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proteftans ont-ils pu la connoître? comment ont-ils fu que c'étoit celle de Luther & de Calvin? Tout vrai fidele doit faire hautement profeffion de la foi qu'il a embraffée. Ces hommes dont la conduite extérieure auroit été en contradiction avec leur vraie croyance, n'auroient donc pas été des juftes. De plus il faudroit dire qu'alors l'églife étoit invifible, qu'elle n'avoit point de pasteurs, qu'elle ne formoit pas un corps, & ce n'étoit donc plus une églife.

Quant à l'infaillibilité, les fociétés protestantes ne fauroient y prétendre. Elles pofent pour principe fondamental que l'églife n'eft pas infaillible: ainfi elles avouent qu'elles ne le font pas.

LE PROTESTAN T.

Ce que vous venez de m'expliquer, Monfieur, me paroît frappant, & je ne vois pas qu'on puiffe y oppofer de réponse folide.

LE DOCTEUR.

La troisieme preuve qu'il me reste à vous donner pour établir que l'églife romaine eft feule l'église de Jéfus-Christ, achevera de vous convaincre de cette vérité. Elle eft tirée de ce qu'on ne peut avoir une foi véritable que dans fon fein.

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CINQUIEME ENTRETIEN.

Troisieme preuve que l'église catholique romaine eft feule l'églife de Jésus-Chrift tirée de ce qu'on ne peut avoir la foi que dans fon fein.

La foi doit être entiere & certaine : or elle ne peut avoir ces deux caracteres, que dans le fein de l'églife romaine.

Elle ne peut

que

être entiere dans cette églife, parce qu'elle admet la tradition comme une fource néceffaire pour connoître plufieurs vérités révélées, & que les proteftans la rejettent.

On renvoie à l'entretien fuivant ce qui concerne la certitude de la foi.

LE DOCTEUR.

JE vous ai démontré dans nos précédens entretiens, que l'église romaine eft feule l'églife de Jésus-Chrift, parce qu'elle est la feule qui ait été fondée par ce divin Sauveur, & dont les pasteurs tiennent de lui leur miffion.

Je vous ai prouvé qu'elle eft auffi la feule qui ait tous les caracteres & toutes

les propriétés auxquelles on peut reconnoître l'églife de Jésus-Chrift.

Vous avez trouvé mes preuves décifives.

J'en ai une troisieme à vous donner & je la tire de ce qu'on ne peut avoir une foi véritable que dans l'églife romaine.

Je ne m'arrêterai point à vous prouver la néceffité de la foi pour le falut. Dès que l'homme devient capable de fentiment & de raison, Dieu exige de lui l'hommage & la confécration de toutes fes facultés, & il veut d'abord que la foi lui foumette librement fon efprit. C'eft ce que S. Auguftin exprimoit fi bien en parlant de l'édifice fpirituel de la grace. C'eft, dit-il, l'efpérance qui l'éleve, la charité qui le confomme, mais la foi en eft le fondement: Fide fundatur, Spe erigitur, caritate confummatur.

Ce principe eft d'ailleurs fi hautement reconnu par les prétendus réformés, que, comme je vous le dirai en vous parlant de la juftification de l'homme, c'eft non feulement à la foi, mais à la foi feule qu'ils l'attribuent.

Cette foi doit être entiere & certaine. Entiere, de forte que le fidele connoiffe & croie tous les articles dont la connoiffance eft néceffaire pour le falut. Certaine, excluant tout doute & toute

crainte de fe tromper: autrement ce ne feroit plus la foi, mais l'opinion.

Or ce n'eft que dans l'églife romaine que la foi peut avoir ces deux caracteres d'intégrité & de certitude.

Pour vous prouver cette propofition dans toute fon étendue, je me bornerai aujourd'hui à ce qui concerne l'intégrité de la foi, & je renverrai à notre premier entretien ce qui concerne fa certitude.

Je dis donc que la foi ne peut être entiere que dans le fein de l'églife romaine: Pourquoi? c'est que l'églife romaine reconnoît deux fources de la révélation, qui font l'écriture fainte & la tradition: or cette tradition que les proteftans n'admettent pas, eft néceffaire pour fuppléer à l'écriture, & pour nous tranfmettre plufieurs vérités effentielles au falut, que l'écriture ne nous dit point.

En effet l'écriture fainte contient bien la plus grande partie des vérités qu'il a plu à Dieu de nous révéler, mais elle ne les contient pas toutes; elle est la principale fource de cette révélation, mais elle n'eft pas l'unique. Il y a des vérités que JéfusChrist a enfeignées à fes Apôtres, & que ceux-ci ont tranfmifes à leurs difciples, qui ne fe trouvent dans aucun des livres qui forment le corps des faintes écritures. Ces vérités ont été ainfi confervées dans

l'églife de Jéfus-Chrift, d'âge en âge, de fiecle en fiecle, & elles y ont toujours été regardées comme des articles de foi. C'est ce dépôt de doctrine tranfmife de vive voix & non par des livres, que nous appellons tradition ou parole de Dieu non écrite.

LE PROTESTANT.

Ce que vous me dites là, Monfieur, eft bien nouveau pour moi. Je ne fuis pas affez inftruit pour y répondre, mais je ne peux vous diffimuler mon étonnement. J'ai toujours entendu dire à nos miniftres que toutes les vérités néceffaires au falut fe trouvoient dans l'écriture, & que tout ce qui n'y étoit pas, devoit être regardé comme inventé par les hommes. Voudriezvous bien me donner une jufte idée de cette tradition, m'en prouver la néceffité & me faire voir que c'eft vraiment une des fources de la révélation?

LE DOCTEUR.

La tradition, comme je viens de vous le dire, Monfieur, eft la parole de Dieu, qui fans avoir été confignée dans les livres faints, a été annoncée de vive voix par les apôtres & leurs difciples, & s'eft ainfi perpétuée dans l'églife.

Il eft conftant que dans tous les tems, foit avant foit après l'établiffement de

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