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C'est pour diftinguer cette premiere defcription de la feconde, que l'Evangelifte dit, que cette description arrivée à la naissance du Sauveur avoit précédé celle que Quirinus fit après l'exil d'Archelaüs & dont le même S. Luc (a) parle dans les Actes. Il eft (1) Act. vrai que le texte de S. Luc eft équivoque, car de la maniere qu'il V. 37. s'exprime il femble qu'on devroit traduire, Ce premier dénombrement fe fit lorsque Cyrenius étoit Gouverneur de Syrie. Mais cette traduction ne s'accorde point avec l'Hiftoire, par laquelle il paroît que lors de la naiffance de J. C. c'étoit (b) Sentius Saturninus, (b) Terou Quintilius Varus fon Succeffeur qui étoit Gouverneur de Syrie, tull. adr. & non Quirinus. On peut pourtant fuppofer que comme cela ar- IV. c. 19. rivoit quelquefois, Quirinus fut envoyé en Syrie par l'Empereur avec une commission extraordinaire pour faire ce premier dénombrement, & peut-être même avec le titre de Gouverneur ou de Procurateur, ces deux Titres étant fouvent confondus (c) par les (c) Luc Ecrivains facrez & profanes. mi,Appar.

Marc. L.

ÌIÍ. 1. La

Cap. X.

zonius,

Mais au fond il n'eft pas befoin d'avoir recours à cette fuppofi- Chron. tion, en traduifant ainfi les paroles de S. Luc: Ce dénombrement seat. III. fe fit avant que Cyrenius fût Gouverneur de Syrie. L'original eft IV. auffi fufceptible de ce fens que de l'autre, & c'eft celui qu'on a fuivi dans cette Version après plufieurs habiles (d) Critiques. Le (d) Peridénombrement de Quirinus avoit fait beaucoup d'éclat, & le fou- Differt. venir en étoit récent, lorfque S. Luc écrivoit fon Evangile. C'eft de Aug pourquoi craignant, que celui-ci n'eût fait oublier l'autre, qui Defcript fans doute fit moins de bruit, parce que ce fut un fimple dénom brement des Citoyens, & non une estimation de leurs biens, comme celui de Quirinus, cet Evangeliste a jugé à propos de les diftinguer, comme il fait ici. Car il faut Car il faut remarquer que lors de la naiffance de J. C. la Judée n'étoit plus tributaire des Romains, comme elle l'avoit été du tems de Pompée, l'Empereur en ayant donné le Royaume à Herode, au lieu qu'ayant été réduite en Province depuis l'exil d'Archelaüs, elle devint en même tems tributaire de l'Empire, & c'eft pourquoi il fe fit alors une estimation pour regler les taxes & les impôts. C'eft apparemment auffi pour cela que Jofeph n'a point fait mention du premier dénombrement dont parle S. Luc, parce que ce n'étoit qu'un fimple dénombrement des Citoyens, qu'il ne trouva pas dans les Actes de Nicolas de Damas, n'ayant aucun rapport à la Vie d'Herode. Ce dé- Ann. L.I. nombrement n'étoit apparemment que dans l'Etat abregé de l'Em- c.11. Suepire (e) qu'Augufte avoit fait faire, pour favoir combien il pou- Augufti.

C 2

(e) Tacit.

ton. Vit.

voit cap. ult.

tron. Sa

e. 2. §. I..

Deipnof.

L. I.

Monum.

Suet.

Aug.c.

27.

voit mettre de troupes fur pied, & ce qu'il pouvoit tirer des Provinces qu'il faifoit dénombrer.

