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Sur la Préface & fur l'Harmonie Evangelique & Apoftolique.

Omme on s'eft avifé tard de donner les deux Pieces fuivantes, & que la premiere, qui est une Introduction à la lecture du Nouveau Teftament, a cri infenfiblement fous la plume beaucoup au-delà de ce qu'on s'étoit attendu, elles ont un peu retardé le reste de l'Ouvrage, qui, aussi bien que le Titre, étoit déja imprimé il y a plusieurs mois.

de l'Intro

1. On a jugé que le Public ne feroit pas fâché d'avoir une idée plus I. Deffein étendue, & plus circonftantiée de quantité de chofes dont il est souvent duction à parlé dans le Nouveau Teftament, & on a cru même ne devoir pas la lecture negliger d'éclaircir dans l'occafion ce qui pouvoit regarder l'Ancien. Il n'y a rien dans cette Piece, qui ne foit déja connu des Savans d'un certain ordre, & qu'on ne reconnoisse avec plaisir avoir apprifes d'eux, en plus grande partie; mais peut-être que ces Savans euxmêmes feront bien aifes de trouver ici rassemblées des remarques repanduës en divers Auteurs, qu'on n'a pas toûjours fous la main. Bien des gens trouveront fans doute qu'on a inferé ici plufieurs choLes plus curieufes que neceffaires. Mais on a crû pouvoir imiter les Voyageurs, qui bien qu'ils n'ayent quelquefois qu'un feul but ne laifSent pas de remarquer ce qu'ils trouvent digne de leur curiofité, fur leur paßage. D'ailleurs ce n'eft pas feulement le Peuple qu'on a eu en vue dans cette efpece d'Apparat. On s'eft auffi proposé pour objet un grand nombre d'Etudiants en Théologie, qui ne font pas toûjours à portée d'avoir les Livres neceffaires, pour acquerir certaines connoiffances qu'ils trouveront peut-être ici au moins en partie. Quand on a marché dans des Païs peu connus, comme le font fouvent, par exemple, ceux de la Chronologie, & de la Géographie fainte, on a tâché de prendre les meilleurs Guides pour ne pas s'égarer. Mais comme dans des chofes auffi incertaines, & fur lesquelles on eft auffi partagé que le font la plupart des matières, dont il s'agit ici, il est mal-aifé qu'on ne fe méprenne quelquefois, on profitera avec plaifir des avis que les Savans voudront bien nous donner.

II.Deffein

gé de

II. Pour ce qui eft de Harmonie Evangelique & Apoftolique, de l'Abreen voici les principaux usages. 1. Elle contient une Hiftoire fuivie Hiftoire des actions de Fefus-Chrift & des Apôtres. Les Evangeliftes ayant Evangelimoins eu en vue l'ordre des tems, que de prouver qu'il eft le Mef- que & A

poftoli

Sie, que

les

fie, par le grand nombre de miracles qu'il a faits, parce qu'il a enSeigné une Doctrine toute celefte, & qu'il a raffemblé dans fa perfon ne tous les caractères fous lefquels le Meffie avoit été désigné par Prophetes, on ne fe doit pas mettre beaucoup en peine de cet ordre, pourvû qu'on ait la fuite des actions du Sauveur. 2. C'est une Harmonie des Evangeliftes, où l'on pourra voir ce qu'ils ont de commun, & ce que chacun a de particulier. On a principalement fuivi les Harmonies de Ligtfoot, de Port-Royal, du P. Lami, & le plus fouvent celle de Mr. le Clerc. 3. C'est une Paraphrafe où l'on explique en d'autres termes les endroits du Texte, qui, fans cela roient befoin de Notes. 4. On donne plufieurs éclairciffemens qui n'avoient pû entrer dans les Remarques. 5. Elle pourra fervir aussi de Table des Matiéres.

A Berlin le 16. Janvier 1719.

2.

au

PREFACE

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liminai

'ESPRIT de Dieu s'étant fervi du ministère des Neceffité hommes pour nous enfeigner les vérités falutaires, de certai & pour transmettre les Oracles Divins à la pofterité, noiffanil y a plusieurs connoiffances préliminaires qu'il faut ces préavoir, au moins en général, pour bien entendre l'E- res, pour criture Sainte. Il faut favoir, par exemple, en quel tems & en entendre quel païs les Ecrivains Sacres ont vecu, quelle Langue ils ont veau parlé quel a été le caractère de chacun d'eux, parmi quels Peu- Teftaples ils ont habité, quelle étoit la Religion de ces Peuples-là, leurs mœurs, leurs coûtumes, leurs ufages & quantité d'autres chofes dont on parlera dans la fuite.

&

Il y a cette différence capitale entre les Auteurs Sacrez & les autres Auteurs, de quelque caractère qu'ils foient, c'est c'eft que les premiers ayant été divinement infpires, leur autorité eft divine par conféquent infaillible, au-dessus de toute contradiction, comme au-deffus de tout parallele & de toute comparaison. Mais pour entendre & pour expliquer les uns & les autres, il faut à peu près fuivre les mêmes regles de fens commun, il faut joindre l'é tude à la méditation, emprunter les fecours de l'Hiftoire, de la Chronologie, de la Géographie, des Langues, en un mot, de ce qu'on apelle parmi les Savans la Critique, c'est-à-dire, l'Art dejuTOM. I.

a

ger

le Nou

ment.

ger d'un Ouvrage & d'un Auteur, & d'en comprendre bien le fens. Cette Methode eft abfolument néceffaire pour entendre l'Ancien & le Nouveau Teftament, mais à cet égard, il y a cette differen ce entre l'un & l'autre, c'eft que le Nouveau ayant fuccedé à l'Ancien, & en ayant été, pour ainfi dire, l'accomplissement, les Ecrivains Sacrez du Nouveau Teftament ont emprunté le langage de l'Ancien, ils y ont fait des allufions perpetuelles, ils en ont appliqué les Oracles aux évenemens de leur tems, imitant à cet é gard leur Divin Maître qui renvoyoit toujours à cette fource. De forte que pour bien entendre, & pour bien expliquer le Nouveau Teftament, il ne faut pas être moins verfé dans la lecture & dans l'intelligence de l'Ancien, que dans la connoiffance de la fituation où étoient les chofes, lorfque les Evangeliftes & les Apôtres. ont écrit.

