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Hiftor.

463.

Ariftobule frere de Marianne, & petit-fils d'Hircan de la race des
Afmonéens. Il y fut maintenu par les armes des Romains

, con

tre la faction d'Antigonus, qui avoit pour lui la plus grande par(a) Dio. tie de la Nation. (a) Cette guerre inteftine, qui dura environ trois L. 49. p. ans, mit la Judée à deux doigts de fa ruïne. Jérufalem fut prife, le Temple pillé, & il y eut un furieux carnage de part & d'autre. Hérode étoit pourtant encore mal-affermi sur son Thrône malgré cette conquête, ayant tout à redouter d'Auguste après la défaite d'Antoine, dont il avoit pris le parti. Cependant il fut confirmé par Auguste dans le Royaume de Judée.

Bell. Jud.

(c) Jo

tiq. L.

XV.C.II.

(d) Id.

ibid. &

C.13.

(e) Matt.

A&t. VIII.

40.

Si ce Prince eut quelques bonnes qualitez, il faut mettre dans ce rang, fa magnificence en bâtimens. Elle éclata dans la Fonda(b) Jo tion ou la reparation de plufieurs Villes, (b) auxquelles il donna feph. de le nom d'Augufte ou de Céfar & d'Agrippa, comme entre autres L.I.c.16. Samarie qu'il appella (c) Sébaste, c'est-à-dire, Augufte, la Tour de feph. An- Straton (d), qu'il nomma Céfarét, differente de cette autre Céfarée que Philippe le Tetrarque nomma de la forte en l'honneur de Tibere, & qui eft appellée, à caufe de cela, Césarée de Philippe(e), comme on l'a remarqué dans les Notes. Mais rien ne fignala plus le Regne d'Herode, à cet égard, que la conftruction du XVI. 13. Temple de Jérufalem, qui avoit été rebâti, il y avoit environ cinq cens ans par Zorobabel. La raifon qu'il allegua (f) de ce deffein, (f) Jo- c'eft que le fecond Temple étoit moins élevé de foixante coudées feph. Antiq Jud. que celui de Salomon. Le Peuple Juif à qui il communiqua fon L.XV. projet, en fut allarmé, jugeant que l'execution en étoit difficile & perilleufe, & retenu par le refpect qu'il avoit pour un Temple que Dieu leur avoit rendu fi miraculeufement. Ils craignoient d'ailleurs que pendant qu'on bâtiroit ce nouveau Temple, le fervice Divin ne fouffrit une longue interruption. Mais Herode raffura les Juifs en leur promettant de ne point toucher à l'ancien Temple, qu'il n'eût préparé tout ce qui étoit néceffaire pour bâ tir le nouveau. En effet il paroît par l'Hiftoire que jamais le fervice Divin ne fut interrompu, pendant la conftruction du nouveau Temple ou plutôt la reparation de l'ancien. Jofeph (g) refeph. An- marque dans le même endroit, que pendant qu'on le bâtiffoit, Herode n'ofa point entrer dans le Lieu Saint, & qu'il laiffa aux Sacrificateurs le foin d'y faire travailler; ce qui marque clairement que ce lieu fubfifta toujours, & qu'on n'y fit que quelques changeh) Luc mens. La même chofe paroît par ce qui eft dit dans l'Evangile (h), 11.41,42. que Jofeph & Marie alloient tous les ans à Jérusalem à la Fête de

C. 14.

(g) Jo

tiq. L.

XV.c.14.

Marc

XXIV. s.

II. 10.

II.9.

