les plus saillants sont l'économie des transports des champs | à la ferme, l'occupation continue des hommes et des attelages, la variété des productions et des travaux dont la distribution régulière ne fait pas sentir la nécessité de recourir à ces ouvriers supplémentaires dont les grandes fermes ne peuvent se passer, et qu'elles sont forcées de payer à trèshaut prix. Telles sont les raisons données de part et d'autre en faveur des divers modes de culture. Ces raisons, nous les tenons, quant à nous, pour fondées toutes sur quelques portions de vérité car il n'est pas de régime rural qui n'ait à la fois des inconvénients et des avantages; mais ces inconvénients et ces avantages, quelle en est la mesure respective? Comment discerner si la prééminence de fortune et de savoir attribuée aux grands fermiers opère définitivement mieux et plus lucrativement que l'activité personnelle et les soins attentifs que les petits portent dans les moindres détails de leurs opérations? Comment savoir si les capitaux plus considérables des uns, appliqués à de vastes superficies, les fertilisent plus que les moindres capitaux des autres employés sur de moindres espaces? C'est là ce qui a embar. rassé les observateurs les plus dégagés de préoccupations systématiques, et fait dire à l'un des plus éminents d'entre eux, à Sismondi, que « les questions de grande et de petite culture sont au nombre des plus épineuses et des plus compliquées, et n'ont jamais été bien résolues, quoiqu'un grand nombre d'écrivains des deux partis les aient décidées fort légèrement, en ne les considérant què d'un seul point de vue. » Tout se réduit, au fond, à constater deux faits principaux Quelle est la puissance spécifique des divers modes de culture? Quelle influence exercent-ils sur l'État, l'activité et le bien-être des populations? Or, quant au premier, nos recherches, consignées dans un mémoire lu à l'Académie des Sciences morales et politiques, dans sa séance du 4 janvier 1845, nos recherches ont montré que dans l'état présent des connaissances et des pratiques rurales, c'est la petite culture qui, déduction faite des frais de production, réalise, à surface et conditions égales, le produit net le plus considérable. Quant au second, c'est la petite qui, en peuplant davantage les campagnes, non-seulement ajoute le plus à la force que les États doivent à la densité de la population, mais à l'étendue des débouchés assurés aux produits dont la fabrication et l'échange stimulent la prospérité manufacturière. De telles conclusions peuvent ne pas se concilier avec les idées le plus généralement reçues, elles n'en sont pas moins le fruit d'observations d'une exactitude incontestable, et les seules qui soient d'accord avec les faits actuellement existants Maintenant les faits demeureront ils toujours les mêmes? La petite culture, qui de tout temps a prévalu dans le midi de l'Europe, mais qui ailleurs n'est parvenue à se développer avec succès que lentement et sur un certain nombre de points, continuera-t-elle sa marche ascendante? De nouvelles modifications dans les besoins de la consommation ou dans les procédés du travail ne rendront-elles pas à d'autres formes d'exploitation la supériorité qui déjà leur a appartenu? De telles questions ne sont pas susceptibles de solutions absolues; mais il est néanmoins des donnees qui autorisent à énoncer une opinion. Quelles que puissent être les transformations appelées par le mouvement progressif de l'ordre social, dans toutes les contrées de quelque étendue subsisteront à la fois des modes divers de travail. Jamais les circonstances locales ne perdront leur influence naturelle, et les propriétés des différentes portions du territoire, en y fixant des genres particuliers de production, y determineront la distribution des fermes. Mais les causes auxquelles est due la multiplication des petites cultures ne desseront pas d'opérer, et le temps ne peut qu'en fortifier l'activité. En effet les populations continueront a augmenter en nombre et en aisance, et la hausse graduelle du prix des subsistances, en multipliant de plus en plus les emplois CUMANS de main-d'œuvre, favorisera nécessairement les modes d'exploitation les mieux adaptés à la concentration du travail. D'un autre côté, avec la diffusion progressive du bien-être croîtront les demandes en produits que la petite culture seule recueille profitablement. Ainsi nattront pour elle de nouvelles sources de bénéfices et de nouveaux motifs d'extension. Que l'on examine au surplus quels sont les changements réalisés sur les points où s'est concentrée la partie des populations la plus florissante, et l'on aura la mesure de ceux que l'avenir verra s'accomplir. Du voisinage des villes se sont retirées les grandes fermes, et à leur place en sont venues de plus aptes à satisfaire aux besoins variés et délicats que propagent les progrès de l'aisance. Eh bien, voilà l'effet qui s'étendra de proche en proche à mesure que la richesse répandra ses bienfaits. Aux consominations actuelles s'en