétendoient qu'à la vérité par l'héréfie on ne perdoit pas le baptême, mais le droit de baptifer reçu par l'ordre du facerdoce: Qu'ils expliquent, difoit-il, comment on perd l'un, fi on ne perd pas l'autre.... Et le baptême & l'ordre qui donnent le pouvoir de baptifer, font chacun un vrai

(a) 1. Tim. 4, 14. 28.

(8) A&t. 20,

Sacrement

facrement, ce dont perfonne ne doute; comment peut-on donc perdre l'un fi l'on ne perd pas l'autre: il ne faut faire injure ni à l'un ni à l'autre de ces deux facremens (a).

III. Ces raisons font fi décifives, que plufieurs des chefs de la prétendue réforme ont d'abord mis l'ordination au rang des facremens.

Henri VIII, après fa féparation de l'églife romaine, fit dreffer des regles pour le gouvernement eccléfiaftique en Angleterre, & voici comment il y parle de l'ordination.

En prépofant aux églifes les miniftres, qui font les diacres, les prêtres & les évêques on doit retenir la cérémonie de l'impofition des mains, parce qu'il en eft fait mention dans les faintes écritures, & qu'elle a toujours été d'ufage dans l'églife (b).

Vous avez vu par les paffages que je vous ai cités au commencement de cet entretien, que c'étoit-là d'abord le fentiment de Luther, de Mélanchon, de Calvin & du fynode de Leipfic qui mettoient l'ordination au nombre des facremens: la force de la vérité les faifoit parler ainfi; mais ce fut enfuite l'intérêt de leur caufe qui les engagea à changer de langage.

La même autorité de l'écriture & de

(4) Auguft. liv. 2. contra Parmen. cap. 13, n. 30.
(b) Ch. 6, des facrem.

que

la tradition, qui établissoit invinciblement l'ordre eft un facrement, en réservoit l'administration aux évêques feuls fucceffeurs des apôtres : or les prétendus réformés n'en avoient aucun dans leur fociété. Luther & Zuingle étoient prêtres; mais après eux la réforme fe trouva non plus feulement fans épifcopat, mais même fans facerdoce: comment donc auroit-elle pu reconnoître alors un Jacrement de l'ordination?

Luther, comme je vous l'ai dit, avoit bien ofé, en vertu d'un prétendu pouvoir reçu immédiatement de Dieu, établir Nicolas Armfdorf, évêque de Naumbourg; mais il n'y avoit pas d'apparence qu'il fe trouvât jamais un autre homme affez hardi pour donner un nouvel exemple d'une telle entreprise; les réformés furent donc forcés, malgré tout ce qu'ils avoient dit d'abord, de laiffer difparoître à petit bruit avec les degrés divers d'ordination & de miffion ecclefiaftique, le facrement même de l'ordre & de n'en plus parler; mais leur filence anéantira-t-il un point de croyance & de difcipline fi conftamment établi ?

LE PROTESTAN T.

Non, Monfieur, je ne vois pas qu'on puiffe le penfer,

Vous avez encore à m'inftruire fur le

mariage.

LE DOCTEUR.

A cet égard la vérité de la doctrine de l'églife catholique fe manifefte auffi avec la même clarté.

I. Le mariage a été béni de Dieur dès for inftitution entre nos deux premiers parens. Depuis, quoiqu'il eût perdu de fa primitive fplendeur, par la dureté du cœur de l'homme, fuivant l'expreffion du Sauveur (a), il avoit cependant toujours été regardé, par tous ceux qui ont eu connoiffance du vrai Dieu, comme un lien refpectable qui avoit rapport à la religion; & fpécialement parmi les Juifs il étoit l'objet d'une cérémonie qui fe célébroit avec modeftie & piété.

Mais Jéfus-Chrift le rappella à fon inftitution primitive, en défendant la polyga mie & le divorce, ainfi qu'on le voit dans S. Matthieu, ch. 19; S. Mare, ch. ro; & S. Luc, ch. 16.

Il l'éleva bien plus encore, & jufqu'à rendre l'union fainte qu'il opere entre l'homme & la femme, comparable à celle que ce divin Sauveur a daigné contracter avec l'église fon époufe. Les paroles. de S. Paul

(4) Matth. 19, 8,

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