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Matt. III. paffée. C'eft précisément ce que Jean Baptifte fit à l'égard des 7,8,9,10. Pharifiens & des Sadducéens, qui vinrent à fon Baptême. Le même Docteur Juif qu'on vient d'alleguer dit qu'on repréfentoit aussi au Profelyte les miferes & les perfecutions, auxquelles étoient expofées la Nation & la Religion Judaïques, afin qu'il ne s'engageât Vill:20. pas témerairement. JESUS-CHRIST fit quelque chofe de

Matt.

VIII.

pa

reil à l'égard de ce Scribe, qui vouloit s'attacher à lui. Quand le Profelyte avoit fatisfait à ces questions, on l'inftruifoit des veritez capitales de la Religion, de fes principaux engagemens, des peines & des récompenfes qu'elle propofoit dans la vie à venir, Lavoir la mort, & la vie éternelle. Il paroît par la question que fit à JESUS-CHRIST le jeune homme de l'Evangile, Que ferai-je pour parvenir à la vie éternelle? que cette verité étoit déja connue & reçuë parmi les Juifs. Ces inftructions que l'on donnoit aux Profelytes dans l'acte du Baptême, ont fait que le Baptême est quelquefois pris dans l'Evangile pour l'inftruction même, & qu'il y a des endroits où baptizer fignifie faire des Difciples. C'eft apparemment delà que le Baptême eft appellé par les Anciens illumination. La troisième cérémonie par laquelle on initioit le Profelyte étoit un Sacrifice, qui confiftoit pour l'ordinaire en deux tourterelles & en deux pigeonneaux. Quand le Profelyte avoit pas fé par tous ces degrez, il étoit regardé comme un enfant qui venoit de naître; on lui donnoit un nouveau nom, & il ne reconnoiffoit plus de parens dans le monde. C'est à quoi il y a de freJean III. quentes allufions dans le Nouveau Teftament. Un tel Profelyte 3. Luc étoit regardé comme Juif, d'où il eft clair que lorfque les ProfeIL.Cor.V. lytes font diftinguez des Juifs dans le Livre des Actes, il faut 16,17. l'entendre des Profelytes de la porte, & non de ceux de la justice. Mais quoi qu'on les confiderât comme Juifs, il paroît par Livres des Thalmudiftes, qu'on ne les admettoit à aucune charge, & même qu'on les regardoit avec un profond mépris. Injustice d'autant plus grande, fur tout de la part des Pharifiens, que fe donnant tant de mouvemens pour faire des Profelytes, ils devoient XXIII.15. les traiter favorablement, afin de ne les pas rebuter de leur Religion.

XIV.26.

1. Pier. II.

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Matth.

Des chofes facrées.

les

Entre les chofes facrées, les Oblations & les Sacrifices tiennent le premier rang. Il paroît par les Sacrifices qu'offrirent Caïn &

Abel,

Abel, que l'ufage en eft auffi ancien que le Monde. Il eft incertain s'ils offrirent ces Sacrifices par ordre de Dieu, ou, de leur propre mouvement la Raifon & la pieté leur dictant, qu'il n'y avoit rien de plus jufte, que de rendre hommage à leur fouverain Bienfaiteur, des biens qu'ils recevoient de fa main.

,

divers

Ce dernier fentiment eft le plus vraisemblable par ces raifons. 1. Il n'y a nulle apparence que fi Dieu avoit donné un ordre de cette nature, l'Historien Sacré n'en eût pas dit un feul mot. 2. Quoi que Dieu eût ordonné des Sacrifices fous la Loi, il paroît par paffages de l'Ancien Teftament, qu'il les avoit ordonnez non comme un culte qui lui fût agréable en foi-même, mais par des raifons particulieres de fa fageffe, foit par rapport à l'avenir, foit par rapport à la situation du Peuple d'Ifraël. Il dit même formellement par Jeremie, que le jour qu'il tira les enfans d'Ifraël hors d'Egypte, il ne leur prefcrivit rien touchant les holocauftes & les victimes. Quelle apparence que Dieu eût ainfi parlé des Sacrifices, s'il les eût ordonnez aux prémiers hommes, & dès la prémiere origine du Monde ? 3. Si les Sacrifices avoient été ordonnez dès le commencement, comme un culte agréable à Dieu en lui-même, ils n'auroient pas été abolis par l'Evangile. Cette abolition eft une marque évidente, que la fin & la deftination des Sacrifices de la Loi ceffant par la venue de JESUS-CHRIST, dont le Sacrifice étoit figuré par ces Sacrifices, comme nous l'apprend St. Paul, l'Evangile ramenoit les hommes au culte fpirituel, & à la Religion du cœur. Il eft vrai que l'Auteur Sacré de l'Epître aux Hébreux dit, que par la Foi Abel offrit à Dieu un plus ex- Heb. XX. cellent Sacrifice que Cain. Mais ce paffage même peut fervir à 4 prouver que Dieu n'ordonna point de Sacrifices aux premiers hommes. Car fi Car fi par la foi, il falloit entendre une obeïffance à la revelation, l'Auteur Sacré l'auroit pu dire de Caïn comme d'Abel, puis qu'ils auroient eu l'un & l'autre la même révélation. Il eft. donc clair que par la foi, il faut entendre la bonne difpofition d'un cœur reconnoiffant, & qui bien perfuadé que Dieu récompense la pieté offre liberalement à Dieu les prémices des graces qu'il a reçûës de lui, comme on l'a remarqué dans la Note fur ce paffage. Hommage naturel & raifonnable, fur tout dans l'enfance du Monde, où l'idée de l'Etre Souverain pouvoit n'être pas encore perfectionnée. C'a été là le fentiment du plus grand nombre des Docteurs Juifs, & des Peres de l'Eglife. On n'entreprend pourtant pas de décider la question.