joindront de plus recherchées, et de nombreuses cultures prendront peu à peu le caractère mixte qu'elles n'ont pas encore. Telles sont les innovations qui, suivant toutes les données fournies par l'expérience du passé, auront lieu dans la constitution rurale des pays dont la prospérité s'accroit. Dans tous les cas, ce qui importe, c'est que les transformations, quel qu'en puisse être le cours, ne rencontrent aucun obstacle. C'est l'essor même de la civilisation qui les déterinine, et jamais elles ne s'accomplissent que sous l'impulsion de nécessités dont la satisfaction est d'un véritable intérêt social. Hippolyte PASSY, de l'Institut, CUMANA, chef-lieu du département du même nom, dans la république de Vénézuéla (Amérique du Sud), sur une rivière appelée autrefois le Rio Cumana et aujourd'hui le Manzanarès, et à l'embouchure du golfe de Cariaco, entouré de montagnes rocheuses, fortement boisées, dont la hauteur varie entre 1,500 et 2,500 metres, compte 8,000 habitants, créoles pour la plupart, et possède pour port une rade aussi vaste que sûre avec divers bons ouvrages. Le commerce du cacao, du sucre, du tabac, des noix de coco, du lard et autres produits bruts du pays, la pêche des perles, celle du poisson, etc., constituent les principales industries de cette ville, bâtie dans une situation fort saine, et dont la prospérité va toujours croissant. Cumana fut fondé par les Espagnols, en 1521, sous le nom de Nouvelle Tolède, et depuis fut fréquemment ravagée par des tremblements de terre. En 1797, un désastre de ce genre la détruisit presque de fond en comble. Le 15 juillet 1853, un tremblement de terre anéantit encore à-peuprès Cumana; huit cents personnes y périrent, et la plupart des propriétés n'offrirent plus que des monceaux de débris. Le département de Cumana est divisé en neuf arrondissements et compte 75,828 habitants sur une surperficie d'environ 440 myriamètres carrés. Des llanos occupent la plus grande partie de son sol; c'est ce qui explique la faiblesse de la population de cette province, où l'on trouve encore la ville de Cumanaçoa, avec 5,000 habitants, qui produisent un tabac de qualité tout à fait superieure. CUMANIE. Voyez CUMANS. CUMANS ou COMANS, peuple d'origine turque, vraisemblablement celui que les écrivains byzantins nomment les Uzes on Ouzes et que les écrivains arabes désignent sous le nom de Gousses, appelé par les Hongrois Couni, par leɛ Slaves Polauci, c'est-à-dire habitant des plaines, d'où les chron queurs allemands ont fait Falawes Après avoir quitté les régions situées derrière le Volga et le Zaik, vers le milieu du onzième siècle; après avoir vaincu et soumis les Chasares et les Petschenègues, races qui avaient la même origine, ils pénétrèrent en Europe, se répandirent sur les rives septentrionales de la mer Noire jusqu'a l'embouchure du Danube, et par leurs brigandages se firent également redouter par les Byzantins, par les Hongrois et les Russes. Dans la première moitié du treizieme siècle les Mongols ancantirent la plus considérable de leurs tribus, dont 10,000 têtes à peine parvinrent à se réfugier sur le territoire by CUMANS zantin, et, unis aux Russes, tentèrent vainement de prendre leur revanche, en 1224, à la bataille de la Kalka, contre ces envahisseurs nouveaux. Le nom de ce peuple s'est conservé jusqu'à nos jours, par suite de l'immigration de quelques-unes de ses tribus en Hongrie, dans les dénominations de grande et de petite Cumanie, qu'on continue à donner aux contrées qu'arrose la Theiss centrale. Ces Cumans, qui, à la suite des temps, ont complétement renoncé à leur nationalité primitive, pour adopter celle des Magyars, sont divisés, en ce qui touche le service militaire, en deux corps, dont les denominations premières, derivées du latin Balistarii, frondeurs, et du hongrois Jaszok, arbalétriers, se trouvent aujourd'hui bizarrement défigurés en celle de Philistæi et de Jaziges. Ce dernier nou était aussi jadis celui d'une peuplade Scythe. Il n'est guère vraisemblable que les Szeklers de Transylvanie descendent également des Cumans, ainsi que le prétendent divers écrivains. CUMBERLAND, comté situé à l'extrémité nord-ouest de l'Angleterre, qui comprend sous le titre de duché une superficie de 40 myriamètres carrés, et qui est borné à l'ouest par la mer d'Irlande et la baie de Solway, laquelle y forme une profonde échancrure, et du côté de la terre par le comté écossais de Dumfries, ainsi que par les comtés anglais de Northumberland, de Durham, de Westmoreland et de Lancaster. A l'exception de la côte nord-ouest, occupée par d'assez vastes plaines, et dont la température générale est singulièrement adoucie par le voisinage de la mer, le comté de Cumberland est l'un des plus élevés, des plus froids, mais aussi des plus sains de l'Angleterre. La partie sud-ouest abonde en plateaux abruptes s'élevant à 1000 mètres et plus au-dessus du niveau de la mer, et le printemps ne fait que fort tard sentir sa douce influence dans ces contrées montagneuses couvertes pendant toute la