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peut pas douter que l'Arche n'eût des ufages typiques, mais il n'eft pas fûr de porter les Types, au-delà de ce que nous en enfeigne l'Ecriture, & en particulier l'Epître aux Hebreux. C'est peu près tout ce qu'il faut savoir fur le fujet du Temple de Jérufalem, au moins par rapport à notre deffein. Tout le monde fait quelle fut la trifte deftinée de cet Edifice bâti, pour ainsi dire, de la main de Dieu, & enfuite frappé par la même main, parce qu'on l'avoit profané, & qu'il falloit qu'il fit place au Temple (a)Socrat: fpirituel que Dieu vouloit élever fur fes ruïnes. L'Hiftoire nous Hit. L. apprend que Julien l'Apoftat en haine de JESUS-CHRIST & III.c.XX. des Chrétiens fit tous fes efforts & employa tous fcs foins, pour le L.V. C. relever, mais que la fageffe de Dieu fufcita des obftacles invinci- 22. Chry bles (a) & même furnaturels à l'execution de ce deffein téméraire & impie.

Sozom.

c.

foft. Orat.

III. con

tra Jud.

hors de

XIII. 3.

XIII. 3.

Avant que de quitter Jérufalem, il faut dire quelque chofe de Des defes dehors, & fur tout des endroits célèbres par la présence de JérufaJESUS-CHRIST. Au fortir de la Ville du côté de l'Orient on lem. rencontroit la Montagne des Oliviers, d'où JESUS-CHRIST monta dans le Ciel. Les Juifs l'appelloient aufli la Montagne de l'Onition, parce qu'elle étoit plantée de quantité d'Oliviers (b), & (b) Marc qu'on en tiroit l'huile pour l'Onction des Sacrificateurs, & pour d'autres ufages. S. Marc la place vis-à-vis du Temple (c), & S. (c) Marc Luc (d) nous apprend qu'elle étoit éloignée de Jérufalem du che- (d) Act. I. min d'un Sabbath, c'est-à-dire, de deux mille, coudées. Ce qu'il 12. faut néanmoins entendre du commencement de la Montagne & non du fommet, puis que Bethanie, qui étoit fituée fur cette Montagne, étoit à quinze stades de Jérufalem (e). La Montagne des O- (e) Jean liviers avoit trois éminences, l'une au milieu d'où l'on prétend, XI. 18. fans preuve, que notre Seigneur fut élevé dans le Ciel, l'autre au midi qu'on appelloit, la Montagne de fcandale ou de la corruption, parce que Salomon (f) y avoit élevé des hauts lieux en l'honneur (f) I. Rois des fauffes Divinitez, la troifième étoit au Septentrion. C'eft cet 11. Rois XÍ. 7. & endroit de la Montagne qui dans S. Matthieu (g) eft appellé Galilée, XXIII. fans qu'on en fache la raifon, & où JESUS-CHRIST donna rendez-vous à fes Difciples après fa refurrection. C'eft fur la Mon- XXVI tagne des Oliviers qu'on faifoit la cérémonie de brûler la vache rouffe dont il eft parlé dans l'Epître aux Hebreux IX. 13. C'étoit auffi fur quelqu'une de fes colines, que s'allumoit le fanal pour annoncer la nouvelle Lune.

Cette Montagne étoit feparée de Jérufalem par une vallée où
Το Μ. I.

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cou

13.

(g) Matt.

1.32.

