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Peut-être eft-ce une fauffe nouvelle; mais un pauvre reclus comme moi peut-il en avoir d'autres? Eft. il vrai qu'on parle de paix? Mandez-moi, je vous prie, ce qu'on en dit. Il n'y a point de particulier qui ne doive s'y intéreffer, en qualité d'âne à qui on fait porter double charge pendant guerre.

la

Adieu; je vous aime comme vous méritez d'être aimé.

LETTRE CXXVIII.

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1734.

fuis flatté de voir que vous ne m'oubliez point au 1735. milieu des devoirs et des occupations dont vous êtes furchargé. Vous me faites voir par votre der nière lettre que M. de Laclede eft placé auprès de M. le maréchal de Coigny. Je ne le favais pas; c'eft fans doute M. d'Argental qui lui aura procuré cette place. Si cela eft, voilà M. d'Argental bien aife; c'eft un nouveau service rendu de fa part. Il est né pour faire plaifir, comme Rameau pour faire de bonne mufique.

N'avez vous point vu M. de Moncrif? S'obftine-t-il à fe tenir folitaire, parce qu'il n'eft plus dans une cour? Eh! ne peut-on pas vivre heureux avec des hommes, quoiqu'on n'ait pas l'avantage d'être auprès des princes?

Voudriez-vous me faire l'amitié de me mander quand on feia l'oraifon funèbre de M. le maréchal

de Villars? Celui qui eft chargé de l'éloge de M. de 1735. Bervick eft un homme de mérite, qui me fait l'honneur d'être de mes amis. Je ne fais qui fera le Fléchier de notre dernier Turenne. Le père Tournemine avait entrepris ce difcours, mais il a remercié. N'eft- ce point l'abbé Ségui qui lui a fuccédé? Il est déjà connu par un très - beau panégyrique de St Louis. Le fujet de St Louis était épuifé, et celui-ci est tout neuf. Que ne dira-t-il pas d'un homme qui, à quatre-vingts ans, prenait le Milanais et entretenait des filles? Adieu, Monfieur; vous favez combien je vous fuis attaché.

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A Amfterdam, ce 27 janvier.

RESPECTABLE ami, je vous dois compte de ma conduite; vous m'avez confeillé de partir, et je fuis parti: vous m'avez confeillé de ne point aller en Pruffe, et je ne n'y ai point été : voici le refte que vous ne favez pas. Rouffeau apprit mon paffage par Bruxelles, et fe hâta de répandre et de faire inférer dans les gazettes que je me réfugiais en Pruffe, que j'avais été condamné à Paris à une prifon perpétuelle, etc. Cette belle calomnie n'ayant pas réuffi, il s'avife d'écrire que je prêche l'atheisme à Leyde; là-deffus il forge une hiftoire, et on envoie ces contes bleus à Paris, où fans doute la bonté du prochain ne les laiffera pas tomber par terre. On m'a renvoyé de Paris une des lettres

lettres circulaires qu'il a fait écrire par un moine défroqué, qui est son correfpondant à Amsterdam. 1735. Ces calomnies fi réitérées, fi acharnées et fi abfurdes, ne peuvent ici me porter coup, mais elles peuvent beaucoup me nuire à Paris; elles m'y ont déjà fait des bleffures, elles rouvriront les cicatrices. Je fais, par expérience, combien le mal réuffit dans une belle et grande ville comme Paris, où l'on n'a guère d'autre occupation que de médire. Je fais que le bien qu'on dit d'un homme ne paffe guère la porte de la chambre où on en parle, et que la calomnie va à tire d'ailes jufqu'aux miniftres. Je fuis perfuadé que fi ces miférables bruits parviennent à vous, vous en verrez aifément la fource et l'horreur, et que vous préviendrez l'effet qu'ils peuvent faire. Je voudrais être ignoré, mais il n'y a plus moyen. Il faut fe réfoudre à payer toute ma vie quelques tributs à la calomnie. Il est vrai que je fuis taxé un peu haut; mais c'eft une forte d'impôt fort mal réparti. Si l'abbé de Saint-Pierre a quelque projet pour arrêter la médifance, je le ferai volontiers imprimer à mes dépens.

Du refte, je vis affez en philofophe, j'étudie beaucoup, je vois peu de monde, je tâche d'entendre Newton, et de le faire entendre. Je me confole avec l'étude, de l'absence de mes amis. Il n'y a pas moyen de refondre à préfent l'Enfant prodigue. Je pourrais bien travailler à une tragédie le matin, et à une comédie le foir; mais paffer en un jour de Newton à Thalie, je ne m'en fens pas la force.

T. 79. Corresp. générale. T. I.

X

Attendez le printemps, Meffieurs, la poéfie 1735. fervira fon quartier; mais à préfent c'eft le tour de la phyfique. Si je ne réuffis pas avec Newton, je me confolerai bien vite avec vous. Mille tendres refpects, je vous en prie, à monfieur votre frère. Je fuis bien tenté d'écrire à Thalie (*); je vous prie de lui dire combien je l'aime, com bien je l'eftime. Adieu; fi je voulais dire à quel point je pouffe ces fentimens-là pour vous, ety ajouter ceux de mon éternelle reconnaiífance, je Vous écrirais des in-folio de bénédictin.

LETTRE

CXX X.

A M. DE FORM ON T.

Le 13 février.

Si madame du Deffant, mon cher ami, avait toujours un fecrétaire comme vous, elle ferait bien de paffer une partie de fa vie à écrire. Faites fouvent, je vous en prie, en votre nom ce que vous avez fait au fien; confolez-moi de votre abfence et de la fienne par le commerce aimable de vos lettres.

Je n'ai point encore vu les mémoires d'Hector (**); mais vrais ou faux, je doute qu'ils foient bien intéreffans; car, après tout, que pourront ils contenir que des fiéges, des campemens, des villes prifes et perdues, de grandes défaites, de petites victoires? On trouve de cela par-tout; il n'y a point de fiècle qui n'ait fa demi-douzaine (*) Mademoiselle Quinault. (**) Hector de Villars.

de Villars et de princes Eugène. Les contemporains qui ont vu une partie de ces événemens les liront pour les critiquer, et la postérité s'embarraffera peu qu'un général français ait gagné la bataille de Fridelingue, et ait perdu celle de Maiplaquet. Le maréchal de Villars avait l'humeur un peu romanefque; mais fa conduite et fes aventures ne tiennent pas affez du roman pour divertir fon lecteur.

Qu'un prince comme Charles II, qui a vu fon père fur l'échafaud, et qui a été contraint luimême de fuir à travers fon royaume, déguifé en poftillon; qui a demeuré deux jours dans le creux d'un chêne (lequel chêne, par parenthèfe, eft mis au rang des conftellations); qu'un tel prince, dis-je, faffe des mémoires, on les lira plus volontiers que les Amadis. Il en eft des livres comme des pièces de théâtre; si vous n'intéreffez pas votre monde, vous ne tenez rien. Si Charles XII n'avait pas été exceffivement grand, malheureux et fou, je me ferais bien donné de garde de parler de lui. J'ai toujours eu envie de faire une hiftoire du fiècle de Louis XIV; mais celle de ce roi, fans fun fiècle, me paraîtrait affez infipide.

Le père de la Bletterie, en écrivant la vie de Julien, a fait un fuperftitieux de ce grand homme. Il a adopté les fots contes d'AmmienMarcellin. Me dire que l'auteur des Céfars était un païen bigot, c'est vouloir me perfuader que Spinofa était bon catholique. La Bletterie devait prendre avec foi le peloton de M. de Saint-Agna,

1735.

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