mauvaise saison d'une épaisse couche de neige. De petites mais profondes rivières, dont l'Eden est la plus considérable, et un grand nombre de petits lacs, appelés lacs du Cumberland, qu'une foule de voyageurs et de curieux viennent chaque année visiter, y forment un riche système naturel d'irrigation. Le sol des vallées est cultivé avec une extrême industrie, et les pâturages des montagnes favorisent particulièrement l'élève des moutons. Toutefois, c'est au sein de la terre que gisent les plus grandes richesses du comté de Cumberland, qui abonde en produits minéraux, notamment en houille, en plomb et en plombagine. Les mines de plomb situées sur la frontière du Nortumberland livrent annuellement 11 à 12 mille tonnes de ce metal à la consommation; les houillères fournissent en grande partie le charbon nécessaire à l'Irlande, et la plombagine que l'on tire des mines de Borrowdale est incontestablement la meilleure que l'on connaisse; elle sert à la fabrication des célèbres crayons de mine de plomb de Keswick. La population, de 195,492 âmes en 1851, en comptait, en 1871, 220,245; l'industrie y a pris de larges développements, et le commerce s'y fait sur une assez vaste échelle, notamment avec l'Irlande. La fameuse muraille élevée par Adrien pour protéger les possessions romaines dans la Bretagne contre les attaques des Pictes, traverse la partie septentrionale du comté de Cumberland, qui a pour chef-lieu Carlisle, et qui, entre autres villes dignes d'être mentionnées, possède encore Whitehaven, Keswick, Working on, Maryport et Penrith. CUMBERLAND (WILLIAM-AUGUSTE, duc de), l'un des fils de Georges 11, roi d'Angleterre, né le 26 avril 1721, fit ses premières armes sous les ordres de son père, et fut tout de suite blessé à la bataille de Dettingen, en 1743. Commandant en chef de l'armée anglaise en Flandre en 1745, il fut malheureux à Fontenoy, où il se fit battre par le maréchal de Saxe. L'opinion publique ne lui en tut que plus reconnaissante de la manière dont il dirigea les opérations militaires auxquelles donna bientôt lieu le débarque CUMBERLAND 31 ment du prétendant Charles-Edouard en Écosse, et qui se terminèrent par la fameuse affaire de Culloden, où il réussit à anéantir les dernières espérances des Stuarts, et à consolider la maison de Brunswick sur le trône d'Angleterre. Il dut d'ailleurs ce grand succès moins à ses talents comme général qu'au défaut de plan et d'unité dans les opérations stratégiques de ses courageux adversaires, et il le déshonora par le plus cruel abus de la victoire. Les atrocités de tout genre que commirent les troupes sous ses ordres contrastèrent d'autant plus vivement avec la conduite des insurgés, qui, en pénétrant sur le sol anglais par les basses terres de l'Écosse, avaient constamment observé la plus exacte discipline et donné de nombreuses preuves d'humanite. Toujours malheureux dès qu'il avait à faire la grande guerre, le duc de Cumberland fut encore complétement battu en 1747 à Lawfeldt, par le maréchal de Saxe. Dix ans plus tard, chargé du commandement supérieur de l'artillerie en Allemagne, il fut de nouveau battu, en 1757, à Hastenbeck, par d'Estrées, et réduit à signer, le 8 septembre, l'humiliante convention de Kloster-Zeven. La se termine la liste de ses hauts faits. Le gouvernement anglais se décida enfin à lui retirer un commandement signalé par tant de revers, et le duc Ferdinand de Brunswick fut mis à la tête de l'armée des confédérés. Il était tombé depuis longtemps dans l'oubli le plus profond, lorsqu'il mourut le 31 octobre 1765 à Windsor. Ce titre de duc de Cumberland, emprunté au comté d'Angleterre du même nom, a été porté par divers autres princes anglais, et en dernier lieu par le feu roi de Hanovre, Ernest-Auguste. CUMBERLAND (RICHARD), poëte comique anglais, était le fils d'un homme qui devint plus tard évêque de Clonfert en Irlande, et de la plus jeune des filles de Richard Bentley. Né en 1732 à Cambridge, il devint, à la fin de ses études, sécrétaire particulier de lord Halifax; et quand ce ministre eut été renversé du pouvoir, Cumberland consacra ses loisirs à des travaux littéraires. Mais son protecteur ayant été appelé au gouvernement d'Irlande, il le suivit à Dublin. Revenu ensuite en Angleterre, il obtint un emploi au ministère du commerce et pût dès lors s'adonner sans entraves à son goût pour la poésie dramatique. Il débuta au théâtre par son Summer's tale (1765), pièce qui obtint un grand succès, mais que ne tardèrent point à faire complétement oublier ses deux comédies intitulées The brothers et The Westindian (1769), regardées alors comme les meilleures pièces de style noble que possédât la scène anglaise. Ces succès encouragèrent Cumberland à continuer de travailler pour le théâtre, et il donna successivement plusieurs autres comédies, par exemple, The fashionable lover, The Jew, The wheel of fortune et quelques tragé dies, comme The battle of Hastings. Ses romans Arundel (2 vol.), John de Lancaster (2o édit., 3 vol., 1809) et Henry furent moins bien