XXIII.10.

couloit un torrent appellé Cedron, d'un mot Hebreu, qui fignifie obscur, noir, soit à caufe de l'ombre qu'y faifoient les arbres, foit parce que le fang des victimes qui y couloit en noirciffoit les eaux. (a)II.Rois La Vallée de Cedron (a) aboutiffoit vers le Midi à la Vallée de Hinnom, c'est-à-dire, de pleurs, ou des enfans de Hinnom, c'eft-àdire, des enfans de pleurs, parce que c'étoit-là, que les Ifraëlites. avoient facrifié leurs enfans à Molok. C'eft pourquoi on l'appelloit aufli la Vallée de Tophet, c'est-à-dire, du Tambour, parce que: pendant ces horribles facrifices, on y battoit du tambour, afin qu'on n'entendît pas les cris de ces innocentes victimes de la fureur idolatre. Dans le tems de notre Seigneur on jettoit dans cette Vallée toutes les ordures & les offemens, & on y entretenoit un feu perpetuel pour les confumer. Les Juifs regardoient ce feu comme l'image de l'enfer, qu'ils appelloient par cette raison la Gebenne, ce qui eft la même chofe que la Vallée de Hinnom. (b) Matt. JESUS-CHRIST y fait allufion (b). Au pied de la Montagne des Oliviers, étoit d'un côté Gethsemané, petit endroit ainfi appellé d'un mot Hebreu, qui fignifie preffoir, parce qu'il y avoit des preffoirs, pour faire l'huile.. Dans ce même endroit étoit le Jardin, où alloit fouvent JESUS-CHRIST avec fes Difciples,. & où le perfide Judas mena les Soldats pour fe faifir de lui. De l'autre côté on voyoit Bethphagé, c'eft-à-dire, maifon des figues ou des dattes, Bourg où J. C. envoya fes Difciples pour prendre la monture fur laquelle il entra dans Jérufalem, peu de tems avant fa mort, & où l'on croit qu'il maudît le figuier fterile. Plus avant c'est-à-dire, à quinze stades de Jérufalem étoit Bethanie, où Lazare & fes fœurs faifoient leur féjour, & où JE sus conduifit fes Difciples pour leur donner fa bénédiction avant que de monter dans le Ciel.

V.22.

Entre les dehors de Jérufalem il n'y en avoit point de plus célèbre, que la Fontaine de Siloé, autrement appellée Gihon. On ne convient pas bien de fa fituation, & il importe peu de le favoir.. Ce qu'il y a de certain, c'eft qu'elle fournissoit de l'eau à plufieurs Pifcines ou Refervoirs d'eau de Jérufalem, comme à celle de Bethefda, que l'on croit être la même que celle qui eft appellée la Pifcine de Salomon. Elle portoit le nom de Bethesda, c'est-à-dire, ou maifon d'amas, parce que les eaux s'y amaffoient, ou plutôt Maifon de Grace, ou de Mifericorde, parce qu'il y avoit-là. un Hôpital, où l'on recevoit les malades, qui étoient guéris mi(b) Jean raculeufement aux eaux de cette Pifcine (b), comme il femble

V 2, 3

qu'on

qu'on doive le conclure de la defcription qu'en fait S. Jean, qui dit, qu'il y avoit cinq Portiques ou Galeries. Elle étoit fituée à la Porte appellée des Brebis, parce que c'étoit par là qu'entroient les bêtes destinées aux Sacrifices.