Ce font ces raifons qui nous ont déterminé à mettre à la tête de cette Traduction du Nouveau Teftament un Difcours préliminaire pour fervir d'Introduction à la lecture de ce Livre Sacré. Il est, à la verité, clair & intelligible à tout le monde par rapport à ce qu'il faut & croire & faire pour obtenir de la mifericorde de Dieu le falut éternel, qui y eft annoncé & promis fous la condition de la Foi & de la Sainteté. Ainfi le Peuple Fidèle à qui fes occupations, ou fon genre de vie ne permettent pas toujours de fe munir des fecours dont on vient de parler, a pourtant cette confolation d'y trouver les véritez falutaires fans beaucoup d'étude & de méditation, comme, d'autre côté, il eft inexcufable s'il ne les y cherche pas fous prétexte de fon ignorance. Mais quand il s'agit du détail & d'une explication exacte & fûre des veritez renfermées, & de plufieurs endroits de ce Livre divin, on court rifque à tout moment de fe tromper, de croire entendre ce que l'on n'entend pas, ou ce que l'on entend mal, & de demeurer court en plufieurs occafions, fi l'on n'a pas fait une bonne provision de ces connoiffances auxiliaires que l'on tâchera de donner ici. Faute de les avoir ces connoiffances l'Ecriture a été fouvent mal expliquée à plufieurs égards. Quelques-uns ont donné des explications abftraites & métaphyfiques à des paffages, qui contiennent des veritez fimples & exprimées en termes populaires. D'autres ayant appris dans l'Ecole un plan ou un Systême de Religion, y ont appliqué les paffages de l'Ecriture, au lieu de les confiderer en eux-mêmes, & les uns par les autres, pour former leur Systême fur cette Règle infaillible. D'autres enfin n'ayant égard qu'aux

lan

Langues vivantes, qu'à nos mœurs, à nos coûtumes, à nos usages, ne font jamais au fait, & ne fauroient manquer de s'écarter du fens des Auteurs divinement infpirez, parce qu'on ne fait pas fe transporter, pour ainsi dire, dans les tems & dans les lieux où ils ont écrit. C'est par ces divers abus que l'Ecriture Sainte & la Religion Chrétienne font à peine reconnoiffables dans la plupart des Ecoles où elle doit être enfeignée, & que l'on y remplit des Chrétiens de mille idées inconnues à ceux qui nous ont parlé de la part de Dieu. Pour y remedier nous tâcherons de proposer ici en gros ce qu'il faut favoir pour lire avec plus de fruit l'Ecriture & en particulier le Nou veau Teftament.

voit

aux Juifs,'

XIII. 46.

7.

I. (a) L'Evangile devant être annoncé d'abord aux Juifs fuivant L'Evanles vûes & les oracles de Dieu, il étoit & naturel & néceffaire que li tre gile deJESUS-CHRIST fe choifit auffi d'abord des Difciples ou des A- annoncé pôtres de la même Nation & de la même Religion. Il falloit d'ail, d'abord leurs que ce fût des gens fimples & du commun Peuple; non-feu- & par lement pour la gloire de la Grace (b), mais à caufe de l'efprit d'or- des Juifs. (a) Efai. gueil & d'incredulité, qui dominoit parmi les plus confiderables 1. Jean de ce Peuple, & qui leur rendoit odieufes les veritez de l'Evan- IV. A&. gile, parce qu'elles étoient incompatibles avec leurs paffions & (b) II. leurs préjugez (c). Il ne faut pourtant pas s'imaginer, fous pré- Cor. IV. texte de ce que l'on vient de dire du caractère des Apôtres, qu'ils (c) Matt. n'euffent ni lumieres ni prudence, & qu'ils manquaffent abfolu- XI. 25. ment des qualitez requifes, pour se bien acquitter de leur glorieux emploi. Si leurs difcours font ordinairement fimples & populaires, on y remarque de tems en tems une élevation que n'ont point des gens fans éducation & fans connoiffance; fi quelquefois ils ont fait paroître des foibleffes, comme de l'incredulité, de l'ambition, de la préfomption & de l'emportement dans leur zèle, c'étoit moins leur propre caractère que celui de leurs compatriotes. On peut juger d'ailleurs par l'exemple de Jofeph, qui étant de la famille de David, étoit en même tems Charpentier, & par celui de St. Paul, qui tout Docteur & Citoyen Romain qu'il étoit, ne laiffoit pas d'avoir appris à faire des tentes pour gagner fa vie, que les profeffions méchaniques n'étoient pas incompatibles avec l'étude & la naiffance. Quoique St. Jean fût Pêcheur, il y a des endroits dans fon Evangile, qui ne permettent pas de douter qu'il ne fût verfé dans la lecture des Livres myftiques des Juifs, & qu'il n'eût même quelque teinture de la Philofophie Grecque. Ce qui eft d'autant plus aifé à comprendre que cet Apôtre fit un

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