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réglife, il y a eu des articles de croyance néceffaires au falut qui n'ont pas été rédigés. par écrit.

Suivons les trois grandes révolutions des temps, fous la loi de nature, fous la loi de Moïfe, & fous la loi de grace.

I. Depuis Adam jufqu'à Moife, il y a eu certainement des articles de doctrine qu'il falloit croire pour être fauvé, comme l'existence d'un Dieu qui avoit créé le ciel & la terre, la néceffité de l'adorer & de lui rendre un culte, l'affurance d'une autre vie & du jugement à venir, &c. Cependant il n'y avoit alors point de livres & par conféquent ces articles étoient connus par tradition, c'eft-à-dire, leur connoiffance étoit tranfmife d'âge en âge par les defcendans du premier homme, qui la recevoient les uns des autres.

II. Depuis Moife, le peuple choifi a cru les mêmes dogmes, & plufieurs ne font point exprimés dans les livres de Moïfe, parce qu'il les fuppofoit comme des vérités connues. Il faut même bien remarquer que ces livres, qui font au nombre de cinq, la genese, l'exode, le lévitique, les nombres, & le deutéronome, renferment l'hiftoire des temps, le dénombre ment du peuple d'Ifraël & toutes les ob fervances légales, mais ne s'étendent pas

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fuite David & les prophetes en ont parlé plus expreffément, il falloit bien que de-. puis Moïfe jufqu'à eux, la voie du falut fût ouverte aux juftes de l'ancienne alliance, & par conféquent qu'ils conmiffent les articles dont la croyance étoit néceffaire pour arriver au ciel, dont cependant quelques-uns n'étoient encore écrits dans aucun livre.

IH. Mais il s'agit ici principalement de l'églife de Jésus-Chrift. Il eft conftant que ce n'eft point par la lecture des livres faints, que , que s'eft établi le chriftianifme, & que la foi s'eft répandue dans tout l'univers: c'est ce qui eft démontré par les preuves les plus évidentes.

Dans les commencemens de la prédica tion de l'évangile, les livres du nouveau tef tament n'exiftoient point encore: ils n'ont été écrits que fucceffivement & en divers lieux, fansêtreréunis en un feul corps. L'évangile felon S. Jean, par exemple, n'a été rédigé par cet apôtre que dans fa vieilleffe, très-longtems après la mort & la réfurrection du Sauveur; les épîtres de S. Paul & celles des autres apôtres ne fe trouvoient qu'entre les mains de ceux à qui elles étoient adreffées. Cependant, dès que la religion chrétienne étoit prêchée, même dans des régions écar tées, il fe trouvoit des contradicteurs, des auditeurs incrédules, des hérétiques

opiniâtres, comme à Athenes, par exemple, lors de la premiere prédication de S. Paul dans l'Aréopage, & ailleurs comme S. Jean le témoigne expreffément dans fes épîtres, où il s'éleve contre Diotrephes, & défend d'avoir aucun commerce avec les hérétiques. Cependant il falloit bien qu'il y eût dès-lors un moyen prompt, affuré, pour fixer la croyance des nouveaux chrétiens, & ce moyen ne pouvoit être que la tradition, c'est-à-dire l'affu rance que donnoient les prédicateurs, que leur doctrine, fur tel & tel point contesté, étoit celle qu'ils tenoient des apôtres, ou de leurs difciples.

D'ailleurs quand même cette écriture auroit exifté, quand par la réunion des livres divers elle auroit formé un corps, [ ce qui n'eft arrivé que dans les fiecles fuivans] ces livres de l'ancien & du nouveau Teftament ne forment pas précifément un catéchifme fur les dogmes de croyance : ce font des livres hiftoriques, au moins en grande partie, des narrations de la vie de Jéfus-Chrift, diverses lettres des apôtres, où les points de dogme ne font point réunis, rapprochés les uns des autres; & qui donc auroit été capable de faire une difcuffion fuffifante de tous les textes épars dans ces livres, pour avoir

Et quand même le corps des livres de l'écriture auroit exifté dès-lors, les prédicateurs de l'évangile emportés de toutes parts, par l'ardeur de l'efprit qui les animoit, n'avoient pas par-tout avec eux ce recueil facré; quand ils l'auroient eu, les barbares, les étrangers à qui ils alloient prêcher n'en auroient pas entendu la langue; quand ils l'auroient entendue, illitérés prefque tous, ils n'auroient pas feulement fu les lire. C'étoit donc dans ces tems reculés, non pas dans l'écriture, mais plu tôt dans la tradition qu'il falloit puifer la connoiffance des dogmes de la religion. Auffi S. Paul écrivant aux Theffaloniciens, diftingue-t-il expreffément ce qu'ils peutvent favoir de lui, foit par fes épîtres, foit de vive voix par fes difcours, & il leur ordonne de tout exécuter avec fidélité (a).

Mais j'ajoute, & cette réflexion eft importante: loríque dans les fiecles fuivans le corps de tous les livres qui forment la fainte écriture a été fixé & déterminé par l'autorité de l'église de maniere à ne pouvoir plus y rien ajouter, quand il a fallu terminer quelque difpute fur des points qui ne fe trouvoient pas décidés dans ce principal dépôt de la révélation, on a été néceffairement obligé de recou→ rir à la tradition.

(a) 2. Theffal. 2. 15.

Cette néceffité de la tradition a été universellement reconnue dans l'églife de Jésus-Chrift, depuis les apôtres jufqu'à préfent. Les écrits de tous les faints peres en contiennent des preuves décifives. Toutes les fois qu'il s'eft élevé de grandes conteftations fur des points de dogme, l'églife a rendu des jugemens définitifs puifant fes décifions non-feulement dans la fainte écriture, mais auffi dans la tradition, & elle a retranché de fon fein tous ceux qui n'ont pas voulu fe foumettre à ce qu'elle avoit décidé.

LE PROTESTAN T. Pourriez-vous, Monfieur, me citer quelques dogmes de foi qui ne foient dans l'écriture, & qu'on ne connoiffe que par la tradition?

LE DOCTEUR.

pas

En voici que vos miniftres ne peuvent contefter.

1o. Ils croient comme nous que le baptême qu'on adminiftre aux enfans eft valide. Cependant par où peut-on s'affurer qu'un enfant qui vient de naître, qui n'a encore aucun ufage de fa raifon ni aucune efpece de liberté, peut recevoir la rémission du péché originel avec la grace fanctifiante, & d'efclave du démon deve

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