Pâques, qui fe célébroit dans le Temple, & qu'ils y allérent avec J. C. Selon la coûtume. S'il y avoit eu quelque interruption, l'Evangeliste ne fe feroit pas exprimé ainfi. Aufli les Juifs ne parlent-ils jamais que de deux Maifons, c'est-à-dire, de deux Temples, ne regardant celui d'Hérode que comme une réparation de celui de Zorobabel, quoi qu'il pût paffer pour un Temple nouveau, par rapport à la magnificence des bâtimens qu'Hérode y ajoûta, & à la richeffe des matériaux, qu'il y employa, & que J. C. fit admirer (a) à fes Difciples en leur prédifant la ruïne de (a) Matty ce Temple. C'eft fur ce pied-là auffi qu'en parloit le Prophete Ag. XXIV. 1, gée (b), lors qu'il difoit que la gloire de la feconde Maison l'em- XIII. 1. porteroit fur celle de la première. Oracle qui néanmoins, mal- Luc gré la beauté du Temple d'Hérode, n'a pû être rempli que par la (b) Agg. préfence de J. C., le vrai Temple de Dieu, dont celui de Jérufalem n'étoit qu'une figure fort imparfaite, comme l'infinue St. Paul (c) & J. C. (d) lui-même. Quelque magnifiques que foient les (c) Col. defcriptions (e) que nous font les Juifs du Temple d'Herode, ils con- (d) jean viennent (f) pourtant qu'il y manquoit,auffi-bien qu'à celui de Zoro- 11.21. (e) Jobabel, plufieurs chofes, qui relevoient infiniment la gloire du Tem- feph. Ant. ple de Salomon; favoir, l'Arche, où étoient les Tables de la Loi, Jud. L. avec l'Urne où étoit la Manne & la Verge d'Aaron qui avoit fleu- du Franri, l'Urim & le Thummim, la Nuée que les Juifs appelloient çois. L. VI. c. 27: Schekina, Symbole de la glorieufe prefence de Dieu, l'Efprit Saint (F) Thai& l'Huile Sacrée. On ne voyoit de tout cela, felon l'aveu des mud. ap. Thalmudistes, que de foibles imitations & des copies imparfaites T. II. Ligtfoot dans le fecond Temple. Auffi l'Oracle d'Aggée a-t-il été appli- Opp. p. qué au Meffie par les anciens Docteurs (g) Juifs, qui ont dit que Aben(g) la Gloire du fecond Temple confiftoit, en ce qu'il auroit l'hon- Efra ap. neur de recevoir le Meffie. On apprend de Jofeph que ce fut la Obr.Sacr. dixhuitième année de fon Regne, qu'Herode prit la refolution de Part. III. rebâtir le Temple. Le même Hiftorien (h) rapporte que l'ouvra- (h) Joge fut achevé dans l'espace de neuf ans & demi. Ce qu'il faut feph.Ant. neceffairement entendre du corps de l'édifice, & non de toutes fes Jud. L. parties & de fes ornemens, puifque Jofeph dit lui-même, qu'il ne fut fini que fous Agrippa le jeune, petit-fils d'Herode, environ foixante ans après la naiffance de J. C. On ne doit donc pas être furpris de ce que les Juifs dirent à J. C., qu'il y avoit quarante-fix ans qu'on travailloit à bâtir ce Temple, puifque fi l'on compte depuis l'année dixhuitième courante du Regne d'Herode, qui fut celle où il forma le projet de bâtir le Tem

ple,

VII.c.10.

275.

Deyling.

Obf. 20.

XV.c.14.

ple, jufqu'à la trentième année de J. C., où fe paffa cet entretien entre lui & les Juifs, on trouvera quarante-fix ans. Il est plus naturel d'entendre ainfi la pensée des Juifs que de compter, comme font quelques-uns, ces quarante- fix ans depuis l'ordre donné par Cyrus de rebâtir le Temple, jusqu'à sa perfection; ces années ne fe trouvant pas bien exactement felon ce calcul.

Jofeph nous apprend que le Peuple témoigna une joye extraordinaire en voyant cet ouvrage achevé, & qu'il offrit à cette occafion des victimes fans nombre. Quelque apparence de Religion qu'il y eût dans cette entreprife, elle n'étoit pas néanmoins capable de balancer les maux que ce malheureux Peuple eut à fouffrir par les impietez & fur tout par les cruautez d'Herode. S'il (a) Jo bâtit un Temple à l'honneur du vrai Dieu il en bâtit (a) plufieurs feph. Ant. à l'honneur des faux Dieux, pour faire fa cour à Augufte & aux Jud. L. XV.c.12, Romains. Mais fon caractère dominant étoit la barbarie & la cruauté la plus énorme.

13.

