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befoin qu'il fouffrît la mort une feconde fois, & réitérât le facrifice fanglant de la croix, comme l'on réitéroit les facrifices de l'ancienne loi, & qu'il ne falloit plus offrir d'autre victime que celle qui avoit été offerte fur la croix.

Nous croyons tout cela. Mais de ce que Jésus-Chrift n'est mort qu'une fois fur la croix, il ne s'enfuit pas qu'il ne continue point à s'offrir pour nous dans l'euchariftie, d'une maniere non fanglante.

Il ne faut pas, difent les proteftans, reconnoître d'autre facrifice que celui de la croix. Mais le facrifice de la croix & celui de l'euchariftie font le même facrifice; Jésus-Chrift eft dans l'un & dans l'autre le prêtre & la victime; le facrifice de l'euchariftie eft une continuation de celui de la croix & n'en eft différent que parce queJéfusChrift s'y offre d'une maniere différente.

On nous objecte que le facrifice de la croix étoit plus que fuffifant pour racheter le genre humain: cela eft vrai, nous en convenons: mais on en conclut qu'il ne faut pas reconnoître dans l'eucharistie un facrifice où Jéfus-Chrift s'offre pour notre falut. La conféquence n'eft pas jufte; s'il en étoit ainfi, il faudroit pareillement en conclure qu'il ne faut reconnoître aucun facrement inftitué pour la fanctification de

nos ames.

Nous ne regardons point le facrifice de la meffe, non plus que les facremens, comme un fuplément au facrifice de la croix, & au prix de notre rédemption. Mais nous croyons que Jéfus-Chrift s'offre dans l'euchariftie pour nous obtenir l'application des mérites du facrifice de la croix; tout comme nous difons que les facremens ont été inftitués comme des moyens par lefquels il a plu à Dieu de nous appliquer les mérites du Rédemp

teur.

On nous objecte encore que le facrifice de l'euchariffie fait tort & déroge à celui de

la croix.

Mais fi cela étoit vrai, il faudroit dire que lorfque notre Seigneur entrant dans ce monde, fe dévoua à Dieu (comme S. Paul nous l'apprend dans l'épître aux Hébreux qu'on nous objecte) & s'offrit à la place des victimes de l'ancienne loi, il dérogea par cette oblation à celle qu'il fit dans la fuite fur la croix; & qu'intercédant pour nous fans ceffe dans le ciel, comme S. Paul l'enfeigne encore, il affoiblit & accufe d'infuffifance le facrifice qu'il avoit confommé en mourant pour tous les hommes (a).

Toute la vie de Jésus-Chrift a été un

(a) Ibid. Hébr. 7, 15.

continuel facrifice pour notre falut. Une feule larme, une feule priere, une seule action du fils de Dieu étoit plus que fuffifante pour racheter des millions de mondes; cependant il lui a plu d'attacher le prix de notre rédemption à la mort qu'il à foufferte; de même il a voulu que le mérite nous en fût appliqué par l'oblation qu'il réitere tous les jours fur nos autels & par les facremens qu'il a inftitués pour notre fanctification.

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Voilà pourquoi, en offrant le facrifice de la meffe, ou en recevant les facremens, nous n'accufons point d'infuffifance le facrifice de la croix offert pour la rédemption humain.

du

genre

Les proteftans nous objectent enfin, que fuivant la doctrine de l'épître aux Hébreux le facerdoce de Jésus-Chrift eft éternel, qu'il n'a point de fucceffeurs, comme en ont eu Aaron & ceux qui l'ont remplacé, & que par conféquent il n'y a ni prêtre ni facrifice dans la loi nouvelle.

Nous avouons que Jéfus-Chrift n'a point de fucceffeurs. Les prêtres de la nouvelle loi font revêtus de la plus grande dignité que Dieu puiffe accorder à une créature; leur facerdoce eft d'autant plus élevé au deffus de celui d'Aaron, qu'ils offrent une victime dont les facrifices de l'ancien teftament n'étoient que la figure; mais ils ne

font pas les fucceffeurs de Jéfus-Christ: ils font fes miniftres & c'eft Jésus-Chrift qui continue de s'offrir lui-même par cet augufte miniftere.

LE PROTESTAN T.

Mais, Monfieur, il paroît furprenant que S. Paul relevant la dignité du facerdoce de Jéfus-Chrift dans fon épître aux Hébreux, ne parle pas ouvertement du facrifice de la meffe.

LE DOCTEUR.

Le deffein de l'apôtre étoit de montrer aux Juifs l'excellence du facrifice de la croix, & de leur faire voir que les facrie fices de la loi de Moïse étoient infuffifans; qu'ils avoient été abolis & qu'il n'y avoit plus d'autre victime que celle qui avoit été immolée fur la croix. De plus, S. Paul écrivoit à des Juifs nouvellement convertis, il y avoit à craindre que fa lettre ne tombât entre les mains des Juifs de la fynagogue, à qui il ne vouloit pas manifefter le myftere de l'euchariftie.

LE PROTESTAN T.

Je vois que les proteftans en méprisant toute la tradition, devoient s'appercevoir qu'ils ne pouvoient tirer aucun avantage de l'écriture.

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ONZIEME ENTRETIEN.

Nombre des facremens en général, & leur inftitution faite par Jésus-Chrift. Néceffité de reconnoître les facremens de confirmation, d'extrême-onction, d'ordre, de mariage & de pénitence.

JE

LE DOCTEUR.

E me fuis étendu dans nos deux précé dens entretiens fur tous les points de doctrine qui ont rapport à l'euchariftie; nous avons à conférer aujourd'hui fur les autres facremens.

L'églife catholique en a toujours reconnu fept; le baptême, la confirmation, l'eucharistie, la pénitence, l'extrême-onction, l'ordre & le mariage.

Les chefs de la prétendue réforme admirerent d'abord ce nombre ; mais enfuite ils varierent, & rejeterent tantôt les uns tantôt les autres.

Je ne condamne pas, difoit Luther, les Sept Sacremens; mais je nie feulement qu'on puiffe les prouver par l'écriture (a)

(a) Lib. de captivit. Babyl, de confirmat.

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