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glent. La concupiscence des yeux, l'esprit de curiosité nous mène à des connoissances, à des épreuves inutiles: on cherche toujours, et on ne trouve jamais; ou bien on trouve le mal. L'orgueil de la vie, qui dans les hommes du monde en fait tout le soutien, nous impose par de pompeuses vanités. Le faux est, partout dans le monde, et l'esprit de vérité n'y peut entrer. On est pris par la vanité; on ne peut ouvrir les yeux à la vérité.

Que le monde ne peut recevoir, parce qu'il ne le voit pas, et ne le connoît pas ; parce qu'il ne veut ni le voir, ni le connoître; il est livré, il est séduit. Le monde est tout dans la malignité', est tout plongé dans le mal. Le monde pense mal de tout; il ne veut pas croire qu'il y ait de véritables vertus, parce qu'il n'en veut point avoir, ni qu'il y ait d'autre motif des choses humaines que le plaisir et l'intérêt, ni qu'il y ait de bien solide que dans les choses corporelles. Jouissons, dit-il, des biens qui sont 2; tout le reste n'est qu'idée, imagination, pâture des esprits creux ; ce qui est, c'est ce qu'on sent, c'est ce qu'on touche; tout le reste échappe. Et au contraire, ce qu'on sent, ce qu'on touche, c'est ce qui échappe continuellement des mains qui le serrent. Plus on serre les choses glissantes, plus elles échappent. La nature du monde est de glisser, de passer vite, d'aller en fumée, en néant. Mais le monde veut s'imaginer que c'est cela qui est. Comment donc pourra-t-il connoître l'esprit de la vérité? et comment pourra-t-il le recevoir?

Le monde ne peut pas le recevoir. Il y a l'esprit de vérité et l'esprit d'erreur. Qui est possédé de l'un, ne peut pas recevoir l'autre. L'homme sensuel ne peut entendre ce qui est de l'esprit de Dieu; celui est folie, et il ne peut pas l'entendre, parce qu'il le faut, examiner par l'esprit3; et son esprit est tout plongé dans les sens; il fait quelque effort, et il ne peut pas, et il retombe toujours dans son sens charnel.

XCI JOUR. La demeure de Jésus-Christ, et sa manifestation dans les saintes âmes. (Joan. xiv. 17.)

Mais vous, vous le connoîtrez, parce qu'il demeurera en vous, et qu' u'il sera en vous. Y être véritablement, c'est y dc

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meurer: il ne veut pas être dans nous en passant; où il ne demeure pas, si on peut parler de la sorte, il ne croit pas y avoir été. C'est un esprit ferme, esprit stable, constant, assuré'; parce qu'il est véritable; et ce qui est véritablement, c'est ce qui demeure; ce qui passe tient plus du néant que de l'être.

Mais, Seigneur, vous avez dit : L'esprit souffle où il veut; et personne ne sait d'où il vient, ni où il va; ainsi en est-il de celui qui est né de l'esprit 2. Comment donc dites-vous aujourd'hui Vous le connoîtrez, parce qu'il demeurera en vous, et qu'il y sera?

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Dans les premières touches de l'esprit, on ne sait d'où il vient, ni où il va; il vous inspire de nouveaux desirs inconnus aux sens; vous ne savez où il vous mène; il vous dégoûte de tout, et ne se fait pas toujours sentir d'abord; on sent seulement qu'on n'est pas bien, et on desire d'être mieux Quand il demeure, il se fait connoître; mais après il vous rejette dans de nouvelles profondeurs ; et vous commencez à ne plus connoître ce qu'il vous demande; et la vie intérieure et spirituelle se passe ainsi entre la connoissance et l'ignorance, jusqu'à ce que vienne le jour, où ce bienheureux esprit se manifeste.

