Abbildungen der Seite
PDF
EPUB
[ocr errors]

la même maniere qu'il donna à fes autres apôtres l'autorité épifcopale, non feulement pour eux, mais pour tous ceux qui devoient leur fuccéder dans les différens fieges de l'univers lorfqu'il leur dit : Allez enfeigner toutes les nations: Euntes docete omnes gentes; & voici que je fuis avec vous tous les jours jufqu'à la fin du monde: Et ecce ego vobifcum fum omnibus diebus ufque ad confummationem fæculi (a). Il exprimoit & ftatuoit ( ainfi que je vous l'ai déja fait remarquer dans notre fecond entretien) par ce mot vous, qui renferme tous les premiers pafteurs jufqu'au dernier jour de l'univers, & par l'affistance de tous les jours qu'il leur promet que tous les évêques qui fuccéderoient aux apôtres, les repréfenteroient & feroient revêtus de leurs pouvoirs, & qu'ainfi il en feroit d'eux comme de leur chef à qui il parloit auffi en ce moment, & de leur chef, comme d'eux-mêmes.

II. Au refte, c'eft ainfi que depuis les apôtres jufqu'à nous l'églife catholique l'a toujours reconnu, l'a toujours cru, fans. interruption, fans variation, fans difpute; & la tradition fe réunit à l'écriture pour former de ce dogme capital une preuve

invincible.

(a) Matt. 28, 18.

S. Irénée en rendit au fecond fiecle le témoignage le plus exprès. Il s'attacha furtout à combattre tous les hérétiques de fon tems: & fur quoi principalement s'appuyoit-il? fur la primauté du pape. Nous les confondons tous, difoit-il, en quelque lieu de l'univers qu'ils fe trouvent dès qu'ils ne fe conforment pas à la doctrine de l'églife de Rome; car c'est à elle qu'à caufe de fa puiffante primauté toutes les autres doivent néceffairement fe réunir: Ad hanc enim propter potentiorem principali tatem neceffe eft omnem convenire ecclefiam(a).

Dans le concile œcuménique d'Ephefe, tenu en 431, Philippe, légat du pape, dit devant tous les peres affemblés: Perfonne n'a jamais douté, & l'on a reconnu dans tous les tems que S. Pierre, prince & chef des apôtres, la colonne de la foi & le fondement de l'églife, a reçu de Jésus-Chrift les clefs du royaume des cieux, & que cet apôtre vit toujours dans fes fucceffeurs (b).

C'est ainsi, ou en des termes qui reviennent au même sens, qu'ont parlé tous les peres des quatre premiers fiecles, Origene, Tertulien, S. Athanafe, S. Bafile, S. Jean Chryfoftome, S. Auguftin, S. Maxime, &c. & tous ceux qui les ont fuivis. Tous ont

[blocks in formation]

conftamment appellé le fiege de Rome, celui de S. Pierre; ce que S. Auguftin exprimoit avec fon énergie ordinaire, quand il difoit d'un décret du pape S. Léon contre les pélagiens: Pierre a parlé par Léon, Petrus per Leonem locutus eft.

Il eft d'ailleurs, ainfi que je vous l'ai déja dit, constant & reconnu que depuis les apôtres jufqu'à nous, les évêques de Rome, & ces évêques feuls ont eu fans aucune interruption, fans aucune contradiction, toute efpece de jurifdiction, d'honneur de primauté dans toute l'églife de JéfusChrift: ils font donc les chefs de cette églife, & s'ils ne l'étoient pas, il faudroit dire qu'elle n'a point de chef, qu'elle n'en a jamais eu; ce qu'on ne peut avancer, puifque fi elle n'avoit point de chef, elle n'auroit point d'unité, ainfi que je vous l'ai montré dans notre troisieme entretien, en parlant de ce caractere de l'église.

Ainfi donc, l'écriture, la tradition, l'ufage de tous les fiecles fe réuniffent pour établir que le pape tient fa primauté de l'inftitution même de Jéfus-Chrift, ce que l'églife a enfuite développé & décidé dans le concile de Trente.

Il eft vrai que par la fucceffion des tems, une autorité temporelle a relevé le pouvoir des papes. Pepin le bref, roi de France, leur ayant donné l'exarquat de Ravenne,

ils font devenus fouverains. Leur élection ayant paru de la plus grande importance, ceux à qui elle a été déférée ont été des feigneurs révérés dans tout le monde chrétien. La collation des évêchés & des autres bénéfices les plus confidérables a été réfervée aux papes, &c; mais toutes ces prérogatives, loin d'altérer la fplendeur de leur titre principal de chefs de l'églife qu'ils tenoient de l'inftitution de JéfusChrist, n'ont fervi qu'à le confirmer, par le témoignage que l'univers entier lui a rendu dans tous les fiecles.

LE PROTESTAN T.

Je vous remercie, Monfieur, de l'inf truction que vous venez de me donner; elle m'a rappellé ce que vous m'aviez effec tivement déja appris, mais je ne l'avois pas affez bien faifi: je n'ai plus de doute fur cet article.

LE DOCTEUR.

Difcutons à préfent ceux qui divifent principalement les catholiques & les pro teftans. Je commencerai par le culte des faints.

Les fondateurs de la prétendue réforme voulant paroître avoir de juftes raisons pour fe féparer de l'églife romaine, la dépeignirent fous les traits les plus odieux,

ils allerent jufqu'à l'accufer d'idolâtrie: leurs difciples les ont imités; on lit dans leurs profeffions de foi, que dans l'église romaine toutes fortes d'idolâtries ont vogue. Ils taxent fpécialement d'idolâtrie l'adora-tion de Jésus-Chrift dans l'eucharistie, & le culte que l'églife rend aux faints.

Ce culte des faints confifte en ce que nous les invoquons, & que nous honorons leurs images & leurs reliques. Voyons d'abord fi l'invocation des faints mérite les qualifications que les proteftans lui ont données.

Il faut d'abord obferver qu'ils conviennent qu'on doit honorer les faints: Nous les honorons, dit Dumoulin dans fon ouvrage intitulé, Evafions du fieur Arnoux, jéfuite, p. 644, mais nous ne les invoquons pas. Eft-ce donc cette invocation qui mérite d'être taxée d'idolâtrie ?

Il eft conftant que dès les premiers fiecles, les fideles ont cru que les faints vivant dans le ciel, intercédoient pour eux, & qu'ils ont été dans l'ufage de fe recommander à leur interceffion.

Le Miniftre Daillé reconnoît que cette coutume de prier les faints étoit établie dès le quatrieme fiecle: mais en faifant cet aveu, il accufe S. Bafile, S. Ambroife, S. Jérôme, S. Jean Chryfoftôme, S. Auguftin, S. Grégoire de Naziance, & les

« ZurückWeiter »