Avant que de finir cette digresfion fur le dénombrement, il y a encore un mot à en dire par rapport à la Version & aux Notes fur le paffage de S. Luc II. 1. où l'on explique l'original qui à la rigueur fignifie, toute la Terre habitable, par, tout le Pais, c'eftà-dire, la Judée. On n'ignore pas que par-là des Auteurs fort (a) Pe- célèbres (a) ont entendu cette grande partie du Monde, qui étoit tyr. Flo- alors foûmife à l'Empire, & qu'en effet les Romains s'appelloient rus L.IV. (b) les Maîtres du Monde. Mais il eft contre toute apparence que Dionyf. Jamais Auguste ni aucun Empereur aît fait tout à la fois le dénomHalic. brement de tout l'Empire Romain. 1. Aucun Hiftorien n'en par(b) Athen. le à la referve de Suidas Auteur trop moderne pour y ajoûter foi, encore ne le fait-il que fur l'autorité d'un Anonyme. Eft-il croyable que de tant d'Ecrivains de l'Hiftoire Romaine, qui nous ont été confervez, il n'y en aît pas un qui ait fait mention d'un dé(c) Dio nombrement général de tout l'Empire, fur tout ayant parlé (c) com-Caff. c.56 me ils ont fait de plufieurs dénombremens particuliers? 2. Les Ancyr. dénombremens particuliers ayant toujours excité de grands murmures, quel éclat n'eût point fait un dénombrement général ? Dion Casfius (d) témoigne que lors qu'Augufte voulut tenter un dé (d) Dio nombrement des facultez de quelques Provinces pour fournir à bi fuprà. l'entretien de fes armées, ces Provinces ayant déclaré, qu'elles fouffriroient plutôt les dernieres extremitez qu'un pareil dénom. brement, Augufte fut obligé de le faire par furprife & d'une maniere clandeftine. Ce qui eft bien éloigné d'un Edit qui ordonne un dénombrement général. On fait que lorfque Quirinus entreprit par ordre d'Augufte le dénombrement de la Judée, les Juifs n'y (e) Jof. confentirent qu'avec peine, & qu'à cette occafion il y eut (e) mê L.XVIII. me une grande fédition. Tacite (f) rapporte que quand la Cap.c.1. &de padoce fut reduite en Province, certains Peuples de cette mê L. II. c. me Province, fé rebellerent fur ce qu'on en vouloit faire un dé 11, 12 nombrement, pour leur impofer un Tribut. L'Empereur Clau de dans une Harangue (g) qu'il faifoit au Sénat parle des dénom (f) Tacit. bremens, comme d'une entreprise qui avoit de tout tems été fórt délicate, lors même qu'il ne s'agiffoit que de favoir quelles étoient les facultez de l'Empire. 3 S. Luc à l'occafion de ce premier dé-ter, Infer. nombrement parlant de celui de Quirinus, qui fat particulier à la P.502. Judée, il eft naturel de juger de l'un par l'autre, & d'entendre par toute la Terre habitable, toute l'étenduë de la Judée, y com-

Caffius

Ant. Jud.

Bell. Jud.

Act. V.

37.

Ann. L..

VI. P.

160. (8) Gru

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Caff: c.60

c. 18..

pris lés Tetrarchies. Il femble même que ce foit affez le ftile de S. Luc, d'entendre la Judée par toute la Terre habitable. C'eft ainsi qu'au Chap. XXI. vf. 26. de fon Evangile où il dit que les. hommes rendront l'ame de peur dans l'attente des maux dont la Terre habitable fera menacée, il eft clair par le vf. 23. qu'il s'agit de la Judée. Il y a encore beaucoup d'apparence que lorfque S. Luc dit Act. XI. 28. qu'Agabus avoit prédit, qu'il y auroit une grande famine par toute la Terre habitable, il a entendu par là feulement toute la Judée. Il eft vrai que les Hiftoriens (a) ont auffi (a) Dio. parlé d'une famine à Rome fous l'Empire de Claude, mais Rome Suet. Vit n'eft pas tout l'Univers. Elle n'étoit pas, par exemple, en Egypte, Claud. ni en Chypre, puifque Jofeph (b) nous apprend, que la Reine He- (b) Jofeph lene y envoya chercher des vivres, pour foulager Jérufalem pref- Ant. Jud. fée famine. Auffi cet Hiftorien ne dit-il point que cetcette par te famine fut générale, ne faifant mention dans cet endroit que de Jérufalem. Ce ftile n'étoit pas particulier à S. Luc, puifque les Ecrivains Sacrez du V. T., appellent fouvent la Judée toute la Terre, ce que les LXX. traduifent ordinairement par la Terre habitable, ou, la Terre habitée; même ils appellent de ce nom nonfeulement la Judée, qui étoit regardée comme la Terre par excellence, mais auffi le Païs dont ils parlent, quelque Païs que ce foit, comme l'a remarqué S. Jerôme (c): On en peut voir des exem- (c) Hieples dans la note fur ce verfet.

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L. XX.

