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MÉTHODE

D'INSTRUCTION

POUR

LES PROTESTANS.

PREMIER ENTRETIEN. Introduction. Détail hiftorique de la fondation de l'Eglife, de fon établissement dans tout l'univers de fon gouvernement, de fa maniere de procéder contre les héréfies, de la conduite qu'elle a toujours tenue à l'égard des hérétiques & Spécialement dans le feizieme fiecle à l'égard de Luther, de Calvin & de leurs, difciples.

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LE PROTESTANT.

JE viens à vous avec confiance, Monfieur, & j'efpere que vous voudrez bien me recevoir avec bonté. Né dans un pays proteftant, je me trouve depuis quelques mois à Lyon, & je compte y faire un affez long

féjour. Mon projet eft de m'y former pour le commerce & d'y mener une vie tranquille.

J'appris, il y a quelques jours, qu'un jeune Suiffe de mon canton, dont j'ai toujours entendu dire du bien, embraffoit la religion catholique, que vous l'aviez inftruit & que vous deviez recevoir fon abjuration. Je n'avois aucune idée de cette cérémonie ; la curiofité m'y attira, & je m'y trouvai avec quelques proteftans de ma connoiffance. Je vous avoue, Monfieur, que je fus frappé de ce que j'y vis, fur-tout de l'efpece de faififfement où me parut être votre nombreux auditoire. Le nouveau catholique me fembloit pénétré, pendant votre inftruction, d'un doux contentement. Je vous écoutai avec toute l'attention dont j'étois capable. J'appercevois que quelquesuns des affiftans verfoient des larmes, & je me fentois prêt, fans trop favoir pourquoi, à en répandre moi même. Je retins fpécialement & je pris pour moi ce que vous expliquâtes fort clairement, que les proteftans ne reconnoiffant pas l'autorité de l'églife pour décider les queftions de controverfe, & n'admettant d'autre regle pour fixer leur croyance, que la fainte écriture interprétée felon les lumieres de chaque particulier, ils étoient par-là même effentiellement obligés d'examiner au

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moins une fois dans leur vie, fi leur
croyance étoit véritablement fondée fur
la fainte écriture, & fi la vérité fe trou-
voit dans l'église romaine ou dans les focié-
tés qui en font féparées. « Car enfin, difiez-
» vous, l'erreur peut varier à l'infini
» mais la vérité eft une & ne peut fe
» trouver tout à la fois dans deux fenti-
» mens qui fe contredifent : cependant je
» n'ai pas droit de prétendre que la vérité
» fe trouve dans la fociété où j'ai pris
» naiffance, précisément parce que j'y fuis
» né. » Il faut donc, Monfieur, que je
faffe cet examen : mais comment m'y pren-
drai-je, me fuis-je dit à moi même ? cette
difcuffion n'eft-elle pas au deffus de mes
forces? Je n'ai ni la connoiffance des diffé-
rentes opinions, ni les livres où je pour-
rois la puifer, & quand je les aurois, puif-
je bien me flatter de découvrir avec certi-
tude le véritable fens des textes de la fainte
écriture, fur des points controverfés depuis
plufieurs fiecles par les perfonnes les plus
célebres?... Plus j'ai réfléchi, plus je
me fuis confondu dans mes idées & moins
j'ai pu comprendre par où il me falloit
commencer un examen fi important &
d'où dépendoit mon falut éternel.

Inquiet alors, agité, troublé, je me fuis fenti porté à venir chercher auprès de vous des lumieres vous m'ayez paru instruit

& zélé, puis-je efpérer que vous voudrez bien avoir quelques conférences avec moi, & m'aider dans la circonftance de ma vie où je me fuis trouvé le plus embarrasffé? LE DOCTEUR CATHOLIQUE.

Dieu en foit béni, mon cher Monfieur c'eft fa grace qui vous a touché, c'est sa main qui vous a conduit. Il faut donc qu'Aujourd'hui, dit fon Prophete, puifque vous entendez fa voix, vous n'endurciffiez pas votre cœur (a); il veut votre falut; il vous invite à chercher les routes heureuses qui feules peuvent vous l'affurer. Ne négligez pas votre propre bonheur. Venez donc, Monfieur; j'ai plus d'empreffement à vous recevoir, que vous n'en avez à vous préfenter à moi, Oui, entrons en conférence enfemble; prenons des jours, des heures qui vous foient commodes; je ferai exact à m'y trouver: foyez-le à vous y rendre ; & d'abord je vous préviens que je n'entends exercer fur votre efprit aucun empire. Je vous expoferai des vérités qui me paroiffent claires, incontestables; nous en raisonnerons, & vous jugerez vous-même de ce que vous devez en penser.

LE PROTESTANT.
Hé bien, Monfieur, commençons dès à

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préfent. Vos affaires vous le permettent

elles?

LE DOCTEUR.

Volontiers, Monfieur, je n'en ai point de plus intéreffante.

LE PROTESTANT.

Vous nous difiez, Monfieur, en recevant l'abjuration de votre profélyte, que l'églife catholique romaine eft la véritable églife de Jéfus-Chrift; que par conféquent ceux qui font nés hors de fon fein doivent s'y réunir comme au sein de leur véritable mere, que leurs ancêtres n'auroient pas dû quitter; il me femble que c'étoit à-peu-près

là le fonds de votre inftruction.

LE DOCTEUR.

Oui, Monfieur, vous l'avez bien faifi; c'eft auffi le point capital que nous avons à traiter ensemble, & pour le faire avec ordre, je vais d'abord vous donner dans ce premier entretien quelques notions générales fur la forme que Jéfus-Chrift a donnée à fon églife en l'inftituant, & fur l'etat où elle a fubfifté depuis fa fondation jufqu'à préfent; je ne parlerai que de faits publics, conftans, reconnus de part & d'autre, & qui ameneront la difcuffion des points conteftés entre nous & nos chers freres féparés, dont nous regrettons tous les jours la perte.

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