accueillis, parce qu'on trouva qu'ils tendaient à la réhabilitation de l'adultere. En 1780, Cumberland fut chargé d'une mission particulière près des cours de Madrid et de Lisbonne; mais les ministres n'ayant pas tout à fait eu lieu d'être satisfaits des résultats par lui obtenus, refusèrent de lui faire rembourser les frais qu'il avait dû faire, et il se trouva alors en proie à de grands embarras pécuniaires. Les Anecdotes of Spanish painters furent le fruit de cette tournée. Le ministère du commerce ayant alors été désorganisé, Cumberland se retira à Tunbridge, où il vécut depuis dans un cercle agréable et tranquille. De tout ce qu'il écrivit ensuite, il n'y eut que ses Mémoirs of his own life (Londres, 1807) qui obtinrent du succès. Il mourut le 7 mai 1811. Son Observer (3 vol., 1811) contient une suite d'intéressants articles, et offre même aux philoloques un attrait tout particulier, parce qu'il est possible que les notices que Cumberland y a données sur la comédie grecque et sur la littéra• 32 CUMBERLAND ture grecque en général, il en ait trouvé le fonds dans les papiers laissés par Bentley. [Richard Cumberland est un de ces écrivains d'un talent facile et souple, si communs dans toutes les littératures, propres à tout, réussissant dans tous les genres agréables, et ingénieux imitateurs, qui résument pour ainsi dire la fleur des esprits vulgaires, plaisent aux médiocrités, c'est-à-dire à la masse, doivent à cette sympathie du public une réputation aisément acquise, bientôt perdue, et, faute d'originalité, de nouveauté, de profondeur, tombent et disparaissent, emportés par le souffle du temps, qui jonche de ses feuilles mortes le sol de la forêt littéraire. Auteur comique sans verve, journaliste sans vivacité, moraliste sans vigueur propre et sans philosophie personnelle, auteur de Mémoires qui ne déchirent aucun voile et ne vont jamais au fond des choses, il a néanmoins porté dans ces diverses tententatives de son talent un agrément, une douceur et une abondance d'excellent goût, qui doivent le protéger contre un oubli definitif. Sa comédie ia plus populaire est une flatterie adressée à la bourgeoisie anglaise, intitulée John Bull, pièce d'ailleurs assez bien faite, et où se trouve une scène remarquable. Son meilleur drame, fondé sur une idée heureuse, la naïveté d'un jeune homme tombant des Grandes Indes au milieu de la civilisation de Londres, a pour titre le Créole (West-Indian), et a été imitée par Chamfort et par Andrieux. Les Frères sont un mélodrame intéressant. CUMIN l'alcool, il bout à 151° et sa formule est C18 H12. Sous l'influence de l'acide azotique il donne naissance au cumène nitré et au cumène binitré, qui, traités ensemble par le sulfhydrate d'ammoniaque, produisent deux autres carbures, la cumine (C18 H13 Az) et le nitrocumine (C17 H12). La cumine est une huile jaunâtre, d'une odeur particulière et d'une saveur brûlante, et qui réfracte fortement la lumière. CUMES, ville d'une haute antiquité, dans la Campanie, sur la crête escarpée d'une montagne baignée par la mer, fut fondée plus de mille années avant notre ère par des habitants de Chalcis, la capitale d'Eubée (aujourd'hui Négrepont), partis sous la direction de Phérécyde, et fut la première colonie que les Grecs aient établie en Italie. Ce nom de Cumes lui fut donné en mémoire de cette ville de l'Asie Mineure sur les côtes de l'Éolide, dont quelques habitants s'étaient joints à Phérécyde pour fonder une colonie nouvelle. Elle ne tarda point à devenir une riche et puissante cité, possédant un port particulier, appelé Puteoli, qui abritait une flotte assez considérable et devint à son tour un centre de population non sans importance. Ses fondateurs n'avaient pas tardé cependant à s'apercevoir qu'à trois lieues plus loin était une baie riante et profonde, où une ville à l'abri des tempêtes, quoique au bord des flots, dominerait toute la mer de Tyrrhène; ils allèrent y jeter encore les fondements d'une ville qu'ils nommèrent dans leur langue Nea-Polis Kumaion, la nouvelle ville des Cuméens, aujourd'hui Naples, sans toutefois déserter entièrement Cumes, où les retenaient leurs pénates, leurs dieux et leurs temples. Attaquée à diverses reprises par les Étrusques et par les Ombriens, elle leur resista tantôt par ses propres forces, tantôt avec le secours de Hiéron, roi de Syracuse. Plus tard elle resta pendant quelque temps sous la domination du tyran Aristodême; puis, déchirée par des discordes intestines, elle finit par tomber au pouvoir des Campaniens, l'an 417 av. J.