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n'avoit point écrites, & un ancien pere rapporte qu'un miniftre de l'église ayant été convaincu de l'avoir fait, quoique ce ne fût pas pour favorifer aucune héréfie, il fut dépofé.

Pour terminer ces débats, l'églife, par l'autorité qu'elle tient de Jésus-Chrift, a déterminé les livres qui forment le corps des divines écritures, qui ont été appellées canoniques, & elle a rejeté les autres comme apocryphes : elle a de plus déclaré authentique, une verfion latine de l'écriture nommée vulgate.

Mais comme les fondateurs de la prétendue réforme, en fe féparant de l'église romaine, fe croyoient obligés de ne plus reconnoître fon autorité, on leur demanda fur quoi ils prétendoient fe fonder pour déterminer avec certitude quels étoient les livres véritablement divins.

Cette question étoit d'autant mieux placée, qu'ils n'étoient pas d'accord entre eux fur ce point; les uns admettoient comme infpirés de Dieu, des livres que d'autres rejetoient. Ils répondirent dans la profeffion de foi imprimée à Charenton en 1667, en ces termes : « Nous recon» noiffons ces livres pour être la regle de » notre foi, non pas tant par le conten»tement & commun accord de l'églife, » que par le témoignage & perfuafion inté

»rieure du Saint Efprit, qui nous les fait » difcerner des autres livres. » On lit prefque mot pour mot la même déclaration dans une autre profeffion, imprimée à-peu-près dans le même tems en Flandre.

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Il est évident que cette prétendue infpiration intérieure feroit un moyen bien frivole & bien peu fûr, pour fixer cet article de croyance : je ne m'arrêterai pas ici fur ce point, parce que je le traiterai plus directement dans notre prochaine conférence, en parlant de la certitude de la foi mais pour me réduire à l'objet qui nous occupe en ce moment, je vous prie d'obferver que les proteftans n'ont rien pu trouver dans l'écriture qui leur pût faire difcerner les livres véritablement divins, d'avec ceux qui ne le font pas, & en effet l'écriture ne donne nulle part le catalogue de ceux qui le font; c'eft donc ce que nous ne pouvons tenir que de l'églife & par la tradition, & par conféquent pour avoir une foi entiere, il faut fur-ajouter cette tradition à l'écriture fainte. Je ne vois pas qu'on puiffe apporter à ce raifonnement aucune réponse folide.

LE PROTESTANT.

Il me reste, Monfieur, une grace à vous demander: ayez la bonté de me citer quelques exemples bien connus de ces cir

conftances où l'église a terminé des conteftations fur des points effentiels de doctrine , en puifant fes décifions, non pas dans l'écriture, mais uniquement dans la tradition. Vous acheverez par-là de m'inftruire fur la néceffité de cette fource de la révélation, qui m'avoit été jufqu'à préfent entiérement inconnue, & vous me mettrez en état de répondre à nos miniftres, qui affectent d'en parler avec mépris & de la regarder comme une invention des hommes.

LE DOCTEUR.

Je vais choifir fur une multitude d'exemples que je pourrois vous donner deux des principaux qui font fort célebres dans l'hiftoire de l'églife.

Dans le cours du troisieme fiecle, on douta de la validité du baptême conféré par les hérétiques : cette difpute devint extrêmement intéreffante 77 parce qu'un grand nombre de chrétiens, nés dans des fociétés féparées de l'églife catholique, qui s'étoient fort multipliées, demandoient à rentrer dans fon fein; il s'agiffoit donc de favoir fi l'on devoit, en les recevant leur conférer de nouveau le baptême.

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On convenoit qu'il falloit le leur conférer de nouveau, lorfque les hérétiques de qui ils l'avoient reçu, en avoient altéré

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la forme mais la difficulté confiftoit à déterminer ce qu'on devoit faire lorfqu'elle avoit été exactement fuivie. Ce qui aidoit principalement à partager les efprits, c'eft que les rebaptifans avoient à leur tête le plus grand homme qui fût alors, dont le fuffrage entraînoit toutes les églifes de l'Afrique c'étoit S. Cyprien évêque de Carthage, pontife auffi zélé que favant docteur, dont la vie fut enfuite couronnée par le plus glorieux martyre.

Il étoit très-inutile de chercher dans l'écriture des lumieres fur l'objet de cette contestation, parce qu'elle n'en dit pas un mot. Elle établit la néceffité du baptême par ces paroles du Sauveur : « Si » quelqu'un n'eft pas régénéré par l'eau » & l'efprit faint, il n'entrera point dans » le royaume des cieux (a), » & fa forme par celles-ci, celles-ci, «Baptifez les au » nom du Pere, & du Fils, & du Saint Efprit (b); » mais l'on n'y trouve rien fur la réitération dont il s'agit.

Cette grande affaire fut foumife, fuivant la pratique conftante de l'églife, au jugement du pape S.Etienne : il prononça folemnellement que, conformément à la tradition, il ne falloit point réitérer le baptême, quoi

(a) Joan. 3. 5.
(b) Matth. 28. 19%

que conféré par les hérétiques, dès qu'il l'avoit été felon la forme établie par Jéfus Chrift; fa décifion fut acceptée par toute l'églife, & la caufe fut finie. Mais celle des iconoclaftes eut bien d'autres fuites. Il n'y en a point qui ait caufé dans l'églife plus d'agitation, de violences & de troubles : les deux empereurs de Conftantinople, Leon l'Ifaurien & Conftantin Copronyme fe mirent à la tête de ceux qui prétendoient, non pas qu'il fût défendu d'honorer les faints & de les invoquer, mais qu'on ne devoit pas conferver leurs ftatues & leurs images, de peur que ce culte ne devînt une efpece d'idolâtrie.

Ces ftatues, & celles de Jésus-Chrift lui-même, furent donc alors renversées & brifées; les empereurs firent aux papes, qui condamnerent ces excès fcandaleux les menaces les plus terribles, & envoyerent même contr'eux des hommes armés. L'église tint à ce fujet plufieurs conciles particuliers, à Rome, dans les Gaules & beaucoup d'autres dans l'Orient; enfin après environ cinquante ans de troubles, le pape convoqua fur la fin du fepticme fiecle, un concile à Nicée en Bithynie; ce fut le feptieme concile oecuménique : il condamna l'héréfie, & retrancha du fein de l'église ceux qui y perfifteroient,

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