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51,52.

Quoi qu'il en foit, il eft certain que les Sacrifices de la Loi étoient d'inftitution divine. Outre les vûës que Dieu eut pour l'avenir en inftituant les Sacrifices, comme cela nous eft enfeigné & découvert dans l'Evangile, le but du Souverain Legislateur étoit encore de s'attacher le Peuple d'Ifraël par un culte particulier, mais qui pourtant ne s'éloignât pas trop de celui auquel il étoit accoûtumé, de le détourner de l'Idolatrie, & de l'occuper tellement qu'il n'eut pas le loifir de penfer à des cultes étrangers. En effet fi l'on fait réflexion fur la quantité & la varieté prodigieufe des Sacrifices de la Loi, fur le nombre innombrable de cérémonies qu'il falloit observer, on ne fera point furpris de ce que dit St. Pierre A&t. XV. 10.

2

Les Docteurs Juifs divifent les Sacrifices en tant de fortes, qu'il feroit trop long d'entrer dans ce détail. Il fuffira d'indiquer ces divifions en géneral. Par exemple on les partage en Sacrifices proprement ainfi nommez, & en Sacrifices qui ne portoient ce nom qu'improprement, parce que bien que les victimes fuffent confacrées à Dieu, elles n'étoient pas offertes fur l'Autel, ni même dans (a) Lev. le Temple. (a) Tels font 1. les paffereaux ou oiseaux mondes, XIV.50, que le Sacrificateur offroit dans les maifons des Lepreux, pour Sur ces leur purification, en facrifiant l'un & mettant l'autre en liberté. cérémo- 2. Il faut mettre dans ce rang la geniffe à qui l'on coupoit la tête, Spencer, pour expier un meurtre dont on ignoroit l'auteur (b). 3. La geniffe des céré rouffe (c), que le Sacrificateur brûloit hors du camp, dont on refervoit les cendres, & avec lefquelles on compofoit l'eau pour exDif. L.II. pier la fouillure contractée par l'attouchement d'un mort. 4. Le bouc* Azazel qui étoit envoyé dans un defert chargé des péchez (b) Deut. du Peuple.

nies V.

monies

des Juifs.

15.& III.

IO.

XXI.
(c)Nomb.

A l'égard des Sacrifices proprement ainfi nommez, & connus XIX.2. fous le nom géneral de Corban, c'est-à-dire, don facré, on les peut partager en deux Claffes génerales, en Sacrifices fanglants, & en Sacrifices non fanglants, ou Sacrifices de chofes inanimées. Les premiers étoient de trois fortes, favoir, les Holocauftes, les Sacrifices propitiatoires, & les Sacrifices de profperité. Il y en avoit de publics & de particuliers, de journaliers ou continuels, d'autres pour les Sabbats, pour les Fêtes folemnelles, & pour des cas ou befoins extraordinaires. Mais avant que d'expliquer chaque ef

Les Savans ne font pas d'accord fur ce que fignifie ce mot Azazel. Les uns difent que c'étoit le nom d'une montagne. Les au

pece tres qu'il fignific, qui s'en va ou qui eft envoyé. D'autres difent que ce mot fignifie un Démon.

pece en particulier, il eft bon de parler de ce qu'ils avoient de commun. 1. En géneral les Sacrifices étoient de faintes oblations, Lev. Int. mais les publics étoient les plus faints. 2. Il n'étoit permis de VII. 25. facrifier que dans le Temple. 3. Tous les Sacrifices devoient fe Deut.XII. faire le jour & point la nuit. 4. On ne pouvoit offrir que cinq 13, 14. efpeces d'animaux, des bœufs, des brebis, des chevres, & entre les oifeaux, des pigeons & des tourterelles. Ces animaux devoient être parfaits, c'est-à-dire, fans tâche & fans aucun defaut. 5. On Lev. I. obfervoit dans les Sacrifices certaines cérémonies, dont les unes fe2,3,4,5. faifoient par ceux qui offroient le Sacrifice, comme de mettre les mains fur la victime, de l'égorger, de l'écorcher, de la diffequer & d'en laver les entrailles, mais il falloit le ministère des Sacrificateurs dans les autres, comme de recevoir le fang dans un vafe destiné à cet usage, de le répandre fur l'Autel, ce qui étoit la cérémonie la plus importante du Sacrifice, d'allumer le feu, d'arranger le bois fur l'Autel, & d'y porter les membres de la victime. 6. On faloit toutes les victimes.

locauftes.