-C. Elle obtint ensuite, il est vrai, des Romains le droit de cité; mais elle ne put pas pour cela échapper à une ruine, devenue compléte au premier siècle de notre ère. Elle avait en effet été abandonnée peu à peu pour Baïes, qui venait de s'élever à quelques kilomètres plus loin. Baïes devenue bientôt le rendez-vous des riches et des voluptueux de la maîtresse du monde. Restée à peu près déserte, Cumes ne subsista plus dès lors que comme une petite ville sans aucune importance, et en 1203 les Napolitains la détruisirent de fond en comble. Les anciens donnaient le nom de champs Phlégréens, champs de feu, à ses environs, en raison de la nature vol L'amour du luxe, la prétention au génie et l'inquiétude secrète qu'il ressentait sur l'avenir et la réalité de son talent, firent de lui un des hommes les plus malheureux de son époque. Il vivait au milieu de la plus haute société de Londres, à laquelle il tenait par son père et son grand-père, tous deux évêques protestants, qui ne lui avaient pas laissé de fortune. Se comparant sans cesse aux autres, avide de toutes les distinctions et de tous les succès, il offrit à la verve de Sheridan un type à la fois triste et ridicule. Ce dernier plaça Cumberland et l'immola sous le titre de sir Fretful Plagiary dans ce petit chef-d'œuvre en un acte intitulé le Critique. Il en fit le type vraiment admirable de la susceptibilité fébrile, de la modestie affectée, de la jalousie secrète, de la vanité malade. Philarète CHASLES.] CUMBERWORTH (CHARLES), sculpteur distingué, naquit vers 1810. Elève de Pradier, il sut, à l'école de cet excellent maître, se faire une manière pleine de grâce et d'élégance. Sa Lesbie, ses deux groupes de Paul et Virginie, son Amour fixé, ses Négresses, ses Indiennes, obtinrent de grands succès à diverses expositions. En quit-canique du sol de toute cette contrée. Aujourd'hui encore on tant l'atelier de Pradier, Cumberworth alla passer trois ans dans l'Amérique du sud, et il rapporta de ses voyages de curieuses études de la nature luxuriante et variée de ces riches contrées. C'est là qu'il puisa le goût et le sentiment de ces charmants bijoux de bronze où les oiseaux et les insectes se jouent au milieu des lianes et des feuilles exotiques. Il tira un parti immense de ses combinaisons de la nature tropicale, qu'il transforma en encriers, en vases, en pendules, en candélabres, etc. Chaque année quelques-unes de ces petites merveilles allaient orner les collections des amateurs. Cumbervorth fit aussi un certain nombre de statuettes. Après un hiver passé dans de cruelles souffrances, il s'établit près du lac d'Enghien, dans l'espoir de recouvrer la santé. A peine y était-il arrivé qu'il y succombą, en juin 1852, à l'affection de poitrine dont il était atteint. Presque en même temps la mort venait frap per son maître. Cumberworth laissait encore plusieurs œuvres dans son atelier, entre autres la statue du duc de Montpensier en officier d'artillerie, et une charmante statue en marbre représentant l'Amour de soi. L. LOUVET. CUMÈNE, carbure d'hydrogène qui a des propriétés très-semblables à celles de la benzine; on l'obtient par la distillation d'un mélange de baryte et d'acide cuménique cristallisé. Liquide insoluble dans l'eau et très-soluble dans montre, entre le lago di Patria et Fusaro, des débris de murailles, des ruines de temples, de conduites d'eau et un arc de triomphe en marbre. C'est là, dit-on, que résidait la sibylle de Cumes à laquelle on attribue la vente des livres sibyllins à Tarquin. Cicéron possédait aussi aux environs de Cumes un domaine appelé Cumanum. CUMIN, genre de la famille des ombellifères, ne renfermant que trois espèces, dont une seule mérite de fixer l'attention: c'est le cuminum cyminum de Linné, orignaire de l'Égypte et du Levant, mais qui croît aussi naturellement dans les prairies sèches de la Thuringe, en Allemagne. Cette plante est haute d'environ trente centimètres et munie de quelques feuilles découpées très-menu, comme celles du fenouil. Les fleurs sont petites, blanches ou purpurines; les ombelles peu garnies, accompagnées, ainsi que les ombellules, d'un involucre à trois ou quatre folioles capillaires. Le fruit est ovale, oblong, strié, quelquefois un peu velu. La culture du cumin a été introduite dans plusieurs contrées méridionales de l'Europe, particulièrement dans l'ile de Malte. Cette plante est cultivée pour ses graines, dont l'odeur forte, mais agréable, et la saveur aromatique sont très-estimées par les peuples qui habitent ces contrées. Les Orientaux mettent des semences de cumin dans tous leurs ragoûts, et les Hollandais les font entrer dans la composi tion de leurs fromages. Dans toute l'Allemagne, ces semences font partie de la fabrication du pain. Bosc rapporte que dans l'Orient on en mêle les semences avec de la terre salpétrée, dont on fait des masses qu'on place dans les colombiers pour y fixer les pigeons, qui en sont très-friands. Les bonnes graines de cumin doivent être verdâtres, bien nourries et d'une odeur. forte; elles sont une des quatre semences chau:les. C. TOLLARD aîné. CUMIN DES PRÉS. Voyez CARVI. CUMUL. C'est la réunion de plusieurs fonctions publiques sur la même tête. Depuis 1789 notre législation a proscrit le cumul de certaines fonctions inconciliables à raison de leur nature; mais cette interdiction résulte plutôt des incompatibilités que de la question même du cumul. Ce que l'on appelle de ce nom, c'est précisément l'exercice par la même personne de fonctions qui n'ont rien