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de Zebedée, & mettre en prifon Saint Pierre. Ce Prince cruel, lâche & impie comme fon ayeul, mourut à peu près comme lui, frappé de la main de Dieu. Après fa mort qui fut un grand sujet de joye pour tout le peuple, la Judée redevint une Province de l'Empire Romain, & fut gouvernée par Cufpidius Fadus, Agrip(a) Jof. pa fon fils étant trop jeune (a) pour lui confier le Gouvernement Ant. Jud. d'un Etat. L'autre fils d'Ariftobule fut Herode (b) Roi de Chalcide, connu fous le titre d'ami de Claude, qui obtint de lui le (b) Jof. droit de nommer & de depofer les Souverains Sacrificateurs auffi L. XX. bien que la garde du Temple & du Thréfor Sacré, quoique d'ailleurs il n'eût aucun pouvoir dans la Judée. Il n'eft point parlé de lui dans l'Ecriture.

L. XIX.

c. 7.

Ant. Jud.

C. I.

9. de la G.

Après la mort d'Herode Roi de Chalcide Agrippa le Jeune, fils d'Agrippa le Grand ou le vieux, lui fucceda dans ce petit Royaume de la fituation duquel les Hiftoriens ne conviennent pas bien. On le place avec affez de vraisemblance entre le Liban & l'Antiliban. Il eut auffi la garde du Temple, du Thréfor Sacré & des habits Pontificaux. C'eft cet Agrippa devant qui S. Paul fit fon Apologie, comme on le voit dans le Livre des Actes, où il est toujours appellé Roi, foit à caufe du Royaume de Chalcide, qu'il poffedoit actuellement, foit qu'il portât même ce titre par rapport à la Judée, où il avoit une grande autorité, quoiqu'il n'en fût pas Souverain, cette Province ayant eu alors confecuti(c) Jof. vement pour Gouverneurs (e) de la part des Romains, Feftus, FeAnt. XX. lix, Albinus, jufqu'à Gesfius Florus. Ce dernier donna occades J. II. fion aux troubles, qui acheverent la ruïne entiere de la Judée. 25.26. Agrippa eft célèbre dans l'Hiftoire par fon commerce crimi(d) Jof. nel (d), ou au moins fort fufpect, avec Berenice, fille d'Agrippa le Grand & par conféquent fa fœur, qui avoit été ausfi femme d'Herode Roi de Chalcide fon oncle, & qui épousa ensuite Polemon Roi de Cilicie, qu'elle quitta bien-tôt entrainée ailleurs par fon impudicité. C'eft la même dont il eft parlé dans les Actes. Agrippa fut le dernier des Rois de la race d'Herode. Le tems de fa mort eft incertain. On croit pourtant qu'il vécut jufqu'à Trajan. Ce qu'il y a de certain c'eft qu'il furvécut à fa Patrie, & qu'il ne tint pas à lui d'en empêcher la ruïne par fes fages (e) Jof. de confeils (e). Mais l'heure fatale de cette Nation impénitente étoit marquée dans le Confeil de Dieu; il sembloit même qu'elle voulut l'executer, malgré fes propres ennemis, par fes factions & par fes fréquentes revoltes. Nous avons conduit l'Hiftoire

Ant. L.

XI. C. 5.

Bell. Jud.

L.II. c.

28.

des

des Herodes jufqu'à la fin de là République des Juifs qui arriva l'an foixante & dixième de l'Ere Chrétienne, environ quarante ans après que JESUS-CHRIST l'avoit prédite.