Comme Jofeph ni les autres Auteurs Juifs ne parlent point de cette vertu miraculeufe des eaux de Bethesda, il y a des Savans qui ont cru, qu'elle n'avoit rien que de naturel, & qu'elle venoit du fang des victimes qu'on y lavoit, fur tout à la Fête de Pâques, où l'on en égorgeoit une infinité. Ils ajoûtent à cela que l'Ange dont il eft parlé dans S. Jean n'eft autre chofe qu'un Officier, qui avoit la charge de remuer l'eau, dans le tems propre à operer ces guérifons. C'eft une très-bonne maxime de ne point multiplier les miracles fans neceflité & fans preuves, parce que fous prétexte d'honorer la puiffance de Dieu, on fait tort à fa fageffe, & on autorise la fuperftition à forger des miracles à fa fantaisie. Mais d'autre côté quand le miracle eft clairement revélé, il faut bien prendre garde de ne le pas anéantir ou affoiblir, lors qu'on ne peut en rendre aucune raifon naturelle qui ne foit forcée. Or ici il femble que tout concoure au furnaturel. Ce font des guérisons qui ne fe font qu'en certains tems. Ces eaux, guériffoient toute forte de maladies. Il falloit qu'un Ange troublât l'eau, quoiqu'ordinairement on choififfe le tems qu'elle eft la plus calme. Enfin il n'y avoit que le premier porté dans la Piscine après le mouvement de l'eau qui pût y être guéri. D'ailleurs, c'est l'opinion conftante des Juifs & celle de plufieurs Savans d'entre les Chrétiens, Ligtfoot, que les entrailles des victimes ne fe lavoient jamais que dans un certain endroit du Temple, & certainement la Piscine de Bethefda n'étoit pas dans le Temple. Cela feul fuffit pour détruire cette pensée, fans s'étendre à refuter en Phyficien les prétendues caufes naturelles de la vertu de ces eaux. A l'égard de l'Ange que l'on convertit en Officier, commis pour ce ministère, c'est une conjecture bien hardie. Je ne fai fi l'on trouvera un feul passage, où le mot Ange, employé tout feul, & pris abfolument, fans dire, mon Ange, l'Ange de quelcun, l'Ange de l'Eglife, fe prenne pour un Officier ou pour un Miniftre. On n'ignore pas qu'il y a quelques anciens Manufcrits où le vf. 4. de ce Chapitre ne fe trouve point, Voyez le & où par conféquent il n'eft point parlé de cet Ange, qui remuoit N. T. de l'eau, ni de ceux qui en attendoient le mouvement pour être gué- Lami ris. Mais eft-il raifonnable de préférer le témoignage de trois ou Harmonia quatre Manuscrits où ce passage eft omis, à une infinité d'autres Evangel.

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Witfius.

Mill &

où il fe trouve, fur tout n'y ayant ni absurdité ni contradiction dans le fait. Il faut faire le même jugement du filence de Joseph & des Docteurs Juifs fur ces eaux miraculeuses. 1. Toutes chofes égales, c'eft une maxime, que le filence ou l'omiflion de plufieurs Hiftoriens ne fauroit prévaloir au témoignage d'un feul qui avance pofitivement un fait. Il n'y a rien de plus ordinaire dans l'Hiftoire, que de voir certaines particularitez avancées par un Hiftorien & omifes par d'autres, & on ne s'avife pas de conclure du filence des uns l'infidelité de l'autre, quand d'ailleurs on n'a point de raifon de foupçonner fa fidelité. 2. S. Jean eft entierement digne de foi à cet egard, non-feulement comme Apôtre, mais comme un Hiftorien prudent, qui n'auroit pas voulu fe commettre, & s'expofer à un démenti public en avançant un fait de cette nature. À l'égard de Jofeph, ce n'eft pas la feule omiffion que l'on remarque dans fon Hiftoire, principalement fur ce qui regarde l'Hiftoire de l'Evangile, comme par exemple le denombrement qui fe fit fous Augufte, l'Etoile des Mages, le Maffacre des enfans de Bethlehem. Qui fait même si Joseph & les Thalmudiftes ennemis de JESUS-CHRIST regardant ce miracle comme un avant-coureur du Meffie ne l'ont pas fupprimé de peur qu'on ne conclût de leur propre témoignage, que Jesus le Nazarien étoit le Mesfie, n'étant point parlé de cet évenement furnaturel ni avant fa venue ni depuis fa mort. On ne fauroit dire en quel tems cette vertu miraculeufe fut donnée à la Piscine de Bethefda. Ce qu'on peut affûrer c'eft qu'elle l'avoit quelques années avant J. C. puis qu'il y avoit déja long-tems que le malade dont il s'agit y venoit pour être guéri. Mais on peut conclure ausfi du filence des Hiftoriens de l'Ancien Teftament, qu'elle ne l'avoit pas de leur tems. Il y avoit encore une autre Pifcine célèbre qui tiroit fes eaux de la Fontaine de Siloé, & qui en portoit le nom. It (a) Jean paroit par la guérison (a) de l'aveugle né qu'elle avoit aussi une vertu miraculeufe. Les Juifs remarquent que David voulut Salomon fut oint à la Fontaine de Siloé, pour marquer que fon Regne auroit la même durée & la même étendue que celles de cette fource, & ils prétendent que c'eft de cette même fource que Dieu difoit par le Prophete Efaïe, Vous puiferez avec joye dans les (B) Efai. Fontaines du Salut (b). C'est pour cela qu'ils fe fervoient de cette eau en célébrant la Fête des Tabernacles. Ce n'est donc pas fans mystère que Saint Jean a remarqué, en parenthefe, que Siloé fignifie envoyé, pour marquer que la falubrité des eaux de Siloé