d'incompatible. Si la peste donnait des pensions, disait Saadi, elle trouverait des flatteurs. Les panégyristes n'ont pas fait défaut au cuinul. Il eut même tant de popularité parmi nous, que notre langue s'enrichit un beau jour d'un mot nouveau, celui de Cumulard, et l'on a pu dire d'un académicien qu'il était le plus cumulard des savants et le plus savant des cumulards. Voici en substance ce que l'on a dit pour justifier le cumul: toute fonction n'exige pas que le titulaire y applique tout son temps et toutes ses facultés; cependant il est avantageux à l'État que les places soient remplies par des hommes éminents; par conséquent il faut permettre à ces hommes éininents d'en cumuler plusieurs, puisque leur activité y suffit, puisque d'ailleurs, les émoluments de chacune d'elles n'étant pas en rapport avec leur importance personnelle, sans cette faveur que dispense le gouvernement, ils abandonneraient les services publics pour embrasser des professions plus lucratives; et qu'en definitive les places cumulées sont quelquefois mieux remplies par un seul individu, par certaine capacité, qu'elles ne le seraient par divers hommes moins capables. A ces considérations on a répondu : si le salaire d'un emploi est trop faible pour faire vivre celui qui l'occupe, augmentez ses appointements ou donnez-lui un poste plus lucratif; car l'homme qui donne son temps à un travail a le droit d'en vivre, mais ne le dédommagez pas avec un second emploi. Est-il des places qui n'absorbent que la moitié du temps de leur titulaire? C'est un abus deux places de ce genre font une sinécure. Réunissez ces deux places en une seule et que l'homme qui la remplisse y trouve une existence honorable. Mais ces capacités dont la chose publique ne doit pas se priver, ces capacités perdront beaucoup de leur valeur si l'on éparpille ainsi leur mérite; le temps, ce maître du grand comme du petit, leur fera défaut et chacun des emplois qu'on leur aura confiés sera négligé à cause des autres. En réalité, par leur prétention à tout faire, elles n'équivaudront qu'à des médiocrités si même elles ne demeurent pas au-dessous d'elles pour les services qu'elles rendront. D'ailleurs le mérite n'est pas rare en France; le tout est de savoir le découvrir. Et quand même les industries privées attireraient l'élite des intelligences, croit-on que le gouvernement aurait à se plaindre du résultat ? Au lieu de donner l'impulsion au pays, il la recevrait de lui. C'est ce qui a lieu aux États-Unis et même en Angleterre, et la prospérité de ces deux nations n'en est pas compromise. Dans un ordre d'idées plus élevé, on a dit, pour défendre le curnul, que l'intérêt de l'État n'est pas de multiplier le nombre des gens qui dépendent de lui, car cela tendrait à augmenter sans mesure une classe d'hommes dejà beaucoup trop nombreux dans la société, à qui l'assurance d'un revenu modique, mais fixe, enlève toute énergie et toute activité. Mais cet argument n'est pas sérieux, et ce n'est pas le cumul qui doit débarrasser la France de cette lèpre sociale; un pareil remède serait pire que le mal. Quant au cumul des traitements, que peut-on dire pour le DICT. DE LA CONVERS. 1. VII. CUNAXA 33 défendre? Sous Napoléon 1er, l'abus en fut poussé très-loin. La plupart des hauts dignitaires, à la fois sénateurs, conseillers d'État, directeurs ou membres des administrations publiques, touchaient d'énormes appointements. Le cumul des pensions, ou le cumul des pensions avec des traitements d'activité devrait de même et par une conséquence naturelle être rigoureusement interdit. Le cumul des fonctions gratuites et purement honorifiques serait peut-être le moins equitable et le plus dangereux dans une démocratie. En 1848, une pétition fut présentée à l'assemblée nationale contre le cumul; cette petition contenait une curieuse liste de 57 personnes qui occupaient 212 places pour lesquelles elles recevaient 881,200 francs de traitements. Un seul individu (un médecin) en cumulait 12. La même année, l'assemblée nationale, dans la discussion du budget, vota une proposition de M. Deslongrais qui limitait à 12,000 francs le chiffre des traitements que l'on pourrait cumuler, en faisant toutefois cette réserve expresse que l'indemnité allouée aux membres de l'Institut ne serait jamais considérée comme un traitement. L'abus cependant n'a pas tardé à se reproduire et peutêtre avec plus de violence que jamais; et ceux-là même qui l'attaquaient le plus vigoureusement sont les premiers à y participer, au mépris de leur passé et en foulant aux pieds leurs principes d'autrefois. Des principes! s'ecrie confidentiellement un ancien adversaire du cumnul, qui en a? Et il a raison. Jadis on disait : Le cumul est la ressource des gouvernements odieux à l'esprit public; car, ne sachant à qui se fier et comptant peu d'amis, ils les placent partout à la fois. Le cumulard dépouille d'autres citoyens de leurs moyens d'existence; il prête son temps à l'État à un taux usuraire. La république avait tâché de réduire le nombre des cumulards; mais