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NEUVIEME ENTRETIEN.

Préfence réelle de Jésus-Chrift au facrement de l'euchariftie.

1. Preuves tirées de l'écriture.

2. Preuves tirées de la tradition.

3. Preuve appellée de prefcription, tirée de ce qu'il faut bien que les fideles aient cru la préfence réelle dès le temps des apôtres, puifqu'il eft impoffible de citer un tems poflérieur où l'églife ait commencé à la

JE

croire.

LE DOCTEUR.

E dois vous entretenir aujourd'hui du myftere ineffable de l'euchariftie.

Ici, mon très-cher Monfieur, élevez votre ame au deffus d'elle même, au deffus de la terre, au deffus des cieux : c'est la merveille des merveilles du Tout-Puiffant: ce que les plus fublimes intelligences n'euffent pu imaginer, ce qu'elles n'euffent pas même cru poffible, il l'a voulu, ce grand Dieu, il l'a pu, il l'a fait, il l'a fait, parce qu'il nous a aimés, & qu'il nous a aimés en Dieu, c'est-à-dire, d'un amour qui furpaffe toute expreffion & toute idée.

vous inftruire de tout ce que la foi nous apprend de cet augufte facrement. Je me borne aujourd'hui à la préfence réelle de notre Seigneur dans l'euchariftie. Ce dogme capital eft le fondement de beaucoup d'autres, que je vous développerai dans une feconde conférence.

LE PROTESTANT.

J'attendois, Monfieur, avec impatience votre instruction fur un fujet fi important, & je defirerois ardemment de favoir d'abord de vous ce que l'écriture enfeigne fur la présence réelle, qui eft un des principaux points de la doctrine de l'églife catholique.

LE DOCTEUR.

Il n'y a pas de dogme plus clairement énoncé dans l'écriture; Luther a trouvé les textes qui prouvent la préfence réelle fi décififs, qu'il n'a jamais pu se réfoudre à la nier, malgré le defir qu'il en avoit, & les efforts qu'il a faits pour trouver le moyen de s'accorder avec les facramentaires ; c'est ce qu'il a plufieurs fois avoué.

Ces textes de l'écriture fi formels, font ceux de l'évangile, qui renferment la promeffe & l'inftitution de l'euchariftie, & ceux de S. Paul, où il parle de la participation à ce facrement, des effets qu'il

produit, & des difpofitions avec lesquelles on doit en approcher.

Mais avant de vous rapporter ces textes, je dois (pour lever toute équivoque) vous faire faire une obfervation.

Vous favez que les calviniftes ne reconnoiffent dans l'euchariftie autre chofe que le fymbole, la figure ou représentation du corps & du fang de Jésus-Christ; mais comme Calvin & fes difciples prévoyoient que cette doctrine ne fatisferoit pas les fideles accoutumés à croire qu'il y a dans ce facrement autre chofe qu'une fimple représentation du corps & du fang de notre Sauveur, ils ajouterent qu'en recevant l'eucharistie avec une foi fincere, cette foi nous unit à Jésus-Chrift: que par la foi les mérites de fa paffion nous font appliqués, & qu'ainfi nous participons à fon corps & à fon fang adorable. On lit même dans plufieurs de leurs catéchismes & confeffions de foi, que dans l'euchariftie Jésus-Chrift nous fait participer à fa -propre fubftance.... qu'il nous y nourrit & vivifie de la fubftance de fon corps & de fon Sang.

Je ne m'arrêterai point à vous prouver que ces expreffions ne peuvent s'expliquer dans la doctrine des Calvinistes, & qu'ils n'ont employé ces grands mots que pour faire illufion': ce qu'il y a de certain,

c'eft qu'ils enfeignent clairement dans leurs catéchismes que l'euchariftie ne contient point réellement le corps & le fang de Jésus-Chrift, & qu'il ne faut pas entendre dans le fens littéral ces paroles: Ceci eft mon corps: Ceci eft mon fang.

LE PROTESTANT.

C'est précisément ce que j'ai vu dans le catéchisme que l'on m'a fait apprendre.

LE DOCTEUR.

Mais le concile de Trente enfeigne, & l'église catholique a toujours cru, qu'après que le prêtre a confacré le pain & le vin, notre Seigneur Jésus-Chrift, vrai Dieu & vrai homme, eft véritablement, réellement & fubftantiellement fous les efpeces fenfibles c'est-à-dire, fous les apparences du pain &

du vin.

Voilà le dogme que j'ai à vous prouver aujourd'hui. Je vais d'abord l'établir par la promeffe que Jéfus-Chrift fit de donner fon corps & fon fang dans l'euchariftie.

Ouvrons l'évangile de S. Jean: Je fuis le pain de vie, dit le Sauveur aux Juifs affemblés à Capharnaum en fortant du défert, où il avoit multiplié les pains pour nourrir ceux qui l'y avoient fuivi par milliers: Vos peres ont mangé la manne dans

le défert, & ils font morts. C'eft ici le pain qui defcend du ciel, afin que fi quelqu'un en mange, il ne meure point. Je fuis le pain vivant qui fuis defcendu du ciel. Si quelqu'un mange de ce pain, il vivra éternellement; & le pain que je donnerai, c'eft ma chair pour la vie du monde.

Les Juifs difputoient entre eux en difant : Comment celui-ci peut-il donner sa chair à manger? Mais Jésus-Chrift leur dit : En vérité, en vérité, je vous dis fi vous ne mangez la chair du fils de l'homme, & fi vous ne vous ne buvez fon fang, vous n'aurez point la vie en vous. Celui qui mange ma chair & qui boit mon fang, a la vie éternelle, & je le reffufciterai au dernier jour; car ma chair eft véritablement une nourriture, & mon fang eft véritablement un breuvage. Celui qui mange ma chair & boit mon fang demeure en moi & je demeure en lui. Comme mon pere qui eft vivant m'a envoyé & que je vis par mon pere, de même celui qui me mange vivra C'eft ici le pain qui eft defcendu du ciel. Il n'en eft pas comme de la manne dont vos peres ont mangé, & toutefois ils font morts; celui qui mange ce pain vivra éternellement.

par moi.

Il dit ces chofes enfeignant dans la fynagogue à Capharnaum, & plufieurs de fes difciples l'ayant entendu, dirent : ces paroles font bien dures, & qui peut les enten

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