Quoique Jofeph ait relevé, autant qu'il a pu, les bonnes qualitez d'Herode, il n'a pas diflimulé fes vices, & fes crimes, fur tout fon horrible cruauté. Il trempa fes mains dans le fang de fa femme, de fes enfans, & d'une grande partie de fa famille, & fa fureur inquiete & jaloufe, n'épargna ni fes amis ni le peuple, ni les Grands. Son naturel le rendoit fi foupçonneux, dit Jcfeph (b), que pour ne pas manquer de punir les coupables, il mettoit les innocents à la torture. On eft furpris avec raifon, L. I. c. 19. que Jofeph ait diffimulé le maffacre de Bethlehem (c) executé par (c) Matt. les ordres d'Herode à la naiffance de J. C. Quelques Savans (d) (d) Lami, ont conjecturé, que ce maffacre s'étant fait clandeftinement de

(b) Jofeph. de

Bell. Jud.

II. 16.

Harm.

Evang.

P. 54.

(e) Jo

maison en maifon par des Soldats, il ne fit pas beaucoup d'éclat, ou ne fut pas mis fur le compte d'Herode. On peut même croire que Jofeph a ignoré ce fait, ne l'ayant point trouvé dans les Mémoires de Nicolas de Damas, qu'il accufe (e) lui-même d'avoir feph. Ant. coloré ou fupprimé tout-à-fait les mauvaises actions d'Herode. Il femble celle-ci n'a pas été inconnuë à un Auteur Payen (f), qui en parle, quoique confufément, en ces termes: Augufte ayant crob. Sa appris, qu'entre les enfans, qu'Herode avoit fait mourir en Syturn. II.4. rie, (pour dire en Judée) il y avoit un de fes propres fils, dît là

Jud. L.

XVI. c.
II.

(f) Ma

que

deffus, qu'il valoit mieux être le porc d'Herode, que fon fils, faifant allusion à la défense de manger du porc. Quoi qu'il en foit, Herode étant Juif, ne pût ordonner un maffacre si inhumain

fans

fans la derniere impieté, puifque c'étoit pour y enveloper le Meffie, ne doutant point fur la reponse des Sacrificateurs & des Scribes (a), que l'enfant nouvellement né ne fut le Messie.

(a) Mart 11.3,4.

(b) Me

Taanith

ap. Uffer

Lami,

P.73. :

Antiq. L

I. ch.21.

d'Hero

Sa fin, & une fin auffi malheureuse, qui portoit le caractère de la vengeance de Dieu, fuivit de près cette horrible execution. Il mourut comme il avoit vêcu, c'est-à-dire, roulant toûjours dans fon efprit des projets fanguinaires & des maffacres. Auffi cette mort fut-elle regardée comme une délivrance de Dieu, ainsi qu'il l'avoit prévu, en ordonnant le maffacre des principaux de la Nation avant que de mourir, afin qu'on eût fujet de pleurer après fa mort. Il y a même un Docteur Juif (b) que l'on prétend être an- gillat cien, qui dit que le jour de fa mort étoit célébré comme une Fête parmi les Juifs. Les Savans ne s'accordent pas fur l'année de la Annal. p. mort d'Hérode; ce qui eft conftant, c'eft qu'il mourut (c) la tren-535te-quatrième année depuis qu'il fut mis en poffeffion du Royau- App. me, par la défaite d'Antigonus, & la 37eme. depuis qu'il fut Chron. déclaré Roi par les Romains. On aura occafion d'en parler quand (c) Jof. on traitera de la Chronologie du N.T. Après avoir parlé d'Hérode le Grand, l'ordre veut qu'on dife De la quelque chofe de fes enfans & de fes petits-fils, autant qu'ils ont pofterité du rapport au Nouveau Teftament. Il y eft parlé de trois de fes de. fils, entre lefquels il partagea fon Royaume par fon Testament; savoir Archelaus à qui il donna le Royaume de Judée, y compris l'Idumée & la Samarie, Hérode Antipas ou Antipater qu'il fit Tetrarque en Galilée & dans la Perée, & Philippe, à qui il donna auffi fous le nom de Tetrarque l'Iturée, la Batanée, la Trachonite, l'Auranite & quelques autres Païs. Le Teftament devoit être confirmé par Augufte, & il le fut en effet, à la referve qu'il ne donna pas à Archelaus le titre de Roi (d), mais feulement ce- (d) Jof. lui d'Ethnarque, c'eft-à-dire, Prince, ou, Chef de la Nation. Ce Jud. L.I titre qu'avoient porté quelques-uns d'entre les Souverains Sacri- c. 9. ficateurs, comme Hircan, (e) femble défigner une dignité fupe- (e) Jof. rieure à celle de Tetrarque, mais au-deffous de celle de Roi, puis XIV. C qu’Auguste refusant à Archelaüs ce dernier titre, fembloit le vou- 22. loir avantageusement diftinguer de fes freres par la qualité d'Ethnarque. Les Savans ne conviennent pas bien fur ce qu'emportoit celle de Tetrarque. On peut pourtant conclure de cet endroit de l'hiftoire, qu'elle étoit non-feulement au-deffous de la dignité des Rois, mais même au-deffous de celle des Princes. A ne confiderer que l'étymologie de ce mot, il fembleroit que Tetrarque figniTOM. I.