le népotisme menaçait de prendre la place du cumul; il est vrai que de tout temps nous avons eu une infinité de dynasties administratives et politiques. Le nouvel empire aimant l'éclat, les grandes existences, voulant récompenser largement ses serviteurs, après avoir accru les traitements, est revenu sur la question du cumul. Dans le budget de 1852 on trouve les deux dispositions suivantes : « Article 27: Les décrets des 13 mars et 12 août 1848, relatifs au cumul des traitements et pensions, sont abrogés. Art 28 : Les professeurs, les gens de lettres, les savants et les artistes peuvent remplir plusieurs fonctions et occuper plusieurs chaires retribuées sur les fonds du trésor public. Néanmoins, le montant des trai ements cumulés tant fixes qu'éventuels ne pourra dépasser 20,000 fr. » W.-A. DUCKETT. CUMULUS, CUMULO-CIRRUS, CUMULO-STRATUS. Voyez NUAGE. ČUNAXA, village de la Babylonie, sur la rive orientale de l'Euphrate, à 8 myriamètres environ au nord-ouest de Babylone, et à quelques kilomètres au sud des murs ou portes médiques, est célèbre par la bataille qui s'y livra l'an 401 avant Jésus-Christ, entre les deux fils de Darius Nothus, Artaxerxes Mnemon, héritier légitime du trône, et Cyrus le jeune Le premier commandait une armée forte de 800,000 hommes, au dire des historiens; le second, qui avait levé l'étendard de la révolte dans les provinces dont son frère lui avait contié le gouvernement, était parti de Sardes à la tête de 13,000 Grecs commandés par Cléarque, et avait recruté en route a peu près 100,000 Asiatiques. L'immense supériorité numerique d'Artaxerxès permettait à ce prince de borner sa lactique à essayer d'envelopper l'armée de Cyrus, et il y réussit. Dans la mêlée, les deux frères se rencontrèrent. Cyrus le jeune, apercevant Artaxerxès, lui lança deux traits, dont l'un abattit son cheval, tandis que l'autre le blessait lui même assez grièvement. Artaxerxès, s'élançant alors sur un autre cheval, doubla, par son exemple, le courage de ses argyraspides, qui taillèrent en pièces le détachement d'elite à la tête duquel Cyrus garde de brûler la sainte femme, et que l'empereur, honteux et confus, montra le plus sincère repentir d'avoir douté de sa vertu. Auguste SAVAGNER. avait tenté de faire une trouée sur le centre des Médo-Per-un soc de charrue rougi au feu ; que ce fer incandescent n'eut ses, afin de décider du sort de la journée. Cyrus le Jeune resta sur le champ de bataille, et quand, le lendemain, cette nouvelle ne pût pas être plus longtemps dérobée à la connaissance de son armée, les Asiatiques posèrent les armes et implorèrent la clémence du vainqueur. Le corps grec auxiliaire était réduit à 10,000 hommes, qui, plutôt que de se rendre à discrétion, comme l'exigeait Artaxerxès, préférèrent tenter de regagner leur patrie en s'engageant à travers environ 200 myriamètres de pays ennerni; retraite demeurée à jamais mémorable dans l'histoire sous le nom de retraite des dix mille. CUNDINAMARCA, l'un des départements de la Colombie, confédération de l'Amérique du sud, est composée de trois provinces: Bogota, Neyva et Mariquita, et compte, indigènes à part, 391,096 habitants sur une superficie de près de 1,650 myriamètres carrés. Il comprend la vallée supérieure et la vallée centrale du fleuve la Magdalena, touche à l'ouest à la vallée de Cauca et s'étend à l'est jusqu'aux chaudes et humides plaines voisines des sources du Meta et du Gaviari, deux affluents de l'Orénoque. Dans la partie orientale, les nations des Achaguas, des Chorotas, des Guyaboros, etc., à peine atteintes par la civilisation, errent encore dans des forêts vierges presque impénétrables; l'autre partie, la moitié occidentale du département, plateau présentant, en moyenne, une élévation de 2,700 mètres au-dessus du niveau de l'Océan, coupé par trois chaînes des Andes, parallèles les unes aux autres, et s'élevant toujours davantage en formant à l'ouest comme une suite de degrés, a de tout temps appartenu aux contrées les plus fertiles et les mieux cultivées de l'Amérique méridionale. Son chef-lieu est Funza, avec 5,000 âmes. Cundinamarca, qui doit son nom à une vieille divinité américaine, formait, avant la conquête de ce territoire par les Espagnols aux ordres de Gonzalo Ximenès de Quesada, l'un des principaux foyers de la civilisation indienne. La tribu dominante était celle des Muyscas, nation puissante et populeuse. Les Muyscas obéissaient à deux souverains. L'un, espèce de grand prêtre, résidait à Iraca, où il était un objet de vénération et d'adoration. Tous les ans, des masses de dévots venaient en pèlerinage lui offrir des présents. L'autre souverain était le chef politique ou roi. Il portait le titre de Zaqué, et, entouré d'une garde, résidait à Tunja, alors ville riche et florissante. Les princes de Bogota, appelés Zippas, Jui payaient un tribut annuel. Les Muyscas adoraient le soleil et avaient fait de tels progrès dans la civilisation qu'on peut à bon droit les regarder comme ayant été, après les Aztèques et les Péruviens, la