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1735.

féquent l'acdémie des belles-lettres en corps a fait
la plus énorme bévue du monde. Cela reffemble
à celle de l'académie françaife qui fit imprimer,
il y a quelques années, cette belle phrafe: Depuis
Les pôles glacés jufqu'aux pôles brûlans.
Le papier manque. Vale.

LETTRE CXXXVI.

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Vos lettres ajoutent un nouveau charme à la

douceur dont je jouis dans la folitude où je me fuis retiré loin du monde bruyant méchant et miférable; loin des mauvais poëtes et des mauvaises critiques. J'aime mille fois mieux favoir par vous des nouvelles de tout ce qui fe paffe, que d'en être le témoin. Il y a une infinité d'événemens qui ennuient le fpectateur, et qui deviennent intéreffans quand ils font bien contés. Vous m'embelliflez, par vos lettres, les fottifes de mon fiè. cle. Je les lis à une perfonne respectable et bien aimable, dont le goût eft univerfel; vos lettres lui plaifent infiniment. Je fuis bien aife de vous faire cette petite trahifon, afin de vous engager à m'écrire plus fouvent. S'il n'y avait que moi qui luffe vos lettres, je vous prierais encore de m'en favorifer chaque jour par le feul intérêt de mon plaifir; mais puifqu'elles font les délices d'une perfonne à qui tout le monde voudrait plaire, c'eft votre amour-propre qui y eft intéreffé à préfent.

Mandez-moi donc fi le grand musicien Rameau

eft auffi maximus in minimis, et fi, de la fublimité de fa grande mufique, il defcend avec fuccès aux grâces naïves du ballet. J'aime les gens qui favent quitter le fublim pour badiner. Je voudrais que Newton cût fait des vaudevilles; je l'en eftimerais davantage. Celui qui n'a qu'un talent peut être un grand génie; celui qui en a plufieurs eft plus aimable. C'est apparemment parce que je fuis le très-humble ferviteur de ceux qui touchent à la fois aux deux extrémités, qu'on m'a gravé à côté de M. de Fontenelle. Mon ami Thiriot s'eft fait peindre avec la Henriade à la main. Si j'ai une copie de ce portrait, j'aurai ma maîtreffe et mon ami dans un cadre. Mandezmoi fi vous le voyez quelquefois à l'opéra, et ai. guillonnez un peu la pareffe qu'il a d'écrire. Adieu; je vous embraffe tendrement.

LETTRE CXXXVII.

A M. DESFORGES-MAILLARD.

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LES fréquentes maladies dont je fuis accablé, Monfieur, m'ont empêché de répondre à votre profe et à vos vers; mais elles ne m'ôtent rien de ma fenfibilité pour tout ce qui vous regarde. Je me fouviens toujours des coquetteries de mademoiselle Malerais, malgré votre babe et la mienne; et s'il n'y a pas moyen de vous faire des déclarations, je cherche celui de vous rendre fervice. Je compte voir cet été monsieur le contrôleur général. Je chercherai mollia fandi tem

1735.

1735.

pora, et je me croirai trop heureux fi je puis obte nir quelque chofe du Plutus de Verfailles, 'en faveur de l'Apollon de Bretagne. Pardonnez à un pauvre malade de ne pouvoir vous écrire de sa main. Je fuis, etc.

LETTRE CXXXVIII.

A M. DE CIDEVILLE.

A Paris, 29 avril.

LINANT n'a encore que la parole de madame du Châtelet; cependant il apprend à écrire; il favait faire de beaux vers, mais il faut commen. cer par favoir former fes lettres. A l'égard de fa tragédie, j'ofe encore vous répéter qu'elle n'a pas forme d'ouvrage à étre préfenté à noffeigneurs les comédiens, et qu'il lui faudra encore bien du temps pour faire une pièce de cet affemblage de fcènes. Ce ferait un grand avantage d'être pen. dant une année au moins à la campagne avec ma dame du Châtelet, auprès d'un enfant qui ne demande pas une grande affiduité. Il aurait le temps de travailler et de s'inftruire; et il y aurait à cela une chofe affez plaifante, c'eft que la mère fait bien mieux le latin que Linant, et qu'elle ferait le régent du précepteur.

J'allai hier à Inès; la pièce me fit rire, mais le cinquième acte me fit pleurer. Je crois qu'elle fera toujours au nombre de ces pièces médiocres et mal écrites qui fubfiftent par l'intérêt. Il court ici beaucoup de fatires en profe et en vers; elles font fi mauvaifes que toutes fatires qu'elles font, elles

ne

ne plaifent point. Que dites-vous d'une petite 1735. troupe de comédiens qui jouent à huis clos des parades de Gilles, trois fois par femaine? Les acteurs font... devinez qui? le prince Charles de Lorraine, âgé de plus de cinquante ans ; il fait le rôle de Gilles. Le duc de Nevers, goutteux, amant de l'infidelle et impertinente Quinault, d'Or léans, Pont-de-Vesle, d'Argental, le facile d'Argental, etc.

J'ai vu votre petit Brébant, il eft charmant ; il eft digne de votre amitié ; et de petits vers qu'il m'a montrés font dignes de vous. Adieu, mon cher ami; mille complimens aux Formont, aux du Bourgtroulde, et même aux Brévedent. Je voudrais bien favoir comment le métaphyficien Bré. vedent a trouvé les Lettres philofophiques. Vale, et ama me.

J

LETTRE CXXXIX.

A M. DE FORMONT.

Le 6 nai.

E pars, mon cher ami; je n'ai point vu le ballet des Grâces. On dit que l'auteur, j'entends le poëte (*), qui a toujours été brouillé avec elles, ne s'eft pas bien remis dans leur cour; je m'en rapporte aux connaiffeurs, mais il y en a peu par le temps qui court. Les fuivans de ces trois déeffes font à préfent à Rouen. C'eft donc à Rouen qu'il faudrait voyager, mais je vais en Lorraine demain. Adieu, mon cher philofophe, poëte aimable,

(*) Roi.

T. 79. Correfp. générale. T. I. Y

1735.

plein de grâce et de raifon. Vous avez donc fait un poëte français de l'abbé Franquini. En vérité, il est plus aifé à préfent de tirer des vers français d'un italien que de nos compatriotes. Tout tombe, tout s'en va dans Paris. Je m'en vais auffi, car ni vous ni les Mufes n'êtes là. Adieu, mon cher ami.

LETTRE

CXL.

A M. L'ABBÉ ASSELIN,

PROVISEUR DU COLLEGE D'HARCOURT.

Mai.

N me parlant de tragédie, Monfieur, vous ré veillez en moi une idée que j'ai depuis long-temps de vous préfenter la mort de Céfar, pièce de ma façon, toute propre pour un collège où l'on n'ad met point de femmes fur le théâtre. La pièce n'a que trois actes, mais c'eft de tous mes ouvrages celui dont j'ai le plus travaillé la verfification. Je m'y fuis propofé pour modèle votre illuftre com patriote (*), et j'ai fait ce que j'ai pu pour imiter

de loin

La main qui crayonna

L'ame du grand Pompée et l'efprit de Cinna.

Il est vrai que c'eft un peu la grenouille qui s'enfle pour être auffi groffe que le bœuf; mais enfin, je vous offre ce que j'ai. Il y a une dernière fcène à refondre, et, fans cela, il y a long-temps que je vous aurais fait la propofition. En un mot Céfar, Brutus, Caffius et Antoine font à votre (*) L'abbé Affelin était de Normandie.

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