ix. 7.

XII. 3.

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que

étoit un emblême du Salut, que le Meffie, l'Envoyé de Dieu par excellence, devoit apporter dans le Monde.

Matth.

XIX. 13.

A l'occident de la Ville étoit placé le Mont Calvaire, appellé par Saint Matthieu Golgotha, c'est-à-dire, le crane, foit parce XXVII. qu'on y décapitoit, foit parce que cette colline avoit la figure 33. d'un crane, & par Saint Jean Gabbatha, c'est-à-dire, lieu élevé. Jean Cet endroit eft célèbre & funefte tout enfemble, par le fupplice de notre Seigneur J. C. Il étoit feparé de la Ville par une profonde Vallée, qu'on appelloit la Vallée des Cadavres ou des Cranes. Il falloit que ce lieu fût hors de la Ville, felon la Loi. C'eft à Levit. quoi S. Paul fait allufion dans l'Epître aux Hebreux, lorfqu'il dit, que J. C. comme victime du péché a fouffert hors de la por- Hebr. te, & qu'il exhorte les Chrétiens à fortir hors du camp, c'est-à-13. dire, hors de Jérufalem, cette Ville étant confiderée par les Juifs, comme le Camp d'Ifraël.

IV. 33.

XIII. 12,

XXIV.

B. J. VIL

Comme le Bourg d'Emmaüs n'étoit qu'à foixante ftades de Jérufalem, felon le témoignage de S. Luc confirmé par Jofeph, il Luc peut être compté parmi les environs de cette Ville célèbres dans 13. JoI'Hiftoire de l'Evangile. Il ne faut pas confondre ce Bourg avec feph. de la Ville du même nom, qui étoit éloignée de Jérusalem de 176. 27. ftades, & qui fut depuis appellée Nicopolis. C'eft en allant à ce Bourg que fe paffa cette admirable entrevue où J. C. fe fit connoître à fes Difciples, lorfqu'ils defefperoient prefque de fa Refurrection. Il fe rendit à leurs inftances pour y entrer avec eux, & ils y mangerent enfemble. On ne marque point précisement la fituation d'Emmaüs par rapport à Jérufalem. Mais il y a beaucoup d'apparence qu'elle étoit fur la route de Galilée, & que les Difciples pafferent par-là pour retourner dans cette Province, qui étoit leur Patrie, croyant n'avoir plus rien à faire à Jérufalem après la mort de leur Divin Maître. Dès qu'ils furent convaincuspar lui-même de fa Refurrection, ils retournerent fur leurs pas, pour en porter la nouvelle à ceux de leurs Freres, qui étoient reftez à Jérufalem.

Il n'y a rien de plus naturel & de plus raisonnable que de s'intereffer aux derniéres deftinées de la Ville la plus diftinguée qui ait jamais été dans le Monde, de quelque côté qu'on l'envifage. Elle fut prife quatre fois fans être détruite, favoir par Sefac Roi II.Chron. d'Egypte, par Antiochus Epiphanes, par Pompée, par Herode le Grand, & détruite de fonds en comble deux fois, favoir par Nabuchodonofor & par Vefpafien. Depuis ce dernier évenement, Ce- Witfius

3

XII.

Hift. Hie

farée Lofol

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