nation la plus policée de l'Amérique. La barbarie des conquérants espagnols anéantit toute la civilisation des populations de Cundinamarca. Il n'en reste plus aujourd'hui que des ruines d'anciens édifices, quelques images d'idoles et autres monuments de ce genre, pour inviter les archéologues à se livrer à cet égard à des recherches plus approfondies. CUNÉGONDE, fille de Sigefroi, comte de Luxembourg, épousa l'empereur d'Allemagne Henri II. Elle fut couronnée avec lui à Rome, par le pape Benoît VIII, en 1014. Après la mort de son mari, elle se retira dans l'abbaye de Kauffung, près de Cassel, qu'elle avait fondée, et y mourut en 1040. On prétend que son mariage avec Henri II ne fut jamais con. sommé, parce que les deux saints époux avaient fait vœu de continence. Le pape Innocent III le dit expressément dans la bulle de sa canonisation, de l'année 1201. Toutefois, cette particularité est révoquée en doute par quelques auteurs. Ceux-ci rapportent que Henri, dans une diète tenue à Francfort, se plaignit aux États de la stérilité de l'impératrice, comme s'il eût voulu les sonder sur un divorce projeté. Plus tard il l'accusa formellement d'adultère, et, pour se justifier, il fallut qu'elle se soumft au jugement de Dieu. La légende raconte qu'elle marcha pieds nus sur CUNÉIFORME (Écriture). Elle tire ce nom du mot latin cuneus, qui signifie coin ou clou. Telle est en effet la forme du signe unique dont les nombreuses combinaisons la composent; et c'est ce qui fait qu'on la désigne quelquefois aussi sous la dénomination d'alphabet clou ou cludiforme. Ce signe unique, qui a la forme d'un coin ou d'un clou à tête, s'écrit verticalement, horizontalement et diagonalement; il se combine par deux et au delà jusqu'à six, et chaque combinaison de ces signes représente une lettre qui est le signe d'un son de la langue parlée: telle est du moins l'opinion très-probable qui résulte clairement de la lecture de plusieurs noms propres de rois persans, écrits avec cette espèce de caractères. Il n'existe aucun manuscrit en cette écriture, mais elle est employée dans un grand nombre d'inscriptions sculptées en creux sur des rochers, sur des édifices publics, des briques avec lesquelles ces édifices sont construits, sur des monuments de différentes grandeurs, fixes ou mobiles; enfin, sur des cylindres, des pierres gravées et des amulettes antiques et de formes variées. Ces sculptures existent sur plusieurs points de l'Asie; on les retrouve sur les antiques monuments de Persépolis et sur les autres ruines qui jonchent le sol de la Perse, sur les ruines de Babylone et de Ninive, et jusqu'en Égypte, où l'usage en fut introduit par les Perses lors de leur domination en ce pays à la suite de l'expédition de Cambyse; mais on ne saurait préciser le pays où elle prit naissance. On indique, il est vrai, Babylone pour lieu de son invention, mais sans preuves directes; et, pour trancher cette question, il faudrait être fixé sur la priorité de domination dans ces contrées entre les Perses, les Mèdes, les Babyloniens et les Ninivites. Il est certaiu que Sémiramis, vingt siècles avant l'ère chrétienne, transporta l'usage de cette écriture dans l'Arménie, dont elle fit la conquête, où elle fonda sur les bords du lac Van une ville dont on prétend reconnaître encore les ruines. Il faudrait aussi mettre en ligne de compte dans cet examen l'influence de l'antique Bactriane, qui nous paraît mériter une grande considération, malgré les obscurités de l'histoire en ce qui concerne les souverains de cet empire. Mais, à défaut de renseignements certains sur l'inventeur et l'origine de l'écriture cunéiforme, nous en possédons d'abondants sur les lieux où elle était d'un usage public. Les principaux peuples qui firent partie de l'ancienne monarchie perse s'en servirent tous, mais chacun en combinant les éléments d'une manière différente, conformément au génie particulier de sa propre langue. Aussi connaît-on déjà cinq différentes écritures cunéiformes, dont l'une, et en même temps la plus simple, est une pure écriture par lettres, tandis que les autres paraissent être des écritures par syllabes, et passablement compliquées. Les tentatives qu'on a faites depuis un demi-siècle pour découvrir l'alphabet cunéiforme ne sont pas encore couronnées d'un plein succès. Les savants qui s'y sont adonnés ne sont d'accord que sur la valeur phonétique d'un petit nombre de groupes cunéiformes. CHAMPOLLION-FIGEAC. Le déchiffrement de l'écriture cunéiforme a fait de grands progrès depuis trente ans. Plusieurs savants se sont adonnés à ce pénible travail : Grotefend, Burnouf, Lassen, Benfey, Spiegel, Botta, Layard, Hincks, Rawlinson et Oppert. En 1863, l'Académie des inscriptions décerna à ce dernier le grand prix biennal pour ses ouvrages sur la langue et la grammaire assyriennes. D'après M. Oppert il existe deux classes d'écriture cunéiforme, tout à fait dissemblables, l'arienne, qui est alphabétique, et l'anarienne, hieroglyphique, idéographique et syllabique. On ne connaît pas l'ori |