Je ne vous laisserai pas orphelins ; je viendrai à vous 3. II venoit de les appeler ses petits enfants; il continue à parler en père: Je viendrai à vous ; je vous verrai après ma résurrection. Mais ce n'est pas là toute ma promesse; car je disparoîtrai trop tôt, pour vous satisfaire par cette courte vision; je viendrai en vous par mon esprit consolateur. Les orphelins seront consolés, parce que l'esprit de leur père sera en eux, et qu'il leur apprendra à prononcer comme il faut le nom de père: Dieu enverra dans leurs cœurs l'esprit de son Fils qui les fera crier, Mon Père, mon Père ; qui leur apprendra à parler, à agir en enfants, et non en esclaves; en esprit de confiance, de tendresse, d'amour et de liberté.

Encore un peu de temps, et le monde ne me verra plus; mais vous, vous me verrez; parce que je vivrai, et vous vivrez;

1 Sap. VII. 23.- 2 Joan. 11. 8.

IV. 6. Joan. xiv. 19.

3 Joan. XIV. 18. x. 33.

Gal.

vous vivrez de cette vie, dont il est écrit : Le juste vit de la foi'. Vous vivrez de cette foi agissante et féconde en bonnes œuvres, qui opère par l'amour 2. Pour voir Jésus vivant, il faut vivre, et vivre de la vraie vie. Le monde, qui est mort, ne verra point Jésus qui est vivant. En ce jour, vous verrez que je suis en mon Père, et vous en moi, et moi en vous3. En ce jour, lorsque le Saint-Esprit vous sera donné, et encore plus en ce jour, où vous verrez à découvert la vérité même; vous verrez mon union intime, substantielle et naturelle avec mon Pèrc et celle que j'ai contractée avec vous par miséricorde et par grâce. Si vous m'aimez, je vous aimerai, etje me manifesterai à vous par amour. Douce manifestation que l'amour inspire, que l'amour attire! Je me manifesterai, non point pour satisfaire des yeux curieux, mais pour contenter un cœur ardent.

XCII JOUR. La prédestination. Le secret en est impénétrable. (Joan. XIV. 22.)

Jude lui dit: Seigneur, d'où vient que vous vous découvrez à nous, et non pas au monde ? Cette question devoit naître naturellement du discours qui a précédé; puisqu'on y a vu que le Sauveur avoit déclaré qu'il se manifesteroit par son SaintEsprit à ses amis, et non pas au monde. C'est donc ici le grand secret de la prédestination divine: saint Jude va d'abord au grand mystère D'où vient? Qu'avons-nous fait, qu'avonsnous mérité plus que les autres? N'étions-nous pas pécheurs comme eux, charnels comme eux? Eussions-nous cru, si vous ne nous aviez donné la foi? Vous cussions-nous choisi, si vous ne nous aviez choisis le premier? Vous ne m'avez point choisi, dira-t-il bientôt, mais c'est moi qui vous ai choisis. En cela paroît son amour, que ce n'est pas nous qui l'avons aimé ; mais c'est lui qui nous a aimés le premier o.

Pourquoi, Seigneur, pourquoi, dit saint Jude? Lui seul pouvoit résoudre cette question; mais il s'en est réservé le secret. Et c'est pourquoi il n'y répond pas; et sans faire même. semblant de l'entendre, il répète encore une fois : Si quelqu'un

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m'aime, il y ırdera mon commandement ; et mon Père l'aimera et nous viendrons à lui, et nous ferons notre demeure en lui'. Comme s'il eût dit: 0 Jude, ne demandez pas ce qu'il ne vous cst pas donné de savoir; ne cherchez point la cause de la préférence; adorez mes conseils : tout ce qui vous regarde sur ce sujet, c'est qu'il faut garder les commandements; tout le reste est le secret de mon Père; c'est le secret incompréhen– sible du gouvernement, que le souverain se réserve.

