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les Ifraëlites fortirent d'Egypte. C'eft delà aufsi que l'on comptoit les Fêtes. La feconde commençoit au mois de Tifri vers la nfi-Septembre, parce qu'une ancienne Tradition portoit, que le Monde avoit été créé dans ce tems-là. C'eft felon cette année que fe dattoient les contracts, & que l'on comptoit les Jubilez. II ne ferviroit de rien par rapport à notre but de parler ici de* l'Année Solaire & de l'Année Lunaire, ni des† intercalations des Juifs. C'est une matiere pleine de difficultez, fur laquelle les Juifs euxmêmes ne font pas bien d'accord entr'eux, non plus que les Savans d'entre les Chrétiens.

L'Année des Juifs avoit douze Mois à moins que l'année ne DesMois. fût intercalaire, auquel cas elle en avoit treize. Les anciens Hébreux regloient leurs mois fuivant le cours du Soleil dont chacun avoit trente jours. Mais depuis la fortie d'Egypte ayant reglé leurs Mois fur le cours de la Lune, ils étoient tantôt de trente jours, tantôt de vingt-neuf. On connoiffoit autrefois le renouvellement de la Lune par fa phase ou fon apparition, comme font encore les Caraïtes, mais les Juifs Rabbaniftes ou Traditionnaires fuivent pour cela un calcul aftronomique. Voici la liste & les noms des Mois des Juifs, en commençant par l'année Ecclefiaftique.

Le premier appellé (Nifan ou Aviv) répond en partie à Mars
& Avril.

Le fecond (Tiar ou Ziph) à Avril & Mai.
Le troifième (Sivan) à Mai & Juin.
Le quatrième (Tamus) à Juin & Juillet.
Le cinquième (Av) à Juillet & Août.
Le fixième (Alul) à Août & Septembre.

Le feptième (Tifri) à Septembre & Octobre.

Le huitième (Marfchevan ou Bul ) à Octobre & Novembre.
Le neuvième (Cileu) à Novembre & Decembre.

Le dixième (Tebbeth) à Decembre & Janvier.
L'onzième (Schebbat) à Janvier & Fevrier.
Le douzième (Adar) à Fevrier & Mars.

• L'Année Solaire avoit 365. jours, 5. heu res & plufieurs minutes. L'Année Lunaire avoit 354. jours, huit heures & plufieurs miButes, felon la fupputation des Juifs.

On appelloit intercaler augmenter l'année

On

d'un mois entre Février & Mars, ce qui fe
faifoit lors qu'on remarquoit que les fruits de
la terre ne pouvoient pas être mûrs pour la
Fête de Pâques, non plus que les fruits des
arbres pour la Pentecôte.

(a) Gen.

12.XXIX.

Des Sé- (a) On voit l'origine des Sémaines depuis le commencement maines du Monde. Les Juifs avoient deux fortes de Sémaines, l'une de 1.2,3. fept jours, l'autre de fept années. Ce que l'Ecriture appelle dés VIII. 10. Semaines d'année. Autrefois les jours de la Sémaine n'avoient point 27, 28. de nom parmi les Hébreux. Ón difoit le premier, le fecond jour de la Sémaine, comme cela paroît par divers endroits du Nouveau (b) Matt. Teftament (b). On voit par l'Apocalypfe que dès lors on com1. Marc mença à appeller le premier jour de la Sémaine, le jour du SeiXVI. 2. gneur, parce que ce fut le jour de fa Réfurrection (c).

Lev.

XXIII. 8.

XXVIII.

A&t. XX.

7. I. Cor.

I. 10.

Jours.
(d) Jean

XI.9.

