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action facrée, publique, qui fe renouvellât chaque jour fous leurs yeux, afin qu'ils puffent tous s'y unir, s'offrir euxmêmes au fouverain Seigneur de toutes chofes, avec la feule victime du falut, qui eft Jésus-Chrift, en s'incorporant'euxmêmes avec lui.

LE PROTESTANT.

Monfieur, vos raifons font frappantes; mais permettez-moi de vous le demander: la vérité du facrifice euchariftique est - elle fondée fur l'écriture?

LE DOCTEUR.

Oui, Monfieur, je vais vous en donner des preuves.

1o. Dans le pfeaume 109, David animé d'un efprit prophétique, adreffe au Meffie ces paroles: Vous êtes prêtre perpétuel felon l'ordre de Melchifedech, & Jésus-Chrift luimême nous apprend que les paroles qui forment le commencement de ce pfeaume: Le Seigneur a dit à mon Seigneur, affeyez-vous à ma droite, doivent s'appliquer à lui (a). Or ce - texte ne peut défigner que le facrifice de l'euchariftie, que Jéfus-Chrift offrit la veille de fa mort, & qu'il offre encore tous les jours comme fouverain prêtre & victime.

En effet, l'écriture nous rapporte qu'Abraham revenant du combat où il avoit vaincu plufieurs rois, Melchifédech, roi de Salem, le bénit & offrit du pain & du vin, parce qu'il étoit prêtre du très-huut (a). L'oblation du pain & du vin que fit Melchifédech, étoit donc un facrifice qu'il offrit à Dieu en action de graces de la victoire qu'Abraham avoit remportée.

N'eft-il pas évident que le facrifice fanglant que Jéfus-Chrift offrit fur la croix, ne peut avoir aucun rapport à celui de Melchifedech, fi ce n'eft en ce qu'il eft enfuite continué perpétuellement jufqu'à la confommation des fiecles, par le même prêtre qui est toujours ce divin fauveur non pas d'une maniere fanglante, mais fous les fymboles du pain & du vin, qui avoient formé précisément la matiere du facrifice de Melchifedech? Autrement, comment Jésus-Chrift pourroit-il être appellé prêtre, felon l'ordre de cet ancien roi de Salem?

2o. Dieu dit aux Juifs, par la bouche du prophete Malachie: Mon affection n'eft point en vous.... Je ne recevrai de vous aucun facrifice. Car depuis l'orient jufqu'à l'occident, mon nom eft grand parmi les nations & l'on m'offre le facrifice en tous lieux,

a) Genef. ch. 14.

l'on m'offre une hoftie pure & fans tache ; car mon nom eft grand parmi les nations (a).

Ici le prophete annonce l'abolition des facrifices de l'ancienne loi : il prédit que les nations qui étoient alors idolâtres, fe convertiront & facrifieront au vrai Dieu dans tout l'univers; que le facrifice qui fera offert en tous lieux, fera une hoftie pure & fans tache. Mais quel pourroit être ce facrifice offert par toutes les nations, ce facrifice qui devoit fuccéder à ceux de l'ancienne loi, ce facrifice fi pur & fi faint? Ce n'eft aucun des facrifices des Juifs, puifque le prophete en annonce l'abolition, & que d'ailleurs les facrifices des Juifs ne s'offroient pas par-tout. Ce n'eft pas le facrifice de la croix, puifqu'il ne fut offert qu'à Jérufalem. Ce n'eft pas le facrifice de louanges & de prieres que lui adreffent les chrétiens, puifque cette oblation de louanges & de prieres n'eft pas un véritable facrifice, & que d'ailleurs elle n'est pas toujours pure. Il faut donc avouer que le prophete Malachie parle du facrifice de la meffe, qui eft véritablement l'oblation la plus pure, qui eft offert par toutes les nations & dans tout l'univers. Auffi S. Irenée, S. Justin, S. Jean Chryfoftôme, & après eux tous les interpretes, ont-ils entendu conftam

ment ces paroles de Malachie du facrifice euchariftique.

3°. Ifaïe, annonçant la nouvelle alliance & la converfion des gentils, dit : dans la terre d'Egypte il y aura un autel du Seigneur (a). Il ajoute que le Seigneur choifira parmi les gentils convertis des prêtres & des lévites; mais un autel & des prêtres fuppofent un facrifice. Les nations converties au vrai Dieu devoient donc, après l'abolition des facrifices de la loi de Moïfe, avoir un facrifice, & un facrifice offert au vrai Dieu, puifqu'elles devoient avoir un autel du Seigneur, & que Dieu devoit fe choifir des prêtres & des lévites parmi les nations converties c'est-à-dire, parmi les chrétiens.

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4°. L'apôtre S. Paul, dans son épître aux Hébreux (b), dit que nous avons un autel auquel ne peuvent participer les miniftres de la loi de Moïfe; mais un autel suppose un prêtre, & une victime, en un mot, un facrifice.

5o. Dans l'endroit où S. Luc rapporte les paroles de l'inftitution de l'euchariftie on lit: Ceci eft mon corps qui eft donné pour yous; mais ces mots, donné pour vous fignifient la même chofe que offert actuel lement pour vous en facrifice, puifqu'il n'étoit pas encore offert fur la croix.

(a) Ifaïe, ch. 19, v. 19. (6) Hébr. 13, 10,

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On lit dans les actes des apôtres, ch. 13, v. 2: tandis qu'ils facrifioient au Seigneur. Et le terme grec dont fe fert ici S. Luc, fignifie, dans tous les endroits de l'écriture où il eft employé, offrir le facrifice.

LE PROTESTANT.

Vous avez coutume, Monfieur, d'ajouter fur les divers points de doctrine, le témoignage de la tradition aux textes de l'écriture: trouve-t-on dans les conciles & les écrits des peres, des preuves conftantes de la vérité de la croyance de l'églife romaine fur le facrifice euchariftique?

LE DOCTEUR.

Oui, Monfieur, la tradition de l'église l'enfeigne fi conftamment qu'on ne peut plus en douter.

Le premier concile général tenu à Nicée l'an 325, appelle l'euchariftie une oblation facrée. Il enfeigne que le pouvoir de l'offrir eft réfervé aux prêtres: il fuppofe donc qu'elle eft un facrifice.

Le concile général tenu à Ephese l'an 431, appelle l'euchariftie un sacrifice faint, vivifiant & non fanglant.... qui contient le corps & le fang du fils de Dieu.

Dans le concile général de Chalcédoine, l'an 450, l'euchariftie fut appellée facri

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