Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

l'ombre à ébranler ses fondemens; qui veulent vous tirer d'une prétendue servitude, pour vous précipiter, vous et l'Église, dans un abîme, dans le plus grand des malheurs; ces hommes qui semblent vous plaindre, alors qu'ils cherchent à vous perdre ; qui vous parlent de chaînes, tandis qu'ils veulent vous forger les fers les plus honteux et vous jeter dans le plus affreux esclavage. Sacrifiez les uns et les autres tous vos intérêts, pour ne penser qu'aux intérêts de l'Église. Quoi ! quand il s'agit d'une cause si sacrée, pourriezvous songer à votre amour propre, à votre orgueil blessé; pourriez-vous refuser d'obéir, d'être soumis; pour quelques légères épreuves pourriez-vous trahir la cause de l'Église? Feriez-vous difficulté de lui sacrifier quelquefois vos droits, vous qui devez être prêts à donner pour elle votre sang et votre vie? Oubliez-vous entièrement vous-mêmes, pour ne penser qu'à l'Église; remplissez par amour pour elle les fonctions pénibles de votre ministère; dites tous avec Bossuet : <<< Sainte

>>

Église romaine, mère des Églises et mère de >> tous les fidèles, Église choisie de Dieu pour >> unir ses enfans dans la même foi et dans » la même charité, nous tiendrons toujours » à ton unité par le fond de nos entrailles. Si » je t'oublie, Église romaine, puisse-je m'ou

>> blier moi-même! Que ma langue se sèche >> et devienne immobile dans ma bouche, si >> tu n'es pas toujours la première dans mon >> souvenir, si je ne te mets pas au commen>> cement de tous mes cantiques de réjouis» sance a. » Adhæreat lingua faucibus meis, si non meminero tui, si non proposuero Jerusalem in principio lætitiæ meæ.

C'est dans l'intérêt de cette Église, que nous avons entrepris cette tâche vraiment formidable et au-dessus de nos forces; c'est pour mettre nos frères dans le sacerdoce au-dessus des préventions perfides qu'on a voulu leur inspirer contre l'épiscopat, pour les porter à mépriser et à rejeter avec horreur ces provocations à la révolte ; c'est pour éviter de grands malheurs, pour resserrer les liens qui doivent unir entre eux les évêques et les prêtres, pour maintenir l'ordre, la paix, l'harmonie dans tous les rangs de la sainte hiérarchie, que nous avons entrepris de venger l'Église du reproche de favoriser le despotisme. Fut-il jamais une cause plus belle, plus grande, plus digne d'un prêtre?

a

Bossuet; Sermon sur l'unité de l'Église.

CONCLUSION DE LA SECONDE PARTIE.

Il est donc démontré que l'Église catholique ne porte aucun germe de servitude dans son sein. La liberté qu'elle prêche est large. Sa doctrine est une source féconde d'indépendance. Nous l'avons vue flétrir le despotisme ecclésiastique; nous avons entendu ses graves enseignemens sur la liberté des fidèles, sur la servitude des premiers pasteurs. Son dogme dépouille les évêques de tout sentiment d'orgueil, d'amour propre; les rabaisse au-dessous de ceux qui leur sont soumis; les accable sous le poids de leurs devoirs, de leur responsabilité. Dans le tableau effrayant qu'elle nous a fait de l'épiscopat, nous avons vu la plus ferme garantie de la liberté des fidèles; elle ne présente à ses premiers pasteurs que craintes, frayeurs, à la vue du compte terrible qu'ils auront à rendre de leur ministère, à la vue de la sublimité de leurs fonctions, des sentimens généreux, héroïques qu'elles supposent, de la perfection qu'elles exigent. Leurs fautes les plus légères sont représentées comme de grands crimes; leur négligence, la moindre transgression sont punies du dernier supplice. Elle empêche les évêques de s'enorgueillir,

en les plaçant sans cesse en présence de leurs imperfections, de leur faiblesse, de leur pauvreté ; en leur montrant les vertus qu'ils doivent acquérir, les efforts qu'ils doivent faire pour atteindre à la grandeur, à l'excellence de l'épiscopat.

Sa morale respire la liberté la plus entière, la plus franche. Elle met les évêques sous les pieds des fidèles; leur commande tout ce qui est beau, grand, vrai, juste et saint; ne leur prêche que dévouement, sacrifice, abnégation, héroïsme continuel. Elle proscrit tout sentiment superbe, tout esprit de domination; elle abat toutes les prétentions des premiers pasteurs devant ses règles de charité et d'humilité. Quel amour elle inspire pour l'humanité! Qui pourrait compter tous les sacrifices qu'elle exige du pasteur? Travail continuel, sollicitudes, peines, inquiétudes, zèle infatigable, immolation de tous les jours, de tous les instans; obligation de partager les maux et les souffrances du troupeau, d'être le centre de toutes les douleurs, le dépositaire de toutes les larmes, de donner sa vie pour ces âmes rachetées par le sang de Jésus-Christ, destinées à régner avec lui dans le Ciel. Les tourmens qu'il se prépare si elles se perdent par sa négligence, ce tombeau de flammes qu'il se creuse, la ma

lédiction de Dieu, ce poids d'indignation qui doit tomber sur sa tête coupable pendant toute l'éternité : le tableau de tant de devoirs, de tant de dangers, de cette responsabilité effrayante, lui ôte tout sentiment de domination, suffit pour enchaîner et abattre son despotisme.

La Tradition vient renforcer les maximes d'indépendance déjà proclamées avec tant de force et d'énergie par le dogme et la morale de l'Église. Nous avons entendu le langage des pères : ils nous représentent l'épiscopat comme un ministère de travail, de servitude, qui rabaisse, qui repousse toute idée de domination, qui exige la plus haute perfection, les vertus les plus admirables. Vous avez entendu ces plaidoyers éloquens, qui défendent avec tant de vigueur la cause des fidèles contre les premiers pasteurs, rabaissent l'évêque pour agrandir le fidèle, lui montrent des abîmes, des dangers multipliés, une responsabilité immense; lui reprochent en face son orgueil, son esprit de domination, sa cupidité; lui font entendre les cris, les plaintes de ceux qu'il opprime, ces voix qui attirent sur lui la vengeance du Ciel; insultent au faste qui l'environne; arrachent cette vaine pompe qui le décore; percent jusqu'au cœur du pontife pour lui

« ZurückWeiter »