VIII.20.

* L'Holocaufte étoit le plus excellent de tous les Sacrifices, Des Hoparce qu'il appartenoit tout entier à Dieu, la victime étant toute brûlée fur l'Autel, au lieu qu'une portion des autres étoit pour les Prêtres officiants, & pour ceux qui avoient prefenté la victime. C'eft auffi un des plus anciens, puis qu'on le voit pratiqué par Noé, par Abraham, mais on ignore avec quelles cérémonies, Gen. par Job, par Jethro beaupere de Moïse. On croit communément XXII. 13. que c'étoient des Holocauftes qu'offrirent Caïn & Abel. Cette Job 1.5. forte de Sacrifices étoit principalement deftinée à honorer Dieu, comme le Créateur, le Maître & le Confervateur de toutes chofes, & c'eft apparemment pour cela qu'on ne s'en refervoit rien. On ne laiffoit pas pourtant d'en offrir dans des conjonctures publiques ou particulieres, foit pour remercier Dieu de fes bienfaits, foit pour lui demander des graces, foit enfin pour expier quelques fautes & quelques fouillures. Les Holocaustes, comme les autres Sacrifices, étoient publics & particuliers. On offroit les mêmes animaux dans les Holocauftes que dans les autres Sacrifices, & on y pratiquoit à peu près les mêmes cérémonies. Mais ce genre de Sacrifices avoit ceci de fingulier, c'eft qu'il pouvoit être offert par les étrangers, ce qu'il faut entendre des Profelytes de la porte. On ne doit point douter que quand St. Paul

exhor

* Holocaufte eft un mot Grec qui fignifie confumé tout entier par le feu. Phil. de Victim. p. 648. TOM. I.

n

(a) Rom.exhorte les Romains (a) à offrir à Dieu leurs corps en facrifice, Xil.I. il ne faffe allufion aux Holocauftes, parce que la Religion Chrétienne demande un Sacrifice parfait, il faut renoncer à foi-même,

Des Sacrifices

toient

gatifs &

(b) Lev.

IV. 2.

XV. 27,

& ne rien reserver au monde.

Les Sacrifices propitiatoires étoient de deux fortes, l'un pour le Propitia- péché, l'autre pour le délit. Les Juifs ne font pas bien d'accord fur toires. la difference de ces deux fortes de Sacrifices. Autant qu'on en peut juger par ce qu'ils en difent, il y a beaucoup d'apparence Les Juifs que le Sacrifice pour le péché, étoit celui qu'on offroit pour des comp- fautes ou des péchez commis par erreur, & fans malice contre un 365.pré- précepte négatif ou une défense de la Loi. En effet il paroît par ceptes né l'Ecriture Sainte (b), qu'il n'y avoit point de Sacrifices pour des 248. affir- péchez commis malicieufement, à main levée, au mépris de la matifs. Majefté divine, & qu'un tel pécheur étoit puni de mort. A l'égard des Sacrifices pour le délit, on ne fait pas bien non plus ce Nomb. que c'étoit. On croit pourtant que c'eft pour des fautes douteu 28,29,30, fes, ou pour des cas où le péché eft équivoque. En forte que le 31. Heb. mot Hébreu qu'on a traduit péché, fignifie une faute connue, mais commife involontairement, & que celui qu'on a traduit délit, marque une faute dont on doute que ce foit une faute. Il n'y a pourtant rien que de fort incertain là-deffus, puisque ces deux mots se prennent fouvent l'un pour l'autre. Il fera donc mieux de remarquer, pour finir cet article des Sacrifices propitiatoires, que le fentiment des Juifs les plus éclairez n'étoit pas que ces Sacrifices expiaffent réellement le péché. Ils n'étoient deftinez, felon eux, qu'à en faire la confeifion ou la commémoration, & à en demander le pardon à Dieu, qui en effet les remettoit fous la condition de la repentance, fans quoi il n'y avoit point d'expiation de péché. Philo. C'eft le fentiment de Philon (c). Mais St. Paul eft bien exprès Mof. L. là-deffus, lorfque pour montrer que le Sacrifice de JESUSIII. p. 51. CHRIST étoit l'original & la réalité de ce que figuroient les

X. 26,

de Vit.

Profperi

Sacrifices de la Loi, il dit que l'expiation de ces derniers n'étoit que typique & figurative. On peut voir là-deffus la Préface fur l'Epître aux Hébreux.

Des Sa- Les Sacrifices de Profperité font ainfi nommez, parce qu'on les crifices de offroit à Dieu dans l'efperance, ou, en action de graces de quelté. que profperité & de quelque heureux fuccès. Au premier fens, (d) Lev. ils fe nommoient Salutaires (d), c'est-à-dire, pour le Salut, & au V dernier Euchariftiques, c'eft-à-dire, d'actions de graces, ou Sacrifices de louange. Outre ceux des Fêtes, qui étoient publics, il y

VII. II,

12.16.

en

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