Abbildungen der Seite
PDF
EPUB
[ocr errors]

>>

>>

moignage sincère de votre foi et de notre re» connoissance de la bouche d'un évêque trop » tôt obligé à changer en sacrifices pour votre >> repos ceux qu'il offroit pour une vie si pré>> cieuse; et vous, saints évêques, interprètes du ciel, juges de la terre, apôtres, docteurs et ser» viteurs des Eglises; vous, qui sanctifiez cette >> assemblée par votre présence; et vous, qui, dispersés par tout l'univers, entendrez le bruit » d'un ministère si favorable à l'Eglise, offrez à » jamais de saints sacrifices pour cette ame pieuse. » Ainsi puisse la discipline ecclésiastique être en»tièrement rétablie. Ainsi puisse être rendue la

[ocr errors]
[ocr errors]

majesté à vos tribunaux, l'autorité à vos juge» mens, la gravité et le poids à vos censures! >> Puissiez-vous souvent assemblés au nom de Jé» sus-Christ, l'avoir au milieu de vous, et revoir

» la beauté des anciens jours? Qu'il me soit du » moins permis de faire des vœux devant ces » autels, de soupirer après les antiquités devant » une compagnie si éclairée, et d'annoncer la sa» gesse entre les parfaits.

»

Bossuet, en rapportant quelques paroles mémorables du chancelier le Tellier, appelle les au

tels eux-mêmes en témoignage de la vérité de ses *Oraison récits.* « Sacrés autels, vous m'êtes témoins que funèbre du

chancelier » ce n'est pas aujourd'hui par ces artificieuses

le Tellier.

>>

>> fictions de l'éloquence, que je lui mets en la » bouche ces fortes paroles; » et comme s'il avoit eu besoin du nom du chancelier le Tellier pour recommander son discours à l'attention de la postérité, Bossuet ajoute avec une noble modestie: « Sache la postérité, si le nom d'un si grand ministre fait aller mon discours jusqu'à » elle, que j'ai souvent moi-même entendu ces » saintes réponses.

>>

» Les dernières paroles du chancelier le Tellier, » dit Bossuet, furent: MISERICORDIAS DOMINI IN » ÆTERNUM CANTABO: Je chanterai éternellement » les louanges du Seigneur. Il expira en disant » ces mots, et il continua avec les anges le sacré » cantique ». Image douce et touchante, qui montre le ciel et tout ce qui l'habite, attentif à recueillir les dernières paroles et les derniers soupirs du juste.

Mais on reste profondément ému et attristé lorsqu'on lit la partie de ce discours où Bossuet déplore les vains calculs de ces grands ambitieux, qui consument laborieusement leur vie dans l'espoir insensé de voir leurs descendans bénir à jamais leur nom et leur mémoire. On s'aperçoit facilement que Bossuet avoit présents à sa pensée et même à ses regards les exemples encore récens de ces familles puissantes que la faveur des rois

préparent l'imagination à un grand intérêt, ou à

de fortes émotions.

Mais c'étoit la difficulté même d'obtenir de

aussi

grands effets d'un sujet aussi simple, peu favorable aux mouvemens oratoires, sans jamais en sortir, sans avoir jamais recours à des faits, à des personnages, à des ornemens étrangers qui demandoient tout le talent de Bossuet. Son sujet lui traçoit impérieusement les limites où il devoit se renfermer. Le caractère de l'homme dont il avoit à parler, étoit donné et connu. La vérité et les convenances lui interdisoient toutes les fictions et toutes les exagérations mensongères. Il étoit défendu, pour ainsi dire, à Bossuet de rien créer, de rien imaginer. Mais par bonheur pour Bossuet et pour nous, le chancelier le Tellier avoit été associé à des événemens et à des personnages célèbres; et Bossuet a fait de l'histoire d'un homme sage, prudent et calme, l'histoire la plus fidèle d'un temps remarquable par de grands mouvemens et de grandes vicissitudes. Il a donné à ce tableau historique toutes les couleurs les plus propres à jeter un nouvel éclat sur un siècle que l'imagination est accoutumée à se représenter comme l'une des époques les plus brillantes par l'esprit, la valeur et les grâces. Bossuet a plus fait

encore:

encore s'élevant au-dessus de ces dehors frivoles et séduisans, il a su donner à l'histoire son véritable caractère, en attachant à ses récits des réflexions aussi justes que profondes, aussi éclatantes par la pensée, qu'énergiques et pittoresques par l'expression. Enfin Bossuet, toujours Bossuet, montre la providence gouvernant et réprimant cette effervescence passagère des esprits et des passions pour donner à Louis XIV la gloire d'affermir l'autorité royale par l'empire de la religion et des lois, et d'attacher son nom au plus beau siècle de la monarchie.

IV. Bossuet re

Dans l'intervalle de l'oraison funèbre de la princesse PALATINE et de celle du chancelier le çoit l'abjura

Tellier, Bossuet avoit eu un ministère plus con-
solant à remplir. Il fut appelé à Fontainebleau
pour recevoir l'abjuration du duc de Richemond,
fils naturel de Charles II et de la duchesse de
Portsmouth. Louis XIV crut devoir mettre une
espèce d'appareil dans une cérémonie qui flattoit
son zèle pour la religion catholique; et dans ses
opinions de grandeur et de convenance,
il pensa
que l'honneur de présenter à l'Eglise le fils d'un roi,
ne pouvoit appartenir qu'à Bossuet. Louis XIV
devoit signer le 22 octobre 1685 la révocation de
l'édit de Nantes; et il voulut, par égard pour le
rang et la naissance de ce jeune seigneur, que la
BOSSUET. Tome 111.

4

tion du duc

de Richemond. 1685.

Ledieu.

lade au mois de février 1690, et sa maladie fut assez longue. Bossuet avoit passé toutle carême auprès d'elle; elle voulut recevoir le viatique le jeudi saint. Il accompagna cette cérémonie d'une exhor* Mts. de tation* qui fit couler les larmes de Louis XIV, et de toute la Cour présente à ce triste spectacle. Quelques jours après, il lui administra l'extrêmeonction: et elle mourut le 20 avril 1690, indifférente à la vie, aux honneurs, à la perspective du trône, tranquille et résignée par les paroles pleines de foi, d'espérance et de charité, dont Bossuet n'avoit cessé de l'entretenir.

VI. Oraison funèbre du grand CoNDÉ.

Peu de momens avant qu'elle rendît le dernier soupir, Bossuet s'approcha avec respect de Louis XIV, qui étoit dans la chambre de cette princesse, et lui dit avec une tristesse religieuse : « Il faudroit que votre Majesté se retirát. Non, » non, reprit Louis XIV, il est bon que je voie » comment meurent mes pareils ».

Nous sommes arrivés au moment où nous allons entendre pour la dernière fois la voix de Bossuet gémir sur les tombeaux ; et c'est par un chefd'œuvre qu'il va descendre de la chaire funèbre. Après le grand CONDÉ, nul ne pouvoit aspirer à un tel orateur.

Ce ne sont ni le respect, ni la reconnoissance, ni les égards dus au rang et au malheur, qui

« ZurückWeiter »