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ralement puifqu'il eft invinciblement prouvé que l'églife romaine a été l'église de Jésus-Chrift, elle l'eft encore & le fera toujours, parce que ce divin fauveur a promis qu'il feroit toujours avec fon églife, & qu'elle fubfifteroit jusqu'à la fin du monde.

LE PROTESTAN T.

Mais, Monfieur, ne pourroit-on pas dire que fi à l'extérieur les évêques paroiffent envoyés par Jésus-Chrift, intérieurement ils ne le font pas, parce qu'ils font tombés dans des erreurs, & qu'ils ont abandonné la doctrine pure des quatre premiers fiecles; il me femble que j'ai entendu raisonner ainfi quelques-uns de nos miniftres.

LE DOCTEUR.

Il eft vrai que quelques-uns d'entr'eux ont hazardé cette objection en défespoir de cause, mais vous allez juger vous-même combien elle eft frivole.

Raifonner ainfi, c'eft démentir formellement Jéfus-Chrift, qui a dit que l'erreur ne prévaudroit jamais contre fon églife, & qu'il feroit toujours avec elle.

Mais je réponds plus directement, & je dis que c'eft renverfer vifiblement l'état de la queftion.

Je ne vous ai parlé jufqu'à préfent que

du fait, c'est-à-dire de l'établiffement des apôtres & de leurs fucceffeurs, pour gouverner l'églife, & de l'enchaînement qui fait remonter jufqu'à eux les ministres qui conduifent aujourd'hui l'église catholique: je traiterai enfuite de la doctrine & c'eft alors que je vous prouverai qu'elle n'a jamais changé, & que je vous démontrerai fur tous les points la vérité de la croyance catholique.

LE PROTESTANT.

Je prévois bien l'avantage que vous allez avoir à préfent, pour montrer que les églifes réformées n'ont pas été fondées par Jéfus-Chrift, & qu'elles ne font pas conduites par des pafteurs envoyés de fa part.

LE DOCTEUR.

Oui, Monfieur, ce point eft décifif, & démontre feul la néceffité de quitter vos fociétés, qui dès-lors n'ont plus rien de commun avec Jéfus-Chrift, & rien à attendre de fes promeffes.

.

Je demande donc à préfent au fujet de la prétendue réforme, comme je l'ai fait au fujet de l'églife catholique romaine eft-ce Jésus-Chrift qui l'a fondée, & ceux qui la conduifent font-ils envoyés par lui? La réponse à la premiere queftion fe

Non fans doute, ce n'est pas Jéfus-Chrift qui a fondé la prétendue réforme : il n'eft pas defcendu de nouveau du ciel en terre pour cela; il n'a apparu, il n'a parlé à ce fujet à perfonne; il n'a pas plus fondé le lutheranifme & le calvinifme, qu'il n'avoit fondé auparavant l'arianifme, le neftorianifme, &c.; & toutes ces héréfies ont eu leurs chefs particuliers, dont elles portent le nom; elles font toutes nées dans le fein de l'églife catholique romaine; elles ont été par elle retranchées de fon fein aucune d'elles n'eft donc fondée par Jéfus-Chrift; le fait eft évident & ne mérite aucune difcuffion.

Mais fi la prétendue réforme n'a pas eu Jésus-Chrift pour fondateur, il eft certain par-là même, qu'elle n'a point eu pour conducteurs des miniftres envoyés de fa part, & cette réflexion eft importante.

Cette réforme étoit l'objet fur lequel une miffion expreffe eût été la plus néceffaire cependant Luther, Calvin & leurs difciples n'ont point eu cette miffion, & par conféquent ce n'eft pas de la part de Jésus-Chrift & en fon nom, que les églifes réformées ont été fondées par eux, & conduites par leurs fucceffeurs. C'eft ce que je vais vous développer.

I. Il falloit réformer l'églife de Jéfus Chrift, & en fonder une autre à fa place;

car c'eft-là ce qu'ont fait Luther & Calvin. Oui, ils ont ofé entreprendre de réformer l'églife de Jéfus-Chrift, car ils ont prétendu réformer l'églife catholique romaine, & cette églife romaine étoit l'églife de Jéfus-Chrift, puifqu'il n'y en avoit point d'autre fur la terre qui le fût: mais de leur part quelle audace!

Au moins n'eût-il pas fallu, pour un tel projet, la miffion la plus précife & la plus éclatante?

Quoi, il étoit defcendu du ciel ce Dieu fuprême, il avoit abrogé la loi de Moyfe, qui ne devoit durer qu'un certain tems, & qui portoit en elle-même la prédiction perpétuelle de fon abrogation; cependant pour l'abroger & lui fubftituer fa propre églife, fa chere églife, il avoit répandu fon fang adorable, il avoit donné enfuite à une multitude de difciples la miffion la plus authentique: Comme mon pere m'a envoyé, leur avoit-il dit, je vous envoie (a), comme des brebis au milieu des loups (b); par le pouvoir que j'ai reçu du ciel, je vous l'ordonne, allez, enfeignez tous les hom mes (c); & pour leur fournir comme des lettres de créance, qui montraffent aux hommes qu'ils venoient de sa part, il leur

(a) Jean 20. 2F.
(b) Luc. 10. 3.

,

avoit donné le pouvoir d'opérer les plus grands prodiges: Ceux qui auront cru, leur avoit-il dit, chafferont les démons en mon nom, ils parleront de nouvelles langues (a), ils prendront les ferpens avec les mains; s'ils boivent quelque breuvage mortel, il ne leur fera point de mal; ils impoferont les mains fur les malades & ils feront guéris. L'effet avoit fuivi la prédiction: Ils précherent, dit encore le texte facré, le Seigneur operant avec eux, & confirmant leurs difcours par une multitude de prodiges (b). Ces prodiges accompagnerent la prédicafion de l'évangile avec tant d'éclat & de furabondance , que la feule ombre de Pierre (c), les feuls linceuls de Paul guériffoient les maux les plus incurables, (d), &c. Voilà donc la miffion la plus expreffe, & pour la confirmer, les miracles les plus multipliés.

Mais ici il eût fallu des actes de miffion encore bien plus manifeftes, des prodiges bien plus éclatans & en bien plus grand nombre il ne falloit pas feulement élever un autre édifice, mais renverfer celui qui étoit déja conftruit; & par qui conftruit? non feulement par Moyfe, qui

(a) Marc 16. 16. ; (b) Ibid. 16. 200

(c) A&t. 5. 15. (d) A&t. 19. 126

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