Il y a des questions que Jésus résout ; il y en a qu'il montre expressément qu'il ne veut pas résoudre, et où il reprend ceux qui les font. Il y en a, comme celle-ci, où il réprime la curiosité par son silence; il arrête l'esprit tout court; et pour le' désoccuper des recherches dangereuses, il le tourne à des réflexions nécessaires. * (Saint Jude entendit bien qu'il ne falloit pas pousser plus loin la question. Apprenons de ce saint apôtre à demeurer en repos, non sur l'évidence d'une réponse précise, mais sur l'impénétrable hauteur d'une vérité cachée. Et nous,) passons, évitons cet écueil où l'orgueil humain feroit naufrage. « O profondeur des trésors de la science et de la >> sagesse de Dieu ! Que ses jugements sont impénétrables, et >> ses voies incompréhensibles! Qui lui a donné quelque chose » le premier, pour en prétendre récompense? Parce que tout » est de lui, tout est par lui, tout est en lui: A lui soit gloire » dans tous les siècles : Amen2 ». Il n'y a qu'à adorer ses conscils secrets, et lui donner gloire de ses jugements, sans en connoître la cause. C'est avec ces mots de l'apôtre, expliquer le silence de Jésus-Christ. Taiscz-vous, raison humaine! O Seigneur, que j'ai de joie de la faire taire devant vous ! (C'est assez de savoir dire comme David avec joie et reconnoissance; qu'il n'a pas ainsi traité toutes les autres nations ; et il ne leur

* Ces mots [Saint Jude. jusqu'à Et nous,] et ceux-ci [C'est assez de savoir..... jusqu'à il l'a fait ]ue sont point dans le manuscrit original; et on eut soupçonuer qu'ils aient été écrits sur un papier séparé qui se seroit ; car il n'y a aucun sigue de renvoi. Nous les avons conservés, parce les lit dans les éditions précédentes. Il est permis de conjecturer que r les aura ajoutés à quelque copie de cet ouvrage. On trouve dans la leux ou trois passages semblables; nous aurons soin d'en avertir. Versailles.).

on

2 Rom. x. 33.36.

a pas manifesté ses jugements'; et encore avec saint Paul : Jésus-Christ a laissé chaque nation aller dans ses voies 2; sans lui demander pourquoi il l'a fait.) Qui en veut savoir davantage, dit saint Augustin3, qu'il cherche de plus grands docteurs; mais qu'il craigne de trouver des présomptueux..

XCIII JOUR. Heure fixe du Père et du Fils dans les âmes. (Joan. XIV. 23.)

Ce qui est certain, ce qu'il faut savoir, ce qu'on ne sauroit assez imprimer dans son esprit ; c'est que la cause prochaine de la préférence est que Jésus-Christ et son Père se manifestent à celui qui garde les commandements: Nous viendrons à lui, et nous y établirons notre demeure".

Il va toujours les affermissant de plus en plus, en les assurant de l'amour de son Père, du sien, de la présence et de l'assistance de son Saint-Esprit ; et afin de ne rien omettre, il leur dit encore: Nous viendrons en vous, mon Père et moi; nous ne nous contenterons pas de vous assister au dehors: nous viendrons à vous; nous y établirons notre demeure. Nous vous serons intimement unis; et cela, non point en passant, mais par un établissement permanent.

Nous viendrons. Quel autre qu'un Dieu peut parler ainsi? Un simple homme, une simple créature, quelque parfaite qu'on la fasse, osera-t-elle dire : Nous viendrons, et s'associer avec le Père éternel, pour demeurer dans le fond des âmes comme dans un sanctuaire?

Nous viendrons à eux, et nous y établirons notre demeure : et cela qu'est-ce autre chose, sinon ce qui est écrit? « Vous » êtes le temple du Dieu vivant: comme Dieu dit lui-même : » Je ferai ma demeure en eux, et je me promenerai au milieu » d'eux, et je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple. Sortez » du milieu du monde, dit le Seigneur, et séparez-vous, et ne » touchez point aux choses impures; et je vous recevrai, et je » serai votre père, et vous serez mes fils et mes filles, dit le » Seigneur tout-puissant ».

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2 Act. xiv. 15.—3 Lib. de spirit et lit. cap. 34 n.

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