Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

puifqu'elles font un fujet de divifion entre les catholiques & les proteftans, j'efpere que vous voudrez bien me donner encore quelque inftruction à cet égard.

LE DOCTEUR.

Je vais d'abord vous montrer que la foi ne fuffit pas au pécheur pour rentrer en grace avec Dieu.

La foi eft une vertu furnaturelle qui foumettant notre efprit à Dieu, nous fait croire tout ce qu'il a révélé: or il est évident que cette vertu n'est pas fuffifante pour la juftification.

Suivant la doctrine catholique expliquée par le concile de Trente, la foi eft la Source & le fondement de la juftification parce que fans la foi nous ne pouvons avoir les autres difpofitions furnaturelles dont nous avons befoin pour être justifiés, mais elle ne nous fuffit pas.

En confultant d'abord la raison, on ne conçoit pas pourquoi le regret d'avoir offenfé Dieu, l'efpérance du pardon, les œuvres de pénitence, la priere &c. ne feroient pas du nombre des difpofitions à la juftification. On ne conçoit pas comment un pécheur pourroit être réconcilié avec Dieu, fans une réfolution fincere. de ne plus l'offenfer fans douleur de l'avoir outragé, fans efpérance en fes

miféricordes: or un pécheur peut avoir la foi fans ces difpofitions, & par conféquent fi le fyftême dont nous parlons étoit vrai, il pourroit obtenir le pardon fans avoir aucune de ces difpofitions.

Mais fi la doctrine des proteftans ne s'accorde pas avec la raison, elle s'accorde encore moins avec la croyance chrétienne. Confultons l'écriture, elle va nous apprendre ce que Dieu exige du pécheur avant de lui pardonner. Ecoutons ce qu'il dit par la bouche du prophete Joël : Convertiffez-vous & venez à moi (a): or comment doit fe faire cette converfion ce retour à Dieu ? Eft-ce uniquement par la foi? Non. Convertinez-vous de tout votre cœur, par les jeûnes, par les larmes, par les gémillemens. Il ne fuffit pas de déchirer vos vêtemens, brifez vos cœurs.

1

Ifaïe promet aux pécheurs, de la part de Dieu, le pardon de leurs crimes; mais à quelle condition? Ceffez, leur dit-il, de faire le mal, apprenez à faire le bien, affifter l'opprimé (b).

Daniel confeille à Nabuchodonozor de racheter ses péchés par des aumônes. (c). Si Jean-Baptifte prêche dans le défert, il annonce aux Juifs la rémiffion des pé

[blocks in formation]

chés, & il les avertit de fe préparer par une fincere pénitence (a).

Mais écoutons Jésus-Chrift lui-même : S. Matth. rapporte qu'il commença à prêcher. & à dire : Faites pénitence, car le royaume des cieux eft proche (b).

S. Paul difoit aux Athéniens (c): Dieu annonce aux hommes qu'il faut que tous, en tous lieux, faffent pénitence.

Comment voyons-nous dans l'écriture que les pécheurs rentrent en grace avec Dieu ? Que font les Ninivites pour écarter les maux dont le prophete Jonas les menace? Ils prient, ils jeunent, ils implorent la miféricorde du Seigneur.

Magdeleine obtient la rémiffion de fes péchés par l'ardeur de fa charité. Beaucoup de péchés lui font remis, dit JesusChrist, parce qu'elle a beaucoup aimé (d).

Le publicain prioit dans le temple, il en fortit juftifié: mais comment obtint-il le pardon de fes péchés? Ce fut par fon humilité & fa contrition. Ah! feigneur, difoit-il en frappant fa poitrine, n'ofant lever les yeux ni s'approcher vers le haut du temple, feigneur, faites-moi miféricorde, je fuis un grand pécheur. (e)

(a) Math. c. 3, v. 2 & 8. (b) c. 4, v. 17.

(c) A&t. c. 17, v. 30.

(d) Luc. 7, v. 47.

(e) Lue, 18, v. 13 & 14.

Les juifs convertis par la premiere prédication de S. Pierre dirent aux apôtres: Nos freres, que faut-il que nous faffions? S. Pierre leur répondit: Faites pénitence, & que chacun de vous foit baptifé afin que les péchés vous foient remis (a).

Si l'écriture attribue la juftification à la foi, elle l'attribue auffi à d'autres difpofitions. L'apôtre S. Paul dit dans l'épître aux romains que la foi juftifie; mais il ajoute dans la même épître que l'efpérance nous fauve. Spe falvi fačti fumus (b).

Mais ce qu'il eft bien important d'obferver, c'eft que les proteftans qui font profeffion de ne croire que ce qui eft dans l'écriture, n'ont jamais pu y trouver un texte qui enfeignât que la foi fuffit pour la juftification. Luther n'en pouvant découvrir aucun en fit un de fon chef. Voyant que l'apôtre S.Paul avoit dit dans fon épître aux Romains (c): Nous croyons que l'homme eft juftifié par la foi fans les œuvres de la loi, (c'eft-à-dire, de la loi de Moïfe): il ajouta au mot foi, le mot feule. Par-là il faifoit dire à S. Paul que l'homme eft juftifié par la foi feule. Les théologiens catholiques lui ayant reproché cette fal

[merged small][ocr errors][merged small][merged small]

fification, il donna pour toute réponse dans une lettre qu'il écrivit à un de fes amis, que telle avoit été fa volonté, ajoutant: Je ne me repens que d'une chofe, c'eft de n'avoir pas ajouté deux autres mots en traduifant fans toutes les œuvres des autres loix, afin que l'on vit que l'homme eft justifié fans aucune œuvre de quelque loi que ce puiffe étre (a).

[ocr errors]

Si Luther favoit faire des textes quand il n'en trouvoit point en fa faveur, il favoit auffi retrancher de l'écriture ce qui étoit contraire à fa doctrine.

On voit fur-tout dans l'épître de S. Jacques, que la foi ne fuffit pas pour nous juftifier. Vous voyer, dit-il, c. 2, v. 24, 1. vous voyez, mes freres, que l'homme eft juf tifié par les œuvres & non pas feulement par la foi.

S. Auguftin croit que S. Jacques écrivit cette lettre pour empêcher que quelqu'un, faute de bien faifir le vrai fens de l'épître de S. Paul aux romains, n'en prît occafion de dire que la foi fuffit fans les oeuvres (6). Luther ne fachant que répondre à l'épître de S. Jacques, prit le parti de la retrancher de la bible. Cependant Calvin & tous les Calviniftes l'ont toujours regardée comme

(a) Luth. opera. Edit. de 1561. tom. 5, pag. 144. (b) S. Aug. lib. de fide & opera. cap. 19.

« ZurückWeiter »