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en dévorant le patrimoine des pauvres; quand elle leur montre le souverain Pasteur, recherchant les brebis, les arrachant de leurs mains coupables, leur demandant compte de leur sang; quand elle les menace de les livrer au mépris des peuples, pour avoir abandonné les voies de la justice?

Est-il un état qui prête moins au despotisme que celui de premier pasteur? Les obligations y sont si multipliées, les devoirs si infinis, les charges si onéreuses, la responsabilité si grande, les vertus qui y sont commandées si opposées à la domination. Dans le langage de l'Église, le mot d'évêque porte l'idée d'esclave, de serviteur des peuples; cette dignité repousse tout sentiment d'orgueil, toute idée d'empire, rappelle le dévouement, le travail, la sollicitude, l'abnégation la plus absolue. Que ceux qui accusent l'Église de favoriser le despotisme des premiers pasteurs, aient toujours devant les yeux le portrait effrayant qu'elle nous fait d'un évêque, le tableau de ses devoirs, de ses obligations, des vertus attachées à cette dignité, des sacrifices qu'elle exige, des charges qu'elle impose, des idées sublimes qu'elle réveille, et ils cesseront de calomnier l'Église.

CHAPITRE II.

Le despotisme ecclésiastique condamné par la morale de l'Église catholique.

L'Église ordonne aux évêques de s'humilier, de se prosterner devant leurs inférieurs à l'exemple de Jésus-Christ, qui, le jour de la Cène, après avoir lavé les pieds à ses apôtres, leur adressa ces paroles mémorables: «Vous savez ce que je viens de faire pour vous; si je me suis humilié au point de vous laver les pieds, moi votre Seigneur, votre maître, vous devez ainsi vous humilier, laver les pieds de vos frères, suivre cet exemple d'anéantissement que je viens de vous donner1.>> Voilà les évêques placés sous les pieds de leurs inférieurs.

L'Église leur apprend qu'ils sont envoyés aux mêmes fins pour lesquelles le Fils de Dieu a été envoyé. Or, Jésus-Christ n'est point venu pour exercer un ministère d'or

a Scitis quid fecerim vobis? Si ergo ego lavi pedes vestros, Dominus et magister: et vos debetis alter alterius lavare pedes. Exemplum enim dedi vobis, ut quemadmodum ego feci vobis, ita et vos faciatis. Joann., c. 13, v. 12, 14, 15.

↳ Sicut misit me pater, et ego mitto vos. Ibid., c. 20,

gueil, de faste et d'arrogance, pour se conduire avec dureté et empire; mais il est venu exercer un ministère de paix, de douceur, de charité, de dévouement et d'héroïsme; il est venu, non pour asservir les peuples, mais pour les affranchir. Or, comme dit le Sauveur, le serviteur n'est pas plus grand que le maître, ni l'apôtre plus grand que celui qui l'envoie. Quand les apôtres, animés d'un faux zèle, veulent faire descendre le feu du Ciel sur une ville qui a refusé de les recevoir, pour la consumer et la réduire en cendres, Jésus leur répond: Vous ne savez de quel esprit vous devez être animés; le Fils de Dieu n'est pas venu pour perdre les âmes, mais pour les sauver. Paroles que l'Église répète à ces pasteurs toujours prêts à se venger, qui ne parlent que de frapper, de détruire Vous ne savez de quel esprit vous devez être animés; d'un esprit de douceur et non de colère, de pardon et non de

• Non est servus major domino suo: neque apostolus major est eo qui misit illum. Joann., c. 13, v. 16.

b Vis dicimus ut ignis descendat de cœlo, et consumat illos? Luc., c. 9 v. 54.

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c Et conversus increpavit illos, dicens: Nescitis cujus spiritús estis. Filius hominis non venit animas perdere, sed salvare. Ibid., v. 55.

fureur, de miséricorde, et non de vengeance. Vous êtes évêque, non pour perdre vos inférieurs, mais pour les sauver; non pour lancer sur eux vos foudres, mais pour exercer envers eux la clémence.

L'Église va leur apprendre quels sont les hommes qu'ils doivent préférer à tous les autres. Sont-ce les grands, les riches, les puissans? Non, ce sont les pécheurs. Je ne suis point venu, dit le Sauveur, pour appeler les justes, mais les pécheurs"; ceux qui se portent bien n'ont pas besoin de médecin, mais les malades". Leur zèle doit donc s'exercer de préférence sur les plus grands pécheurs, sur les âmes les plus malades, plutôt que sur ces hommes opulents, haut placés, revêtus de quelque dignité.

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Ambassadeurs de Jésus-Christ, ils doivent retracer toute sa vie pastorale. On doit les voir comme lui occupés de l'affaire de son Père, du salut des âmes; déployer un grand zèle pour la maison de Dieu; multiplier et distribuer le pain à la multitude, en prenant sur leurs revenus; annoncer la bonne

Non enim veni vocare justos, sed peccatores. Matth., c. 9, v. 13.

b Non egent qui sani sunt medico, sed qui male habent. Luc., c. 5, v. 31,

nouvelle; réconcilier les âmes, en les délivrant du poids de leurs péchés; montrer la pauvreté du Sauveur, son éloignement pour les honneurs; pleurer sur l'endurcissement des peuples; passer comme lui les nuits en prière; rougir de leur faste, de leur opulence, en pensant que le Fils de Dieu n'avait pas où reposer sa tête.

A l'exemple du bon pasteur ils doivent donner leur vie pour les brebis qui leur sont confiées, les conduire dans des pâturages abondans, être le modèle de tout le troupeau; le précéder dans le chemin de la perfection; soigner les brebis malades, ramener celles qui sont égarées; porter celle-ci sur leurs épaules, panser les plaies de cellelà; les défendre toutes de la dent des loups, de la contagion des mauvaises doctrines;

a Filius autem hominis non habet ubi caput reclinet. Luc., c. 9, v. 58.

b Ego sum pastor bonus. Bonus pastor animam suam dat pro ovibus suis. Joann., c. 10, v. 11.—Per me si quis introierit, pascua inveniet. Ib., V. 9. Ante eas vadit et oves illum sequuntur. Ib., v. 4.—Infirmos curate. Matth., c. 10, v. 8. Ite ad oves quæ perierunt domús Israël. Ib.,

c. 10 V. 6. 9

• Et cum invenerit eam, imponit in humeros suos gaudens. Luc., c. 15, v. 5.

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