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par fes variations, fon embarras & le foible de fa cause.

Vous avez déja vu que confidérant d'abord la confervation ou la deftruction du pain, comme une opinion indifférente, fur laquelle il laiffoit une entiere liberté de croyance, il a enfuite taxé d'impiété la tranfsubstantiation ; & hafardant enfuite, fous une foule d'expreffions diverses, l'impanation, la companation, il n'a fu fe fixer à rien de précis (a).

V. Mais enfin l'église à réglé, ainfi qu'elle peut feule le faire, fur ce point comme fur tous les autres, la croyance des fideles.

Déja le troifieme concile de Rome tenu en 1059 contre l'erreur de Berenger avoit expreffément défini que le pain & le vin étoient fubftantiellement convertis au corps & au fang de Jésus-Chrift.

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Le concile général de Latran s'étoit servi en 1215 du terme de tranfubftantiation en prononçant ainfi : Le pain étant transfubf tantié au corps & le vin au fang de Jésus-Chrift.

Mais le concile de Trente a développé avec le plus grand foin ce dogme qui n'avoit pas encore été directement attaqué avant Luther; & il l'a défini en termes formels fous peine d'anathême (b).

(a) Voyez le VII. Entret. pag. 174.

LE PROTESTAN T.

Il faut avouer que ces paroles de JefusChrift, ceci eft mon corps, expriment la tranffubftantiation. Aux textes de l'écriture vous ajoutez la tradition & la déci fion expreffe de l'églife, qui, comme vous me l'avez fi bien prouvé dans notre fixieme entretien, doit fixer & régler la croyance des fideles. Je n'ai donc plus de difficulté fur la tranffubftantiation.

Ce dogme, m'avez-vous dit, est lié avec celui de la préfence permanente de Jéfus-Chrift en l'euchariftie. Voudriez-vous bien à préfent m'expliquer ce que vous entendez par cette préfence permanente ?

LE DOCTEUR.

La vérité eft toujours fimple & d'accord avec elle-même: telle eft la doctrine catholique. Dès que Jésus-Chrift eft réellement préfent en l'euchariftie, & que le pain & le vin n'y font plus, cette eucharistie n'est autre chofe que Jésus-Chrift, & continue

de l'être.

L'églife l'a toujours cru ainfi, & en voici les preuves démonftratives.

Dans les premiers fiecles on portoit l'euchariftie, après la célébration des faints myfteres, à ceux qui n'avoient pas pu y affifter; & S. Justin en rend expreffément

témoignage dans fa feconde apologie pour les chrétiens. S. Cyprien (a) & plufieurs autres auteurs anciens nous affurent auffi que dans le tems des perfécutions on la confioit aux chrétiens, qui l'emportoient chez eux pour se fortifier par cette fainte nourriture, au moment où ils étoient faifis pour comparoître devant les tyrans.

Dans tous les tems on a confervé l'euchariftie, pour la porter aux malades, & fur-tout à ceux qui fe trouvoient en danger de mort, ce qui par conféquent arrivoit tous les jours.

Delà, quand la paix a été entiérement rendue à l'églife, elle a établi les pieux ufages d'expofer dans les temples la fainte eucharistie au culte des fideles, de la tranfporter avec pompe dans des proceffions folemnelles; & toutes ces cérémonies ont été célébrées avec encore plus d'éclat depuis l'inftitution faite depuis tant de fiecles, de la fête du très-faint facrement & de son octave.

L'église a donc toujours cru la présence permanente de Jéfus-Chrift en ce facrement. Mais Luther ayant d'abord admis enfuite toléré, enfin condamné la deftruction du pain & du vin dans l'eucharistie, fe jeta par-là dans de grands embarras.

Cette question, Combien de tems le corps de Jésus-Chrift refte-t-il avec le pain? devint un fujet de divifion entre ceux qui s'attacherent à lui. Pour combattre plus efficacement la pratique conftante de l'églife catholique de conferver l'euchariftie, ainsi que je viens de vous l'expofer, ils imaginerent de dire que le corps de Jefus-Chrift n'étoit avec le pain que dans l'ufage : mais cette expreffion étoit bien vague.

Mélancthon, fi intimement lié avec Luther, avança que comme tous les facremens confiftent dans une action, le corps de Jésus-Chrift n'étoit avec le pain que dans l'action de la cene; & Kemnitius donnant enfuite à cette expreffion plus d'étendue, l'y reconnut préfent pendant la totalité de l'action de la cene prife moralement (a).

D'autres frappés par l'ufage conftant de l'églife dans tous les fiecles, de conferver l'euchariftie pour y recourir en tant de circonftances, porterent le tems de la préfence de Jésus-Chrift avec le pain jufqu'à trois jours; d'autres avec de Dominis pendant le temps qui s'écouloit d'une célébration publique de la cene jufqu'à l'autre (a), d'autres plus ou moins loin.

Calvin, qui favoit trouver au befoin

) Kemnitius 2. parte examinis, cap. 3 & 6.
De Dominis, lib. 5. ch. 6. n. 257.

dans

dans l'écriture beaucoup de chofes auxquelles perfonne n'avoit jamais pensé, prétendit que comme notre Seigneur avoit dit, en une même phrase, prenez & mangez, ceci eft ceci eft mon corps, l'euchariftie n'étoit le corps de Jéfus-Chrift (en quelque fens qu'elle le fût) que pour celui qui la mangeoit, par conféquent au moment même de la cene & feulement pour ceux qui y participoient (a)

Mais, n'eft-il pas évident que ce font ici de pures fictions, qui ne peuvent rien avoir ni de précis, ni de certain? Où ceux qui prétendront introduire ici Jésus-Christ dans l'euchariftie, l'y faire refter, ou l'en chaffer à leur gré, puiferont-ils des lumieres pour planter de telles bornes?

Que fignifiera cette expreffion, il y eft au tems de l'ufage, il y eft pour l'ufage: il n'y fera donc précisément que pour le

moment de la manducation; mais alors il n'y fera donc pas encore lorfque le miniftre prononcera ces paroles du Sauveur, ceci eft mon corps, ceci eft mon fang; en ce moment-là ces propofitions feront donc fauffes.

Si ces paroles font proférées avec dix morceaux de pain, parce qu'il fe trouve dix affiftans pour participer à la cene, & que deux de ces affiftans craignent de s'en approcher, leur tour étant venu, le corps (a) Calv. Inftit. lib. 4. ch. 17. §. 37.

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