* On compte ordinairement deux fortes de jours, l'un naturel, qui XVI.2. eft de vingt-quatre heures depuis un coucher du Soleil jusqu'à (c) Apoc. l'autre, l'autre appellé artificiel ou civil destiné au travail, qui eft Des de douze heures (d) depuis le lever du Soleil jufqu'à fon coucher. Les Juifs partageoient le jour civil ou le cours du Soleil fur l'Horizon (e), en quatre parties, dont chacune avoit trois heures plus (e) Neh. longues ou plus courtes felon les faifons. La premiere depuis fix heures du matin jufqu'à neuf heures. C'est pourquoi ils appelMatt.XX. loient la troisième heure ce que nous appellons neuf heures, parce qu'il s'étoit paffé trois heures depuis le matin jusqu'à cette heure-là. La feconde partie du jour duroit depuis neuf heuMatt. ub. res jufqu'à midi. La troisième depuis midi jufqu'à trois heures. fup..6. C'est ce qu'ils appelloient la neuvième heure du jour, parce qu'il

IX. 3.

1. 5.

25.

Jean XIX. 14.

dit

s'étoit paffé neuf heures depuis le matin. La quatrième depuis trois heures jufqu'à fix heures du foir. Ils donnoient le nom d'heure, & à chacune de ces parties du jour,& aux heures proprement ainfi nommées. Il y a néanmoins des Savans qui prétendent que les Juifs diftribuoient autrement les quatre parties du jour. Cela Marc XV. eft indifferent. Il ne l'eft pas autant de concilier St. Marc qui que JESUS-CHRIST fut crucifié la troisième heure du jour, & St. Jean qui dit, que ce fut environ la fixième. On peut le faire en plufieurs manieres. Outre celle dont on a concilié ces deux Evangelistes dans la remarque fur ces endroits, on peut dire que par la crucifixion St. Marc n'a pas entendu l'acte même de la crucifixion, qui, felon St. Luc, ne fe fit pas avant la fixième heure, c'està-dire, avant midi, mais tous les préparatifs du fupplice depuis que le jugement fut prononcé. Il faut remarquer qu'en plufieurs Manufcrits Grecs de l'Evangile felon St. Jean, il y a la troisième, au lieu de la fixième heure, comme on l'a obfervé dans la Note fur ce paffage.

Luc

XXIII.44.

Matth.

Les Juifs divifoient auffi leurs nuits en quatre parties qu'ils apXIV. 25. pelloient Veilles, ou; Gardes de la nuit. La premiere s'appelloit

le

le

XIII. 35:

Luc X.

61.

XIV.30%

XXVI

XIII

le foir, la feconde minuit, la troisième le chant du coq, entre Marc minuit & le grand matin, la quatrième le matin, ou, le point du jour. Comme en faifant l'Hiftoire de l'abnegation de St. Pierre, 38. XII. les Evangeliftes parlent fouvent du chant du coq, & même avec quelque apparence de contradiction, il fera bon de donner là-deffus quelques éclairciffemens qu'on n'a pas pû donner dans de courtes notes. La difficulté roule fur ce que dans St. Marc JESUS- Marc CHRIST dit à Pierre, qu'il l'aura renié par trois fois avant que 8,69, coq ait chanté deux fois. Et en effet felon le même Evange- 7071. lifte le coq chanta après la premiere abnegation, & pour la deuxième fois après que Pierre eut renié pour la troisième. Au lieu que Matth. felon les autres Evangeliftes le coq ne chanta qu'après la troisiè- Luc me abnégation. On a remarqué dans la Note, que comme le coq XXII. chante à plufieurs reprises, St. Matthieu, St. Luc, & St. Jean ont Jean voulu dire qu'ayant que le coq eût achevé de chanter St. Pierre auroit renié par trois fois fon divin Maître. Mais on peut dire là-deffus quelque chofe de plus précis. 1. Le coq chante ordinairement deux fois la nuit, savoir à minuit & entre minuit & le point du jour. C'est ce fecond chant qu'on appelle proprement le chant du coq. On peut donc fuppofer que St. Pierre ayant renié JE S U SCHRIST pour la prémiere fois à minuit le coq chanta, & que quand il l'eut renié la troifième fois le coq chanta pour la feconde fois. Ce qui explique St. Marc. A l'égard des autres Evangeliftes, qui difent que le coq chanta après que Pierre eut renié trois fois, il faut l'entendre du fecond chant, qui eft le chant du coq proprement ainfi nommé, parce que c'eft le principal. Ou bien on peut traduire le deux fois de St. Marc par ces mots, pour la feconde fois, ce qui leve la difficulté, qui d'ailleurs n'eft pas confiderable. Il ne refte plus qu'une remarque à faire fur les ans, les mois, les fémaines & les heures des Hébreux. C'eft que dans leur ftile quelque partie que ce foit de l'an, du mois, de la fémaine, du jour, de l'heure eft fouyent appellée un an, un mois, une fémaine, un jour, une heure. Ce qui fert à expliquer ce que dit JESUS-CHRIST, qu'il reffufcitera le troifième jour, comme on l'a remarqué dans la Note fur Matthieu XII. 40.