C. 2.

ron. in Efai.XIII.

Bell. Jud.
L.I. cap.

Cependant Herode Antipas & Philippe jouïffoient paisiblement 5. de leurs Tetrarchies. Comme il eft fouvent parlé de ces Princes dans l'Evangile, il ne fera pas inutile de les faire connoître. Jofeph (d) femble varier fur le fujet de la Mere d'Herode Antipas; (d) Jof. de le faifant tantôt fils de Cleopatre, tantôt fils de Maltace; femmes d'Herode le Grand, ce qui eft fort indifferent, par rapport à no- 20, 21. tre deffein. Ce ne peut être qu'improprement qu'il eft appellé Roi (e), puis qu'il ne le fut jamais. Il eft bien vrai que par fon (e) Matt. premier Teftament Herode l'avoit nommé fon Succeffeur au Royau- XIV.9. me; mais il le changea enfuite pour conferer cette Dignité à Archelaus, qui pourtant ne l'eut pas non plus. L'Hiftoire Saintenous représente Antipas, comme un Prince extrémement vicieux, qui ajouta la mort de Jean Baptifte à tous les crimes qu'il avoit com mis (f). Jofeph (g) ne lui rend pas meilleur témoignage. Son in- (f) Luc continence parut par l'enlevément d'Herodiade femme de fon fre- III.19,20, re Philippe. Il faut remarquer, en paffant, qu'il femble que ce Ant. Juda. Philippe n'eft pas le Tetrarque d'Iturée, qui étoit fils de Cleo-XIX.

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(g) Jof.

C. 7.

Ant. Jud.

Bell. Jud.

L.I.c.19.

Marc VI.

III. 19.

que

(a) Jof. patre, au lieu que felon Jofeph (a) celui à qui Antipas enleva fa femL.XVIII. me étoit fils de Marianne, fille du Pontife Simon. Il eft vrai c.7.de Jofeph ne donne point à ce fils de Marianne le nom de Philippe, que les Evangeliftes (b) donnent unanimement à celui dont Anti(b) Matt. pas enleva la femme. Il l'appelle feulement Herode frere d'HeroXIV. 3 de (Antipas), mais d'une autre mere. C'est pourquoi dans la note 17. Luc fur cet endroit on a jugé plus à propos d'en croire les Evangeliftes, qui vivoient en ce tems-là, que Jofeph, qui pourroit bien s'être trompé dans ce fait éloigné de fon tems, & au refte de fort peu d'importance. Il eft bien certain qu'il y a de la confufion dans (c) Jof. les Généalogies que fait Jofeph (c) des enfans d'Herode. Quoiqu'il Ant. Jud. L.XVII. en foit, un deffein auffi criminel que celui de fuborner la femme de fon frere, & de répudier indignement fa propre femme, fille d'Arethas Roi des Arabes, marque affez qu'Herode Antipas étoit d'un fort mauvais caractère. La mort de Jean Baptifte fut une complication de crimes; car il ne put commettre ce meurtre fans impieté, Jean Baptiste étant regardé comme un Prophete tel qu'il l'étoit en effet, & il femble même qu'Herode ne l'ignoroit pas. Il en fut juftement puni. Arethas pour vanger l'affront qu'il avoit fait à fa fille, lui déclara la guerre, & défit entierement fon armée; (d)Jofeph Jofeph (d) témoigne que les Juifs regarderent cette défaite comubifuprà. me un jufte jugement de Dieu contre le meurtrier de Jean Baptif

e. I.

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XXIII.8.

te, fi pourtant ce paffage eft de Jofeph. On ne fait pas bien précifement l'année de la mort de Jean Baptifte; ce qu'il y a de certain, c'est que J. C. avoit déja prêché affez long-tems, & fait plufieurs miracles en Galilée, lorfque le Tetrarque fit trancher la tête à Jean Baptifte. Il eft donc furprenant qu'Herode Antipas ignorât fi fort ce qui fe paffoit dans fa Tetrarchie, qu'il n'eût pas encore entendu parler de J. C., & qu'il ne l'eût pas vû comme les (e) Luc Evangeliftes (e) le rapportent. Mais il fe peut faire que pendant que J. C. prêchoit en Galilée, Herode étoit abfent, & en effet Jofeph nous parle d'un voyage qu'il fit à Rome, avant que d'époufer Herodiade. Il ne le vit pas même après fon retour, lors qu'il témoi(f) Luc gna defirer de le voir. C'étoit une envie fort fufpecte (f) dans un Prince qui favoit joindre la diffimulation à la violence, & dreffer des embûches aux innocents, auffi-bien que les opprimer de vive force. C'eft pourquoi J. C. fe retira ailleurs, pour éviter les ar(g) Lue tifices de ce Renard, comme il l'appelle (g) lui-même. Il ne pût XIII. 32. donc contenter fon defir à cet égard que lorsque Pilate apprenant XXIII.7, que JESUS étoit Galiléen le lui renvoya (h) tant pour lui faire

