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Ces deux héréfiarques avoient foutenu, 1°. que pour la juftification du pécheur, il ne fe faifoit en lui aucun changement intérieur ; que la tache de fon péché n'étoit point effacée, & que la rémiffion de ce péché confiftoit feulement en ce que Dieu ceffoit de le lui imputer. 2°. Que les juftes n'avoient point de juftice intérieure ; mais que Dieu leur imputoit celle de JéfusChrift; en un mot, que toute leur justice étoit celle de Jéfus-Chrift même.

L'églife catholique enfeigne, au contraire :

1°. Que par la juftification il fe fait dans le pécheur un changement intérieur, & que la tache de fon péché eft réellement effacée.

2°. Que fon ame eft purifiée & fanctifiée; qu'elle reçoit les dons de la grace Dieu répand en elle, & qui la rendent agréable à fes yeux; par conféquent que les juftes ont une juftice qui leur eft propre, qu'ils font juftifiés par les mérites de Jésus-Chrift, mais que la justice de Jésus-Chrift n'eft pas la leur. Or cette doctrine enfeignée par le concile de Trente, eft fondée non feulement fur la tradition, mais fur l'écriture.

1°. L'écriture nous enfeigne que par la juftification la tache du péché eft réelle

mention de la rémiffion des péchés, les auteurs facrés difent quelquefois que les péchés ne font point imputés, qu'ils font couverts. C'eft ainfi que David s'exprime dans le pfeaume 31: Heureux font ceux dont les iniquités font pardonnées, & dont les péchés font couverts! Heureux l'homme à qui Dieu n'a point imputé fon péché ! Mais auffi voyons-nous dans différens endroits de l'écriture, que par la juftifi cation le péché eft effacé, que l'ame eft lavée de fon iniquité, qu'elle eft purifiée, régénérée & fanctifiée.

Dans le pfeaume 50, David adreffe à Dieu cette priere : Ayez pitié de moi ô mon Dieu! felon l'étendue de votre miféricorde, & effacez mes crimes felon la multitude de vos bontés. Lavez moi de plus en plus de mon iniquité: purifiez moi de mon péché.... Effacez toutes mes iniquités; formeg en moi un cœur pur; renouvellez en moi l'esprit de juftice.

a

L'apôtre S. Paul dit que Jéfus-Chrift purifié fon églife dans les eaux du baptême (a); & dans fa premiere épître aux Corinthiens, après leur avoir fait l'énumération des vices qui avoient régné parmi eux, il leur dit: Quelques-uns d'entre vous ont été dans ces déréglemens ; mais vous avez été lavés

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mais vous avez été fanctifiés, mais vous avez été juftifiés au nom de Notre-Seigneur JéfusChrift par l'efprit de Dieu (a).

Čette maniere dont s'expriment les auteurs facrés, en parlant de la rémiffion des péchés, prouve qu'elle ne confifte pas feulement en ce que Dieu ne les impute point au pécheur qu'il juftifie, mais qu'ils font véritablement lavés & effacés.

D'après l'idée que Luther & Calvin s'étoient formée de la rémiffion des péchés, ils enfeignerent que l'homme juftifié n'étoit point réellement jufte, que fa juftice étoit celle de Jefus-Chrift qui lui étoit imputée.

Mais comme l'écriture nous apprend que par la grace de la juftification la tache du péché eft effacée, que l'ame eft lavée, purifiée, régénérée, fanctifiée, juftifiée il s'enfuit que le pécheur devient véritablement jufte aux yeux de Dieu. L'églife a toujours cru, & l'écriture enfeigne for mellement que par la grace de la juftification l'homme devient agréable à Dieu dont il étoit ennemi par le péché. Mais comment pourroit-il devenir agréable à Dieu, fi après la juftification il demeuroit le même qu'auparavant, comme le fuppofe la doctrine de Luther & de Calvin ? C'eft pourquoi le concile de Trente enfeigne

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que la juftification ne renferme pas feulement la rémiffion des péchés mais encore la fan&tification & la rénovation intérieure de l'homme, qui d'injufte devient jufte, & d'ennemi de Dieu en devient ami Par la juftification, dit le concile, nous ne Sommes pas feulement réputés juftes, mais on peut dire avec vérité que nous le fommes en effet, recevant en nous la justice, chacun fuivant la mesure qu'il plaît à l'Esprit-faint de communiquer, fuivant la difpofition de chacun & fa coopération à la grace (a).

LE PROTESTANT.

Je ne conçois pas comment on pourroit fe former l'idée d'un homme jufte en qui cependant il n'y auroit point réellement de justice.

LE DOCTEUR.

Remarquez encore que fi la juftice de l'homme étoit celle de Jéfus-Chrift, il s'enfuivroit que ceux qui font justes le font également. Auffi Calvin a-t-il dit que la justice eft égale dans tous les juftes. Mais à qui perfuadera-t-il que dès qu'un homme eft en état de grace, il eft auffi faint que la fainte Vierge, S. Jean

+

(a) Seff. 6, chap. 7.

Baptifte, les patriarches, tous les prophetes, les apôtres, &c. ?

LE PROTESTANT.

Il faudroit être infenfé pour le croire. Mais je m'apperçois qu'aujourd'hui notre conférence vous prend beaucoup de temps. Cependant vous avez encore quelque chofe à me dire fur le mérite des bonnes œuvres.

LE DOCTEUR.

Cet article ne fouffrira pas beaucoup de difficultés.

Luther & Calvin ont nié le mérite des bonnes œuvres, parce qu'ils avoient nié la liberté de l'homme, fans laquelle il ne mérite ni louange ni blâme, ni récompense ni punition. Mais les proteftans ont abandonné fur ce point la doctrine de leurs fondateurs; maintenant ils reconnoiffent que l'homme eft libre, & qu'il peut faire des actions méritoires, même pour le ciel.

Dans l'apologie de la confeffion d'Ausbourg, il eft dit expreffément que les bonnes œuvres méritent des récompenfes corporelles & Spirituelles en cette vie & en l'autre, puifque S. Paul dit que chacun recevra fa récompenfe fuivant fon travail (a).

(a), Apol. A. 3, de dilectione & impletione legis, pag. 96.

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