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canonique, & maintenant elle eft reconnue pour telle dans toutes les fectes de la réforme, ainfi qu'elle l'a toujours été dans l'églife catholique.

Il eft donc faux que la foi fuffife pour la justification, fi l'on entend par la foi ce qu'on a coutume d'entendre, c'est-à-dire, la croyance des myfteres & de toutes les vérités révélées.

Mais fi les proteftans entendent que l'homme eft juftifié parce qu'il croit fermement l'être; fi c'eft à cette croyance qu'ils donnent le nom de foi, & fi c'eft cette prétendue foi qu'ils regardent comme fuffifante pour la juftification, leur erreur eft encore bien plus groffiere, & ils ne peuvent plus alléguer aucun texte de l'écriture, parce que non feulement il n'y en a pas un feul qui enfeigne que cette prétendue foi eft fuffifante; mais il n'y en a pas un qui la mette au rang des difpofitions à la juftification. Au contraire l'écriture nous enfeigne en termes formels que nous ne devons ni ne pouvons croire avec une entiere certitude que nous fommes juftifiés, ou que nous ferons fauvés.

Comment pourrions-nous être affurés que nous fommes en état de grace, tandis que l'apôtre S. Paul dit: Encore que ma confcience ne me reproche rien, je ne fuis pas juftifié pour cela, mais c'eft le feigneur qui

eft mon juge; c'eft-à-dire, il n'appartient qu'à lui de me connoître tel que je fuis (a)? Nous lifons dans l'eccléfiaftique: L'homme ne fait s'il eft digne d'amour ou de haine (b). Et dans le livre des proverbes : Qui peut dire, mon cœur eft pur & je fuis exempt de péché? (c)

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C'eft la doctrine que le concile de Trente a fi clairement expofée en ces termes : Tout comme un homme pieux ne doit pas douter de la miféricorde de Dieu, des mérites de Jésus-Chrift, de la vertu & efficacité des facremens de même quiconque réfléchit fur lui-même, fur fa foibleffe & fon peu de dif pofition, peut toujours craindre de n'être pas en état de grace, puifque perfonne ne peut favoir avec certitude de foi s'il a reçu la grace de juftification (d).

Nous pouvons encore moins être certains que nous ferons fauvés. Nous devons l'efpérer avec une humble confiance en la miféricorde divine; mais quand même nous ferions certains, à n'en pouvoir douter, que nous fommes en état de grace, nous ne ferions pas certains que nous perfévérerons jufqu'à la mort. Et comment pourrions-nous en être affurés tandis que

(a) Cor. 4, 4%

(b) c. 9, v. 1.
(c) c. 20, v. 9.

(d) Concil. trid. Seff, 6, cap. 9.

Papôtre S. Paul difoit: Je traite durement mon corps, & je le réduis en fervitude, de peur qu'après avoir prêché aux autres, je ne devienne moi-même un réprouvé (a).

Nous fommes affurés que Dieu ne nous abandonnera jamais de lui-même; mais nous devons toujours craindre que nousmêmes nous ne l'abandonnions, en rejetant fes infpirations & les pieux mouvemens qu'il excite en nos coeurs. Il a voulu tempérer par cette crainte falutaire la confiance qu'il infpire à fes enfans, parce que, comme le remarque S. Auguftin, telle eft notre infirmité dans ce lieu de tentations & de périls, qu'une pleine fécurité produiroit en nous le relâchement & l'orgueil, au lieu que cette crainte nous rend plus vigilans & fait que nous nous attachons à Dieu avec une humble dépendance.

Enfin la doctrine de Luther & de Calvin révolte la raifon même; fi pour être juftifié il fuffit de croire fermement qu'on l'eft, un homme vicieux en confervant toujours cette croyance feroit toujours jufte.

LE PROTESTAN T.

Je me fouviens, Monfieur, qu'un jour on fit en ma présence cette objection à un

(a) 1. Cor. c. 9, V. 27.

de nos miniftres; mais il n'en parut point embarraffé, il répondit que la foi qui juftifie devoit être une foi vraie & fincere, & qu'elle ne le feroit pas fi elle n'étoit jointe à la douleur d'avoir offenfé Dieu, & aux autres bonnes difpofitions. Il nous fit observer à ce fujet ce qu'enseigne notre catéchifme de 1770: lifez la page 82.

D. Ne fuffit-il pas pour être fauvé d'avoir la foi?

R. La foi fuffit pour être fauvé, quand elle eft réelle & fincere; mais on n'a pas une telle foi quand on ne pratique pas les

bonnes œuvres.

LE DOCTEUR,

Je fais que vos docteurs ont employé ce correctif pour couvrir ce qu'il y avoit d'odieux dans leur doctrine & les confé→ quences qui en résultent; mais en fe rapprochant ainfi de la croyance des catholiques ils font tombés en contradiction avec eux-mêmes, ou ils enfeignent une fauffeté manifefte.

S'ils entendent comme nous que le pécheur ne peut être juftifié, à moins qu'outre la foi il n'ait d'autres difpofitions diftinguées d'elle: ils fe contredifent en difant d'ailleurs que la for fuffit pour la juftification.

S'ils entendent que la foi renferme effen

tiellement les autres vertus & les bonnes

contraire à l'écri

œuvres, qu'autrement elle ne feroit pas une vraie foi, & n'en mériteroit pas le nom; c'eft une erreur ture & à la tradition erreur justement condamnée par l'église catholique. En effet l'écriture & tous les peres nous apprennent qu'on peut avoir la foi fans les autres vertus & fans les bonnes œuvres. N'eft-il pas évident qu'un homme qui commet un péché mortel ne perd pas pour cela la foi, à moins que fon péché ne foit directement contre cette vertu théologale?

Mais fi la foi juftifiante des proteftans confifte à croire fermement qu'on eft justifié, il est encore bien plus clair que cette prétendue foi peut fe trouver dans le pécheur fans les autres difpofitions que fuppofe votre catéchisme.

LE PROTESTANT.

Je fuis pleinement convaincu de ce que vous venez de me dire fur la juftification: mais vous m'avez promis de m'inftruire fur cette maxime des proteftans, que la juftice de l'homme eft celle de Jefus-Christ. Qu'enseigne fur cela l'églife catholique? LE DOCTEUR.

Elle enfeigne deux dogmes directement oppofés à la doctrine de Luther & de Calvin.

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