C

fiât

de Bell.

Antiq. L

pocr.

330

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ya

fiât celui qui commande à la quatrième partie d'un Païs, & il y a (2) Har- beaucoup d'apparence que c'en fut la premiere fignification (a). Lexic. p. Mais depuis il femble que ce nom aît été donné à ceux qui commandoient une Province ou un Païs, que l'Etat fût la quatrième partie de Païs, ou non, puis qu'Herode ne partagea fon Royaume qu'en trois parties. Quoiqu'il en foit, les Tetrarques étoient confiderez comme des Princes, & ils portoient même quelque(b) Matt. fois (b) le nom de Rois, quoique par un abus populaire.

XIV. 1,9.

II. 22.

Archelaüs fut reconnu pour Roi par les acclamations du Peuple & des Soldats, & quoiqu'il eût déclaré qu'il n'en vouloit pas prendre le titre, que l'Empereur n'y eût confenti, il ne laiffa pas d'agir en Roi ou plutôt en Tyran, c'eft-à-dire, fort defpotiquement. L'Empereur lui avoit promis le Titre de Roi, s'il s'en rendoit digne par fa conduite, mais au lieu de ménager la faveur d'Augufte & l'affection du Peuple, il commença fon Regne par des cruautez, qui obligerent les Juifs à en porter des plaintes à Augufte. Ce fut fans doute ce caractère tyrannique & violent d'Archelaus, qui obligea Jofeph & Marie à s'aller habituer à Na(c) Matt. Zareth (c) Ville de Galilée, & du reffort d'Antipas, lors qu'ils revinrent d'Egypte au lieu d'aller en Judée, comme ils en avoient le deffein. On ne fauroit dire précisement fi ce retour de Marie & de Jofeph précéda, ou s'il fuivit le voyage qu'Archelaüs fit à Rome pour faire confirmer le Teftament de fon Pere. Ce Prince de retour à Jérufalem ne fe fit pas plus aimer qu'auparavant, fa cruauté naturelle trahiffant fon ambition & fes interêts. Les Juifs. & les Samaritains porterent des plaintes fi graves contre lui, que l'Empereur le relegua à Vienne, où il mourut. Depuis ce tems la Judée fut réduite en Province, & régie, auffi-bien que la Samarie& l'Idumée, par des Magiftrats Romains, qui portoient le nom de Procurateurs, & dont le premier fut Coponius, Chevalier Romain.. (d) Jof. (d) Ces Procurateurs relevoient du Gouverneur de Syrie, à qui la Judée & la Samarie furent jointes, depuis qu'Augufte les eût réduites en Province. C'étoit alors Quirinus Senateur Romain qui gouvernoit la Syrie, & qui avec Coponius executa les ordres de l'Empereur pour cette réduction. C'est ce même Quirinus que S. Luc & Jofeph (e) appellent Cyrenius, qui fit par ordre de l'Empereur un dénombrement dans la Judée & dans la Syrie.

de la G.

des Juifs II.12.

(e) Jof.

Antiq.

Jud. L.

XVIII. c.

I.

(f) Luc

11.20

Jofeph ne parle que de ce dernier dénombrement. Il est pourtant inconteftable par le témoignage de S. Luc, qu'il y en eût un autre environ dix ans auparavant, lors de la naiffance de J. C. (f)

C'est

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