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la terre. Il étalait sans ménagements ces conséquences dans des lettres devenues bientôt publiques, et qui étaient lues avec avidité1. Ainsi, dans le mois de mai 1612, il écrivait au prince Cesi à Rome : « Quant aux taches solaires, je conclus finalement, et je <«< crois pouvoir démontrer d'une façon péremptoire, qu'elles sont <«< contigues à la superficie du corps du soleil, où elles s'engen<<< drent et se dissolvent continuellement, à peu près comme les << nuages autour de la terre; et s'en vont portées circulairement << par le même corps, qui tourne sur lui-même dans l'intervalle << d'environ un mois lunaire, avec un sens de mouvement révo<«<lutif pareil à celui des autres planètes, c'est-à-dire dirigé d'occi<< dent en orient autour des pôles de l'écliptique 3. Je présume que << ces nouveautés seront les funérailles, ou plutôt la fin et le juge« ment dernier de la pseudo-philosophie, des signes en étant déjà << ainsi apparus dans la lune et le soleil. Et je m'attends à ouïr à ce « sujet de grandes choses proclamées par les péripatétiques, pour « maintenir l'immutabilité des cieux, laquelle je ne sais pas com<< ment elle pourra être sauvée et conservée, quand le soleil lui« même en montre à nos yeux des effets si manifestes. » C'était ce que les partisans des anciennes doctrines voyaient tout aussi bien que lui, avec plus de frayeur; et, après avoir crié, soutenu autant qu'ils l'avaient pu, que les observations de Galilée étaient fausses, ils s'étaient réfugiés à dire, et à prétendre, que l'idée de supposer la terre en mouvement et le soleil immobile, est contraire au texte

1 Les documents sur lesquels je m'appuierai dans cet écrit, seront tirés des trois ouvrages suivants :

1o Venturi : Memorie e Lettere inedite finora o disperse di Galileo Galilei, 2 vol. in-4. Modène, 1818 et 1821; 2° Opere complete di Galileo Galilei. Édition de Florence, dédiée au grand-duc actuel Léopold II, 16 vol. in-8, 1842-1856; 3o Marino-Marini : Galileo e l'Inquisizione, Roma, 1850.

Je désignerai respectivement ces trois publications par les lettres V. F. M. 2 F., t. VI, p. 181.

3 La dernière appréciation n'est pas tout à fait exacte. L'axe de rotation des taches n'est pas exactement perpendiculaire à l'écliptique il forme avec ce plan un angle un peu moindre que 85°.

de l'Écriture, conséquemment hérétique, et inadmissible catholiquement. Par malheur, Galilée eut l'imprudence de leur fournir des armes contre lui-même en les suivant sur ce terrain. Dans les années 1613, 1614 et 1615, il écrivit à ses amis de Rome plusieurs lettres, et il adressa à la grande-duchesse de Toscane, Christine de Lorraine, une dissertation en forme, pour établir théologiquement, par les témoignages des pères, qu'il ne faut pas faire intervenir témérairement les textes de l'Écriture sainte, dans la décision de questions purement naturelles qui peuvent se décider par l'observation et l'expérience1. En vain le cardinal Maffeo Barberino, qui fut depuis le pape Urbain VIII, et le cardinal Bellarmino, lui faisaient dire que, s'il voulait se borner à présenter ses doctrines au titre de spéculations mathématiques, on avait l'espérance qu'il ne serait pas inquiété2. Il ne put se résoudre à cette prudence, et ses ennemis profitèrent habilement de l'avantage qu'il leur offrait. Dans le cours de l'année 1615, un religieux dominicain, le P. Lorini, dénonça directement au Saint-Office une lettre imprimée, relative au système de Copernic, que Galilée avait adressée en 1613 à l'un de ses amis, le P. Castelli. Mais le plus acharné contre lui, et le plus actif, était un religieux du même ordre, appelé Caccini, le même qui, en 1614, dans un sermon prêché à Florence sur ce texte tiré des Actes des apôtres, viri Galilei quid statis aspicientes in cœlum, était parti de là pour établir que la Mathématique est un art diabolique, et que les mathématiciens, comme auteurs de toutes les hérésies, devraient être bannis de tous les pays chrétiens3. Ce Caccini étant venu à Rome l'année suivante, se ligua avec une multitude d'autres moines de tous les ordres, pour dénoncer à l'inquisition le livre de Copernic de revolutionibus corporum cœlestium, dont

↑ F., t. II, p. 26. Cette lettre à la grande-duchesse Christine a été écrite par Galilée en 1614 ou 1615. Voy. Venturi, t. I, p. 222.

2 V., t. I, p. 220 et 221.

3 F., t. VI, p. 220.

MÉLANGES

SCIENTIFIQUES ET LITTÉRAIRES

Paris. Imprimerie de A. Wittersheim, rue Montmorency, 8.

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