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Or il est évident que les motifs de ce jugement de l'églife univerfelle, furent uniquement puifés dans la tradition, & les ufages fuivis depuis les apôtres : la fainte écriture n'en parloit pas & n'avoit même pas pu en parler. Les auteurs des livres qui forment le corps de cette écriture, pouvoient-ils prévoir au premier fiecle où ils vivoient, l'étrange révolution qui n'eft arrivée qu'au feptieme? Cet objet n'a même pu donner lieu à des difputes, que long-tems après la mort du Sau veur & des premiers faints de l'églife puifqu'il s'agiffoit de l'honneur qu'on peut rendre à leurs ftatues.

Au refte, c'eft ainfi que pour plufieurs autres objets, l'églife dans les conciles généraux & particuliers, a toujours puifé les motifs de fes jugemens, principale ment dans l'écriture, & auffi, quand il l'a fallu, dans la tradition comme feconde fource de la divine révélation, néceffaire par-là même pour donner à la foi de L'églife & à celle des fideles toute fon intégrité.

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Sur la confécration de l'euchariftie par exemple, il s'étoit élevé de grandes difputes entre l'églife grecque, qui employoit des pains avec du levain, eftimant que ceux qui étoient fans levain n'étoient pas proprement du pain, & l'églife latine

qui a toujours ufé de pains azymes, c'eftà-dire fans levain; plufieurs conciles, & fpécialement le fecond concile œcuménique de Lyon, ont décidé d'après la tradition, que l'un & l'autre ufage pouvoit être confervé.

C'eft auffi en puifant feulement dans la tradition, que l'églisé a réglé qu'on mêleroit toujours un peu d'eau avec le vin euchariftique.

Ces points de difcipline fe trouvoient cependant liés avec le dogme, puifque la pratique dont il s'agiffoit étoit néceffairement fondée fur la croyance que le levain mêlé avec la farine, & l'eau mêlée avec le vin, étoient changés au corps & au fang de Jéfus-Christ.

Je pourrois vous en citer encore bien d'autres exemples, mais ceux-ci ne vous paroiffent-ils pas fuffifans?

LE PROTESTANT.

Oui, Monfieur, je vous remercie de tout mon cœur, du détail où vous avez bien voulu entrer pour me prouver l'existence & la néceffité de la tradition dont je n'avois pas d'idée. Je réfléchirai de mon mieux fur tout ce que vous m'en avez dit, & je tâcherai de le bien retenir.

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SIXIEME ENTRETIEN.

La foi ne peut être certaine que dans le fein de l'églife romaine, parce que cette églife emploie pour l'affurer la voie de l'autorité, & les proteftans celle de la difcuffion que chaque particulier peut faire de la fainte écriture.

Trois preuves que cette difcuffion ne peut pas
donner une foi certaine.
La premiere de raisonnement.
La feconde tirée de l'écriture.

La troifieme tirée de la conduite des prétendus réformés, qui ayant d'abord combattu la voie de l'autorité, parce qu'elle les condamnoit, ont été obligés d'y revenir enSuite pour terminer leurs débats fur la

croyance.

Récapitulation des fix premiers entretiens.

LE DOCTEUR.

JE vous ai prouvé, Monfieur

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notre précédent entretien que la foi ne pouvoit être entiere que dans le fein de l'église catholique romaine, parce qu'elle fur-ajoute à la fainte écriture a tradi

révélation que Dieu a faite à fon églife, & à qui nous devons la connoiffance de plufieurs points de dogme qui ne font point dans l'écriture.

Vous m'avez paru content des preuves que je vous en ai données, avez-vous fait fur cela de nouvelles réflexions, & auriezvous encore quelque éclairciffement à me demander?

LE PROTESTANT.

Monfieur, plus j'y ai réfléchi, plus il m'a paru qu'il falloit reconnoître cette tradition comme une fource de la révélation. Vous m'avez rapporté plufieurs articles de croyance, dont la connoiffance eft abfolument néceffaire, & qui cependant ne font point dans l'écriture; par conféquent la foi ne peut être entiere avec cette feule écriture.

Vous m'avez promis de me prouver aujourd'hui que la difcuffion de l'écriture ne peut pas fuffire pour donner à la foi fa certitude: ce fecond point me paroît encore plus effentiel que le premier.

LE DOCTEUR.

Je vais le difcuter avec le plus grand foin.

Jésus-Chrift a dû établir dans fon églife un moyen de rendre la foi certaine : ce principe eft évident.

Ce moyen, ai-je dit, doit s'appliquer à l'églife en général, pour terminer définitivement les débats qui peuvent s'élever dans fon fein en matiere de doctrine, & à chaque fidele en particulier, pour affurer fa foi.

Or ce moyen ne peut pas être la feule écriture , parce qu'elle ne peut opérer feule ni l'un ni l'autre de ces deux effets.

Et d'abord il est évident que l'écriture feule ne peut pas terminer définitivement les débats qui s'élevent dans le fein de l'églife, en matiere de doctrine.

Ces débats font furvenus dans tous les fiecles, & il continuera toujours d'en furvenir. Ils caufent les plus grands troubles parmi les fideles, par le feu, l'acharnement, l'opiniâtreté qu'y mettent ceux qui enfantent ces opinions nouvelles, quelquefois plus encore par l'impétuofité & l'aveuglement de leurs partifans: ainfi donc les efprits s'échauffent, la foi s'ébranle, la charité fe perd..... Il faut bien fans doute que Jéfus-Chrift ait pourvu fon église d'un moyen de terminer ces divifions éclatantes, par des décisions définitives, néceffaires pour déterminer ce qu'on doit croire, & rendre la foi cer

taine.

Auffi l'église a toujours porté ces déci

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