de la dis

Pour achever de faire voir l'Etat de la Nation Judaïque par Des Juifs rapport au Nouveau Teftament, il faut parler des Juifs, qui perion. étoient difperfez en divers endroits du Monde. Il y en avoit en grand nombre dans la Grece & dans toutes les parties de l'Empire Romain, qui n'avoit alors prefque point d'autres bornes que celles de l'Univers connu. C'eft de ces Juifs de la difperfion parmi les Grecs que parlent les Juifs de Jérufalem au Chap. VII. de l'Evangile (a) de S. Jean. Il femble que J. C. fasse allusion à (a) Jean ces Juifs difperfez, lorfqu'il dit (b) qu'il a encore d'autres brebis; VII.34. (b) Jean fans en exclure, pourtant, les Gentils qui devoient auffi entrer. 16. dans fa Bergerie. Quoi qu'il en foit, il s'en trouva de tous les endroits du Monde à Jérufalem à la première Pentecôte celebrée après l'Afcenfion de J. C. C'étoit alors un tems de crife, les Juifs faifant profeffion d'attendre le Meffie en ce tems-là felon leur propre calcul. Outre que Dieu le dirigea ainfi, pour rendre le miracle de l'envoi du S. Efprit plus public & pour répandre par tout l'Univers la divinité de la vocation de JESUSCHRIST & la verité de la Religion Chrétienne. C'est à ces Juifs difperfez que S. Jaques & S. Pierre ont écrit, le premier à ceux des Douze Tribus en quelque endroit du Monde qu'ils fuffent, le second nommément à ceux du Pont, de la Galatie, de la Cappadoce, de l'Afie, & de la Bithynie. On peut juger du nombre prodigieux de ces Juifs difperfez par ce qu'en écrivoit le Roi Agrippa l'ainé à l'Empereur Caligula pour le détourner de faire mettre à Jerufalem la Statuë de Jupiter (c), & de s'y faire (c)Philon, adorer lui-même comme un Dieu.,, Jérufalem, dit-il, eft la Mé- Ambafa,, tropole non feulement de la Judée, mais de plufieurs autres p. 798.. Provinces à caufe des Colonies qui y ont été transplantées de tems en tems. Il y en a & au voifinage, comme dans l'Egypte, Je traduis dans la Phenicie, dans l'une & dans l'autre Syrie, & plus loin ce paffage dans la Pamphylie, dans la Cilicie, dans la plupart des parties rentir la de l'Afie, jufques en Bithynie & aux extremitez du Pont. Tout Geogra de même, continue-t-il, en Europe, ils occupent la Theffalie, Philon. la Béotie, la Macedoine, l'Etolie, l'Attique, Argos, Corinthe, les principales parties du Peloponnefe. Ce n'eft pas

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le Continent qui eft tout plein de Colonies Judaïques, il s'en trouve dans les plus célèbres Ifles, comme Eubée, Chypre, CreTOM. I.

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,, te, fans parler de ceux qui font au delà de l'Euphrate.,, Ce paffage de Philon fert beaucoup à éclaircir le fecond chapitre des Actes. Les chofes étoient au même état du tems de Jofeph, comme cela paroît par le Difcours qu'Agrippa le Jeune fit aux Juifs pour les détourner d'entreprendre la guerre contre les Romains, où entre autres motifs qu'il leur propofe il leur dit que les Juifs répandus par toute la terre fe trouveroient accablez fous leur ruine. Ces difperfions des Juifs avoient eu des caufes & des occasions dans particulieres (a), mais elles étoient dirigées par une sagesse admiHiftoire rable, la Providence divine fourniffant par là aux Apôtres une de l'illuf- occafion naturelle d'annoncer l'Evangile aux Gentils, parce que tre Mr. les Juifs faifoient profession d'attendre le Meffie. D'ailleurs on P'Hiftoire ne doit pas douter que cette difperfion n'ait beaucoup contribué de ces à conferver le corps de la Nation Judaïque, comme un monufions, leurs ment de la verité du Chriftianifme, puis qu'il en refta peu après motifs & la ruine de Jérufalem & que le refte fut prefque détruit par leurs oc- Adrien.

peut voir

des Juifs

Bafnage

difper

Des Sa

II. Rois XXIII. 19.

(c) Jof. Antiq.

