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d'affliction que leurs peres avoient mangé en Egypte, ne pouvoient pas l'entendre au

trement.

LE DOCTEUR.

Il est évident que ces paroles ne répon dent point à l'objection propofée : que le pain qu'on mangeoit lors de la célébration de la pâque, ait été appellé un pain d'affliction, quel rapport cette dénomination peut-elle lui donner avec la repréfentation du corps de Jéfus-Chrift? Ne faut-il pas être bien dépourvu de réponfes, pour en donner de pareilles ?

LE PROTESTANT.

Outre les textes de l'écriture, qui font mention de l'inftitution de l'euchariftie vous m'en avez annoncé d'autres où S. Paul parle de la participation à ce facrement & de fes effets.

LE DOCTEUR.

Je vais vous les citer.

Voici ce que l'apôtre écrit dans fa prémiere épître aux Corinthiens, ch. 10, v. 14: Fuyez l'idolatrie; je vous parle comme à des perfonnes fages; jugez vous-mêmes de ce que je dis. Le calice facré que nous béniffons, n'eft-il pas la communion du fang

de Féfus-Chrift, & le pain que nous rompons n'eft-il pas la participation du corps du Seigneur?

Sentez-bien toute la force de ces paroles de l'apôtre il dit que nous participons au corps & au fang de Jéfus-Chrift. Il - l'affure comme une chofe indubitable & connue de tous les fideles...

Mais fi nous ne recevions dans l'euchariftie que la représentation du corps & du fang de Jéfus-Chrift, n'eft-il pas évi dent que ces paroles de l'apôtre, fi vives & fi énergiques, ne feroient qu'une vaine emphafe propre à tromper les fideles..

Dans la même épître, ch. 11, l'apôtre après avoir rapporté l'inftitution de l'eu chariftie, ajoute: C'eft pourquoi quiconque mangera ce pain ou boira le calice du Seigneur indignement, fera coupable d'impiété envers le corps & le fang du Seigneur. Que chacun donc s'examine & s'éprouve lui-même, & qu'ainfi il mange de ce pain & boive de ce calice. Car quiconque en mange ou en boir indignement, boit & mange fa condamna tion, ne difcernant pas le corps du Seigneur. Or, dites-moi, je vous prie, eft-il poffible de concilier la doctrine des calviniftes avec celle de S. Paul?...

1°. L'apôtre fuppofe qu'on peut manger le corps du Seigneur indignement. Mais fi nous n'y participons que par la

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foi, on ne conçoit guere comment nous pourrions le manger indignement. Car, ou nous avons la foi, & alors nous le mangeons dignement, ou nous n'avons pas la foi, & alors nous ne le mangeons point du tout.

2o. L'apôtre dit que celui qui reçoit indignement l'euchariftie, eft coupable d'un horrible facrilege envers le corps & le fang du Seigneur; mais fuivant la doctrine des calviniftes il n'en profaneroit que la représentation.

3°. S. Paul dit que celui qui reçoit indignement l'euchariftie, boit & mange fa condamnation, Judicium fibi manducat & bibit. Des expreffions auffi fortes fuppofent un crime énorme; cependant, fi on en croit les calvinistes, en recevant l'euchariftie indignement, on ne reçoit qu'un morceau de pain & un peu de vin. Ne traiteriez-vous pas d'extravagant un de nos prédicateurs, qui dans l'enthousiasme diroit qu'un homme qui, n'étant pas en état de grace, mange un morceau de pain bénit qu'on diftribue à nos meffes folemnelles, commet un horrible facrilege, & qu'il mange fa condamnation?

4°. La raifon pour laquelle celui qui communie indignement commet un énorme facrilege, c'est que, dit S. Paul, il ne fait pas le difcernement du corps du Seigneur,

c'est-à-dire qu'il ne le difcerne pas d'une nourriture ordinaire. Mais fi l'euchariftie ne contenoit que du pain & du vin, quelle fi grande différence y auroit-il entre l'euchariftie & une nourriture ordinaire ?

Hé bien! Monfieur, vous vouliez des preuves de l'écriture, êtes-vous fatisfait de toutes celles que je viens de vous donner ?

LE PROTESTAN T.

Chacune en particulier me frappe. Mais quand je les rapproche les unes des autres, elles me paroiffent fans replique. La maniere dont Jésus-Chrift s'exprima en promettant à fes difciples qu'il leur donneroit fon corps à manger & fon fang à boire, ce qu'il dit en inftituant l'euchariftie, les expreffions dont fe fert S. Paul en parlant de la participation à ce facrement, le filence de tous les auteurs facrés fur le fens figuré, tout cela me paroît former la preuve la plus complete de la préfence réelle de Jéfus-Chrift dans l'euchariftie.

Mais, Monfieur, comment s'eft-on exprimé dans l'églife depuis les apôtres fur ce grand myftere? Qu'en difoit-on à ceux qui embraffoient le chriftianifme? Quelles objections ne devoient-ils pas propofer

que leur répondoit-on? car enfin il falloit bien en parler; c'étoit non feulement un dogme de fpéculation, mais un facrement préfent qu'il falloit recevoir, auquel il falloit s'incorporer, non pas une fois, mais fouvent; que découvre-t-on à ce fujet dans les monumens de tous les fiecles?

LE DOCTEUR.

Ah! Monfieur, c'est ici où la tradition fe réuniffant à l'écriture, fournit des preuves toujours plus invincibles.

Tous les auteurs eccléfiaftiques ont parlé de la présence réelle dans les termes les plus clairs. Je n'entreprendrai pas de vous rapporter tout ce qu'ils en ont dit, leurs témoignages réunis formeroient de gros volumes; plufieurs théologiens les ont recueillis, entr'autres l'auteur qui a prouvé la perpétuité de la foi de l'églife, touchant la préfence réelle. Je vais feulement vous citer quelques-uns des textes des peres des quatre premiers fiecles, où, de l'aveu des proteftans, la foi de l'églife s'étoit confervée dans fa pureté.

S. Ignace martyr, évêque d'Antioche qui a vécu dans le premier fiecle, dit, dans fa lettre aux habitans de Smyrne, que certains hérétiques ne veulent point de l'euchariftie, ni de l'oblation, parce qu'ils ne reconnoiffent pas que l'euchariftie eft ba

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