Ìx.7,8,9.

8,129

قع

plaifir

XXIII.11.

plaifir que pour se tirer d'embarras lui-même. S. Luc (a) nous ap- (2) Luc prend de quelle maniére ce Divin Sauveur en fut traité & il ajoute que depuis ce tems Pilate & Herode devinrent amis, d'ennemis qu'ils étoient auparavant.

Le mariage illégitime que ce Prince avoit contracté avec Herodiade fut la caufe de fa perte. Cette femme ambitieufe, & jalouse de voir la couronne fur la tête à Agrippa fon frere fils d'Ariftobule & neveu d'Antipas, força, pour ainfi dire, fon Mari à aller à Rome demander le titre de Roi. Mais Agrippa donna à l'Empereur Caligula de fi violents foupçons (b) contre la fidelité (b) Jof. d'Antipas, qu'au lieu de le faire Roi cet Empereur le relegua à Ant Jud. Lion, & de là en Efpagne. Ce Prince bâtit ou repara quelques c.9. Villes (c) comme Sephoris, qu'il nomma Tiberiade en l'honneur de (c) Jof. Tibere, & une autre Ville dans la Perée qu'il nomma Juliade en Antiq. L. l'honneur de Julie fille d'Augufte. Il jouït de fa Tétrarchie qua- 3.

rante & trois ans.

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L. XVIII.

XVIII. c.

III. 1.

Marc VI

Ant. Jud.

A l'égard de Philippe fon frere Tetrarque de l'Iturée & de la Trachonite, il n'en eft fait mention que dans S. Luc (d). Il eft (d) Luc vrai que S. Matthieu, & S. Marc (e) parlent, d'un Philippe fre- (e) Matt. re d'Herode, mais, comme on l'a déja vu, Jofeph (f) fait douter, XIV.3. fi c'est Philippe le Tetrarque ou un autre Herode qui portoit auffi 17. le nom de Philippe. Cet Hiftorien nous reprefente Philippe com- (f) Jos. me un Prince doux, équitable & paifible. C'eft pour cela que XVIII. J. C. fe retiroit fouvent dans fon territoire pour être à couvert des c. 6. embûches des Juifs. I bâtit ou repara auffi quelques Villes (g), (8) Jof. comme Paneade, qu'il nomma Cefarée en l'honneur d'Augufte, Antiq. L C'est pourquoi elle eft appellée Cefarée de Philippe (h), & Bethfai- 3. 6. da qu'il nomma auffi Juliade. 11 gouverna trente & fept ans. (h) Matt. Comme il mourut fans enfans, Tibere unit fes Etats à la Syrie. Il reste à parler des petits-fils d'Herode le Grand autant qu'ils ont du rapport au N. T.

XVI. 13

tits-fils

Ariftobule, qu'Herode fon Pere fit mourir, laiffa deux fils con- Des pe nus par l'Histoire des Actes des Apôtres, & par celle de Jofeph. d'HeroLe premier étoit Agrippa furnommé le Grand fils de Marianne, de. Princeffe de la race des Afmonéens, auquel Caligula donna le (i) Jof. Royaume de la Judée, de l'Idumée & de la Samarie, avec la Ant. Jud Tetrarchie d'Antipas, ce qui fut confirmé par l'Empereur Clau- c.9. & de de, qui y ajouta la Tetrarchie de Philippe (1). C'est ce même L. II. c. Agrippa qui au Livre des Actes (k) eft appellé, le Roi Herode, 18. & qui, pour faire plaifir aux Juifs, fit mourir Saint Jaques fils (k) Act.

de

L. XVIII.

Bell. Jud.

XII. 1,23

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