tes.

Les Fêtes font des jours folemnels confacrez à l'honneur & au Dese culte de la Divinité foit pour célebrer quelque grace fignalée, qu'on en a reçû, foit en memoire de quelques jugemens que fa juftice a exercé, foit pour les détourner. Celles du premier ordre fe célébroient par des réjouiffances, des feftins, des hymnes, des

con

L. III. c.

vang L.I.

c. 9. 70.

concerts de Mufique, des Sacrifices Euchariftiques & par une agréable & innocente oifiveté *. C'est pourquoi les Fêtes font Herodot auffi appellées des Sabbats. Celles du fecond & du troisième ordre 58.Eufeb. étoient des jeûnes & des expiations. Il paroît par l'Hiftoire ProPræp. E fane que l'inftitution des Fêtes eft fort ancienne. A l'égard de l'Hiftoire Sainte elle ne fait aucune mention des Fêtes des HéJof. Ant. breux avant leur fortie de l'Egypte. Il y a beaucoup d'apparenExod. ce que ce fut-là que les Ifraelites prirent le goût des Fêtes, comXXXII. me cela paroît par la feftivité, avec laquelle ils adorerent le veau Chryfoft. d'or. Ce fut pour les détourner de l'idolatrie qui accompagnoit T. VI. de les Fêtes Payennes, que Dieu par une condefcendance digne de fa P. 267. fageffe & de fa bonté en inftitua quelques-unes à fon honneur avec Theod.in des cérémonies & des circonftances qui les diftinguoient des Fêtes Deut. des Nations Idolatres.

1. 19.

5,6.

Chr. Paft.

Erot. I.

& Qual, in Exod.

54.

Les Juifs avoient plufieurs fortes de Fêtes, les unes plus, les autres moins folemnelles. Il y en avoit d'inftitution divine, & d'inftitution humaine. Nous commencerons par les premieres. Les plus folemnelles de celles que Dieu avoit instituées étoient la Pâque, la Pentecôte & la Fête des Tabernacles. Ces trois Fêtes fe devoient célébrer tous les ans à Jérufalem, & tous les Ifraëlites étoient obligez de s'y rendre à moins qu'ils n'euffent des raifons légitimes de s'en difpenfer. Il y en avoit qui ne duroient qu'un jour, d'autres duroient toute la fémaine. Ces dernieres avoient des jours moins folemnels que les autres, comme les jours qui étoient entre le premier & le dernier, quand la Fête duroit fept Jean VII. jours. C'eft pourquoi il eft dit dans St. Jean, que quand la Fête des Tabernacles fut à demi paffée Jesus alla enfeigner au Temple, parce que la célébrité de la Fête ne l'avoit pas permis auparavant. On appelloit les jours les plus faints, les grands, ou, les Jean VI. bons jours. C'eft pour cela auffi que St. Jean appelle le dernier jour de la Fête des Tabernacles le grand jour, c'eft-à-dire, le plus folemnel, comme on a traduit. Pendant ces Fêtes on partageoit ce qui fe devoit manger des Sacrifices, & les pains de Propofition entre les vint-quatre Familles Saccrdotales. On refervoit les criminels pour ces tems-là, afin que leur fupplice fervît d'exemple, comme l'ordonne la Loi. Les Juifs ne voulurent pourtant pas faire mourir JESUS-CHRIST pendant la Fête, parce qu'ils craignoient

14.

