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autres faints qui ont paru dans ce fiecle & ont été des lumieres de l'églife, d'avoir altéré en ce point la doctrine des trois fiecles précédens. Mais qui croira que ce ministre, écrivant dans le dix - feptieme fiecle, entendoit mieux les fentimens des peres des trois premiers fiecles, que ceux qui vivoient dans le quatrieme ? Et remarquez que ces peres du quatrieme fiecle, dont ce miniftre nous rapporte même les textes, font voir qu'en priant les faints, ils ne faifoient que fuivre les exemples de ceux qui les avoient précédés; tant ils étoient éloignés de croire que cette invocation fût une nouveauté.

Il n'étoit pas de l'intérêt du miniftre Daillé de faire une recherche exacte des textes des peres des trois premiers fiecles; mais d'autres que lui les ont trouvés. Je vais vous en rapporter quelques-uns,

S. Polycarpe, évêque de Smyrne & difciple de S. Jean l'évangélifte, fut brûlé vif pour la foi de Jefus - Chrift, l'an 169. Son église écrivit les actes de fon martyre, & les envoya aux autres églises, fpécialement à S. Irénée, évêque de Lyon; or voici ce qu'on y lit : Nous honorons les martyrs & les autres fideles difciples de JefusChrift: nous nous adreffons à eux pour obtenir, par leur entremife, de pouvoir parta

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Origene qui vivoit dans le troifieme fiecle, dit: Perfonne ne doute que les faints ne nous aident dans le ciel par leur interceffion (a).

S. Cyprien difoit : Souvenons-nous de nos freres dans nos prieres; & fi quelqu'un de nous précede les autres auprès de Dieu, qu'il ne ceffe de folliciter pour eux fa mifericorde. (b)

Eufebe qui a vécu dans le troifieme & le quatrieme fiecles, attefte ce qui se pratiquoit de fon tems. Tous les jours, dit-il, nous accourons aux tombeaux des faints martyrs; nous leur adreffons nos vaux, fachant que leur interceffion auprès de Dieu nous eft d'un grand fecours (c). Vous voyez, Monfieur, que ces auteurs ne rapportent pas feulement ce qu'ils croyoient & ce qu'ils pratiquoient, mais ce qu'on croyoit & pratiquoit publiquement dans toute l'églife.

En effet, cet ufage d'invoquer les faints eft fondé fur le fymbole même des apôtres, fur la communion des faints qui en eft un article, & en vertu de laquelle il fe fait un commerce facré des fuffrages,

) Homélie II, in lib. numeri.

(b) Epift. ad Cornel.

(c) Eufeb. de præpar. Evang. lib. 23. #. IN

des prieres & des bonnes oeuvres entre tous les membres qui compofent l'église militante, c'est-à-dire, les fideles qui font fur la terre, & l'églife triomphante, c'eftà-dire, les faints qui font dans le ciel.

Les juftes qui regnent dans le ciel s'intéreffent donc aux befoins de leurs freres qui combattent fur la terre; & ceux-ci réclament avec ardeur leur interceffion auprès de Dieu, parce que les uns & les autres font membres de Jéfus-Chrift qui eft leur chef.

Les miracles que Dieu a fouvent opérés en faveur des fideles qui invoquoient les faints, ces miracles atteftés par les témoins oculaires les plus dignes de foi, tels que S. Auguftin, S. Ambroife, &c. ne fuffiroient-ils pas pour prouver combien le culte des faints eft agréable à Dieu.

LE PROTESTANT.

Voici ce que j'ai entendu dire à nos miniftres, & ce qu'ils répetent fans ceffe que, fuivant l'apôtre S. Paul, Jésus-Chrift feul eft médiateur entre Dieu & les hommes (a); que nous ne devons mettre qu'en lui notre confiance: d'où ils concluent que nous ne devons pas invoquer les faints.

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LE DOCTEUR.

Si en invoquant les faints qui font dans le ciel nous faifons injure à la qualité de médiateur que l'écriture donne à JéfusChrift, nous ne lui en ferions pas moins en invitant les faints qui vivent avec nous fur la terre, à demander à Dieu les graces que nous defirons: car nous invoquons les faints qui font dans le ciel de la même maniere & dans le même efprit que nous demandons l'affiftance & les prieres de nos freres avec qui nous vivons. Cependant l'apôtre S. Paul avoit coutume de fe recommander aux prieres des fideles à qui il écrivoit; il le fait fpécialement dans fes lettres aux Romains, c. 12, v. 10, aux Thef faloniciens, c. 5, v. 2; &c. & en fe recommandant aux prieres des fideles, il les affure que de fon côté il prie Dieu pour eux. L'apôtre Saint Jacques nous dit: Priez les uns pour les autres, afin que vous faffiez votre falut. Car la priere affidue du jufte eft d'un grand poids auprès de Dieu (a).

Nous lifons dans les actes des apôtres, que S. Pierre étant en prifon à Jérufalem toute l'églife prioit pour lui (6). Quand nous récitons l'oraifon dominicale nous

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prions pour tous les fideles: nous ne difons pas, mon pere qui êtes aux cieux, mais notre pere: nous ne disons pas, donnez-moi mon pain quotidien, pardonnez-moi mes péchés, mais donnez-nous notre pain quotidien, pardonnez-nous nos offenfes.

Mais fi nous prions tous les jours les uns pour les autres; fi nous demandons à nos freres qui vivent avec nous, le fecours de leurs prieres, pourquoi ne pourrions-nous pas nous adreffer de même aux bienheureux qui font également nos freres, qui nous font unis par la charité & s'intéreífent à nos befoins comme Jérémie & Onias, qui, après leur mort, prioient pour la délivrance des Juifs en captivité (a).

Au refte quand l'églife a autorifè fes enfans à invoquer les faints, elle a toujours réfervé à Jéfus-Chrift feul le titre de médiateur entre Dieu & les hommes. Si on vouloit appliquer ce terme aux faints (car il ne faut pas difputer des mots) on ne pourroit l'entendre que d'une médiation d'interceffion dans le même fens que Moïfe eft appellé médiateur entre Dieu & fon peuple (b). Nous ne demandons aux faints que d'humbles prieres faites au nom de Jéfus-Chrift, telles que nous en faisons

(a) Machab. c. 15, 8.

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