cafions. Après avoir parlé de la Nation Judaïque proprement ainfi maritains. nommée on ne fauroit fe difpenfer de faire l'Hiftoire abregée des Samaritains qui en font comme une branche & dont il eft fouvent parlé dans le Nouveau Teftament. Les Samaritains font ainfi (b) I. Rois apellez de Samarie (b) autrefois Capitale du Païs de même nom XVI. 24. & du Royaume des Dix Tribus, & à qui Omri Roi d'Ifraël fon Fondateur donna ce nom parce qu'il en avoit acheté le fonds d'un nommé Semer ou Samar (c). Il fembleroit que ce fût la même Ville qu'on nommoit Sichem, puifque Jofeph place Sichem fur la XI. fin. montagne de Garizim & qu'il en fait la Capitale des Samaritains. Cependant les plus habiles Géographes font de Samarie & de Sichem des Villes differentes, c'eft ce qu'il nous importe peu d'examiner. Ce qu'il y a de conftant c'eft que Sichem eft la mê(d) Jean me Ville qui eft apellée Sichar_dans l'Evangile (d), foit par le changement de la lettre M. en R. aífez commun fuivant les differentes dialectes des Juifs & des Samaritains, comme quelques Savans l'ont remarqué, foit felon d'autres, par dérifion, parce que le mot Hébreu Sichar felon qu'il eft ou orthographié ou ponctué fignifie diverses chofes odieufes comme menteur, mercenaire, yurogne, fepulchre. On a déja parlé du fchifme des Dix Tribus qui fut la première femence de l'averfion des Juifs pour les Samaritains, parce que Samarie étoit la Metropole du Royaume d'Ifraël & pour ainsi dire, la rivale de Jérufalem. Samarie resista aux di

IV.-5.

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8. & XIII.

(c) Deut.

XXVII.

12.

(e) Jof.

la G. des

Differt.

vers affauts de Benhadad Roi de Syrie mais elle fut entierement ruïnée par Salmanafar Roi d'Affyrie lorfqu'il emmena les Dix Tribus en captivité (a). Il paroît pourtant qu'elle s'étoit relevée (a) Jof. de fes ruïnes, puifque fous Alexandre le Grand les Samaritains Ant. XI. obtinrent (b) la liberté d'y bâtir un Temple fur la montagne de 17. Garizim, parce que c'étoit là que Dieu avoit donné les béné- (b) Ann. ·· dictions attachées à l'observation de la Loi (c). Elle fut fous la 3668. domination des Rois d'Egypte ou de Syrie, jufqu'à ce que Jean XI.29. Hircan Souverain Pontife de Jérufalem l'afliegea (d), la prit & la détruifit de telle forte qu'il n'y refta plus aucune forme de Vil- (d) Ann. le, pour me fervir des termes de Jofeph (e). Elle fut enfuite re- 3869. bâtie & de beaucoup amplifiée par Herode le Grand, fous le Ant. XIII. nom de Sebafte (f) c'est-à-dire, Auguste & il y bâtit un Temple 18. (f) Jof. en l'honneur d'Augufte. Au refte, comme la Samarie appartenoit Ant. XV. au Royaume de Judée, elle devint Province de l'Empire avec elle. 12. & de Tout le Monde fait à peu près l'origine des Samaritains, fur J.L. I. c. laquelle il n'y a pas à balancer entre l'autorité de l'Ecriture Sain- 16. te, & la Chronique Samaritaine (g), qui eft une piece trop moder- (g)Reland ne, & d'une origine trop incertaine pour y faire aucun fonds. de SamaJofeph s'accorde là-deffus avec l'Ecriture Sainte (h). Les Samari- rit. p. 14. tains doivent être regardez comme un mélange des Juifs, qui ref- (h) Jof. terent au Païs lors de la captivité des Dix Tribus, ou de ceux Ant. L. qui y retournerent depuis en diverfes occafions, & des Peuples idolâtres, que Salmanafar y envoya pour peupler le Païs, & qui font connus fous le nom général de Cuthéens (i). Ces Peuples a- () II.Rois voient chacun leurs Dieux qu'ils adoroient, fouillant ainfi la Terre XVII. 24, d'Ifraël par leur Idolâtrie. Dieu pour les en punir, & pour empêcher le reste du Peuple d'idolâtrer à leur exemple, envoya' des Lions qui dévoroient ces malheureux Idolâtres. Ayant fû, à ce que dit Jofeph (k), par un Oracle que c'étoit pour n'adorer (k) Jof. pas le vrai Dieu, qu'ils avoient été vifitez de ce fleau, que le mê- Ant. IX. me Hiftorien appelle la pefte, ils députerent au Roi d'Affyrie pour le prier de leur envoyer un Sacrificateur Juif qui leur apprît la ma niere de fervir le vrai Dieu, qu'ils appelloient le Dieu du Païs, Ce que le Roi ayant executé, le fleau ceffa, mais ils ne cefferent pas d'idolâtrer mêlant le culte du vrai Dieu avec celui de leurs fauffes Divinitéz. Ainfi il y avoit un mêlange de Religion & de culte auffi-bien que de Peuples parmi les Samaritains. On ne fauroit dire précisément quelle part les Samaritains originaires ou autrement les Juifs eurent à ce culte. Il y a beaucoup d'apparence