37.

* Ce qui diftingue les Fêtes d'inftitution Divine d'avec les Fêtes Payennes, qui fe paffoient, dans une oifiveté très-criminelle.

XXVII.

65.

gnoient quelque tumulte de la part du Peuple qui le regardoit comme le Meflie, ou tout au moins, comme un grand Prophete. De maniere ou d'autre ils agiffoient contre leur confcience; fi ce n'étoit pas un Impofteur, comme fans doute ils ne le tenoient pas pour tel, ils ne devoient le faire mourir ni pendant la Fête, ni après la Fête. Et fi c'étoit un Impofteur, il étoit de leur devoir de le faire mourir pendant la Fête, felon la Loi. C'eft ainfi que la Providence en disposa malgré leur fauffe prudence, parce que JESUS-CHRIST étant le vrai Agneau Pafchal, ou notre Pâque, pour parler avec St. Paul, il falloit qu'il mourût dans cette conjoncture. Comme il se rendoit à Jérufalem une foule incroyable de monde, les Gouverneurs Romains avoient accoûtumé de donner une Garde Romaine aux Juifs, de peur qu'il n'arrivât quel- Matth. que fédition ou quelque tumulte. Tout le monde fait que la Fête de Pâque, c'est-à-dire, du Dela Pâpaffage, eft ainfi nommée en memoire de ce que l'Ange paffa les que. maifons des Ifraëlites fans frapper leurs premiers nez, pendant XII. 12, qu'il fit mourir ceux des Egyptiens *. On donnoit auffi le nom 13,14. de Pâque à l'Agneau (a), qui devoit être immolé le premier jour vI. 20. de cette Fête (b). Delà ces expreffions (c) manger la Pâque, facri- b) Matt. fier la Pâque, & c'eft pour cela auffi que St. Paul (d) appelle (c) Marc JESUS-CHRIST notre PAQUE, c'est-à-dire, notre Agneau Paf. XIV. 12. chal. La Fête de Pâque fe nommoit autrement (e) la Fête des Azymes ou des pains fans levain, parce qu'il étoit défendu de man- V.7. ger du pain levé pendant les fept jours que duroit cette folemni- XXII. 1. té (f). Ce nom convient pourtant plus particulierement au fecond Marc jour, c'est-à-dire, au quinzième du mois (g). On peut voir toutes les cérémonies de la Pâque en plufieurs endroits du Pentateu- XII. 18. que. Nous les réduirons à ces trois générales, à immoler & man- XXVIII. ger l'Agneau Pafchal, à manger des pains fans levain, à offrir à 17. Deut. Dieu l'Omer ou la poignée d'orge.

Exod.

(a) Efdr.

XXVI.17.

14.

(d) I. Cor.

(e) Luc

XIV. 12. (f) Exod.

Nomb.

XVI. 8.

(g) Lev.

XIV. I.

A l'égard de l'Agneau ou du Chevreau Pafchal,voici les principales XXIII. chofes qu'il falloit obferver. 1. Il faut remarquer que pendant toutes, Marc les Fêtes (h), & fur tout à celle de Pâque,on immoloit plufieurs victi- Jof. Ant. mes de gros bétail comme des taureaux t. On commençoit le Feftin L. II. Pafchal par manger la chair de ces victimes, après quoi on mangeoit (h) Deut.

* Le verbe Hébreu d'où vient Pâque ne fignifie pas feulement paffer d'un lieu à l'autre, mais paffer par-deffus, épargner, passer fans faire de mal. Delà vient que les SeptanTOM. I

Cap. X.

l'Agneau. XVII.

II.Chron.

te ont traduit ce mot par un autre, qui figni-XXXV.
fie proteger.

f C'eft ce que les Juifs appellent Chagiga,
c'eft-à-dire, réjouïffance.
Р

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