d 2

qu'ils

IX. 14.

25.

ibid. y. 29. &

fuiv.

mar.p. 6,7.

(c) Jof.

qu'ils fuivirent la Religion de leurs Vainqueurs felon le penchant (1) I. Rois ordinaire des Peuples. (a) Et même dès auparavant ils n'avoient pas été exempts d'Idolatrie, comme il paroît par les Veaux de Jeroboam, & comme l'Ecriture Sainte le leur reproche formellement. D'ailleurs ils avoient un voisinage fort contagieux dans la (b) Réland Syrie dont les Rois avoient beaucoup de pouvoir en Samarie. (b) de Sa- On croit pourtant communément que leur culte fut repurgé par Manaffé, que Sannabalet (c) fit Souverain Sacrificateur du TemAntxis. ple de Garifim. Au moins paroit-il que Au moins paroit-il que Manaffé, qui étoit frere de Jaddus Souverain Pontife de Jérufalem, étoit zelé pour la Loi, quoi qu'il eût époufé une femme étrangere. Jofeph nous apprend auffi que plufieurs Juifs qui étoient dans le même cas que Manaffé se retirerent à Garifim; ce qui femble marquer qu'à ces fortes de mariages près on y obfervoit la Loi. Le même Hiftorien témoigne que les Samaritains obfervoient l'année Sabbatique, & qu'ils. demanderent à Alexandre le Grand d'être déchargez d'Impôts cette année-là, parce qu'ils ne pouvoient femer. S. Chryfoftome, qui pouvoit l'avoir appris par tradition, dit dans fa XXXme. Homelie fur S. Jean, que par fucceffion de tems les Samaritains quitterent le culte des Idoles, pour adorer le vrai Dieu. Cependant il pa(d) Joroît par l'Hiftoire (d) qu'il s'en falloit beaucoup que leur culte ne feph. XII. fût entierement exempt d'Idolatrie. Leur Temple fut consacré à Jupiter Grec dans le tems d'Antiochus Epiphanes. Et même, fi l'on en croit Joseph, ils firent une abjuration formelle de leur Religion dans une Lettre qu'ils écrivirent à ce Prince pour n'être enveloppez dans la perfecution qu'il faifoit aux Juifs, fe difant Sidoniens d'origine, & fe défendant de l'observation de la Loi comme d'un crime. Ils donnent même le titre de Dieu à Antiochus dans cette Lettre. Mais je ne fai s'il faut tout-à-fait en croire Jofeph fur le fujet des Samaritains, au moins les autres Ecrivains Juifs ont-ils pris à tâche de les décrier comme des Idolatres. Quoi qu'il en foit, la perfécution d'Antiochus n'ayant pas duré longtems, ils purent fe repentir d'une fi honteufe diffimulation, & reprendre le culte du vrai Dieu. Il femble pourtant qu'on puiffe conclure de ce que JESUS-CHRIST dit à la Samaritaine, vous adorez ce que vous ne connoiffez pas (e), que la Foi des Samaritains IV.22. n'étoit pas alors fort éclairée, ni leur culte tout-à-fait pur. Ce qui ne feroit pas furprenant à cause du mêlange dont on a parlé, mais on verra dans la note fur ce paffage qu'on peut donner un autre fens à ces paroles de JESUS-CHRIST. Cependant il y a

7.

(c) Jean

pas

qua

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